DEUXIÈME
PARTIE LES SYMBOLES
CHAPITRE II
Symboles de la théorie alchimique
La matière, les trois principes, les quatre éléments, les sept métaux et leurs symboles
On appelle pantacles des figures
symboliques, composées des
éléments les plus variés et qui résument en elles seules toute une théorie. Un pantacle fait comprendre d'un seul coup d'il, et grave plus facilement dans la mémoire ce qu'il serait difficile de retenir autrement. C'est une formule brève et concise que l'on peut développer à volonté. Les pantacles ne sont pas rares dans les traités d'
Alchimie. Les uvres de
Basile Valentin
Les douze clefs, et
L'Azoth des
philosophes, principalement , en contiennent un grand nombre ; de même l'
Amphitheatrum sapientiæ æternæ de Khunrath. Les "
Elementa chimiæ" de Barchusen sont suivis d'un traité de la Pierre philosophale où la suite des opérations est exposée en soixante-dix-huit pantacles. Les quatre grandes figures du
Janitor Pansophus résument toute la philosophie
hermétique. Nous aurons l'occasion d'expliquer plusieurs de ces figures et nous ne le ferons que brièvement, leur développement complet demandant parfois plusieurs pages.
Nous allons examiner en ce chapitre les
symboles ou pantacles par lesquels les alchimistes résumaient leurs théories.
Les Grecs figuraient la matière première par un
serpent qui se mord la queue. C'est le
serpent Ouroboros des
gnostiques. Au centre du cercle ainsi formé, ils écrivaient la formule
: un le Tout. Cette figure se trouve dans la
Chrysopée de Cléopâtre (Berthelot :
Origines de l'Alchimie). Par la suite, l'unité de la matière fut toujours ainsi figurée : un
dragon ou un
serpent se mordant la queue. Quelquefois on se contentait de formuler cette loi par un simple cercle.
Les trois principes avaient des signes spéciaux, sauf le
Mercure dont le signe désignait aussi l'
argent vif ordinaire. Le Soufre des philosophes était figuré par un
triangle souscrit de trois
flèches ou d'une
croix, le Sel par un cercle traversé par une ligne ; le
Mercure par un cercle surmonté du croissant lunaire et souscrit d'une
croix.
Les trois principes sont symbolisés dans les figures de Lambsprinck par trois personnages : le Père, le Fils et le
Saint-Esprit. On les
représentait aussi par trois
serpents, ou par un
serpent à trois têtes pour indiquer qu'ils n'avaient qu'une seule racine : la Matière. On les comparait volontiers à la sainte
Trinité, trois personnes en un seul
Dieu, trois principes en une seule matière. Nous avons déjà vu que les principes étaient la plupart du temps réduits à deux : Soufre et
Mercure ; on les figurait alors par deux
serpents formant cercle, l'un ailé pour indiquer le
Mercure,
femelle et volatil, l'autre sans ailes pour le Soufre, mâle et fixe.
Les quatre
éléments avaient pour signe l'
Air un
triangle à sommet supérieur, traversé par une ligne parallèle à sa base, l'
Eau prise dans le sens d'élément : un
triangle à sommet inférieur, le
feu : un
triangle à sommet supérieur, la
Terre : un
triangle à sommet inférieur traversé par une ligne parallèle à la base. Le pantacle résumant les signes des quatre
éléments est l'étoile à six branches.
On trouve ces signes correspondant aux quatre
éléments dans une figure du
Viatorium spagyricum.
Les
éléments étaient encore symbolisés : l'
Air par un
oiseau ; l'
Eau par un navire, un poisson ou une vaste étendue d'
eau ; le
Feu par une
salamandre, un
dragon vomissant des
flammes, un flambeau allumé, la
Terre par une
montagne, un
lion roi des
animaux terrestres, ou un homme. C'est ainsi qu'on les trouve représentés en tête du
Gloria Mundi imprimé dans le
Museum hermeticum. L'
arbre qui occupe le
centre de la figure représente l'or, l'
argent et les cinq autres métaux. Quant aux sept figures plus petites enfermées dans des cercles, elles symbolisent diverses opérations du Grand uvre (voir chapitres VI et VII). Enfin le
carré était le pantacle synthétique des quatre
éléments.
Nous avons déjà parlé des signes des sept métaux ; disons seulement à propos du signe du mercure que les uns y ont vu
la représentation du
caducée, d'autres un
dieu égyptien à tête d'
ibis surmontée du disque solaire et de cornes,
symboles de
fertilité. Les alchimistes représentent souvent les métaux sous l'aspect de
dieux de l'
Olympe :
Saturne armé de sa
faux, c'est le plomb ;
Mars, le casque en tête et la lance au poing, c'est le fer ;
Mercure, avec son
caducée, ses ailes aux talons et à la tête, c'est l'
argent vif, etc. C'est ce que représente la figure tirée du
Vialorium spagyricum. Une gravure sur
bois de la
Pretiosa margarita nous montre les métaux sous forme de six jeunes gens à genoux aux pieds d'un Roi sur son trône, qui est le septième métal, le plus parfait, l'Or. Le texte nous apprend qu'ils demandent au Roi un royaume pour chacun d'eux. Après divers épisodes, symbolisant le Grand Œuvre, le Roi leur accorde ce qu'ils demandent, et une dernière figure les représente couronnés, rois à leur tour, c'est-à-dire changés en or ; mais ceci a plutôt trait au
symbolisme du Grand uvre, que nous traitons complètement dans les chapitres suivants.
Les sept métaux.
Les quatre éléments, les opérations et les couleurs de l'uvre.
Cette figure se trouve en tête du
Gloria Mundi dans le
Museum hermeticum. D'abord l'
Initiateur et l'
Initié, le vieillard et le jeune homme. Puis la Matière universelle symbolisée par l'
arbre métallique portant les sept métaux, l'or et l'
argent avec leurs
symboles ordinaires, les autres métaux simplement figurés par des étoiles. On y voit aussi les
éléments, la
Terre symbolisée par l'Homme et le
Lion, le
Feu symbolisé par le
Dragon, l'
Eau par la mer, le
dauphin et la Femme, l'
Air par l'
oiseau placé près de la Femme. Les sept petites figures accessoires ont rapport aux opérations et aux
couleurs. Le
corbeau et le crâne : Noir, mortification. Les deux
corbeaux :
distillation. Les trois
corbeaux : sublimation. Les deux
oiseaux et la
couronne :
couleur blanche, fin du petit magistère. Les deux
oiseaux et l'
arbre, régime de
Mars, les
couleurs de l'arc-en-ciel. La
licorne et le rosier,
couleur rouge. Enfin l'
enfant qui naît indique la fin de l'uvre ; c'est le
symbole de la Pierre parfaite. (Voir chapitres II, VI et VII.)