Biographie universelle ancienne et moderne Saint Jean, l'
évangéliste, né à
Bethsaïde dans la Galilée, était fils d'un simple pécheur nommé Zébédée, et
frère cadet de
saint Jacques le Majeur. Il avait environ vingt-cinq ans lorsque Jésus-Christ l'appela à lui : il fut le témoin des principaux miracles du Sauveur, et en reçut des témoignages particuliers d'affection ; aussi, se désigne-t-il ordinairement lui-même par ces mots :
Le disciple que Jésus aimait. Il fut chargé avec saint Pierre des préparatifs de la dernière pâque ; et, pendant le repas, il reposa sa tête sur le sein du Sauveur. Lorsque
Jésus eut déclaré que l'un de ceux qui étaient à table avec lui le trahirait, les apôtres consternés n'osèrent point lui demander lequel d'entre eux se rendrait coupable d'un crime aussi énorme ; mais ils s'adressèrent à saint Jean pour le savoir (Voyez
Judas lscariote). Il fut le seul des apôtres qui n'abandonna point
Jésus
pendant sa passion ; et il était debout au pied de la
croix lorsque le Sauveur mourant, lui recommanda sa mère (Voyez
Jésus-Christ). Averti par Marie-Madeleine que le
corps de
Jésus avait disparu, il arriva au
sépulcre le premier, vit et toucha les
linceuls qui avaient servi à ensevelir son divin maître, reconnut
Jésus qui lui apparut, et annonça sa
résurrection aux autres
disciples.
Les apôtres, ayant reçu l'Esprit-Saint, commencèrent à prêcher et à faire des miracles.
Saint Jean fut arrêté avec saint Pierre, et mis en prison, pour avoir guéri un
boiteux au nom de Jésus-Christ ; mais les magistrats, n'osant pas leur infliger de peine, les renvoyèrent, en leur défendant de continuer à prêcher. Comme Jean n'avait tenu aucun compte de cet ordre, il fut mis en prison une seconde fois, et battu de verges : il accompagna saint Pierre à
Samarie dont les habitants avaient reçu le
baptême, et y annonça l'
Evangile. Il assiste, en l'an 51, au premier
concile de Jérusalem, où il parut, dit
saint Paul, comme une des colonnes de l'EgIise ; il fit ensuite des
prédications
dans différentes parties de l'Asie mineure, et y établit des pasteurs : il résidait habituellement à
Ephèse, et ne s'éloignait de cette ville que pour visiter les
églises voisines. Il fut arrêté, en l'an 95, par ordre du proconsul, et conduit à Rome, où des
juges barbares le condamnèrent à être plongé vivant dans une cuve pleine d'
huile bouillante : il en sortit, dit saint Jérôme, sans avoir éprouvé aucune incommodité, et fut exilé dans l'île de
Patmos, l'une des Sporades. Ce fut là qu'il écrivit son
Apocalypse, ouvrage
allégorique, dans lequel il donne des conseils aux
églises d'Asie, prédit leur grandeur future, les progrès du christianisme et les choses qui doivent arriver à la consommation des siècles.
Après la mort du cruel Domitien, saint Jean obtint la permission de revenir à
Ephèse.
Son grand âge l'avait tellement
affaibli, que ses
disciples étaient obligés de le porter entre leurs bras aux assemblées des fidèles ; chaque fois, il se bornait à leur dire ces belles paroles : « Mes chers
enfants, aimez-vous les uns les autres. » Quelques-uns de ses
disciples lui ayant témoigné leur surprise de ce qu'il répétait toujours la même chose : « C'est là, leur répondit-il, ce que le Seigneur nous a commandé, et, pourvu qu'on l'exécute, il ne faut rien davantage. » Ce saint apôtre mourut à
Ephèse, en l'an 99, âgé de 94 ans, et fut inhumé auprès de cette ville.
Ce ne fut qu'à son retour de l'île de
Patmos qu'il composa son
Evangile. A la demande de ses
disciples, qui le prièrent de réfuter par son témoignage les erreurs répandues par les Ebionites contre la divinité de Jésus-Christ : il l'écrivit en grec, langue que parlaient les peuples auxquels il le destinait ; mais on en fit presque aussitôt une version en
syriaque. L'
Evangile de saint Jean renferme l'
histoire des quatre dernières années de la vie de Jésus-Christ ; le style en est d'une admirable simplicité : il a été commenté par Origène, saint Cyrille,
Alcuin, Rupert, Gilbert de la Porrée, etc. ; et plusieurs Pères, entre autres, saint Chrysostome et saint Augustin, l'ont choisi pour texte de leurs
homélies. On a encore de saint Jean trois
Epîtres : la première, qui est la plus étendue, est adressée aux chrétiens répandus dans la Parthie ; les deux autres, dont on a longtemps contesté l'authenticité, sont adressées à une
dame nommée Electe, et à Caius, l'un de ses
disciples. Dans toutes trois, le saint apôtre recommande l'accomplissement du précepte de la
charité.
L'
Apocalypse de saint Jean est un des ouvrages qui ont le plus occupé les savants ;
Denys d'
Alexandrie, tout en convenant de l'obscurité qui y règne, n'en parle qu'avec admiration : c'est, dit saint Jérôme, un livre au-dessus de toute louange, et dont chaque mot contient des sens et des merveilles sans nombre, si nous sommes capables de les y trouver. Les critiques modernes les plus judicieux n'en ont pas porté un
jugement moins favorable : mais d'autres écrivains en parlent comme d'un livre où il n'y a ni sens ni raisonnement ; et l'
Eglise grecque, en adoptant cette opinion, l'a rejeté du nombre des livres
canoniques. On renvoie les curieux aux auteurs qui ont traité de l'
Apocalypse, et à la tête desquels il faut placer notre
illustre Bossuet ; on citera encore, parmi les commentateurs nombreux de l'
Apocalypse, Cassiodore, Arétas de
Césarée, le
vénérable Bède, Jacques Ier, Grotius, Newton, la Chétardie, curé de
St-Sulpice, et l'
évêque anglais Walmesley, sous le nom de Pastorini.
Les Grecs célèbrent la fête de saint Jean le 26 septembre et les Latins le 27 décembre. L'
Eglise fait aussi mémoire de son
martyre, devant la porte Latine, le 06 de mai. On donne pour attribut à saint Jean un
aigle,
emblème de l'élévation de son
esprit qui lui a fait découvrir jusque dans le sein de
Dieu le Verbe égal à son père ; et on le représente tenant à la main une coupe d'où sort un
serpent, en souvenir de ce qu'il échappa par miracle aux tentatives de ses
ennemis pour l'empoisonner.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 20 - Pages 602-603)
Dictionnaire universel d'histoire et de géographie de Bouillet Saint Jean l'Evangéliste, un des douze apôtres, fils de Zébédée, et
frère de saint Jacques le majeur, naquit à
Bethsaïde en Galilée et exerça d'abord le métier de pêcheur. Il avait environ 25 ans lorsqu'il fut appelé à l'
apostolat par Jésus-Christ. Il fut témoin de presque tous les miracles du Sauveur ; il était son
disciple chéri ; il l'accompagna au
jardin des Oliviers et sur le
Calvaire ; c'est à lui que
Jésus recommanda sa mère en mourant.
Il commença à prêcher l'
Evangile aussitôt
après l'Ascension de J.-C. ; assista au
concile de Jérusalem en l'an 51, puis alla prêcher la foi dans l'Asie Mineure, et jusque chez les Parthes. Il fut le premier
évêque d'
Ephèse. Arrêté en l'an 95, il fut conduit à Rome, où Domitien le fit jeter dans l'
huile bouillante ; mais il n'en ressentit aucun mal. Il fut ensuite relégué dans l'île de
Patmos, où il écrivit l'
Apocalypse, ouvrage prophétique et
allégorique, dont tout le sens n'a pas encore été pénétré.
Revenu à
Ephèse après la mort de Domitien, il y rédigea son
Evangile (en grec, à ce qu'on croit). C'est là qu'il mourut, à 94 ans (101). Il reste de lui, outre l'
Evangile et l'
Apocalypse, trois
Epîtres canoniques. On le fête le 27 décembre.
Son emblème est l'
aigle.
Marie-Nicolas Bouillet, Dictionnaire universel d'histoire et de géographie, 20ème édition (1866), p. 952.