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La principale source d'Hermès Dévoilé

article de Bernard Husson (1964)
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Cet article a paru originellement dans le N°62 de la revue Initiation & Science (juillet-août-septembre 1964). Il a été ressaisi et corrigé par France-Spiritualités.
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      Notre collaborateur, Bernard Husson, a bien voulu donner aux lecteurs d'Initiation et Science quelques éléments supplémentaires sur les origines du livre de Cyliani, Hermès dévoilé, qu'il a commenté dans le tome VI de la collection « Alchimie et Alchimistes » – Deux Traités alchimiques du XIXème siècle – qui vient de paraître aux Editions de l'Omnium Littéraire.

      Le prédécesseur immédiat de Fulcanelli dans la lignée des alchimistes qui ont témoigné par l'imprimé de leur accession à l'adeptat, c'est-à-dire de leur réussite dans l'élaboration de la pierre philosophale, est l'auteur du petit opuscule paru en 1832 sous le titre d'Hermès dévoilé.

      Au sigle Ci.... sous lequel cet adepte a caché son identité, les bibliographes ont substitué, dès 1834 (1), le pseudonyme de Cyliani (dérivé de Cyllène, montagne grecque dédiée à Hermès dans l'Antiquité).

      L'autobiographie de Cyliani, qui est une véritable confession, nous apprend qu'il a passé une grande partie de son existence à lire « presque tous les traités d'alchimie parus avant lui ». Cependant, de ces immenses lectures, il ne cite que deux ouvrages, dont il tient les auteurs en particulière estime, au point, nous dit-il, d'incorporer plusieurs passages de leurs écrits dans le texte d'Hermès dévoilé. On conçoit l'intérêt qu'offrent ces deux ouvrages pour l' « amoureux de science » désireux de scruter attentivement le message « dédié à la postérité » par le seul adepte qui se soit fait connaître en Occident au XIXème siècle.

      Or, ce dernier n'indique ni le nom d'auteur, fût-il même, comme il arrive, réduit à une initiale, un sigle ou un pseudonyme, ni le titre des deux textes dont il fait mention, se bornant à déclarer que l'un est un traité « imprimé à Leipsick en 1732 », et l'autre, « un petit manuscrit trouvé derrière une armoire » par un couple d'amis, férus d'alchimie, dans les premières années du XIXème siècle. Il ajoute que ce manuscrit dévoile tout le processus opératoire, à l'exception de la matière, du feu et des travaux d'Hercule. Ce sont également ces trois points dont Cyliani, à la fin de sa préface, laisse le soin de la divulgation « à Dieu seul ».

      Dans ces conditions, il n'existe aucune piste permettant une recherche directe et sélective de ces deux textes, et l'investigateur en est réduit à une confrontation patiente et exhaustive de la pratique d'Hermès dévoilé avec tous les traités alchimiques antérieurs, imprimés ou manuscrits, qu'il pourra consulter, jusqu'à ce que des similitudes vraiment flagrantes lui permettent de reconnaître les deux sources dont Cyliani semble avoir malicieusement dissimulé l'approche, tant est grande l'imprécision avec laquelle il les signale.

      En effet, l'exploration patiente et continuelle à laquelle nous nous sommes livré depuis plus de dix ans, à travers la somme, bien imparfaitement inventoriée encore, des écrits alchimiques européens, tant imprimés qu'inédits, éparpillés en Europe, en nous attachant surtout à ceux du XVIIème et du XVIIIème siècles, nous ont permis de constater que, jusqu'à nouvel ordre, aucun traité alchimique n'avait été imprimé à Leipzick en 1732.

      Toutefois, cette indication erronée constitue un élément valable pour l'identification de cet imprimé, paru sans nom d'auteur, et pour la première fois seulement en 1751, à Amsterdam (2). Il est du reste signalé par les principaux bibliographes.

      Par contre, l'autre source, qui joue un rôle beaucoup plus important dans la rédaction d'Hermès dévoilé était restée jusqu'à présent inédite et complètement inconnue. Nous avons exposé, dans notre travail, les raisons qui nous incitent à penser qu'une copie de ce manuscrit « trouvé derrière une armoire » se trouvait, sous le titre Récréations Hermétiques, dans un in-folio de la Bibliothèque du Museum d'Histoire Naturelle de Paris, et nous en avons reproduit le texte, à la suite d'Hermès dévoilé.

      Il est suivi, dans le manuscrit du Museum, de 150 notes ou scolies que nous n'avons pas reproduites, car elles ne sont qu'une paraphrase, ou plutôt un résumé du traité qui les précède.

      On les trouvera ici, avec l'extrait d'un traité inédit du XVIIème siècle, dont nous devons l'aimable communication à l'obligeance de notre charitable confrère en Hermès M. A. S. *****

      Quelques avertissements ne seront pas inutiles pour les quinze premières scolies, constituant une sorte de préambule à la partie pratique proprement dite, car elles n'offrent point d'équivalent dans le début des Récréations Hermétiques.

      L'assimilation de la « matrice du monde » (alchimique), avec l'argile « dont on fait la brique » est, sinon un piège, tout au moins un artifice d'exposition typique des traités alchimiques. Le regretté hermétiste René Buchère, mort en 1914, décomposait, par cabale phonétique, ce mot de la façon suivante : arg- ile ou arguron hyle, en grec, matière d'argent, de l'argent philosophique ou lune des philosophes.

      Précisons toutefois que le rapport existant entre l'argile vulgaire et l'argile « philosophique » est de même nature que celui qui existe entre la rosée printanière, rosée de mai, et la rosée « philosophique » (cela, sans parler de la réciprocité causale existant entre ces analogies respectives) et que ce rapport n'est pas seulement cabalistique (rosée donnant en grec rhosis, force, énergie, vertu), mais également opératif et pratiquement constatable. De patients travaux effectués sur l'argile et la rosée « communes » peuvent en effet conduire à des résultats fort intéressants, ainsi que l'a montré de Saulx, médecin et hermétiste du Grand Siècle, dans ses Nouvelles recherches sur la santé et les maladies (Paris, 1722)


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(1)  Le Nouveau Recueil d'Ouvrages anonymes et pseudonymes de M. de Manne, Paris, 1834, attribue Hermès dévoilé (page 157, n° 727) à Cyliani, sans autre commentaire.

(2)  Il s'agit du traité intitulé Petites clés de la science hermétique notées par un habitant du nord à ses heures de loisir, l'an 1732, Amsterdam, 1751.


SCHOLIES

1. Tout était eau dès le principe : l'Univers et tout ce qu'il renferme était sorti des eaux.
2. L'eau est un composé de plusieurs principes. Si cela n'était pas, elle n'éprouverait pas de fermentation ni de putréfaction.
3. L'eau fermentée, pourrie et desséchée forme un limon que l'on peut appeler eau sèche.
4. Ce limon, cette eau sèche, c'est l'argile dont le colosse du monde a été formé.
5. L'argile est une terre onctueuse grise et pesante dont on fait la brique.
6. L'alcalescence et non la graisse forme son onctuosité et la rend savonneuse.
7. C'est ce qui la rend miscible avec les corps gras, mais non d'une façon intime : à la moindre chaleur, la graisse se sépare.
8. L'argile n'est donc pas formellement un alcali, mais il a une qualité voisine de sa nature : il tient l'intermédiaire.
9. Il passe souvent à l'état de craie ou de chaux, mais imparfaitement ; il conserve en plus ou moins grande partie sa forme première.
10. Les terres jaunes, rouges, vertes, etc., sont de cette nature, mais avec addition de teinture minérale.
11. Cette teinture est produite par mutation d'une partie de la terre première en vitriol de la nature du fer ou du cuivre.
12. La double action de l'esprit aérien et de l'esprit minéral opèrent ces diverses mutations.
13. L'esprit astral, aérien et universel introduit dans ce sujet suivant sa pureté lui donne une forme plus ou moins noble.
14. La pierre, le marbre, les sels, les cristaux et les minéraux tirent leur origine de cette terre.
15. L'argile est la matrice naturelle et première du monde entier. L'esprit astral en est la semence.
16. L'esprit astral est sans équivoque la lumière du soleil et des astres dont l'air et les cieux sont remplis.
17. Dans notre système terrestre, le soleil est le père de cet esprit, la lune en est la mère.
18. La lune est dite la mère de l'esprit astral parce que sa lumière vivifique tire sa source du soleil.
19. Cependant tous les astres y joignant leur lumière, son véritable nom est l'esprit universel.
20. Il faut que cet esprit qui est un feu soit dissous par un autre feu et devienne eau.
21. On recueille cet esprit dans la grande mer des Sages qui est l'air par le moyen d'un acier magique qui est d'une même nature.
22. Le feu central renfermé dans tous les corps est un acier magique.
23. Ce mot magique vous fait voir que ce n'est point un véritable acier mais qu'on ne l'appelle ainsi que par comparaison.

Bernard Husson




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