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Prévisions étranges

article d'Oswald Wirth (janvier 1933)
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Cet article a paru originellement dans le N°169 de la revue Le Symbolisme (janvier 1933). Il a été ressaisi et corrigé par France-Spiritualités.
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      Pour souhaiter la nouvelle année à nos lecteurs, nous avons coutume de tirer quelques pronostics du symbolisme numéral. L'addition théosophique 1+9+3+2 nous renvoyait à l'arcane XV du Tarot, représentant le Diable ; cette fois 16 nous présagerait l'effondrement de la Maison-Dieu, au même titre que 1924, qui n'a pas été une année plus spécialement catastrophique.

      Ne nous alarmons donc pas à propos de millésimes et affrontons avec intrépidité la 16ème année du Symbolisme, mais n'en parlons pas moins de divination.

      La préparation d'un ouvrage sur le Symbolisme Astrologique, faisant suite à notre Symbolisme Hermétique et au Tarot des Imagiers du Moyen-Age, nous oblige à nous documenter sur les influences planétaires. Le Traité des Sept Causes secondes ne pouvait donc échapper à nos investigations. Publié en 1508, cet opuscule s'adresse à l'Empereur Maximilien, qui désirait être éclairé sur son avenir par Jean Trithème, abbé de Spanheim, alors célèbre comme adepte des sciences mystérieuses.

      Le savant moine n'était pas un vulgaire intuitif qui s'abandonne à la voyance. Pour satisfaire son auguste consultant, il eut la prudence de remonter à la création du monde, donc à l'année 5199 antérieure à l'ère chrétienne. A compter du 15 mars de cette année primordiale, il distingue des périodes successives, d'une durée fixe de 354 ans et quatre mois, durant lesquelles règnent, l'un après l'autre, les sept Ministres divins qui exercent les influences planétaires. Ce sont Orfiel-Saturne, Anaël-Vénus, Zachariel-Jupiter, Raphaël-Mercure, Samaël-Mars, Gabriel-Lune et Michaël-Soleil. L'ordre observé est l'inverse de celui des jours de la semaine.

      D'où Trithème a-t-il tiré cette période rigide de 351 ans et quatre mois ? C'est son secret ; il ne donne aucune référence et dédaigne de justifier sa théorie, autrement que par l'application aux événements historiques qu'il fait coïncider avec les périodes envisagées. C'est de l'expérimentalisme inattendu, devant lequel doit s'incliner Maximilien.

      Comme les influences planétaires s'exercent simultanément, il ne saurait être question, dans l'esprit de Trithème, que de l'effacement relatif temporaire des unes en faveur de la septième. Les sept Ministères continuent à fonctionner ; mais la Présidence du Conseil est assumée tour à tour par l'un des Ministres, avec une régularité mathématique digne du régime céleste. En somme, chacun des Ministres divins est successivement de jour au cours de la Semaine cosmique de 2480 ans et quatre mois, dont chaque jour est de 354 ans et quatre mois. Comment ces chiffres ont été révélés à Trithème nous demeure inconnu.

      Ce qui ressort du système, c'est que l'année 1508 tombe en fin du troisième règne de Samaël-Mars, spécialiste en catastrophes. Durant son premier gouvernement (1417 à 1771 A. M.), il s'était complu au déluge, si celui-ci eut réellement lieu en 1656. Il y a doute à cet égard, car Isidore et Béda, interprètes des Septantes, reportent à 2242 l'acte de Dieu se repentant d'avoir créé l'homme ; Trithème est partisan de cette dernière date, inondations et marées rentrant dans les attributions de la Lune, dont le règne succède à celui de Mars, mais ne se prolonge cependant que jusqu'en 2126. Ne faut-il pas lire 2042 au lien 2242 ?

      Quoi qu'il en soit, sous sa seconde administration (3897 à 4252), Mars se contente de la ruine de Troie, événement qui serait passé inaperçu sans Homère. Que va-t-il exiger avant 1525 de l'ère chrétienne, en profitant des dernières années de son troisième règne ? Trithème pressent que la religion va être frappée en son unité. Il annonce dès 1508 le schisme que ne faisait pas encore prévoir le commerce des indulgences, inauguré en 1514 et contre lequel les protestations de Luther ne s'élevèrent qu'en 1517.

      Il y a, sur ce point, prévision de l'avenir, de même qu'en ce qui concerne le sort de l'Empereur Maximilien, annoncé comme suit :

      « A treize années de là (1508), par la force du droit, tu céderas ta place à un ignorant, pour, après ces événements nécessaires (calamités diverses mal déterminées), te relever plus grand dans ton petit-fils, à mon avis, à moins qu'il ne te soit donné de dominer les ombres qui te menacent. »

      Maximilien mourut le 11 janvier 1519, donc dans les treize ans prophétisés. Son successeur légalement élu fut Frédéric le Sage, grand-électeur de Saxe, qui se reconnut ignorant en l'art de gouverner, car il refusa la couronne impériale. Celle-ci échût alors à Charles-Quint, petit-fils de Maximilien.

      Selon la théorie de Trithème, chaque période planétaire n'atteint son maximum d'influence que vers le milieu de sa durée, car elle comporte une jeunesse, un âge de plein développement et une vieillesse. La Réforme éclate avec la naissance de la troisième période lunaire, dont le premier quart conduit jusqu'à 1614, comme si une phase de plus grande illumination imaginative devait alors être inaugurée. De fait, les Rose-Croix se font connaître et de nouveaux horizons s'ouvrent à la spéculation religieuse. En 1702, la Lune, qui règne, atteint son maximum d'éclat et fait travailler lucidement les imaginations, comme au milieu (le sa précédente administration (4252-4606 A. M.), qui favorisa le prophétisme juif et suscita les sept Sages de la Grèce.

      Comment ne pas s'incliner ici devant les encyclopédistes, dont la puissance directe s'arrête en 1790, alors que la Lune régnante entre dans son dernier quartier. Désormais, l'imagination s'obscurcit, les formes élégantes, les belles manières font place à une matérialiste brutalité, qui décourage l'Archange Gabriel (Lune), si bien que le 05 novembre 1879, à l'heure cosmique inéluctable, il est heureux de transmettre ses pouvoirs à son collègue Michaël (Soleil).

      Les contemporains de ce transcendant changement de Ministère ne se sont doutés de rien ; aucun journal n'y fit la plus discrète allusion – Le Symbolisme n'existant pas alors pour renseigner ses lecteurs. L'exposition de 1878 fut la fête d'adieu de la Lune. Le Soleil rejeuni voulut faire mieux en 1889 et 1900 ; nous lui devons de brillants progrès scientifiques, qui ont eu l'inconvénient d'éblouir leurs bénéficiaires. Mais le Soleil redevenu adolescent qui nous gouverne s'efforce d'éclairer nos esprits : d'ici 1967, il sera majeur et l'humanité s'en ressentira. Mais la lumière ne triomphera qu'au milieu du siècle prochain, vers 2057, quand l'éducation solaire portera ses fruits. Puisse-t-elle, cette fois, remporter une victoire définitive sur le Serpent Python des égoïsmes coalisés. En attendant peinons au service du Soleil qui veut l'harmonie et la fraternité humaine ; ne désespérons pas de la Société des Nations si menacée en sa juvénile impuissance.

      Que sera le déclin de la période solaire, dont le soir s'étendra de 2146 au 06 mars 2233 ? Nous aimons à croire que la sagesse se sera assise au milieu des hommes et qu'ils jouiront avec piété des magnificences du vieux Soleil couchant. Ce sera le Grand Soir, pourpre dans le ciel, mais non sanglant sur terre.

      Et ensuite, que nous vaudront les 354 ans et quatre mois du cinquième règne de Saturne ? Devons-nous nous attendre au Jugement dernier rénovateur, à la liquidation du passé, permettant à l'humanité de recommencer, forte de l'expérience acquise ? Une méthode comme celle de Trithème se prête aux plus audacieuses prévisions ; mais il ne faut abuser de rien. Des calculs arbitraires peuvent s'inspirer d'une lucidité divinatoire géniale, telle qu'elle se manifeste, par exemple quand il nous est dit que Michaël, l'Archange Solaire, rendrait la liberté aux Juifs l'an du monde 7170, soit au huitième mois de l'année 1880 de l'ère chrétienne, tout comme, durant son précédent règne (4606 à 4960), le même Ministre divin avait mis fin à la captivité de Babylone. Ne chicanons pas sur la date et ne retenons que le fait du Sionisme, qui, à une quarantaine d'années près, donne raison à la voyance de Trithème.

      Conclusion. Ecoutons les prophètes, mais ne nous arrêtons pas à la lettre de leurs vaticinations : cherchons le vrai dans l'esprit caché sous les expressions fallacieuses.




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