Albert Poisson
Symbole du
feu ; ordinairement représenté sous forme d'un homme
boiteux.
Albert Poisson, Théories et symboles des alchimistes (1891) - Dictionnaire des symboles hermétiques
Dictionnaire M. Bescherelle
Mythologie
Dieu du
feu et des arts qui s'exercent à l'aide du
feu. Il était fils de Jupiter et de
Junon.
Son père le précipita du
ciel pour avoir tenté de délivrer sa mère, que Jupiter avait suspendue dans les airs. Selon d'autres, c'est sa mère elle-même, honteuse d'avoir donné le
jour à un être aussi laid et difforme. Il se cassa la jambe dans cette chute, et resta toujours
boiteux. Il s'établit à Lemnos, y éleva des forges, et apprit aux hommes l'art de travailler les métaux. Il fabriqua, à l'aide des
cyclopes, les foudres de Jupiter, les armes d'
Achille et d'
Enée, le collier d'
Hermione et le sceptre d'
Agamemnon.
Vulcain épousa
Vénus, qui lui fut souvent infidèle. On regarda comme fils de
Vulcain tous ceux qui se rendirent célèbres dans l'art de forger les métaux.
Vulcain : Iconologie
On le représente à demi nu, avec une barbe épaisse, une chevelure
négligée, tenant de la main droite un marteau, et de la main gauche des tenailles.
Vulcain :
Comme les poètes disent un
cyclope pour un forgeron, ils prennent quelquefois le mot
Vulcain comme synonyme de serrurier.
Un affreux serrurier, laborieux de Vulcain,
Qu'éveillera bientôt l'ardente soif du gain,
Avec un fer maudit qu'à grand bruit il apprête,
De cent coups de marteau me va fendre la tête.
(Boileau)
Vulcain : Poétique
Se dit, par
métonymie, pour le
Feu.
Mais de ces végétaux l'acroissement facile
A l'homme industrieux peut devenir utile.
Livre-les à Vulcain. Ce feu, d'abord caché,
Parcourt en pétillant leurs amas desséchés.
(Castel)
Vulcain : Histoire
Vulcain est le premier monarque de la dynastie céleste des rois
égyptiens.
Vulcain des philosophes : Art hermétique
Le
feu des alchimistes.
Vulcain jeté en Lemnos à cause de sa difformeté : Art hermétique
Sous cette
fable, les anciens ont caché la préparation de notre premier soufre noir.
Vulcain qui suit Minerve : Art hermétique
Les philosophes ont caché sous cette
fable le soufre suivant l'
eau distillée, qui contient en soi les plus subtiles parties du soufre, et son sel en la putréfaction.
Vulcain : Entomologie
Espèce de papillon diurne, appartenant au sous-genre vanesse.
M. Bescherelle, aîné, Dictionnaire national ou Dictionnaire universel de la langue française - Volume II (G-Z) (1856), p. 1661.
Pierre Commelin Vulcain était fils de Jupiter et de
Junon, ou, selon quelques mythologues, de
Junon seule, avec le secours du vent. Honteuse d'avoir mis au monde un fils si difforme, la déesse le précipita dans la mer, afin qu'il restât éternellement caché dans les abîmes. Mais il fut recueilli par la belle Thétis et
Eurynome, filles de l'Océan. Pendant neuf années, entouré de leurs soins, il demeura dans une grotte profonde, occupé à leur fabriquer des boucles, des agrafes, des colliers, des bagues, des bracelets. Cependant, la mer le cachait sous ses flots, si bien qu'aucun des
dieux ni
des hommes ne connaissait le lieu de sa retraite, sauf les deux divinités qui le protégeaient.
Vulcain, conservant au fond de son cur du ressentiment contre sa mère, à cause de cette injure, fit une chaise d'or qui avait un ressort mystérieux, et l'envoya dans le
ciel.
Junon admire un siège si précieux et, n'ayant aucune méfiance, veut s'y asseoir. Aussitôt, elle est prise comme dans un trébuchet. Elle y serait restée longtemps sans l'intervention de
Bacchus, qui enivra
Vulcain pour l'obliger à délivrer
Junon. Cette aventure de la mère des
dieux excita l'hilarité de tous les habitants de l'
Olympe c'est du moins ce que prétend
Homère.
Ailleurs,
Homère raconte que ce fut Jupiter
lui-même qui précipita
Vulcain du haut du
ciel. Le
jour
où, pour punir
Junon d'avoir excité une tempête
qui devait faire périr
Hercule, Jupiter avait suspendu cette
déesse au milieu des airs,
Vulcain, par un sentiment de
compassion
ou de piété filiale, vint au secours de sa mère.
Il paya cher ce mouvement de bonté. Jupiter le prit par les pieds
et le lança dans l'espace. Après avoir roulé tout
le
jour dans les airs, l'infortuné
Vulcain tomba dans l'île
de Lemnos, où il fut recueilli et soigné par les habitants.
Dans cette épouvantable chute, il se cassa les deux jambes, et resta
boiteux pour toujours.
Cependant, par le crédit de
Bacchus,
Vulcain
fut rappelé dans le
ciel et rétabli dans les bonnes grâces
de Jupiter, qui lui fit
épouser la plus belle et la plus infidèle
de toutes les déesses,
Vénus, mère de l'
Amour.
Ce
dieu, si laid, si difforme, est de tous les
habitants de l'
Olympe le plus laborieux, et en même temps le plus
industrieux. C'est lui qui, comme en se jouant, fabriquait les bijoux
pour les déesses, lui qui, avec ses
Cyclopes, dans l'île
de Lemnos ou dans le mont
Etna, forgeait les foudres de Jupiter. Il
eut l'idée ingénieuse de faire des fauteuils qui se rendaient
d'eux-mêmes à l'assemblée des
dieux. Il n'est pas
seulement le
dieu du
feu, mais encore celui du fer, de l'
airain, de
l'
argent, de l'or, de toutes les matières
fusibles. On lui attribuait
tous les ouvrages forgés qui passaient pour des merveilles :
le palais du
Soleil, les armes d'
Achille, celles d'
Enée, le sceptre
d'
Agamemnon, le collier d'
Hermione, la
couronne d'
Ariane, le réseau
invisible dans lequel il prit
Mars et
Vénus, etc.
Ce
dieu avait plusieurs temples à Rome,
mais hors des murs : le plus ancien, disait-on, avait été
bâti par
Romulus. Dans les sacrifices qui lui étaient offerts,
on avait coutume de faire consumer par le
feu toute la victime, de n'en
réserver rien pour le festin sacré ; ainsi, c'étaient
réellement des holocaustes. La garde de ses temples était
confiée à des
chiens ; le
lion lui était consacré.
Ses fêtes se célébraient au mois d'août, c'est-à-dire
durant les chaleurs ardentes de l'été. En l'honneur du
dieu du
feu, ou plutôt considérant le
feu comme le
dieu
même, le peuple jetait des victimes dans un brasier, afin de se
rendre la divinité propice. A l'occasion de ces fêtes,
qui duraient huit
jours consécutifs, il y avait des courses populaires
où les concurrents tenaient une torche à la main. Celui
qui était vaincu donnait sa torche au vainqueur.
On regarda comme fils de
Vulcain tous ceux qui
se rendirent célèbres dans l'art de forger les métaux.
Les surnoms les plus ordinaires qu'on donne à
Vulcain, ou
Hèphæstos,
sont Lemnius (le Lemnien),
Mulciber ou Mulcifer (qui manie le fer),
Etnæus (de l'
Etna), Tardipes (à la marche lente), Junonigena
(fils de
Junon),
Chrysor (brillant), Callopodion (qui a les pieds tordus,
cagneux,
boiteux), Amphigyéis (qui boite des deux pieds), etc.
Sur les anciens monuments, ce
dieu est représenté barbu, la chevelure un peu négligée, couvert à demi d'un habit qui ne lui descend qu'au-dessus du genou, portant un bonnet rond et pointu. De la main droite, il tient un marteau, et de la gauche, des tenailles. Bien que, selon la
fable, il fût
boiteux, les artistes supprimaient ce défaut ou l'exprimaient à peine sensible. Ainsi, il se présentait debout, mais sans aucune apparente difformité.
Les poètes plaçaient la demeure ordinaire de
Vulcain dans une des îles Eoliennes, couverte de rochers, dont le sommet vomit des tourbillons de fumée et de
flamme. Du nom de cette île, appelée autrefois
Volcanie, aujourd'hui
Volcano, est venu le mot
Volcan.
Pierre Commelin, Mythologie grecque et romaine, pp. 53-56.