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Entrevue avec Dominick Léaud-Zachoval

Dominick Léaud-Zachoval
La 2ème édition du Salon Artemisia de Marseille
© France-Spiritualités™



Samedi 28 octobre 2000, à Marseille. Dominick Léaud-Zachoval, créateur et Commissaire général du Salon bio Artemisia, répond à nos questions, alors que les visiteurs affluent déjà en masse dans le Hall 3 du Parc Chanot, où se déroule la deuxième édition. Celle-ci rassemble, sur 3000m2 d'exposition, près de 200 exposants, dont 50% sont originaires du sud de la France. 70 conférences, 25 ateliers d'initiation, une exposition de peinture et un forum sur l'eau, thème central de l'édition, sont également programmés tout au long de ces trois jours.

France-Spiritualités : Dominick Léaud-Zachoval, merci de nous accorder cette entrevue. La première édition du salon Artemisia, qui s'est tenue fin novembre l'année dernière, avait attiré plus de 15.000 personnes, malgré des circonstances difficiles (grève des transports, neige sur les routes de Bouches-du-Rhône), ce qui constitue un chiffre remarquable. Quelles sont vos prévisions pour cette année ?

Dominick Léaud-Zachoval :
Nous espérons bien sûr faire aussi bien. Ceci dit, les conditions sont différentes et la période également. L'engouement auquel nous assistons et le nombre d'entrées que nous avons déjà enregistrées depuis ce matin nous laissent à penser que nous allons faire au moins aussi bien. Si la fréquentation est supérieure, cela prouvera simplement que les gens ont un besoin d'information encore plus grand et que leur prise de conscience de l'intêret de ce salon s'est encore accrue.


France-Spiritualités : A ce sujet, pensez-vous que le succès des salons bio est dû en majeure partie aux récents scandales alimentaires qui ont secoué l'opinion publique, ou pensez-vous qu'il faut aussi y voir une prise de conscience plus profonde des gens – ce que certains appellent l'émergence d'une nouvelle spiritualité ?

Dominick Léaud-Zachoval :
En ce qui concerne la prise de conscience, je pense qu'elle remonte maintenant à plusieurs années. Bien sûr, les scandales dont vous parlez ne font qu'accentuer la situation et, il faut le reconnaître, servent au succès de ces manifestations.


France-Spiritualités : La France se trouve-t-elle toujours à la traîne des pays européens en matière de nourriture bio et de médecines parallèles, ou est-elle en train de rattraper son retard ?

Dominick Léaud-Zachoval :
Je voudrais tout d'abord dissocier la nourriture bio des médecines parallèles, comme vous le dites, Je dirais en effet que les médecines complémentaires ou les thérapies alternatives qui sont proposées sur ce type de salon sont un complément de la démarche consistant à privilégier une alimentation bio. Je veux dire par là que les gens cherchent à mieux manger, à être en meilleure santé, et sont donc forcément en quête d'une certaine notion de bien-être ; or, cette notion appartient à tout le monde, quelle que soit la démarche que l'on puisse avoir en parallèle sur le plan personnel. Mais pour en revenir à votre question, il est vrai que la France accuse actuellement un gros retard dans le domaine du bio. Toutefois, le rattrapage se fait très rapidement et la progression en ce domaine suit maintenant une courbe exponentielle, notamment dans la production bio. Quant aux thérapies alternatives, elles sont en train de prendre une place très importante et le processus me semble inéluctable.


France-Spiritualités : Les récents scandales alimentaires et la réaction consécutive du public mettent-ils les acteurs de l'alimentation bio, pour la première fois, dans une certaine position de force face aux géants mondiaux de l'agro-alimentaire et aux décideurs politiques ? Ou sommes-nous, tout au moins, en train d'assister à un rééquilibrage du rapport des forces ?

Dominick Léaud-Zachoval :
Pour ce qui est des géants de l'agro-alimentaire, on est bien sûr bien loin d'avoir leur taille et leur puissance, et le combat reste toujours très inégal. Maintenant, en ce qui concerne les décideurs politiques – et leur présence ce matin le prouve – ils ont conscience que le citoyen a aujourd'hui besoin de ce type de salon et des réponses qu'il est à même d'apporter à leurs interrogations et à leurs inquiétudes. Quoi qu'il en soit, tous ces acteurs sont liés et il faudra bien qu'un effort soit fait pour fournir des réponses à tout citoyen qui se pose des questions sur son alimentation. Mais la taille de la production bio est très loin de celle des géants agro-alimentaires, et l'on verra bien ce que donnera le combat – si combat il y a...


France-Spiritualités : Aujourd'hui, la nourriture bio est, il faut bien le reconnaître, plutôt le privilège d'une clientèle assez aisée. Pensez-vous que l'on va bientôt assister à une évolution dans ce domaine ?

Dominick Léaud-Zachoval :
Je crois que ce type d'alimentation est en train de se démocratiser. Pour ce qui est des produits de base, tels que les farines, les huiles, les sucres, les œufs, la viande évidemment aussi – puisque l'on en parle de plus en plus – je crois que les gens sont prêts à payer un peu plus cher. Il faut savoir qu'il y a quelques années, les écarts étaient vraiment très importants. Actuellement, on trouve de plus en plus de produits bio abordables, même s'il y a toujours une petite différence. Mais celle-ci se justifie par le fait que sur le plan de la santé et de l'énergie que l'on peut en retirer, on y trouve son compte, et je crois que les gens commencent à véritablement prendre conscience de cela.


France-Spiritualités : Question incontournable : est-ce que l'étiquette "bio" est fiable ?

Dominick Léaud-Zachoval :
Il faudra demander ça à ceux qui délivrent les certificats. Il me semble que cette question est souvent utilisée pour démolir certaines filières, et je crois que cela fait partie du jeu. Mais, comme je le disais à l'un de vos confrères tout à l'heure, lorsque l'on veut devenir agriculteur bio, il faut vraiment y croire. Lorsqu'on lit le cahier des charges établi par les certificateurs français – comme "Ecocert", "Qualité de France" et d'autres – ou européens, on se dit qu'il faut vraiment avoir la foi pour devenir agriculteur bio. Cela veut donc dire que les contrôles sont très rigoureux. Evidemment, on trouve toujours des personnes qui essaient de s'engouffrer dans ce créneau avec des visées purement mercantilistes, mais dans 99% des cas, ce sont des gens qui y croient et qui sont très contrôlés – je dirais même beaucoup mieux contrôlés que la filière classique de l'agro-alimentaire.


France-Spiritualités : Nous nous trouvons actuellement, en France, dans un contexte de méfiance généralisée envers ceux qui préconisent l'emploi des médecines non-conventionnelles, et même ceux qui vantent les bienfaits de la nourriture bio ? Avez-vous rencontré des difficultés à ce niveau lorsque vous avez décidé de mettre sur pied ce salon ?

Dominick Léaud-Zachoval :
Tout à fait, puisque notre premier travail, contrairement à ce que nous pensions – car ce n'était pas du tout l'esprit dans lequel nous travaillions – a été de garantir que nous ne serions pas infiltrés par des mouvements présentant des déviances, quelles qu'elles soient. Cela n'a bien sûr pas été aisé, dans la mesure où les critères en ce domaine ne sont pas clairement définis en France. Nous avons fait de notre mieux, d'autant plus que j'attache moi-même beaucoup d'importance à cette question. Les gens ont certes la liberté de choisir leur vie, leur manière de se soigner et leur alimentation, mais il faut veiller à éviter toute dérive dans ces domaines. Mais il est vrai que nous nous trouvons ici sur un terrain très sensible. Nous avons été très vigilants l'année dernière ; nous l'avons été de même cette année. Nous étions mieux rôdés, et nous avons ainsi pu écarter quelques exposants sur lesquels nous n'avions pas toutes les assurances.


France-Spiritualités : Et ceci, en partie, vous a permis d'obtenir le soutien de la Ville de et de la région pour l'organisation de ce salon ?

Dominick Léaud-Zachoval :
Je dirais de la région en premier, ensuite du Conseil Général et de la Ville de , qui ont cru en ce projet et qui, étant donné que nous sommes une association, nous ont aidé sur le plan financier. Ce soutien a bien sûr été très important car sans lui, nous n'aurions pas pu aboutir à cette réalisation.


France-Spiritualités : Justement, est-il est facile d'équilibrer les comptes lorsque l'on organise un salon de ce type ?

Dominick Léaud-Zachoval :
L'an dernier, non, c'est clair, puisque nous avons perdu de l'argent. Mais nous y avons cru, et nous avons donc remis la main à la poche pour organiser cette deuxième édition. Cette année, les gens qui ont pris conscience de l'intérêt du salon devront aussi mettre un peu la main à la poche, dans la mesure où nous demandons une petite participation de 20 FF à l'entrée. Ceci nous permettra, nous l'espérons, d'équilibrer nos comptes cette année et, par la même, de rendre cette manifestation pérenne.


France-Spiritualités : Revenons à cette deuxième édition qui débute. Vous avez choisi comme thème de cette année "l'eau" ? Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?

Dominick Léaud-Zachoval :
C'est en lisant des articles de presse et en voyant certains reportages l'an dernier que le thème de l'eau s'est imposé à moi pour cette édition. J'ai pris conscience de l'ampleur que le problème de l'eau est en train de prendre dans le monde. Dans mon domaine, qui est l'alimentation bio, on voit déjà l'importance de l'eau par rapport aux pesticides et à la pollution ; les mêmes problèmes apparaissent dans le domaine de la santé.
      Finalement, l'eau est partout, et peu de gens se posent encore des questions. Bien sûr, des scientifiques ont lancé des mises en garde et l'on assiste à des regroupements d'associations, mais il s'agit d'attirer encore davantage l'attention du public sur ce problème majeur, qui concerne tout simplement notre survie sur la planète. Le thème central de cette année sera donc l'eau, de manière à permettre à des intervenants de donner leur opinion et de débattre avec le public sur cette question capitale. Je pense ici notamment à quelqu'un comme M. Jacques Collin, qui est chercheur et écrivain, et qui a fait paraître un livre extraordinaire sur l'eau : L'insoutenable légèreté de l'eau.
      Il faut prendre conscience du fait que dans un proche avenir, l'or bleu risque de devenir l'enjeu de véritables batailles économiques, voire de guerres. Son importance au niveau géo-stratégique est donc très grande. Et puisque les gens viennent ici puiser de l'information, nous essayons de semer des graines, et d'engendrer, si vous voulez, une sorte de "révolution des fourmis".


France-Spiritualités : Prévoyez-vous des changements ou des évolutions pour le salon Artemisia de l'année prochaine ?

Dominick Léaud-Zachoval :
Je pense surtout que nous allons nous centrer encore davantage sur le bio, et être encore plus rigoureux, en ce sens que nous allons demander davantage de certifications pour les produits bio. Développer cette filière dans ce salon nous intéresse beaucoup et je crois qu'il y a là une rélle demande dans le sud de la France, notamment de la part des distributeurs de produits bio.


France-Spiritualités : Pour conclure, peut-on vous demander si vous avez déjà une idée du thème de l'année prochaine ?

Dominick Léaud-Zachoval :
Oui, mais je crois qu'on va la garder au chaud !


France-Spiritualités : Nous attendrons donc avec impatience la prochaine édition. Merci de nous avoir accordé cette entrevue et bonne chance pour cette année.




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