Biographie universelle ancienne et moderne Jamblique, célèbre philosophe
platonicien, était natif de Chalcide, en Syrie, et florissait ven l'an 310, sous le règne de
Constantin le Grand. Il fut
disciple d'Anatole et ensuite de Porphyre, qu'il égala par la profondeur de la doctrine, mais non par l'élégance du style. Tels sont les détails qu'Eunape nous a conservés sur ce philosophe, qu'on peut regarder comme le dernier chef des
néo-platoniciens du IIIème siècle, dont l'école a fait tourner tant de têtes, et n'a pas moins nui à la saine philosophie qu'au christianisme.
« Leur système était bâti sur la doctrine de l'
émanation, d'après laquelle tous les êtres doivent, après plusieurs degrés de purification, retourner à
Dieu, dont ils émanent. Dans ce système, le sage peut, dès
cette vie, parvenir à l'
intuition de la divinité, but le plus sublime de la philosophie. Cette école admettait l'existence d'une classe de
démons, ou
esprits d'un ordre inférieur, médiateurs entre
Dieu et l'homme. Pour entrer en communication avec eux, il fallait une grande pureté de murs et une sainteté qui dégageât l'homme de tout ce qu'il a de terrestre. Les
âmes déchues habitent des
corps qui leur servent de prison ; et si pendant leur vie elles n'ont pas travaillé à se
dépouiller des vices, elles sont, après la mort du
corps, réunies à d'autres
corps plus vils, jusqu'à ce qu'elles soient
entièrement épurées, ce qui se rapproche beaucoup de la métempsycose. Les
néo-platoniciens admettaient aussi une espèce de
trinité ; l'
âme, suivant eux, émanait de intelligence, ou seconde
essence divine (
νουζ), qui émane elle-même de l'
être infini et parfait. Pour s'opposer aux progrès du christianisme, qui commençait à ruiner toutes les
religions établies, on crut nécessaire d'envelopper d'obscurités cette doctrine des émanations ; on affecta donc de regarder comme les auteurs de ce système
Zoroastre en Perse, Orphée en Thrace, et
Hermès en Egypte
(1). »
G. E. Hebenstreit a publié une savante dissertation,
De Jamblichi philosophi Syri doctrina, christianæ
religioni quam imitari studet, noxia. Leipsick, 1764, in-4°. Il nous reste, sous le nom de
Jamblique, les ouvrages suivants, écrits en grec, et depuis longtemps traduits en latin :
1° Protrepticus seu adhorfario ad philosophiam. La meilleure édition est celle qu'a publiée M.
Théophile Kiessling, Leipsick, 1813, in-8°, grec-latin.
2° De vita Pythagoræ, Amsterdam, 1707, in-4°, grec-latin, avec les corrections et les notes de Ludolphe Kuster, qui y a réuni la vie de Pythagore, par Malchus (ou plutôt par Porphyre), dont l'ouvrage de
Jamblique est tiré en grande partie ; la version latine est de V. Obrecht. M. Kiessling en a aussi donné une bonne édition grec-latin, Leipsick, 1816, in-8°.
3° In Nicomachi Geraseni arithmeticam introductionem et De fato liber, nunc primum editus græce, in latinum sermonem conversus, notis illustratus a Sam. Tennulio, Arnheim, 1688, in-4°. Cet ouvrage forme, dans les manuscrits, le quatrième livre de la vie de Pythagore : le second est intitulé
Hypomnemata Pythagorica, et le troisième
De communi mathematica scientia. On attribue aussi à
Jamblique, quoiqu'ils ne portent pas son nom dans les manuscrits, les
Theologoumena arithmeticæ, qui renferment différentes spéculations
théologiques et philosophiques des anciens sur les nombres.
4° De mysteriis Ægyptiorum. latin (traduit par Marsile Ficin),
Venise, Alde, 1497, in-fol. ; avec quelques fragments de
Proclus, ibid.,1516, in-fol. ;
idem, avec une lettre de Porphyre,
ad Anebonem Ægyptium, Oxford, 1678, in-fol. grec-latin, de la traduction de Th. Gale. Cet ouvrage est rempli d'idées
théurgiques et extravagantes : de bons critiques le croient postérieur à
Jamblique de Chalcide.
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(1) Histoire abrégée de la Littérature grecque, par F. Schll, tome Ier, p. 203.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 20 - Pages 536-537)
Dictionnaire universel d'histoire et de géographie de Bouillet Jamblique,
Iamblichus, philosophe
néo-platonicien, né à la fin du IIIème siècle, à Chalcis en Clésyrie, mort en 333, était
disciple de Porphyre, et enseignait à
Alexandrie.
Outre les trois
hypostases divines admises par ses
prédécesseurs (Voyez
Plotin), il admit une foule de
triades
secondaires, naissant les unes des autres. Il renouvela aussi la théorie
des nombres de Pythagore, en y rattachant sa propre doctrine. Ce qui le caractérise surtout, c'est qu'il professa une philosophie
mystique à laquelle il mêlait la magie et la
théurgie ; il enseigna les moyens de communiquer avec la divinité ou avec les démons, êtres intermédiaires entre
Dieu et l'homme, prétendit faire lui-même des miracles, et fut l'un des plus dangereux
ennemis du Christianisme.
Il reste de lui une
Exhortation à la philosophie (publiée en grec-latin, par Kiessling, Leipsick, 1813, in-8°) ; une
Vie de Pythagore, pleine de
fables (publiée par le même, Leipsick, 1816, in-8°, et à la suite du
Diogène Laërce de la collection Didot), et un
Livre sur les Mystères des Egyptiens, ouvrage rempli d'idées extravagantes et qui paraît plutôt appartenir à son école qu'à lui-même (publié, avec une
Lettre apocryphe de Porphyre à l'Egyptien Anébon, par Th. Gale, grec-latin, Oxford, 1678, in-fol., et plus récemment par Parthey, Berlin, 1857, in-8°). Stobée nous a conservé quelques fragments de son
Traité sur l'âme, d'un
Commentaire sur le traité de l'âme d'Aristote et d'une
Lettre sur le destin ; ces derniers écrits, pleins de sens et d'érudition, ont été traduits en français par M. E. Levêque,
Paris, 1859 (dans le tome II de la traduction des
Ennéades de Plotin de M. Bouillet).
On peut consulter sur ce philosophe : Hebenstreit,
De Jamblici doctrina christianæ religioni noxia, Leipzig, 1794, et Meiners,
Judicium de libro qui de Mysteriis Ægiptorum inscribitur (dans les
Mémoires de la Société de Goettingue).
Marie-Nicolas Bouillet, Dictionnaire universel d'histoire et de géographie, 20ème édition (1866), p. 947.