LETTRE
ENCYCLIQUE DU SOUVERAIN PONTIFE JEAN-PAUL II
(25 mars 1995)
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Aux évêques, aux presbytres et aux diacres, aux religieux et aux religieuses, aux fidèles laïcs et à toutes les personnes de bonne volonté, sur la valeur et l'inviolabilité de la vie humaine.
CHAPITRE IV
C'EST A MOI QUE VOUS L'AVEZ FAIT
POUR UNE NOUVELLE CULTURE DE LA VIE HUMAINE
Vous êtes le peuple qui appartient à Dieu,
chargé d'annoncer ses merveilles " (cf. 1 P 2, 9) :
le peuple de la vie et pour la vie 78. L'
Eglise à reçu l'
Evangile comme une annonce et comme une source de joie et de salut. Elle l'a reçu comme don venant de
Jésus, envoyé du Père " pour porter la bonne nouvelle aux pauvres " (
Luc 4, 18). Elle l'a reçu par les Apôtres, envoyés par Lui dans le monde entier (cf. Mc 16, 15; Mt 28, 19-20). Née de cette action évangélisatrice, l'
Eglise sent retentir en elle chaque
jour l'avertissement de l'Apôtre : " Malheur à moi si je n'annonçais pas l'
Evangile ! " (1 Co 9, 16). Comme l'écrivait Paul VI, "
évangéliser est, en effet, la grâce et la vocation propre de l'
Eglise, son identité la plus profonde. Elle existe pour
évangéliser ". (101)
L'
évangélisation est une action globale et dynamique, qui conduit l'
Eglise à participer à la mission prophétique, sacerdotale et royale du Seigneur
Jésus. C'est pourquoi elle comporte inséparablement les
dimensions de l'annonce, de la célébration et du service de la
charité. C'est un acte profondément ecclésial, qui met en
jeu tous les ouvriers de l'
Evangile, chacun selon ses charismes et son ministère.
Ainsi en est-il aussi pour l'annonce de l'
Evangile de la vie, partie intégrante de l'
Evangile qui est
Jésus Christ. Nous sommes les serviteurs de cet
Evangile, soutenus par la conscience de l'avoir reçu en don et d'être envoyés pour le proclamer à toute l'humanité " jusqu'àux extrémités de la terre " (Ac 1, 8). C'est pourquoi nous entretenons humblement et avec gratitude ce sentiment d'être le peuple de la vie et pour la vie : c'est ainsi que nous nous présentons devant tous.
79. Nous sommes le peuple de la vie parce que
Dieu, dans son
amour gratuit, nous à donné l'
Evangile de la vie et que ce même
Evangile nous
à transformés et sauvés. Nous avons été reconquis par l'" auteur de la vie " (Ac 3, 15) au prix de son précieux sang (cf. 1 Co 6, 20; 7, 23; 1 P 1, 19) et par le
bain baptismal nous avons été insérés en lui (cf. Rm 6, 4-5; Col 2, 12), comme des branches qui tirent du même
arbre leur sève et leur fécondité (cf. Jn 15, 5).
Renouvelés intérieurement par la grâce de l'
Esprit, " qui est Seigneur et qui donne la vie ", nous sommes devenus un peuple pour la vie et nous sommes appelés à nous comporter en conséquence.
Nous sommes envoyés : être au service de la vie n'est pas pour nous un motif d'orgueil mais un devoir né de la conscience d'être " le peuple que
Dieu s'est acquis pour proclamer ses louanges " (cf. 1 P 2, 9). La loi de l'
amour nous guide
et nous soutient sur le chemin, l'
amour dont le Fils de
Dieu fait homme est la source et le modèle, lui qui " par sa mort à donné la vie au monde ". (102 )
Nous sommes envoyés comme peuple. L'engagement au service de la vie concerne tout un chacun. C'est une responsabilité proprement "ecclésiale", qui exige l'action concertée et généreuse de tous les membres et de tous les organismes de la communauté chrétienne. Cependant, le devoir commun n'élimine pas et ne diminue pas la responsabilité individuelle, car c'est à chaque personne que s'adresse le commandement du Seigneur de " se faire le prochain " de tout homme : " Va, et toi aussi, fais de même " (Lc 10, 37).
Tous ensemble, nous ressentons le devoir d'annoncer l'
Evangile de la vie, de le célébrer dans la liturgie et dans toute l'existence, de le servir par les diverses initiatives et structures destinées à son soutien et
à sa promotion.
" Ce que nous avons vu et entendu, nous vous l'annonçons " (1
Jn 1, 3) : annoncer l'Evangile de la vie
80. " Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont
touché du Verbe de vie..., nous vous l'annonçons, afin que vous aussi soyez en communion avec nous " (1 Jn 1, 1.3).
Jésus est l'unique
Evangile : il n'en est pas d'autre que nous proclamions et dont nous témoignions.
Annoncer
Jésus, c'est
justement annoncer la vie. Car Il est " le Verbe de vie " (1 Jn 1, 1). En lui " la Vie s'est manifestée " (1 Jn 1, 2); ou plutôt,
lui-même est " cette Vie éternelle, qui était tournée vers le Père et qui nous est apparue " (ibid.).
C'est cette vie qui, grâce au don de l'
Esprit, à été communiquée à l'homme. Ordonnée à la vie en plénitude,
à la " vie éternelle ", la vie terrestre de chacun prend elle-même tout son sens.
Eclairés par cet
Evangile de la vie, nous sentons le besoin de le proclamer et d'en rendre témoignage dans la nouveauté surprenante qui le distingue : parce qu'il s'identifie avec
Jésus lui-même, porteur de toute nouveauté (103) et vainqueur du "vieillissement" qui vient du péché et conduit à la mort, (104) l'
Evangile dépasse toute attente de l'homme et
révèle à quelles
hauteurs sublimes à été élevée, par la grâce, la dignité de la personne. C'est ainsi que la contemple saint Grégoire de Nysse : " L'homme qui, parmi les êtres, ne compte pour rien, l'homme qui est poussière, paille, vanité, dès qu'il devient fils adoptif du
Dieu de l'univers, est le familier de cet Etre dont personne ne peut voir, écouter ou comprendre l'excellence et la grandeur. Par quelle parole, quelle pensée, quel élan de l'
esprit pourra-t-on exalter
la surabondance de cette grâce ? L'homme transcende sa propre nature : de mortel, il devient immortel; de périssable, impérissable; d'éphémère, éternel ; et, pour tout dire, d'homme, il devient
Dieu ".
(105)
La gratitude et la joie pour l'incommensurable dignité de
l'homme nous poussent à faire
bénéficier tout le monde de ce message : " Ce que
nous avons vu et entendu, nous vous l'annonçons, afin que
vous aussi soyez en communion avec nous " (1 Jn 1, 3). Il est
nécessaire de faire parvenir l'
Evangile de la vie au
cœur de
tout homme et de toute femme et de l'introduire dans les replis les
plus intimes de la société tout
entière.
81. Il s'agit de proclamer avant tout le cœur
de cet
Evangile. C'est l'annonce d'un
Dieu vivant et proche, qui nous
appelle à une communion profonde avec lui et nous ouvre
à la ferme espérance de la vie
éternelle; c'est l'affirmation du lien
inséparable qui existe entre la personne, sa vie et sa
corporéité; c'est la présentation de
la vie humaine comme vie de relation, don de
Dieu,
fruit et signe de
son
amour; c'est la proclamation du rapport extraordinaire de
Jésus avec chaque homme, qui permet de reconnaître
en tout visage humain le visage du Christ; c'est la manifestation du "
don total de soi " comme devoir et comme lieu de la
réalisation plénière de la
liberté.
En même temps, il s'agit de montrer toutes les
conséquences de ce même
Evangile, que l'on peut
résumer ainsi : don de
Dieu précieux, la vie
humaine est sacrée et inviolable, et c'est pourquoi, en
particulier, l'avortement provoqué et l'
euthanasie sont
absolument inacceptables; la vie humaine non seulement ne doit pas
être supprimée, mais elle doit être
protégée avec une attention pleine d'
amour; la
vie trouve son sens dans l'
amour reçu et donné:
c'est à ce niveau que la sexualité et la
procréation humaines parviennent à leur
authenticité; dans cet
amour, la souffrance et la mort ont
aussi un sens et, bien que persiste le mystère qui les
entoure, elles peuvent devenir des événements de
salut; le respect de la vie exige que la science et la technique soient
toujours ordonnées à l'homme et à son
développement intégral; la
société entière doit respecter,
défendre et promouvoir la dignité de toute
personne humaine, à tous les moments et en tous les Etats de
sa vie.
82. Pour être vraiment un peuple au
service de la vie, nous devons, avec constance et courage, proposer ce
message dès la première annonce de l'
Evangile, et
ensuite dans la catéchèse et dans les diverses
formes de
prédication, dans le dialogue personnel et en
toute démarche éducative. Aux
éducateurs, aux enseignants, aux catéchistes et
aux
théologiens incombe le devoir de mettre en
relief les
raisons anthropologiques qui fondent et soutiennent le respect de toute
vie humaine. De cette manière, tout en faisant resplendir la
nouveauté originale de l'
Evangile de la vie, nous pourrons
aider tout le monde à découvrir aussi,
à la lumière de la raison et de
l'expérience, comment le message chrétien
éclaire pleinement l'homme et la signification de son
être et de son existence; nous trouverons
également de précieux points de rencontre et de
dialogue avec les non-croyants, nous engageant tous ensemble
à faire éclore une nouvelle culture de la vie.
Assaillis par les opinions les plus opposées, alors que
beaucoup rejettent la saine doctrine au sujet de la vie humaine, nous
sentons que s'adresse aussi à nous l'adjuration que Paul
faisait à Timothée : " Proclame la parole,
insiste à temps et à contretemps,
réfute, menace, exhorte, avec une patience inlassable et le
souci d'instruire " (2 Tm 4, 2). Cette exhortation doit trouver un
écho particulièrement fort dans le
cœur de tous
ceux qui, dans l'
Eglise, participent plus directement, à
divers titres, à sa mission de " maîtresse " de la
vérité. Elle doit nous concerner d'abord, nous,
les
Evêques: à nous les premiers, il est
demandé de nous faire les messagers infatigables de
l'
Evangile de la vie; nous avons aussi le devoir de veiller sur la
transmission intègre et fidèle de l'enseignement
repris dans cette Encyclique et de prendre les mesures les plus
opportunes pour que les fidèles soient
préservés de toute doctrine qui lui serait
contraire. Nous devons être particulièrement
attentifs à ce que, dans les facultés de
théologie, dans les
séminaires et dans les
diverses institutions
catholiques, soit diffusée,
expliquée et approfondie la connaissance de la saine
doctrine. (106)
L'exhortation de Paul doit être entendue également
par tous les
théologiens, par les pasteurs et par tous ceux
qui ont une mission d'enseignement, de catéchèse
et de formation des consciences:
pénétrés du rôle qu'ils ont
à remplir, ils ne prendront jamais la grave
responsabilité de trahir la vérité et
leur propre mission en exposant des idées personnelles
contraires à l'
Evangile de la vie que le
Magistère redit et interprète
fidèlement.
Dans l'annonce de cet
Evangile, nous ne devons pas craindre
l'hostilité ou l'impopularité, refusant tout
compromis et toute ambiguïté qui nous
conformeraient à la mentalité de ce monde (cf. Rm
12, 2). Nous devons être dans le monde mais non pas du monde
(cf. Jn 15, 19; 17, 16), avec la
force qui nous vient du Christ,
vainqueur du monde par sa mort et sa
résurrection (cf. Jn
16, 33).
"
Je te rends grâce pour tant de prodiges " (Ps 139138, 14) :
célébrer l'Evangile de la vie
83. Envoyés dans le monde comme "
peuple pour la vie ", notre annonce doit aussi devenir une
véritable célébration de l'Evangile de
la vie. Plus encore, cette célébration, avec la
puissance évocatrice de ses gestes, de ses symboles et de
ses rites, est appelée à devenir le lieu propre
et significatif de la transmission de la beauté et de la
grandeur de cet Evangile.
à cette fin, il est urgent avant tout d'entretenir en nous
et chez les autres, un regard contemplatif. (107) Ce regard
naît de la foi dans le Dieu de la vie, qui à
créé tout homme en le faisant comme un prodige
(cf. Ps 139138, 14). C'est le regard de celui qui voit la vie dans sa
profondeur, en en saisissant les dimensions de gratuité, de
beauté, d'appel à la liberté et
à la responsabilité. C'est le regard de celui qui
ne prétend pas se faire le maître de la
réalité, mais qui l'accueille comme un don,
découvrant en toute chose le reflet du Créateur
et en toute personne son image vivante (cf. Gn 1, 27; Ps 8, 6). Ce
regard ne se laisse pas aller à manquer de confiance devant
celui qui est malade, souffrant, marginalisé ou au seuil de
la mort; mais il se laisse interpeller par toutes ces situations, pour
aller à la recherche d'un sens et, en ces occasions, il est
disposé à percevoir dans le visage de toute
personne une invitation à la rencontre, au dia- logue,
à la solidarité.
L'âme saisie d'un religieux émerveillement, il est
temps que nous ayons tous ce regard pour être de nouveau en
mesure de vénérer et d'honorer tout homme, comme
Paul VI nous invitait à le faire dans un de ses messages de
Noël. (108) Stimulé par ce regard contemplatif, le
peuple nouveau des rachetés ne peut pas ne pas
éclater en hymnes de joie, de louange et de reconnaissance
pour le don inestimable de la vie, pour le mystère de
l'appel de tout homme à participer dans le Christ
à la vie de la grâce et à une existence
de communion sans fin avec Dieu Créateur et Père.
84. Célébrer l'Evangile
de la vie signifie célébrer le Dieu de la vie, le
Dieu qui donne la vie : " Nous devons célébrer la
Vie éternelle, d'où procède toute
autre forme de vie. C'est d'elle que reçoit la vie, suivant
ses capacités, tout être qui, en quelque
manière, participe à la vie. Cette Vie divine,
qui est au-dessus de toute forme de vie, vivifie et conserve la vie.
Toute forme de vie et tout mouvement vital procèdent de
cette Vie qui transcende toute vie et tout principe de vie. Les
âmes lui doivent leur incorruptibilité; c'est par
elle également que vivent tous les animaux et toutes les
plantes, qui en reçoivent la plus petite
étincelle. Aux hommes, êtres faits d'esprit et de
matière, la Vie donne la vie. Et s'il nous arrive de
l'abandonner, alors la Vie nous convertit et nous rappelle à
elle par la surabondance de son amour pour l'homme. Bien plus, elle
nous promet de nous conduire, corps et âmes, à la
vie parfaite, à l'immortalité. C'est trop peu de
dire que cette Vie est vivante : elle est Principe de vie, Cause et
Source unique de vie. Tout être vivant doit la contempler et
la louer: c'est la Vie qui donne la vie en abondance ". (109)
Nous aussi, comme le Psalmiste, dans la prière quotidienne,
individuelle et communautaire, nous louons et nous bénissons
Dieu notre Père, qui nous à tissés
dans le sein maternel et qui nous à vus et aimés
lorsque nous étions encore inachevés (cf. Ps
139138, 13.15-16), et nous nous exclamons avec une joie
débordante : " Je te rends grâce pour tant de
prodiges: merveille que je suis, merveille que tes œuvres " (Ps 139138,
14). Oui, " cette vie mortelle, malgré ses tourments, ses
mystères obscurs, ses souffrances, son inévitable
caducité, est une réalité
merveilleuse, un prodige toujours nouveau et émouvant, un
événement digne d'être
chanté et d'être glorifié dans la joie
".110 En outre, l'homme et sa vie ne nous apparaissent pas seulement
comme un des plus grands prodiges de la création : Dieu
à conféré à l'homme une
dignité quasi divine (cf. Ps 8, 6-7). En tout enfant qui
naît et en tout homme qui vit ou qui meurt, nous
reconnaissons l'image de la gloire de Dieu: nous
célébrons cette gloire en tout homme, signe du
Dieu vivant, icône de Jésus Christ.
Nous sommes appelés à exprimer notre
émerveillement et notre gratitude pour la vie
reçue en don et à accueillir,
apprécier et communiquer l'Evangile de la vie non seulement
dans la prière personnelle et communautaire, mais surtout
dans les célébrations de l'année
liturgique. Il faut mentionner ici en particulier lesSacrements, signes
efficaces de la présence et de l'action salvifique du
Seigneur Jésus dans l'existence chrétienne : ils
rendent les hommes participants de la vie divine, en leur assurant
l'énergie spirituelle nécessaire pour saisir en
toute vérité le sens de la vie, de la souffrance
et de la mort. Grâce à une authentique
redécouverte de la signification des rites et à
leur juste mise en valeur, les célébrations
liturgiques, surtout les célébrations des
sacrements, seront toujours plus en mesure d'exprimer toute la
vérité sur la naissance, la vie, la souffrance et
la mort, en aidant à les vivre comme une participation au
mystère pascal du Christ mort et ressuscité.
85. Dans la célébration
de l'Evangile de la vie, il faut savoir apprécier et mettre
en valeur aussi les gestes et les symboles qui abondent dans les
diverses traditions et dans les coutumes culturelles et popu- laires.
Ce sont des moments et des formes de rencontre à travers
lesquels se manifestent, dans les différents pays et les
différentes cultures, la joie de la vie qui commence, le
respect et la défense de toute existence humaine,
l'attention à celui qui souffre ou qui est dans le besoin,
la proximité à l'égard du vieillard ou
du mourant, le partage de la douleur de ceux qui sont en deuil,
l'espérance et le désir de
l'immortalité.
Dans cette perspective, accueillant également la suggestion
présentée par les Cardinaux au Consistoire de
1991, je propose que soit célébrée
tous les ans dans les différents pays une Journée
pour la Vie, comme cela se fait déjà à
l'initiative de certaines Conférences
épiscopales. Il est nécessaire que cette
Journée soit préparée et
célébrée avec la participation active
de toutes les composantes de l'Eglise locale. Son but fondamental est
de susciter dans les consciences, dans les familles, dans l'Eglise et
dans la société civile la reconnaissance du sens
et de la valeur de la vie humaine à toutes ses
étapes et dans toutes ses conditions, en attirant
spécialement l'attention sur la gravité de
l'avortement et de l'euthanasie, sans pour autant négliger
les autres moments et les autres aspects de la vie, qui
méritent d'être pris attentivement en
considération dans chaque cas, selon ce que
suggérera l'évolution de la situation.
86. Dans l'esprit du culte spirituel
agréable à Dieu (cf. Rm 12, 1), la
célébration de l'Evangile de la vie demande
à être réalisée surtout dans
l'existence quotidienne, vécue dans l'amour d'autrui et dans
le don de soi. C'est toute notre existence qui se fera ainsi accueil
authentique et responsable du don de la vie et louange
sincère et reconnaissante de Dieu qui nous à fait
ce don. C'est ce qui se passe déjà dans tant de
gestes d'offrande, souvent humble et cachée, accomplis par
des hommes et des femmes, des enfants et des adultes, des jeunes et des
anciens, des malades et des bien portants.
C'est dans un tel contexte, riche d'humanité et d'amour, que
prennent aussi naissance les gestes héroïques.
Ceux-ci sont la célébration la plus solennelle de
l'Evangile de la vie, parce qu'ils le pro- clament par le don total de
soi; ils sont la lumineuse manifestation du degré d'amour le
plus élevé: donner sa vie pour la personne qu'on
aime (cf. Jn 15, 13); ils sont la participation au mystère
de la Croix, sur laquelle Jésus révèle
tout le prix qu'a pour lui la vie de tout homme et comment cette vie se
réalise pleinement dans le don total de soi.
Au-delà des actions d'éclat, il y à
l'héroïsme au quotidien, fait de petits ou de
grands gestes de partage qui enrichissent une authentique culture de la
vie. Parmi ces gestes, il faut particulièrement
apprécier le don d'organes, accompli sous une forme
éthiquement acceptable, qui permet à des malades
parfois privés d'espoir de nouvelles pers- pectives de
santé et même de vie.
à cet héroïsme du quotidien appartient
le témoignage silencieux, mais combien fécond et
éloquent, de " toutes les mères courageuses qui
se consacrent sans réserve à leur famille, qui
souffrent en donnant le jour à leurs enfants, et sont
ensuite prêtes à supporter toutes les fatigues,
à affronter tous les sacrifices, pour leur transmettre ce
qu'elles possèdent de meilleur en elles ". (111) Dans
l'accomplissement de leur mission, " ces mères
héroïques ne trouvent pas toujours un soutien dans
leur entourage. Au contraire, les modèles de civilisation,
souvent promus et diffusés par les moyens de communication
sociale, ne favorisent pas la maternité. Au nom du
progrès et de la modernité, on
présente comme désormais
dépassées les valeurs de la
fidélité, de la chasteté et du
sacrifice qu'ont illustrées et continuent à
illustrer une foule d'épouses et de mères
chrétiennes... Nous vous remercions, mères
héroïques, pour votre amour invincible! Nous vous
remercions pour la confiance intrépide placée en
Dieu et en son amour. Nous vous remercions pour le sacrifice de votre
vie... Dans le mystère pascal, le Christ vous rend le don
que vous avez fait. Il à en effet le pouvoir de vous rendre
la vie que vous lui avez apportée en offrande ". (112)
"
A quoi cela sert-il, mes frères, que quelqu'un dise : " J'ai
la foi ", s'il n'a pas les œuvres ? " (Jc 2, 14) : servir l'Evangile de
la vie
87. En vertu de la participation à
la mission royale du Christ, le soutien et la promotion de la vie
humaine doivent se faire par le service de la charité, qui
se traduit dans le témoignage personnel, dans les diverses
formes de bénévolat, dans l'animation sociale et
dans l'engagement politique. Il s'agit là d'une exigence
particulièrement pressante à l'heure actuelle,
où la " culture de la mort " s'oppose si fortement
à la " culture de la vie ", et semble souvent l'emporter.
Mais avant cela, il s'agit d'une exigence qui naît de la "
foi opérant par la charité " (Ga 5, 6), comme
nous en avertit la Lettre de Jacques : " à quoi cela
sert-il, mes frères, que quelqu'un dise : "J'ai la foi",
s'il n'a pas les œuvres ? La foi peut-elle le sauver ? Si un
frère ou une sœur sont nus, s'ils manquent de leur
nourriture quotidienne, et que l'un d'entre vous leur dise : "Allez en
paix, chauffez-vous, rassasiez- vous", sans leur donner ce qui est
nécessaire à leur corps, à quoi cela
sert-il ? Ainsi en est-il de la foi : si elle n'a pas les œuvres, elle
est tout à fait morte " (2, 14-17).
Dans le service de la charité, il y à un Etat
d'esprit qui doit nous animer et nous distinguer: nous devons prendre
soin de l'autre en tant que personne confiée par Dieu
à notre responsabilité. Comme disciples de
Jésus, nous sommes appelés à nous
faire le prochain de tout homme (cf. Lc 10, 29-37), avec une
préférence marquée pour qui est le
plus pauvre, le plus seul et le plus dans le besoin. C'est en aidant
celui qui à faim ou soif, l'étranger, celui qui
est nu, malade ou en prison – comme aussi l'enfant à
naître, le vieillard qui souffre ou se trouve aux portes de
la mort – qu'il nous est donné de servir Jésus,
comme Lui-même l'a déclaré : " Dans la
mesure où vous l'avez fait à l'un de ces plus
petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez
fait " (Mt 25, 40). C'est pourquoi nous ne pouvons pas ne pas nous
sentir interpellés et jugés par ces paroles
toujours actuelles de saint Jean Chrysostome : " Tu veux honorer le
Corps du Christ? Ne le méprise pas lorsqu'il est nu. Ne
l'honore pas ici, dans l'Eglise, par des tissus de soie tandis que tu
le laisses dehors souffrir du froid et du manque de vêtements
". (113)
Le service de la charité à l'égard de
la vie doit être profondément unifié:
il ne peut tolérer ce qui est unilatéral ou
discriminatoire, parce que la vie humaine est sacrée et
inviolable dans toutes ses étapes et en toute situation;
elle est un bien indivisible. Il s'agit donc de " prendre soin " de
toute la vie et de la vie de tous. Ou plutôt, plus
profondément encore, il s'agit d'aller jusqu'àux
racines mêmes de la vie et de l'amour.
C'est justement à partir d'un amour profond pour tout homme
et toute femme que s'est développée au cours des
siècles une histoire extraordinaire de la
charité, qui à introduit dans la vie
ecclésiale et civile de nombreuses institutions mises au
service de la vie qui suscitent l'admiration de tout observateur non
prévenu. C'est une histoire que chaque communauté
chrétienne doit continuer à écrire par
une action pastorale et sociale multiple, avec un sens
renouvelé de la responsabilité. à
cette fin, on doit mettre en œuvre des formes raisonnables et efficaces
d'accompagnement de la vie naissante, en étant
spécialement proche des mères qui, même
sans le soutien du père, ne craignent pas de mettre au monde
leur enfant et de l'élever. On prendra le même
soin de la vie dans la marginalité ou dans la souffrance,
spécialement dans les phases terminales.
88. Tout cela comporte une action
éducative patiente et courageuse qui incite chacun
à porter les fardeaux des autres (cf. Ga 6, 2); cela
requiert une promotion soutenue des vocations au service, en
particulier chez les jeunes; cela implique la réalisation
d'initiatives et de projets concrets, stables et inspirés
par l'Evangile.
Il y à beaucoup de moyens à mettre en valeur avec
compétence et sérieux dans l'engagement. En ce
qui concerne les débuts de la vie, les centres pour les
méthodes naturelles de régulation de la
fertilité sont à promouvoir comme des appuis
solides à la paternité et à la
maternité responsables, par lesquelles toute personne,
à commencer par l'enfant, est reconnue et
respectée pour elle-même et tout choix est
motivé et guidé à l'aune du don total
de soi. Les conseillers conjugaux et familiaux, par leur action
spécifique de conseil et de prévention,
déployée à la lumière d'une
anthropologie en harmonie avec la conception chrétienne de
la personne, du couple et de la sexualité, constituent aussi
des auxiliaires précieux pour redécouvrir le sens
de l'amour et de la vie, et pour soutenir et accompagner chaque famille
dans sa mission de " sanctuaire de la vie ". Les centres d'aide
à la vie et les maisons ou centres d'accueil de la vie se
mettent aussi au service de la vie naissante. Par leur action, de
nombreuses mères célibataires et de nombreux
couples en difficulté retrouvent des raisons de vivre et des
convictions en obtenant aide et soutien pour surmonter leurs
difficultés et leurs craintes devant l'accueil d'une vie
à naître ou à peine venue au monde.
Face à des situations de gêne, de
déviance, de maladie et de marginalité, d'autres
structures comme les communautés de
réhabilitation des toxicomanes, les communautés
d'hébergement de mineurs ou de malades mentaux, les centres
de soin et d'accueil des malades du SIDA, les associations de
solidarité surtout pour les personnes handicapées
sont une expression éloquente de ce que la
charité sait inventer pour donner à chacun de
nouvelles raisons d'espérer et des possibilités
concrètes de vivre.
Enfin, quand l'existence terrestre arrive à son terme, c'est
encore à la charité de trouver les
modalités les plus adaptées pour que les
personnes âgées, spécialement si elles
sont dépendantes, et les malades en phase terminale puissent
bénéficier d'une assistance vraiment humaine et
recevoir les réponses qui conviennent à leurs
besoins, en particulier en ce qui concerne leurs angoisses et leur
solitude. Dans ces cas, le rôle des familles est
irremplaçable; mais les familles peuvent trouver un appui
considérable dans les structures sociales d'assistance et,
quand c'est nécessaire, dans le recours aux soins
palliatifs, en faisant appel aux services sanitaires et sociaux
appropriés qui exercent leur activité dans des
centres de séjour ou de soins publics ou à
domicile.
En particulier, on doit reconsidérer le rôle des
hôpitaux, des cliniques et des maisons de soin : leur
véritable identité n'est pas seulement celle
d'institutions où l'on s'occupe des malades ou des mourants,
mais avant tout celle de milieux où la douleur, la
souffrance et la mort sont reconnues et
interprétées dans leur sens proprement humain et
spécifiquement chrétiens. D'une façon
spéciale, cette identité doit
apparaître clairement et efficacement dans les instituts
dépendant de religieux ou liés en quelque autre
manière à l'Eglise.
89. Ces structures et ces lieux de service de
la vie, ainsi que toutes les autres initiatives de soutien et de
solidarité que les circonstances pourront
suggérer dans chaque cas, ont besoin d'être
animés par des personnes généreusement
disponibles et profondément conscientes de l'importance de
l'Evangile de la vie pour le bien des individus et de la
société.
Une responsabilité spécifique est
confiée au personnel de santé:
médecins, pharmaciens, infirmiers et infirmières,
aumôniers, religieux et religieuses, administrateurs et
bénévoles. Leurs professions en font des gardiens
et des serviteurs de la vie humaine. Dans le contexte culturel et
social actuel, où la science et l'art médical
risquent de faire oublier leur dimension éthique naturelle,
ils peuvent être parfois fortement tentés de se
transformer en agents de manipulation de la vie ou même en
artisans de mort. Face à cette tentation, leur
responsabilité est aujourd'hui considérablement
accrue; elle puise son inspiration la plus profonde et trouve son
soutien le plus puissant justement dans la dimension éthique
des professions de santé, dimension qui leur est
intrinsèque et qu'on ne peut négliger, comme le
reconnaissait déjà l'antique serment
d'Hippocrate, toujours actuel, qui demande à tout
médecin de s'engager à respecter absolument la
vie humaine et son caractère sacré.
Le respect absolu de toute vie humaine innocente exige aussi l'exercice
de l'objection de conscience face à l'avortement
provoqué et à l'euthanasie. "Faire mourir" ne
peut jamais être considéré comme un
soin médical, même si l'intention était
seulement de répondre à une demande du patient :
c'est au contraire la négation des professions de
santé, qui se définissent comme un "oui"
passionné et tenace à la vie. La recherche
biomédicale elle-même, domaine fascinant et
annonciateur de grands bienfaits nouveaux pour l'humanité,
doit toujours refuser des expérimentations, des re- cherches
ou des applications qui, niant la dignité inviolable de
l'être humain, cessent d'être au service des hommes
et se transforment en réalités qui les oppriment
tout en paraissant leur venir en aide.
90. Les personnes engagées dans le
bénévolat sont appelées à
jouer un rôle spécifique : elles apportent une
contribution précieuse au service de la vie quand elles
allient compétence professionnelle et amour
généreux et gratuit. L'Evangile de la vie les
pousse à élever leurs sentiments de simple
philanthropie à la hauteur de la charité du
Christ; à reconquérir chaque jour, dans le labeur
et la fatigue, la conscience de la dignité de tout homme;
à aller à la découverte des besoins
des personnes en ouvrant, s'il le faut, de nouvelles voies lA
où le besoin se fait le plus urgent et lA où
l'attention et le soutien sont les plus déficients.
Le réalisme tenace de la charité exige que l'on
propage l'Evangile de la vie également par des types
d'animation sociale et d'engagement politique, où l'on
défende et où l'on mette en avant la valeur de la
vie dans nos sociétés toujours plus
marquées par la complexité et le pluralisme.
Individus, fa- milles, groupes, entités associatives ont,
à des titres et selon des modes divers, une
responsabilité dans l'animation sociale et dans
l'élaboration de projets culturels, économiques,
politiques et législatifs qui contribuent, dans le respect
de tous et selon la logique de la vie sociale démocratique,
à édifier une société dans
laquelle la dignité de chaque personne soit reconnue et
protégée, et la vie de tous défendue
et promue.
Cette tâche repose en particulier sur les responsables de la
vie publique. Appelés à servir l'homme et le bien
commun, ils ont le devoir de faire des choix courageux en faveur de la
vie, surtout dans le domaine des dispositions législatives.
Dans un régime démocratique, où les
lois et les décisions sont déterminées
sur la base d'un large consensus, le sens de la
responsabilité personnelle peut se trouver
atténué dans la conscience des personnes qui ont
une part d'autorité. Mais on ne peut jamais abdiquer cette
responsabilité, surtout quand on à
reçu un mandat législatif ou impliquant des
décisions, mandat qui appelle à
répondre devant Dieu, devant sa conscience et devant la
société tout entière de choix
éventuellement contraires au bien commun authentique. Si les
lois ne sont pas le seul moyen de défendre la vie humaine,
elles jouent cependant un rôle de grande importance et
parfois déterminant dans la formation des
mentalités et des habitudes. Je répète
encore une fois qu'une norme qui viole le droit naturel d'un innocent
à la vie est injuste et que, comme telle, elle ne peut avoir
force de loi. Aussi, je renouvelle avec vigueur mon appel à
tous les hommes politiques afin qu'ils ne promulguent pas de lois qui,
méconnaissant la dignité de la personne, minent
à la racine la vie même de la
société civile.
L'Eglise sait que, dans le contexte de démocraties
pluralistes, en raison de la présence de courants culturels
forts de tendances différentes, il est difficile de
réaliser efficacement une défense
légale de la vie. Toutefois, mue par la certitude que la
vérité morale ne peut pas rester sans
écho dans l'intime des consciences, elle encourage les
hommes politiques, à commencer par ceux qui sont
chrétiens, à ne pas se résigner et
à faire les choix qui, compte tenu des
possibilités concrètes, conduisent à
rétablir un ordre juste dans l'affirmation et la promotion
de la valeur de la vie. Dans cette perspective, il faut noter qu'il ne
suffit pas d'éliminer les lois iniques. Il faut combattre
les causes qui favorisent des attentats contre la vie, surtout en
assurant à la famille et à la
maternité le soutien qui leur est dû: la politique
familiale doit être le pivot et le moteur de toutes les
politiques sociales. C'est pourquoi il faut lancer des initiatives
sociales et législatives capables de garantir des conditions
de liberté authentique dans les choix concernant la
paternité et la maternité; en outre, il est
nécessaire de revoir la conception des poli- tiques du
travail, de la vie urbaine, du logement et des services, afin que l'on
puisse concilier le temps du travail et le temps
réservé à la famille, et qu'il soit
effectivement possible de s'occuper de ses enfants et des personnes
âgées.
91. Les problèmes
démographiques constituent aujourd'hui un aspect important
de la politique pour la vie. Les pouvoirs publics ont certes la
responsabilité de prendre des initiatives " pour orienter la
démographie de la population "; (114) mais ces initiatives
doivent toujours présupposer et respecter la
responsabilité première et inaliénable
des époux et des familles; elles ne peuvent inclure le
recours à des méthodes non respectueuses de la
personne et de ses droits fondamentaux, à commencer par le
droit à la vie de tout être humain innocent. Il
est donc moralement inaccep- table que, pour la régulation
des naissances, on encourage ou on aille jusqu'à imposer
l'usage de moyens comme la contraception, la stérilisation
et l'avortement.
Il y à bien d'autres façons de
résoudre le problème démographique :
les gouvernements et les diverses institutions internationales doivent
tendre avant tout à la création de conditions
économiques, sociales, médicales, sanitaires et
culturelles qui permettent aux époux de faire leurs choix
dans le domaine de la procréation en toute
liberté et avec une vraie responsabilité; ils
doivent ensuite s'efforcer d'" augmenter les moyens et de distribuer
avec une plus grande justice la richesse pour que tous puissent
participer équitablement aux biens de la
création. Il faut trouver des solutions au niveau mondial,
en instaurant une véritable économie de communion
et de participation aux biens, tant dans l'ordre international que
national ". (115) C'est la seule voie qui respecte la
dignité des personnes et des familles, ainsi que
l'authentique patrimoine culturel des peuples. Le service de l'Evangile
de la vie est donc vaste et complexe. Il nous apparaît
toujours plus comme un cadre appréciable, favorable
à une collaboration concrète avec les
frères d'autres Eglises et d'autres Communautés
ecclésiales, dans la ligne de l'œcuménisme des
œuvres que le Concile Vatican II à encouragé avec
autorité. (116) En outre, le service de l'Evangile de la vie
se présente comme un espace providentiel pour le dialogue et
la collaboration avec les croyants d'autres religions et avec tous les
hommes de bonne volonté: la défense et la
promotion de la vie ne sont le monopole de personne mais bien le devoir
et la responsabilité de tous. Le défi auquel nous
devons faire face, à la veille du troisième
millénaire, est ardu: seule la coopération
harmonieuse de tous ceux qui croient dans la valeur de la vie pourra
éviter un échec de la civilisation, aux
conséquences imprévisibles.
"
Des fils, voilà ce que donne le Seigneur,
récompense, que le fruit des entrailles " (Ps 127126, 3) :
la famille "sanctuaire de la vie"
92. à l'intérieur du "
peuple de la vie et pour la vie ", la responsabilité de la
famille est déterminante : c'est une
responsabilité qui résulte de sa nature
même – qui consiste à être une
communauté de vie et d'amour, fondée sur le
mariage – et de sa mission de " garder, de
révéler et de communiquer l'amour ". (117) Il
s'agit précisément de l'amour même de
Dieu, dont les parents sont faits les coopérateurs et comme
les interprètes dans la transmission de la vie et dans
l'éducation, suivant le projet du Père. (118)
C'est donc un amour qui se fait gratuité, accueil, don :
dans la famille, chacun est reconnu, respecté et
honoré parce qu'il est une personne, et, si quelqu'un
à davantage de besoins, l'attention et les soins qui lui
sont portés se font plus intenses.
La famille à un rôle à jouer tout au
long de l'existence de ses membres, de la naissance à la
mort. Elle est véritablement " le sanctuaire de la vie...,
le lieu où la vie, don de Dieu, peut être
convenablement accueillie et protégée contre les
nombreuses attaques auxquelles elle est exposée, le lieu
où elle peut se développer suivant les exigences
d'une croissance humaine authentique ". (119) C'est pourquoi le
rôle de la famille est déterminant et
irremplaçable pour bâtir la culture de la vie.
Comme Eglise domestique, la famille à vocation d'annoncer,
de célébrer et de servir l'Evangile de la vie.
C'est une mission qui concerne avant tout les époux,
appelés à transmettre la vie, en se fondant sur
une conscience sans cesse renouvelée du sens de la
génération, en tant
qu'événement privilégié
dans lequel est manifesté le fait que la vie humaine est un
don reçu pour être à son tour
donné. Dans la procréation d'une vie nouvelle,
les parents se rendent compte que l'enfant, " s'il est le fruit de leur
don réciproque d'amour devient, à son tour, un
don pour tous les deux: un don qui jaillit du don ! ". (120)
C'est surtout par l'éducation des enfants que la famille
remplit sa mission d'annoncer l'Evangile de la vie. Par la parole et
par l'exemple, dans les rapports et les choix quotidiens, et par leurs
gestes et leurs signes concrets, les parents initient leurs enfants
à la liberté authentique qui s'exerce dans le don
total de soi et ils cultivent en eux le respect d'autrui, le sens de la
justice, l'accueil bienveillant, le dialogue, le service
généreux, la solidarité et toutes les
autres valeurs qui aident à vivre la vie comme un don.
L'action éducative des parents chrétiens doit
servir la foi des enfants et les aider à répondre
à la vocation qu'ils reçoivent de Dieu. Il entre
aussi dans la mission éducative des parents d'enseigner
à leurs enfants le vrai sens de la souffrance et de la mort,
et d'en témoigner auprès d'eux: ils le pourront
s'ils savent être attentifs à toutes les
souffrances qu'ils rencontrent autour d'eux et, avant tout, s'ils
savent, dans leur milieu familial, se montrer concrètement
proches des malades et des personnes âgées, les
assister et partager avec eux.
93. En outre, la famille
célèbre l'Evangile de la vie par la
prière quotidienne, personnelle et familiale : dans la
prière, elle loue et remercie le Seigneur pour le don de la
vie, et elle invoque lumière et force pour affronter les
moments de difficulté et de souffrance, sans jamais perdre
l'espérance. Mais la célébration qui
donne son sens à toute autre forme de prière et
de culte, c'est celle qui s'exprime dans l'existence quotidienne
même de la famille, si elle est faite d'amour et de don de
soi.
La célébration devient ainsi service de
l'Evangile de la vie, qui s'exprime par la solidarité,
vécue dans la famille et autour d'elle comme une attention
délicate, éveillée et bienveillante
dans les petites et les humbles actions de chaque jour. La
solidarité s'exprime d'une manière
particulière lorsque les familles sont disponibles pour
adopter ou se voir confier des enfants abandonnés par leurs
parents ou se trouvant dans des situations graves. L'amour paternel et
maternel véritable sait aller au-delà des liens
de la chair et du sang et accueillir aussi des enfants d'autres
familles, leur apportant tout ce qui leur est nécessaire
pour vivre et s'épanouir pleinement. Parmi les formes
d'adoption, l'adoption à distance (parrainage)
mérite d'être proposée, de
préférence dans les cas où l'abandon
à pour seul motif les conditions de grande
pauvreté de la famille. Ce mode d'adoption permet en effet
d'offrir aux parents l'aide nécessaire pour entretenir et
pour éduquer leurs enfants, sans devoir les arracher
à leur milieu naturel.
Comprise comme " la détermination ferme et
persévérante de travailler pour le bien commun ",
(121) la solidarité demande à être
pratiquée également dans des modes de
participation à la vie sociale et politique. Par
conséquent, le service de l'Evangile de la vie suppose que
les familles, spécialement par leur participation
à des associations, s'emploient à obtenir que les
lois et les institutions de l'Etat ne lèsent en aucune
façon le droit à la vie, de la conception
à la mort naturelle, mais le défendent et le
soutiennent.
94. On doit accorder aux personnes
âgées une place particulière. Dans
certaines cultures, la personne plus avancée en
âge demeure intégrée dans la famille
avec un rôle actif important, mais dans d'autres cultures, le
vieillard est considéré comme un poids inutile et
on l'abandonne à lui-même : dans ce genre de
situation, la tentation de recourir à l'euthanasie peut se
présenter plus facilement.
La marginalisation ou même le rejet des personnes
âgées sont intolérables. Leur
présence en famille, ou du moins la présence
proche de la famille lorsque l'étroitesse des logements ou
d'autres motifs ne laissent pas d'autre solution, sont d'une importance
essentielle pour créer un climat d'échange mutuel
et de communication enrichissante entre les différentes
générations. Il importe donc que l'on maintienne
une sorte de " pacte " entre les générations, ou
qu'on le rétablisse quand il à disparu, afin que
les parents âgés, parvenus au terme de leur route,
puissent trouver chez leurs enfants l'accueil et la
solidarité qu'ils ont eux- même
pratiqués envers eux à leur entrée
dans la vie : c'est là une exigence du commandement divin
d'honorer son père et sa mère (cf. Ex 20, 12; Lv
19, 3). Mais il y à plus. La personne
âgée n'est pas seulement à
considérer comme l'objet d'une attention proche et
serviable. Elle à pour sa part une contribution
précieuse à apporter à l'Evangile de
la vie. Grâce au riche patrimoine d'expérience
acquise au long des années, elle peut et elle doit
transmettre la sagesse, rendre témoignage de
l'espérance et de la charité.
S'il est vrai que " l'avenir de l'humanité passe par la
famille ", (122) on doit reconnaître qu'actuellement les
conditions sociales, économiques et culturelles rendent
souvent plus difficile et plus laborieux l'engagement de la famille
à être au service de la vie. Pour qu'elle puisse
répondre à sa vocation de " sanctuaire de la vie
", comme cellule d'une société qui aime et
accueille la vie, il est nécessaire et urgent que la famille
elle-même soit aidée et soutenue. Les
sociétés et les Etats doivent assurer tout le
soutien nécessaire, y compris sur le plan
économique, pour que les familles puissent faire face
à leurs problèmes de la manière la
plus humaine. Pour sa part, l'Eglise doit promouvoir inlassablement une
pastorale familiale capable d'amener chaque famille à
redécouvrir sa mission à l'égard de
l'Evangile de la vie et de la vivre avec courage et avec joie.
"
Conduisez-vous en enfants de lumière " (Ep 5, 8) :
réaliser un tournant culturel
95. " Conduisez-vous en enfants de
lumière... Discernez ce qui plaît au Seigneur, et
ne prenez aucune part aux œuvres stériles des
ténèbres " (Ep 5, 8.10-11). Dans la situation
sociale actuelle, marquée par un affrontement dramatique
entre la " culture de la vie " et la " culture de la mort ", il faut
développer un sens critique aigu, permettant de discerner
les vraies valeurs et les besoins authentiques.
Il est urgent de se livrer à une mobilisation
générale des consciences et à un
effort commun d'ordre éthique, pour mettre en œuvre une
grande stratégie pour le service de la vie. Nous devons
construire tous ensemble une nouvelle culture de la vie : nouvelle,
parce qu'elle sera en mesure d'aborder et de résoudre les
problèmes inédits posés aujourd'hui au
sujet de la vie de l'homme; nouvelle, parce qu'elle sera
adoptée avec une conviction forte et active par tous les
chrétiens; nouvelle, parce qu'elle sera capable de susciter
un débat culturel sérieux et courageux avec tous.
L'urgence de ce tournant culturel tient à la situation
historique que nous traversons, mais elle provient surtout de la
mission même d'évangélisation qui est
celle de l'Eglise. En effet, l'Evangile vise à " transformer
du dedans, à rendre neuve l'humanité
elle-même " ; (123) il est comme le levain qui fait lever
toute la pâte (cf. Mt 13, 33) et, comme tel, il est
destiné à imprégner toutes les
cultures et à les animer de l'intérieur, (124)
afin qu'elles expriment la vérité tout
entière sur l'homme et sur sa vie.
On doit commencer par renouveler la culture de la vie à
l'intérieur des communautés
chrétiennes elles-mêmes. Les croyants,
même ceux qui participent activement à la vie
ecclésiale, tombent trop souvent dans une sorte de
dissociation entre la foi chrétienne et ses exigences
éthiques à l'égard de la vie, en
arrivant ainsi au subjectivisme moral et à certains
comportements inacceptables. Il faut alors nous interroger, avec
beaucoup de lucidité et de courage, sur la nature de la
culture de la vie répandue aujourd'hui parmi les
chrétiens, les familles, les groupes et les
communautés de nos diocèses. Avec la
même clarté et la même
résolution, nous devons déterminer les actes que
nous sommes appelés à accomplir pour servir la
vie dans la plénitude de sa vérité. En
même temps, il nous faut conduire un débat
sérieux et approfondi avec tous, y compris avec les
non-croyants, sur les problèmes fondamentaux de la vie
humaine, dans les lieux où s'élabore la
pensée, comme dans les divers milieux professionnels et
là où se déroule l'existence
quotidienne de chacun.
96. La première action
fondamentale à mener pour parvenir à ce tournant
culturel est la formation de la conscience morale au sujet de la valeur
incommensurable et inviolable de toute vie humaine. Il est d'une
suprême importance de redécouvrir le lien
inséparable entre la vie et la liberté. Ce sont
des biens indissociables: quand l'un de ces biens est
lésé, l'autre finit par l'être aussi.
Il n'y à pas de liberté véritable
là où la vie n'est pas accueillie ni
aimée; et il n'y à pas de vie en
plénitude sinon dans la liberté. Ces deux
réalités ont enfin un point de
référence premier et spécifique qui
les relie indissolublement : la vocation à l'amour. Cet
amour, comme don total de soi, (125) représente le sens le
plus authentique de la vie et de la liberté de la personne.
Pour la formation de la conscience, la redécouverte du lien
constitutif qui unit la liberté à la
vérité n'est pas moins déterminante.
Comme je l'ai dit bien des fois, séparer radicalement la
liberté de la vérité objective
empêche d'établir les droits de la personne sur
une base rationnelle solide, et cela ouvre dans la
société la voie au risque de l'arbitraire
ingouvernable des individus ou au totalitarisme mortifère
des pouvoirs publics. (126)
Il est essentiel, ensuite, que l'homme reconnaisse
l'évidence originelle de sa condition de
créature, qui reçoit de Dieu l'être et
la vie comme un don et une tâche : c'est seulement en
acceptant sa dépendance première dans
l'être que l'homme peut réaliser la
plénitude de sa vie et de sa liberté, et en
même temps respecter intégralement la vie et la
liberté de toute autre personne. On découvre ici
surtout que " au centre de toute culture se trouve l'attitude que
l'homme prend devant le mystère le plus grand, le
mystère de Dieu ". (127) Quand Dieu est nié et
quand on vit comme s'Il n'existait pas, ou du moins sans tenir compte
de ses commandements, on finit vite par nier ou par compromettre la
dignité de la personne humaine et l'inviolabilité
de sa vie.
97. à la formation de la
conscience, se rattache étroitementl'action
éducative, qui aide l'homme à être
toujours plus homme, qui l'introduit toujours plus avant dans la
vérité, qui l'oriente vers un respect croissant
de la vie, qui le forme à entretenir avec les personnes de
justes relations.
Il est en particulier nécessaire d'éduquer
à la valeur de la vie, en commençant par ses
propres ra- cines. Il serait illusoire de penser que l'on puisse
construire une vraie culture de la vie humaine sans aider les jeunes
à comprendre et à vivre la sexualité,
l'amour et toute l'existence, en en reconnaissant le sens
réel et l'étroite interdépendance. La
sexualité, richesse de toute la personne, " manifeste sa
signification intime en portant... au don de soi dans l'amour ". (128)
La banalisation de la sexualité figure parmi les principaux
facteurs qui sont à l'origine du mépris pour la
vie naissante : seul un amour véritable sait
préserver la vie. On ne peut donc se dispenser de proposer,
surtout aux adolescents et aux jeunes, une authentique
éducation à la sexualité et
à l'amour, une éducation comprenant la formation
à la chasteté, vertu qui favorise la
maturité de la personne et la rend capable de respecter le
sens " sponsal " du corps.
La démarche de l'éducation à la vie
comporte la formation des époux à la
procréation responsable. Dans sa portée
réelle, celle-ci suppose que les époux se
soumettent à l'appel du Seigneur et agissent en
interprètes fidèles de sa volonté: il
en est ainsi quand ils ouvrent généreusement leur
famille à de nouvelles vies, demeurant de toute
manière dans une attitude d'ouverture et de service
à l'égard de la vie, même lorsque, pour
des motifs sérieux et dans le respect de la loi morale, les
époux choisissent d'éviter une nouvelle
grossesse, temporairement ou pour un temps
indéterminé. La loi morale les oblige en tout cas
à maîtriser les tendances de leurs instincts et de
leurs passions et à respecter les lois biologiques inscrites
dans leurs personnes. C'est précisément cette
attitude qui rend légitime, pour aider l'exercice de la
responsabilité dans la procréation, le recours
aux méthodes naturelles de régulation de la
fertilité: scientifiquement, elles ont
été précisées de mieux en
mieux et elles offrent des possibilités concrètes
pour des choix qui soient en harmonie avec les valeurs morales. Une
observation honnête des résultats obtenus devrait
faire tomber les préjugés encore trop
répandus et convaincre les époux, de
même que le personnel de santé et les services
sociaux, de l'importance d'une formation adéquate dans ce
domaine. L'Eglise est reconnaissante envers ceux qui, au prix d'un
dévouement et de sacrifices personnels souvent
méconnus, s'engagent dans la recherche sur ces
méthodes et dans leur diffusion, en développant
en même temps l'éducation aux valeurs morales que
suppose leur emploi.
La démarche éducative ne peut manquer de prendre
aussi en considération la souffrance et la mort. En
réalité, elles font partie de
l'expérience humaine et il est vain autant
qu'erroné de chercher à les occulter ou
à les écarter. Au contraire, chacun doit
être aidé à en saisir le
mystère profond, dans sa dure réalité
concrète. Même la douleur et la souffrance ont un
sens et une valeur, quand elles sont vécues en rapport
étroit avec l'amour reçu et donné.
Dans cette perspective, j'ai voulu que soit
célébrée chaque année la
Journée mondiale des Malades, soulignant " le
caractère salvifique de l'offrande de la souffrance qui, si
elle est vécue en communion avec le Christ, appartient
à l'essence même de la Rédemption ".
(129) D'ailleurs, la mort ellemême est tout autre chose
qu'une aventure sans espérance : elle est la porte de
l'existence qui s'ouvre sur l'éternité, et, pour
ceux qui la vivent dans le Christ, elle est l'expérience de
la participation à son mystère de mort et de
résurrection.
98. En somme, nous pouvons dire que le
tournant culturel ici souhaité exige de tous le courage
d'entrer dans un nouveau style de vie qui adopte une juste
échelle des valeurs comme fondement des choix concrets, aux
niveaux personnel, familial, social et international: la
primauté de l'être sur l'avoir, (130) de la
personne sur les choses. (131) Ce mode de vie renouvelé
suppose aussi le passage de l'indifférence à
l'intérêt envers autrui et du rejet à
l'accueil: les autres ne sont pas des concurrents dont il faudrait se
défendre, mais des frères et des sœurs dont on
doit être solidaire; il faut les aimer pour
eux-mêmes; ils nous enrichissent par leur présence
même.
Personne ne doit se sentir exclu de cette mobilisation pour une
nouvelle culture de la vie : tous ont un rôle important
à jouer. Avec celle des familles, la mission des enseignants
et des éducateurs est particulièrement
précieuse. Il dépend largement d'eux que les
jeunes, formés à une liberté
véritable, sachent garder en eux-mêmes et
ré- pandre autour d'eux des idéaux de vie
authentiques, et qu'ils sachent grandir dans le respect et dans le
service de toute personne, en famille et dans la
société.
De même, les intellectuels peuvent faire beaucoup pour
édifier une nouvelle culture de la vie humaine. Les
intellectuels catholiques ont un rôle particulier, car ils
sont appelés à se rendre activement
présents dans les lieux privilégiés
où s'élabore la culture, dans le monde de
l'école et de l'université, dans les milieux de
la recherche scientifique et technique, dans les cercles de
création artistique et de réflexion humaniste.
Nourrissant leur inspiration et leur action à la pure
sève de l'Evangile, ils doivent s'employer à
favoriser une nouvelle culture de la vie, par la production de
contributions sérieuses, bien informées et
susceptibles de s'imposer par leur valeur à l'attention et
au respect de tous. Précisément dans cette pers-
pective, j'ai institué l'Académie pontificale
pour la Vie, dans le but " d'étudier, d'informer et de
donner une formation en ce qui concerne les principaux
problèmes de la bio-médecine et du droit,
relatifs à la promotion et à la
défense de la vie, surtout dans le rapport direct qu'ils
entretiennent avec la morale chrétienne et les directives du
Magistère de l'Eglise ". (132) Les Universités
fourniront aussi un apport spécifique, les
Universités catholiques en particulier, de même
que les Centres, Instituts et Comités de
bioéthique.
Les divers acteurs des moyens de communication sociale ont une grande
et grave responsabilité: il leur faut faire en sorte que les
messages transmis avec beaucoup d'efficacité contribuent
à la culture de la vie. C'est ainsi qu'ils doivent
présenter des exemples de vie élevés
et nobles, donner une place à des témoignages
positifs et parfois héroïques d'amour pour l'homme,
proposer les valeurs de la sexualité et de l'amour avec un
grand respect, sans se complaire dans ce qui corrompt et avilit la
dignité de l'homme. Dans la lecture de la
réalité, ils doivent refuser de mettre en relief
ce qui peut suggérer ou aggraver des sentiments ou des
attitudes d'indifférence, de mépris ou de refus
envers la vie. Tout en restant scrupuleusement fidèles
à la vérité des faits, il leur
appartient d'allier la liberté de l'information au respect
de toutes les personnes et à une profonde
humanité.
99. Pour obtenir ce tournant culturel en
faveur de la vie, la pensée et l'action des femmes jouent un
rôle unique et sans doute déterminant : il leur
revient de promouvoir un " nouveau féminisme " qui, sans
succomber à la tentation de suivre les modèles
masculins, sache reconnaître et exprimer le vrai
génie féminin dans toutes les manifestations de
la vie en société, travaillant à
dépasser toute forme de discrimination, de violence et
d'exploitation.
Reprenant le message final du Concile Vatican II, j'adresse moi aussi
aux femmes cet appel pressant : " Réconciliez les hommes
avec la vie ". (133) Vous êtes appelées
à témoigner du sens de l'amour authentique, du
don de soi et de l'accueil de l'autre qui se réalisent
spécifiquement dans la relation conjugale, mais qui doivent
animer toute autre relation interpersonnelle. L'expérience
de la maternité renforce en vous une sensibilité
aiguë pour la personne de l'autre et, en même temps,
vous confère une tâche particulière : "
La maternité comporte une communion particulière
avec le mystère de la vie qui mûrit dans le sein
de la femme... Ce genre unique de contact avec le nouvel être
humain en gestation crée, à son tour, une
attitude envers l'homme – non seulement envers son propre enfant mais
envers l'homme en général – de nature
à caractériser profondément toute la
personnalité de la femme ". (134) En effet, la
mère accueille et porte en elle un autre, elle lui permet de
grandir en elle, lui donne la place qui lui revient en respectant son
altérité. Ainsi, la femme perçoit et
enseigne que les relations humaines sont authentiques si elles
s'ouvrent à l'accueil de la personne de l'autre, reconnue et
aimée pour la dignité qui résulte du
fait d'être une personne et non pour d'autres facteurs comme
l'utilité, la force, l'intelligence, la beauté,
la santé. Telle est la contribution fondamentale que
l'Eglise et l'humanité attendent des femmes. C'est un
préalable indispensable à ce tournant culturel
authentique.
Je voudrais adresser une pensée spéciale
à vous, femmes qui avez eu recours à
l'avortement. L'Eglise sait combien de conditionnements ont pu peser
sur votre décision, et elle ne doute pas que, dans bien des
cas, cette décision à été
douloureuse, et même dramatique. Il est probable que la
blessure de votre âme n'est pas encore refermée.
En réalité, ce qui s'est produit à
été et demeure profondément injuste.
Mais ne vous laissez pas aller au découragement et ne
renoncez pas à l'espérance. Sachez
plutôt comprendre ce qui s'est passé et
interprétez-le en vérité. Si vous ne
l'avez pas encore fait, ouvrez-vous avec humilité et avec
confiance au repentir: le Père de toute
miséricorde vous attend pour vous offrir son pardon et sa
paix dans le sacrement de la réconciliation. Vous vous
rendrez compte que rien n'est perdu et vous pourrez aussi demander
pardon à votre enfant qui vit désormais dans le
Seigneur. Avec l'aide des conseils et de la présence de
personnes amies compétentes, vous pourrez faire partie des
défenseurs les plus convaincants du droit de tous
à la vie par votre témoignage douloureux. Dans
votre engagement pour la vie, éventuellement
couronné par la naissance de nouvelles créatures
et exercé par l'accueil et l'attention envers ceux qui ont
le plus besoin d'une présence chaleureuse, vous travaillerez
à instaurer une nouvelle manière de
considérer la vie de l'homme.
100. Dans ce grand effort pour une nouvelle
culture de la vie, nous sommes soutenus et animés par
l'assurance de savoir que l'Evangile de la vie, comme le Royaume de
Dieu, grandit et donne des fruits en abondance (cf. Mc 4, 26-29).
Certes, la disproportion est énorme entre les moyens
considérables et puissants dont sont dotées les
forces qui travaillent pour la " culture de la mort " et les moyens
dont disposent les promoteurs d'une " culture de la vie et de l'amour
". Mais nous savons pouvoir compter sur l'aide de Dieu, à
qui rien n'est impossible (cf. Mt 19, 26).
Ayant cette certitude au cœur et animé par une sollicitude
inquiète pour le sort de chaque homme et de chaque femme, je
répète aujourd'hui à tous ce que j'ai
dit aux familles engagées dans leurs tâches
rendues difficiles par les embûches qui les menacent : (135)
une grande prière pour la vie, qui parcourt le monde entier,
est une urgence. Que, par des initiatives extraordinaires et dans la
prière habituelle, une supplication ardente
s'élève vers Dieu, Créateur qui aime
la vie, de toutes les communautés chrétiennes, de
tous les groupes ou mouvements, de toutes les familles, du cœur de tous
les croyants! Par son exemple, Jésus nous à
lui-même montré que la prière et le
jeûne sont les armes principales et les plus efficaces contre
les forces du mal (cf. Mt 4, 1-11) et il à appris
à ses disciples que certains démons ne peuvent
être chassés que de cette manière (cf.
Mc 9, 29). Retrouvons donc l'humilité et le courage de prier
et de jeûner, pour obtenir que la force qui vient du
Très-Haut fasse tomber les murs de tromperies et de
mensonges qui cachent aux yeux de tant de nos frères et
sœurs la nature perverse de comportements et de lois hostiles
à la vie, et qu'elle ouvre leurs cœurs à des
résolutions et à des intentions
inspirées par la civilisation de la vie et de l'amour.
"
Tout ceci, nous vous l'écrivons pour que notre joie soit
complète " (1 Jn 1, 4) : l'Evangile de la vie est pour la
cité des hommes
101. " Tout ceci, nous vous
l'écrivons pour que notre joie soit complète " (1
Jn 1, 4). La révélation de l'Evangile de la vie
nous est donnée comme un bien à communiquer
à tous, afin que tous les hommes soient en communion avec
nous et avec la Trinité (cf. 1 Jn 1, 3). Nous non plus, nous
ne pourrions être dans la joie complète si nous ne
communiquions cet Evangile aux autres, si nous le gardions pour
nous-mêmes.
L'Evangile de la vie n'est pas exclusivement
réservé aux croyants, il est pour tous. La
question de la vie, de sa défense et de sa promotion n'est
pas la prérogative des seuls chrétiens.
Même si elle reçoit de la foi une
lumière et une force extraordinaires, elle appartient
à toute conscience humaine qui aspire à la
vérité et qui à le souci attentif du
sort de l'humanité. Il y à assurément
dans la vie une valeur sacrée et religieuse, mais en aucune
manière on ne peut dire que cela n'interpelle que les
croyants: en effet, il s'agit d'une valeur que tout être
humain peut saisir à la lumière de la raison et
qui concerne nécessairement tout le monde.
Par conséquent, notre action de " peuple de la vie et pour
la vie " demande à être comprise de
manière juste et accueillie avec sympathie. Quand l'Eglise
déclare que le respect inconditionnel du droit à
la vie de toute personne innocente – depuis sa conception
jusqu'à sa mort naturelle – est un des piliers sur lesquels
repose toute société civile, elle "
désire seulement promouvoir un Etat humain. Un Etat qui
reconnaisse que son premier devoir est la défense des droits
fondamentaux de la personne humaine, spécialement les droits
du plus faible ". (136)
L'Evangile de la vie est pour la cité des hommes. Agir en
faveur de la vie, c'est contribuer au renouveau de la
société par la réalisation du bien
commun. En effet, il n'est pas possible de réaliser le bien
commun sans reconnaître et protéger le droit
à la vie, sur lequel se fondent et se développent
tous les autres droits inaliénables de l'être
humain. Et une société ne peut avoir un fondement
solide si, tout en affirmant des valeurs comme la dignité de
la personne, la justice et la paix, elle se contredit radicalement en
acceptant ou en tolérant les formes les plus diverses de
mépris ou d'atteintes à la vie humaine, surtout
quand elle est faible ou marginalisée. Seul le respect de la
vie peut fonder et garantir les biens les plus précieux et
les plus nécessaires de la société,
comme la démocratie et la paix.
En effet, il ne peut y avoir de vraie démocratie si l'on ne
reconnaît pas la dignité de toute personne et si
l'on n'en respecte pas les droits. Il ne peut y avoir non plus une
vraie paix si l'on ne défend pas et si l'on ne soutient pas
la vie, comme le rappelait Paul VI : " Tout crime contre la vie est un
attentat contre la paix, surtout s'il porte atteinte aux mœurs du
peuple... Alors que lA où les droits de l'homme sont
réellement professés et publiquement reconnus et
défendus, la paix devient l'atmosphère joyeuse et
efficace de la vie en société ". (137)
Le " peuple de la vie " est heureux de pouvoir partager avec tant
d'autres personnes ses engagements; et ainsi sera toujours plus
nombreux le " peuple pour la vie ", et la nouvelle culture de l'amour
et de la solidarité pourra se développer pour le
vrai bien de la cité des hommes.
CONCLUSION
102. Au terme de cette Encyclique, le regard
revient spontanément vers le Seigneur Jésus, vers
" l'Enfant qui nous est né " (cf. Is 9, 5), pour contempler
en lui "la Vie" qui "s'est manifestée" (1 Jn 1, 2). Dans le
mystère de cette naissance, s'accomplit la rencontre de Dieu
avec l'homme et commence le chemin du Fils de Dieu sur la terre, chemin
qui culminera dans le don de sa vie sur la Croix: par sa mort, Il
vaincra la mort et deviendra pour l'humanité
entière principe de vie nouvelle.
Pour accueillir "la Vie" au nom de tous et pour le bien de tous, il y
eut Marie, la Vierge Mère : elle à donc avec
l'Evangile de la vie des liens personnels très
étroits. Le consentement de Marie à
l'Annonciation et sa maternité se trouvent à la
source même du mystère de la vie que le Christ est
venu donner aux hommes (cf. Jn 10, 10). Par son accueil, par sa
sollicitude pour la vie du Verbe fait chair, la condamnation
à la mort définitive et éternelle
à été épargnée
à la vie de l'homme.
C'est pourquoi Marie, " comme l'Eglise dont elle est la figure, est la
mère de tous ceux qui renaissent à la vie. Elle
est vraiment la mère de la Vie qui fait vivre tous les
hommes; et en l'enfantant, elle à en quelque sorte
régénéré tous ceux qui
allaient en vivre ". (138)
En contemplant la maternité de Marie, l'Eglise
découvre le sens de sa propre maternité et la
manière dont elle est appelée à
l'exprimer. En même temps, l'expérience maternelle
de l'Eglise ouvre la perspective la plus profonde pour comprendre
l'expérience de Marie, comme modèle incompa-
rable d'accueil de la vie et de sollicitude pour la vie.
"
Un signe grandiose apparut au ciel: une Femme enveloppée de
soleil " (Ap 12, 1) : la maternité de Marie et de l'Eglise
103. Le rapport réciproque entre
le mystère de l'Eglise et Marie apparaît
clairement dans le " signe grandiose " décrit dans
l'Apocalypse : " Un signe grandiose apparut au ciel: une Femme
enveloppée de soleil, la lune sous ses pieds et douze
étoiles couronnant sa tête " (12, 1). L'Eglise
reconnaît dans ce signe une image de son propre
mystère : immergée dans l'histoire, elle
à conscience de la transcender, car elle constitue sur la
terre " le germe et le commencement " du Royaume de Dieu. (139)
L'Eglise voit la réalisation complète et
exemplaire de ce mystère en Marie. C'est elle, la Femme
glorieuse, en qui le dessein de Dieu à pu être
accompli avec la plus grande perfection.
La " Femme enveloppée de soleil " – ainsi que le souligne le
Livre de l'Apocalypse – " était enceinte " (12, 2). L'Eglise
est pleinement consciente de porter en elle le Sauveur du monde, le
Christ Seigneur, et d'être appelée à le
donner au monde, pour régénérer les
hommes à la vie même de Dieu. Elle ne peut
cependant pas oublier que sa mission à
été rendue possible par la maternité
de Marie, qui à conçu et mis au monde celui qui
est " Dieu né de Dieu ", " vrai Dieu né du vrai
Dieu ". Marie est véritablement Mère de Dieu, la
Theotokos; dans sa maternité est suprêmement
exaltée la vocation à la maternité
inscrite par Dieu en toute femme. Ainsi Marie se présente
comme modèle pour l'Eglise, appelée à
être la " nouvelle Eve ", mère des croyants,
mère des " vivants " (cf. Gn 3, 20).
La maternité spirituelle de l'Eglise ne se
réalise toutefois – et l'Eglise en à
également conscience – qu'au milieu des douleurs et du "
travail de l'enfantement " (Ap 12, 2), c'est-à-dire dans la
tension constante avec les forces du mal qui continuent à
pénétrer le monde et à marquer le cœur
des hommes, opposant leur résistance au Christ : " Ce qui
fut en lui était la vie, et la vie était la
lumière des hommes; et la lumière luit dans les
ténèbres et les ténèbres ne
l'ont pas saisie " (Jn 1, 45). Comme l'Eglise, Marie à
dû vivre sa maternité sous le signe de la
souffrance : " Cet enfant... doit être un signe en butte
à la contradiction, – et toi-même, une
épée te transpercera l'âme – afin que
se révèlent les pensées intimes de
bien des cœurs " (Lc 2, 34-35). Dans les paroles que Syméon
adresse à Marie dès l'aube de l'existence du
Sauveur, se trouve exprimé synthétiquement le
refus opposé à Jésus et à
Marie avec lui, qui culminera sur le Calvaire. " Près de la
Croix de Jésus " (Jn 19, 25), Marie participe au don que son
Fils fait de lui-même : elle offre Jésus, le
donne, l'enfante définitivement pour nous. Le " oui " du
jour de l'Annonciation mûrit pleinement le jour de la Croix,
quand vient pour Marie le temps d'accueillir et d'enfanter comme fils
tout homme devenu disciple, reportant sur lui l'amour
rédempteur du Fils : " Jésus donc, voyant sa
Mère et, se tenant près d'elle, le disciple qu'il
aimait, dit à sa Mère : "Femme, voici ton fils" "
(Jn 19, 26).
"
En arrêt devant la Femme ..., le Dragon s'apprête
à dévorer son enfant aussitôt
né " (Ap 12, 4) : la vie menacée par les forces
du mal
104. Dans le Livre de l'Apocalypse, le " signe grandiose " de la " Femme " (12, 1) s'accompagne d'un " second signe apparu au
ciel: un énorme
Dragon rouge
feu " (Ap 12, 3), qui représente Satan, puissance personnelle maléfique, et en même temps toutes les
forces du mal qui sont à l'uvre dans l'
histoire et entravent la mission de l'
Eglise.
Là encore,
Marie éclaire la communauté des croyants : l'hostilité des
forces du mal est en effet une sourde opposition qui, avant d'atteindre les
disciples de
Jésus, se retourne contre sa Mère. Pour sauver la vie de son Fils devant ceux qui le redoutent comme une dangereuse menace,
Marie doit s'enfuir en Egypte avec Joseph et avec l'
enfant (cf. Mt 2, 13-15).
Marie aide ainsi l'
Eglise à prendre conscience que la vie est toujours au centre d'un grand combat entre le bien et le mal, entre la lumière et les té- nèbres. Le
dragon veut dévorer " l'
enfant aussitôt né " (Ap 12, 4), figure du Christ, que
Marie enfante dans " la plénitude des temps " (Ga 4, 4) et que l'
Eglise doit constamment donner aux hommes aux différentes
époques de l'
histoire. Mais cet
enfant est aussi comme la figure de tout homme, de tout
enfant, spécialement de toute créature faible et menacée, parce que ainsi que nous le rappelle le
Concile , " par son Incarnation, le Fils de
Dieu s'est en quelque sorte uni luimême à tout homme ". (140) C'est dans la "chair" de tout homme que le Christ continue à se révéler et à entrer en communion avec nous, à tel point que le rejet de la vie de
l'homme, sous ses diverses formes, est réellement le rejet du Christ. Telle est la vérité saisissante et en même temps exigeante que le Christ nous dévoile et que son
Eglise redit inlassablement : " Quiconque accueille un petit
enfant tel que lui à cause de mon nom, c'est moi qu'il accueille " (Mt 18, 5); " En vérité je vous le dis, dans la mesure où vous l'avez fait à l'un de ces plus petits de mes
frères, c'est à moi que vous l'avez fait " (Mt 25, 40).
" De mort, il n'y en aura plus " (Ap 21, 4) : la splendeur de la Résurrection
105. L'annonce de l'
ange à
Marie tient dans ces paroles rassurantes: " Sois sans crainte,
Marie " et " Rien n'est impossible à
Dieu " (Lc 1, 30. 37). En
vérité, toute l'existence de la Vierge Mère est enveloppée par la certitude que
Dieu est proche d'elle et l'accompagne de sa bienveillante providence. Il en est ainsi de l'
Eglise, qui trouve " un refuge " (Ap 12, 6) dans le
désert, lieu de l'épreuve mais aussi de la manifestation de l'
amour de
Dieu envers son peuple (cf. Os 2, 16).
Marie est parole vivante de consolation pour l'
Eglise dans son combat contre la mort. En nous montrant son Fils, elle nous assure qu'en lui
les
forces de la mort ont déjà été vaincues : " La mort et la vie s'affrontèrent en un
duel prodigieux. Le Maître de la vie mourut; vivant, il règne ". (141)
L'
Agneau immolé vit en portant les marques de la Passion dans la splendeur de la
Résurrection. Lui seul domine tous les événements de l'
histoire : il en brise les " sceaux " (cf. Ap 5, 110) et, dans le temps et au-delà du temps, il proclame le pouvoir de la vie sur la mort. Dans la " nouvelle Jérusalem ", c'est-à-dire dans le monde nouveau vers lequel tend l'
histoire des hommes, " de mort, il n'y en aura plus ; de pleur, de cri et de peine, il n'y en aura plus, car l'ancien monde s'en est allé " (Ap 21, 4).
Et tandis que, peuple de
Dieu en
pèlerinage, peuple de la vie et pour la vie, nous marchons avec confiance vers " un
ciel nouveau et une terre nouvelle " (Ap 21, 1), nous tournons notre regard vers
Celle qui est pour nous " un signe d'espérance assurée et de consolation ". (142)
Ô Marie,
aurore du monde nouveau,
Mère des vivants,
nous te confions la cause de la vie :
regarde, ô Mère, le nombre immense
des enfants que l'on empêche de naître,
des pauvres pour qui la vie est rendue difficile,
des hommes et des femmes
victimes d'une violence inhumaine,
des vieillards et des malades tués
par l'indifférence
ou par une pitié fallacieuse.
Fais que ceux qui croient en ton Fils
sachent annoncer aux hommes de notre temps
avec fermeté et avec amour
l'Evangile de la vie.
Obtiens-leur la grâce de l'accueillir
comme un don toujours nouveau,
la joie de le célébrer avec reconnaissance
dans toute leur existence
et le courage d'en témoigner
avec une ténacité active, afin de construire,
avec tous les hommes de bonne volonté,
la civilisation de la vérité et de l'amour,
à la louange et à la gloire de Dieu
Créateur qui aime la vie.
Donné à Rome, près de Saint-Pierre, le 25 mars 1995,
solennité de l'Annonciation du Seigneur, en la dix-septième année de mon pontificat.