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L'Installation des Officiers

article d'Oswald Wirth (décembre 1912)
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Cet article a paru originellement dans le N°3 de la revue Le Symbolisme (décembre 1912). Il a été ressaisi et corrigé par France-Spiritualités.
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Revue 'Le Symbolisme' - N°3 - Décembre 1912      Dans le courant de décembre, les Loges ont coutume de procéder à l'installation solennelle des Officiers élus pour le prochain exercice. Ce n'est parfois qu'une simple formalité rituélique, pour laquelle on croit devoir perdre le moins de temps possible.

      Comme il nous a été demandé de formuler à ce sujet notre avis, nous croyons devoir répondre ici d'une manière plus étendue que ne le comporterait la rubrique : Questions et Réponses.

      Avant tout, nous estimons que l'installation des Officiers ne doit être écourtée sous aucun prétexte. Ce n'est pas que nous tenions à la pompe du cérémonial, qui n'a qu'une importance très secondaire, mais il est bon, qu'une fois par an, les devoirs spéciaux des différents Officiers d'une Loge soient nettement formulés, pour la gouverne des intéressés, en même temps que pour l'instruction de tous les autres FF:.




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      Parmi les Maîtres, tous égaux, il en est choisi un, chaque année, pour prendre la direction des travaux et représenter la collectivité des ouvriers ou membres de l'Atelier. Afin de le distinguer des autres Maîtres, il est appelé Vénérable Maître, ou, par abréviation, simplement Vénérable. Au XVIIIème siècle, il fut communément désigné comme Maître de la Loge et parfois comme Grand-Maître. Dans certains pays, on dit encore : Maître en chaire, par allusion à la chaire présidentielle.

      Seul, il avait jadis le privilège de rester couvert pendant les travaux, pour indiquer que tous les assistants lui doivent le respect, en raison de sa fonction. – La Chambre du Milieu étant une réunion de Vénérables Maîtres, on comprend dès lors que nul n'y soit découvert.

      Rien ne doit se faire dans une Loge sans la permission expresse du premier Officier, qui doit veiller en toutes choses au maintien de l'ordre et de la bonne harmonie. C'est lui qui donne le signal de l'ouverture et de la fermeture des travaux ; il préside aux actes rituéliques et dirige les discussions, en les empêchant de s'égarer, de se passionner ou de dégénérer en colloques. Au cours des travaux, nul visiteur ne peut être introduit sans son consentement, car il a le pouvoir d'interdire l'entrée du Temple à un F:. dont la présence troublerait l'harmonie intérieure de la Loge (1).

      Rétablir cette harmonie précieuse si elle a été troublée, la maintenir ensuite et la rendre de plus en plus parfaite, telle est, au fond, toute la mission du Vénérable. Il remplira tout naturellement l'ensemble de ses autres fonctions, en recherchant toujours et partout l'harmonie. Il représente, au sein de la Loge, le principe harmonisateur, qui vise à la synthèse, à la concordance de toutes les énergies.

      Ce n'est pas en vain qu'il est décoré de l'équerre, en laquelle deux contraires s'associent (horizontale et verticale, passif et actif, etc.), car il est appelé à concilier tous les antagonismes par son équité. Il doit savoir calmer les impatients, tout en stimulant les engourdis : de tous, il lui appartient d'obtenir le maximum de rendement ; aussi doit-il faire travailler autrui et se réserver à lui-même un rôle de direction.

      Exerçant le commandement au nom de tous, un président d'Atelier est tenu de s'inspirer du sentiment général. Il remplirait mal sa fonction, s'il ne faisait pas abstraction de sa propre personnalité : il n'est plus lui-même, en tant que Maître de la Loge. Celle-ci est une entité morale ou psychique exerçant son influence sur chacun de ses membres, mais avec une intensité particulière sur le chef chargé de traduire la volonté collective. Pour mériter d'être obéi, ce chef doit être l'interprète de ce qui plane au-dessus de lui, c'est-à-dire de cet ensemble de hautes pensées et de nobles aspirations constitutives de l'esprit de la Loge. Il est à la fois Prêtre et Roi, comme l'entendraient les adeptes du Grand Art, autant sacerdotal que royal.


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      Un seul commande dans une Loge, car aucune harmonie ne serait possible sans unité de commandement ; mais trois dirigent le travail d'un Atelier. – Bien que ce principe soit très catégoriquement formulé dans les rituels, il n'en est guère tenu compte dans la pratique. Les deux Surveillants n'ont, en effet, dans nos Loges, qu'un rôle très effacé. Or, ils devraient contribuer d'une manière très effective au bon fonctionnement de l'organisme dont ils sont eux-mêmes des organes essentiels.

      Le Premier Surveillant, qui a pour insigne le niveau, est dans l'Atelier une sorte de contre-maître, chargé de contrôler l'assiduité au travail. Il a pour mission de rappeler chacun à l'observation d'une discipline strictement égale pour tous. Sa place est à l'Occident, donc dans la région qui correspond à la matérialité, au positivisme, par opposition à l'Orient, domaine surélevé, d'où les choses se voient de haut, à un point de vue avant tout idéal. Pour que le Vénérable puisse diriger du fond de l'Orient, en faisant abstraction de détails pratiques d'importance secondaire, il faut qu'il soit activement secondé par un bon Premier Surveillant, sévère aux retardataires et soucieux de s'informer des causes d'absence de FF:. manquant aux travaux sans s'être excusés.
      Etre intransigeant sur la discipline et infatigable dans la stimulation constante du zèle de chacun, tel est le programme que doit s'assigner le Maître en second de la Loge. Ses remontrances, qu'il ne ménagera jamais au moindre écart contre le bon fonctionnement des travaux, seront toujours fraternelles, mais fermes, et, comme elles s'adresseront indistinctement à tous ceux qui mériteront d'être rappelés à l'ordre, nul ne pourra s'en formaliser. Tout vrai Maçon saura s'incliner devant l'autorité du Niveau (2).

      Il appartient, du reste, au Deuxième Surveillant de faire accepter la rigueur inflexible de son collègue. Si celui-ci réprimande, il est, lui, en effet, chargé d'enseigner. Il tient la perpendiculaire ou le fil à plomb, pour faire comprendre, surtout au jeunes Apprentis, qu'ils doivent approfondir et ne pas s'arrêter aux extériorités qui ont pu les déconcerter ou même les choquer. Bien des déceptions seraient épargnées à des néophytes intelligents, si un Maître expérimenté se faisait leur professeur en Maçonnerie, en leur disant la première lettre du mot sacré, afin de les mettre à même de découvrir la seconde, et ainsi de suite, comme l'indique le rituel. Mais si aucun enseignement initiatique n'est donné individuellement, l'ignorance envahira le sanctuaire, pour porter un jour au Maître négligent le premier des trois coups auxquels il succombera, en grande partie par sa propre faute !

      Ayons donc dans nos Loges des Surveillants choisis parmi les FF:. les plus zélés et les plus instruits. En remplissant scrupuleusement leur office, ils contribueront plus que personne à la grandeur et à la vraie puissance de la Franc-Maçonnerie.


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      L'Orateur représente au sein de la Loge l'universalité de la Franc-Maçonnerie, dont il doit connaître les usages et les lois. En rappelant la Loge à l'observation des règles communes à toutes les Loges, il personnifie la conscience de l'Atelier. Placé sous le Soleil, il formule son avis en s'inspirant de la logique, plutôt que des textes écrits. Ceux-ci n'ont rien d'absolu et demandent à être appliqués judicieusement, dans leur esprit, et non selon les étroitesses de la lettre. La raison limpide, lumineuse et convaincante sera toujours la loi suprême de la Franc-Maçonnerie ; il appartient à l'Orateur d'une Loge de s'en faire le fidèle interprète.

      Il a le devoir de s'opposer à tout ce qu'il estime contraire à cette loi ; il exerce ainsi un droit de veto, sanction du contrôle qu'il a mission d'exercer. Ceux qui dirigent doivent prendre son avis et en tenir compte pour tout ce qui s'accomplit en Loge.

      Comme l'Orateur, le Secrétaire contribue à éclairer la Loge, car il en représente la mémoire. Toute décision prise doit être non seulement consignée par lui, mais rappelée en temps opportun, en vue d'exécution. Grâce à son enregistrement, rien ne sera oublié : les FF:. chargés d'un travail seront invités à le fournir dans les délais fixés, et l'Atelier lui-même ne négligera rien de ce qui lui incombe.

      Le Trésorier remplit des fonctions qui n'ont rien de symbolique. Il n'y a donc pas lieu de s'arrèter ici aux devoirs de cet Officier, les règlements maçonniques étant d'une suffisante minutie à cet égard.

      On peut en dire autant de l'Hospitalier, à qui cependant il n'est peut-être pas superflu de recommander de ne jamais rien laisser sortir de sa caisse, à moins que ce ne soit pour une œuvre de bienfaisance nettement caractérisée.

      Le F:. Expert est armé du glaive qui écarte les profanes. C'est lui qui se transporte auprès des visiteurs pour les examiner. Afin d'être à même de les interroger avec fruit, il doit être soigneusement instruit de tout ce qui se rapporte aux traditions maçonniques.

      Lors des initiations ou aug:. de sal:., le F:. Expert prépare les récipiendaires et s'efforce de les mettre en un état d'esprit leur permettant de se soumettre utilement aux épreuves qu'ils sont appelés à subir. Cette préparation, trop souvent négligée, est d'une extrême importance. Sans elle, nos cérémonies tournent au grotesque. Une Loge ne saurait donc apporter trop de soin dans le choix de son F:. Expert, et celui-ci ne doit rien négliger pour se mettre à la hauteur de ses très délicates fonctions.

      Le Maître des Cérémonies est chargé d'assigner à chacun sa place. C'est à lui que le F:. Expert confie les visiteurs qui ont satisfait au tuilage. Le Maître des cérémonies présente ces FF:. en Loge, en annonçant leurs noms et qualités maçonniques. Il les conduit a l'Orient, s'il y a lieu, ou leur fait prendre place sur les colonnes.

      A cet Officier incombe, en outre, l'organisation des agapes et des banquets. C'est lui alors qui reçoit les convives et fait les présentations nécessaires.

      Il reste le F:. Couvreur, qui devrait veiller extérieurenuent à la sécurité des travaux et avertir le F:. Expert de l'approche de FF:. visiteurs. Dans la pratique, un F:. Servant se charge ordinairement de cette mission, le F:. Couvreur prenant alors place à l'intérieur du Temple, auprès du Premier Surveillant. Il s'y transforme, en réalité, en Diacre, chargé de circuler dans la Loge, en portant les messages du Premier Surveillant au Vénérable ou de celui-ci aux autres Officiers de l'Atelier.

      En raison de la modestie de ce poste, il devrait être entendu que nul ne peut prétendre à une autre dignité, avant de s'être consciencieusement acquitté pendant un an au moins des fonctions de F:. Couvreur.


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(1)  Aucun F:., si régulier soit-il, ne peut avoir la prétention de forcer l'entrée d'un Temple pour y soulever un incident désagréable à l'Atelier.

(2)  Le Premier Surveillant devra tout particulièrement veiller à ce qu'il ne soit jamais fumé dans le Temple, pas plus pendant les récréations ou suspensions, qu'au cours des travaux rituéliques. Un local où l'on fume est tout ce que l'on veut, sauf un Temple. Il ne faut pas que la première impression du récipiendaire, qui est introduit en Loge les yeux bandés, lui vienne d'une odeur de tabagie. Cette impression fâcheuse empêcherait de prendre les épreuves au sérieux.




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