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Le Serment Maçonnique

article de Marius Lepage (octobre 1934)
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Cet article a paru originellement dans le N°188 de la revue Le Symbolisme (octobre 1934). Il a été ressaisi et corrigé par France-Spiritualités.
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Revue 'Le Symbolisme' - N°188 (octobre 1934)      A la faveur d'événements récents nous avons le triste spectacle de Frères, parmi ceux qui nous furent naguère les plus chers, qui, touchés par une grâce subite, trouvent dans les revues anti-maçonniques un assez rocailleux chemin de Damas.

      Tout homme est faillible, tout homme, à la croisée des chemins, peut s'engager sur un sentier que fouleront bientôt avec peine ses pas hésitants. Nous connaissons des Frères dont les doigts seraient plus aptes à égrener un chapelet qu'à donner un attouchement. Mais nous connaissons aussi des profanes dont la poitrine battrait plus à l'aise sous le cordon des Maîtres que sous le scapulaire.

      Nous savons qu'il faut un réel courage moral pour conformer ses actes à ses principes, pour dépouiller les vieux habits auxquels on était habitué, pour rompre avec les habitudes de longues années et voir s'écarter de soi les plus douces et les plus précieuses amitiés. Fort, réellement fort, s'avère celui qui ose accomplir de telles ruptures, sachant qu'il s'expose ainsi à souffrir les injures et les calomnies de ceux avec lesquels, hier encore, il partageait le lot réduit des joies, le fardeau si lourd des peines.

      Celui qui, d'un cœur sincère, reconnaît s'être trompé, mérite notre respect, car il n'existe pas effort plus douloureux que de se regarder, sans masque, dans notre miroir. Maçon quittant sa Loge pour entrer à l'Eglise, catholique quittant l'Eglise pour venir à la Loge sont dignes d'être honorés parmi les meilleurs, si aucun autre mobile n'a guidé leur décision que le louable et légitime souci de retrouver leur véritable route, dont ils s'étaient écartés. Plus tard, beaucoup plus tard, ils seront payés de leurs peines, quand ils s'apercevront que tous les chemins conduisent au Temple, que tous les rayons de la roue, même opposés en apparence, se rejoignent au moyeu.



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      Mais, c'est avec une réelle affliction que nous voyons des hommes perdre la notion de leur dignité humaine jusqu'à se leurrer de motifs futiles pour justifier leur attitude agressive envers les groupements qui les avaient accueillis : prêtres défroqués battant monnaie avec leur soutane souillée, Maçons exclus ou démissionnaires satisfaisant une vanité déçue par l'étalage, à tout venant, de leur tablier fripé.

      Ceux-ci se réclament d'un idéal patriotique et religieux dont ils violent la première règle, la plus belle : le respect de la parole donnée.

      Au jour de son initiation, l'Apprenti jure, en toute liberté et connaissance de cause, de ne jamais révéler les rituels maçonniques et les noms de ses Frères. Il est vain de se prétendre, de son propre chef, délié de son serment parce qu'on a quitté l'Ordre en claquant plus ou moins fortement les portes du Temple.

      Le serment est un acte sacramentel, dont la portée dépasse la personnalité de celui qui le prête. Il nous engage dans les mondes visibles et invisibles, pour le présent et pour l'avenir. Que celui-là qui ne se sent plus à l'aise entre les colonnes se retire loyalement. Il agit en homme libre et de bonnes mœ:urs. Mais qu'il n'oublie jamais son serment, sous peine de félonie. Nul ne peut étre en ces questions son propre juge, nul ne peut reprendre sa parole donnée. Les récits de chevalerie ont conservé, comme les plus beaux exemples de la valeur morale des preux, les gestes qui nous les dépeignent préférant mourir plutôt que se parjurer, si indigne soit leur adversaire.

      « Fidélité au devoir ». Devise des Compagnons d'antan, que les événements actuels nous remettent en mémoire. Notre devoir consiste à créer des hommes. La Maçonnerie n'a jamais fait faillite, chacun y a trouvé, selon sa bonne volonté et son ardeur au travail, ce qu'il venait y chercher. Rappelons sans cesse aux jeunes Maçons, et même parfois aux vieux, la gravité du serment par eux librement consenti.

      Et si, un jour, un Maçon vient vers nous : « Je me suis trompé de chemin, est-il encore temps que je retourne sur mes pas ?... », nous nous pencherons, nous relèverons celui dont les genoux ont ployé... « La Maçonnerie est belle, la Maçonnerie est vraie... Mais il se peut que tu ne soies pas prédestiné pour la comprendre, l'aimer et la servir... Ailleurs est ta mission, soit. Retire-toi en paix, mon Frère, sous la loi du silence. »

Marius Lepage




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