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La Prière de l'Alchimiste

article d'Eugène Canseliet (1957)
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Cet article a paru originellement dans le N°43 de la revue Initiation & Science (mai-août 1957). Il a été ressaisi et corrigé par France-Spiritualités.
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      Louis Figuier a écrit un ouvrage d'indéniable intérêt et fort susceptible de donner, à qui le désire, une idée assez juste de l'alchimie traditionnelle. Il s'agit de L'Alchimie et les Alchimistes, qui eut deux éditions et dans lequel l'auteur, sous une apparente hostilité, voila, non sans humour, sa sympathie pour l'antique philosophie d'Hermès. C'est ainsi que, docteur ès-science, en médecine et agrégé de chimie, Figuier eut à subir, voici un siècle, les reproches de ses confrères à l'Université. Il y répondit, toujours à double sens, dans sa seconde préface de 1856, où nous prenons la conclusion qu'il apporta à son travail et que nous soulignons, comme lui :

      « L'état présent de la chimie empêche de considérer comme impossible le fait de la transmutation des métaux, il résulte des données scientifiques récemment acquises et de l'esprit actuel de la chimie que la transformation d'un métal en un autre pourrait s'exécuter.

      Mais l'histoire nous montre que jusqu'à ce jour personne n'a réalisé le phénomène de la transmutation métallique.
»

      Raisonnement de toute évidence illogique puisque les prémisses du syllogisme sont en désaccord avec sa dernière proposition. Voilà pourquoi celle-ci se trouve à peu près démentie par le texte de Figuier qui consacra plus de la moitié de ses pages à l'histoire des transmutations célèbres. Cela lui fournit l'occasion de reproduire « la belle prière que l'on prête à Nicolas Flamel, et qu'il aurait faite pour obtenir l'intelligence des figures cabalistiques du livre d'Abraham ».

      Qui attribua cette invocation au populaire alchimiste de Paris ? Louis Figuier ne le dit pas et nous n'avons nous-même jamais découvert la confirmation d'un tel renseignement. Par contre, l'oraison, très orthodoxe, tout à fait dans la manière de Nicolas Flamel et en parfaite harmonie avec sa pieuse existence auprès de dame Perennelle, figure dans un traité anonyme qui est intitulé : Hydrolithus Sophicus seu Aquarium Sapientium ; la Pierre aquatique du Philosophe ou l'Aquarium des Sages (1).

      Nous donnons avec le latin en regard, sur deux colonnes, la traduction de cette pièce remarquable et que semble illustrer, dans l'Amphithéâtre de l'Eternelle Sagesse, la première planche d'Henri Khunrath, montrant l'oratoire vis-à-vis des fourneaux en activité.

ORATIO ORAISON
Omnipotens, æterne Deus, pater cœlestis luminis, aquo etiam omnia bona et perfecta dona proveniunt : rogamus infinitam tuam misericordiam, ut nos æternam tuam sapientiam, quæ continuo circa tuum thronum est, et per quam omnia creata factaque ; sunt atque etiamnum regentur, et conservantur, recte agnoscere patiaris ; mitte illam nobis de sancto tuo cœlo, et ex throno tuæ gloriæ, ut una nobiscum sit, et simul laboret, quoniam magistra est omnium cœlestium occultarumque artium, etiam omnia scit et intelligit. Fac moderate nos comitetur in omnibus nostris operibus, ut per illius spiritum verum intellectum, infallibilemque processum nobilissimæ hujus Artis, hoc est, sapientum miraculosum lapidem, quem mundo occultasti, et saltim electis tuis revelare soles, certo, et sine ullo errore discamus, et ita summum opus, quod heic nobis peragendum est, primum recte, et bene inchoemus, in eo, ejusdemque labore constanter progrediamur, et tandem etiam beate absolvamus, illoque æternum cum gaudio fruamur, per cœlestem illum et ab æterno fundatum angularem miraculosumque lapidem Jesum Christum, qui tecum, ô Deus pater, una cum spiritu sancto, verus Deus, in una indissolubili divina essentia, imperat et regnat, triunicus Deus, summe laudatus in sempiterna secula. Amen. Dieu tout-puissant, éternel, père de la céleste lumière, de qui viennent aussi tous les biens et tous les dons parfaits : nous implorons ton infinie miséricorde, afin que tu nous permettes de connaître parfaitement ton éternelle sagesse qui environne ton trône et par laquelle toutes choses ont été créées et faites, et sont, à présent encore, conduites et conservées. Envoie-nous-la de ton ciel saint et du trône de ta gloire, afin qu'elle soit et travaille avec nous, puisqu'elle est la maîtresse de tous les arts célestes et occultes et qu'elle sait et comprend toutes choses. Fais lentement qu'elle nous accompagne dans toutes nos œuvres, afin que nous obtenions la véritable intelligence et la pratique infaillible de cet Art très noble, qui est la pierre miraculeuse des sages, que tu as cachée au monde et, du moins, que tu as coutume de révéler à tes élus. Que, certainement et sans aucune erreur, nous apprenions l'Œuvre suprême qui, par nous, doit être ici poursuivi sans relâche. Tout d'abord, que nous l'entreprenions convenablement et bien ; que nous progressions constamment dans ce travail ; enfin que nous le terminions bienheureusement et en jouissions avec joie pour toujours, par Jésus-Christ, cette pierre céleste, angulaire, miraculeuse et fondée de toute éternité, qui, avec toi, ô Dieu le père, et l'Esprit-Saint, véritable Dieu, dans une indissoluble et divine essence, commande et règne, Dieu triple en un, loué extrêmement dans les siècles sempiternels. Ainsi soit-il.

Eugène Canseliet - F. C. H.


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(1)  In Musæum Hermeticum, Francofurti, 1677, tome III, pp. 140 et 141. Edition revue et augmentée, contenant vingt-et-un très excellents traités de chimie ; reformatum et amplificatum, continens tractatus chimicos XXI præstantissimos.

      Voir également : Bibliotheca Chemica Curiosa,..., Jacobi Mangeti, Coloniæ Allobrogum, 1702, tome II, p. 557.

      Colonia Allobrogum est un des noms latins de la ville de Genève. Cf. Cæsar, de Bel. Gal., I, 6. Le deuxième volume de Jacques Manget porte d'ailleurs Genevæ.


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