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Entrevue avec Serge Caillet

Serge Caillet
Monsieur Philippe, "Ami de Dieu" et des hommes
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Nizier Anthelme Philippe (1849-1905) – dit "Monsieur Philippe" ou "Maître Philippe" – fut avant toute chose un exemple vivant de charité chrétienne qui suscita l'admiration et la dévotion des membres les plus éminents de la scène ésotérique de l'époque, parmi lesquels le Dr Gérard Encausse ("Papus") et le Dr Emmanuel Lalande ("le Dr Marc Haven"). Inclassable, et refusant (jusqu'à preuve du contraire) toute adhésion à une quelconque société initiatique, il demeura une énigme pour tous, ami des pauvres et des puissants aux facultés hors du commun, soignant gratuitement des milliers de personnes, accomplissant des "miracles" par le pouvoir de la prière et d'une certaine forme de magnétisme, et guidant les jeunes occultistes attachés à sa personne vers une spiritualité plus mystique et plus dépouillée.
Serge Caillet, auteur d'une remarquable étude historique dans son ouvrage Monsieur Philippe, 'L'Ami de Dieu', évoque ce personnage mystérieux.

Monsieur Philippe dans son temps
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Maître Philippe de Lyon (1849-1905)France-Spiritualités : Serge Caillet, bonjour, et merci d'avoir accepté cette entrevue. Première question : pourquoi avoir décidé d'écrire une biographie de cet homme hors du commun qu'était Monsieur Philippe, alors que d'autres comme Alfred Haehl et Philippe Encausse l'avaient déjà fait ?

Serge Caillet :
Ni Philippe Encausse, ni Alfred Haehl, disciples l'un et l'autre de M. Philippe, le premier à titre posthume, le second de manière directe, n'ont voulu faire œuvre d'historien, mais leurs ouvrages portent témoignage de certains faits et paroles de leur maître spirituel commun, qu'ils avaient souhaité l'un et l'autre, chacun à sa façon, communiquer à leurs contemporains. Dans une moindre mesure, l'opuscule plus ancien de Jean Bricaud, qui n'était pas, lui, un disciple de M. Philippe, quoiqu'il l'ait connu, apporte son propre témoignage, tout en rassemblant lui aussi quelques faits historiques.

     D'autre part, lorsque des historiens se sont intéressés au cas de M. Philippe, ce n'était qu'à titre accessoire, en marge de biographies de Nicolas II ou de Raspoutine. Il manquait donc un livre qui, du point de vue de la recherche historique – car vous avez compris que je ne suis pas un disciple de M. Philippe – comblât cette lacune en retraçant autant que possible les faits attestés de sa vie.
      En 1986, Robert Amadou, exécuteur testamentaire du legs Philippe Encausse à la Bibliothèque Municipale de Lyon, m'avait confié l'édition de deux manuscrits de ce dépôt qui intéressaient directement M. Philippe : un gros cahier autographe de Papus et une série de notes dactylographiées de comptes rendus de séances lyonnaises. Préparant l'édition de ces deux pièces, je rédigeai d'abord une introduction. Diverses circon-stances ayant retardé à plusieurs reprises l'édition projetée, ce premier texte a été considérablement augmenté au point de se transformer en une petite biographie. Entre temps, la Providence m'avait en effet permis de retrouver aux Archives départementales du Rhône le dossier de police de M. Philippe dont Philippe Encausse connaissait l'existence, mais qu'il n'avait quasiment pas exploité.


France-Spiritualités : M. Philippe était essentiellement connu, à l'époque, pour ses dons de guérisseur, qu'il exerçait à Lyon, et pour son immense charité envers les plus pauvres. Pouvez-vous nous en parler ?

Serge Caillet :
Ce sont les chiffres qui parlent d'eux-mêmes : une centaine de personnes environ se pressait chaque jour devant l'hôtel particulier de la rue Tête d'Or, à Lyon, ou officiait M. Philippe dans des séances collectives destinées au soulagement des malades. Des dizaines d'attestations de guérisons – j'en ai exploité quelques-unes mais il en existe encore beaucoup d'autres -- dont certaines sont très émouvantes, témoignent de la réalité des dons exceptionnels de M. Philippe. Beaucoup d'autres témoignages ont été consignés par des observateurs, dont certains par Papus lui-même, qui était médecin, comme d'ailleurs son ami Marc Haven, gendre de M. Philippe : un enfant de quatorze ans, mourant de méningite tuberculeuse et d'une phtisie intestinale est guéri en un quart d'heure. La jambe desséchée d'une enfant de douze ans reprend son volume normal en une séance. L'appendice xiphoïde d'une autre petite fille, tragiquement retourné, reprend sa position normale. Ce ne sont que quelques exemples parmi d'autres, beaucoup d'autres. Je connais même des disciples de M. Philippe qui sont convaincus que celui-ci a ramené des morts à la vie...

      Dans tous les cas, M. Philippe soigne gratuitement et il distribue même généreusement aux indigents la fortune que lui a procuré son mariage d'amour. Il règle les dettes des uns, paie le loyer des autres, et ceci avec la plus grande discrétion.


France-Spiritualités : M. Philippe a réussi à poursuivre ses activités de guérisseur malgré de nombreuses tracasseries policières et judiciaires, que ses relations avec les têtes couronnées de l'époque n'ont d'ailleurs fait qu'exacerber...

Serge Caillet :
On sait encore peu de choses des relations de M. Philippe avec certains souverains : Guillaume II de Prusse, Léopold II de Belgique, Edouard VIII d'Angleterre, Humbert 1er et Emmanuel III d'Italie, Nicolas 1er de Monténégro. En revanche, ses relations privilégiées avec Nicolas II et Alexandra sont assez bien documentées, d'une part parce que M. Philippe lui-même, ou certains de ses proches en ont parlé, mais aussi parce que celles-ci lui ont valu une étroite surveillance de la police française, et aussi de la police russe d'ailleurs. A partir de 1901, après une rencontre privée qui eut lieu à Compiègne à l'occasion d'un séjour en France du couple impérial, M. Philippe qui avait déjà séjourné en Russie à l'invitation de certains proches du tsar, a été introduit officiellement à la cour de Russie, et même dans l'intimité de Nicolas II et d'Alexandra. Cela lui a valu des tracasseries sans nombre, tant de la part de la presse européenne, incapable d'imaginer en lui autre chose qu'un escroc ou un intrigant, que des polices russe et française, je vous l'ai dit. Ces ennuis faisaient d'ailleurs suite à ceux que lui avaient déjà valu en France des procès pour exercice illégal de la médecine.


France-Spiritualités : La spiritualité de M. Philippe, dans son ensemble, paraît très difficilement identifiable à quelque doctrine que ce soit. Sans doute est-ce pour cela qu'il se disait simplement "Ami de Dieu". Est-ce votre avis ?

Serge Caillet :
La spiritualité de M. Philippe selon les plus intelligents et les plus fidèles de ses disciples, c'est l'Evangile seul. Sédir, en particulier, s'était appliqué à juger à la lumière de l'Evangile toutes les paroles, toutes les directives qu'il avait recueillies de la bouche même de M. Philippe et il avait apprécié leur fidélité au message évangélique et à l'enseignement de Jésus-Christ. Cela commence par l'amour du prochain, car comme le dit l'Apôtre, si je n'ai pas la caritas, je ne suis rien. M. Philippe, lui, avait la caritas et il cherchait à entraîner ses disciples dans cette voie-là, qui est encore une fois celle de l'Evangile, et rien d'autre, assurément, pour l'essentiel.


France-Spiritualités : Ainsi que vous le dites dans l'avant-propos de votre ouvrage, la liste des citations attribuées à M. Philippe n'a cessé de croître au fil du temps -- comme cela se produit souvent avec des personnages de cette dimension. Quels critères avez-vous appliqué, en tant que chercheur, pour effectuer le tri ? Et quelles sont, selon vous, les sources les plus sûres concernant M. Philippe ?

Serge Caillet :
Oui, des propos apocryphes ont pu se glisser partout. A vrai dire, contrairement à d'autres auteurs comme Philippe Encausse ou Alfred Haehl, je n'ai pas eu à effectuer de tri – ce dont je m'avoue bien incapable – mais j'ai présenté deux manuscrits dans leur intégralité. Ce sont des témoignages qu'il faut prendre comme tels, avec leurs forces et leurs faiblesses sans doute. D'autres témoignages du même genre existent, qui sont complémentaires et dont je souhaite que soit un jour entreprise la publication. Quant aux sources les plus sûres, il faut certainement privilégier ses intimes, à commencer par le Dr Emmanuel Lalande, dit Marc Haven, sa fille Victoire naturellement, Sédir, Papus… sans oublier que, dans tous les cas, de même que l'observateur modifie le phénomène observé, l'auditeur modifie, interprète souvent malgré lui les propos entendus qu'il essaie de restituer.


France-Spiritualités : Vous avez publié dans votre ouvrage le carnet de Papus dans lequel celui-ci a relevé et classé des propos de M. Philippe. On y trouve des choses assez surprenantes – hommes-racines, êtres ailés, races mi-animales mi-humaines, etc. – tellement surprenantes, même, que Philippe Encausse les a d'ailleurs retirées de la deuxième édition de son ouvrage intitulé Maître Philippe.

Serge Caillet :
C'est vrai que Philippe Encausse avait finalement préféré retirer certaines paroles des nouvelles éditions de son livre, après que Robert Ambelain lui ait fait observer leur caractère aberrant, c'est du moins ce que Robert Ambelain lui-même, qui n'était pas du tout un disciple de M. Philippe, m'avait dit. Ce sont des propos qui surprennent, et même qui choquent parfois, par leur étrangeté. Papus a noté, sans autre commentaire, ce qu'il avait entendu ou compris. De quoi parlait alors M. Philippe ? Sur quel plan situait-il ces "réalités" qui ne me semblent pas nécessairement correspondre, dans sa bouche, à quelque chose de physique ? Je n'ai pas résolu cette question !


France-Spiritualités : Dans le carnet de Papus, on trouve, à l'entrée "Homme" (p. 165), cette note qui mériterait quelques éclaircissements : « Chute de l'homme : il n'y en pas eu ». Auriez-vous des éléments complémentaires à ce sujet ?

Serge Caillet
: Je n'en ai aucun. Mais peut-être ne faut-il pas, là encore, prendre cette note de Papus au pied de la lettre. Pour la grande tradition judéo-chrétienne – dans laquelle M. Philippe s'inscrit tout à fait en dépit de bizarreries apparentes – la notion de chute de l'homme est un élément permanent et essentiel.


France-Spiritualités : Une chose est particulièrement choquante dans les propos attribués à M. Philippe : son antisémitisme plus que latent. Comment peut-on, à la fois, prôner une spiritualité extrêmement élevée, accomplir – notamment par la prière – des "miracles", se dire "ami de Dieu", et manifester dans ses paroles une telle défiance à l'égard d'une autre religion ? L'esprit de l'époque peut-il, selon vous, suffire à expliquer cela ?

Serge Caillet :
Il faut en effet d'abord situer les choses dans leur contexte. Malheureusement, à la fin du XIXe siècle, la virulence de l'antisémitisme français ne cède en rien à celui des nazis, qui viendra quelques lustres plus tard. Celui-ci s'illustre naturellement à travers la fameuse affaire Dreyfus, mais pas seulement : en 1895, un député demande l'exclusion de la fonction publique de tout Français qui ne pourrait justifier de trois générations d'ancêtres français et cette proposition de loi n'a pas été repoussée de beaucoup. La Libre parole, une feuille immonde, nationaliste et antisémite, mène une campagne hystérique contre les Juifs. Voilà pour le contexte qui ne saurait, certes, tout expliquer et moins encore tout excuser, mais qui n'en est pas moins un élément essentiel. Dans ce contexte-là, quels propos a exactement tenu M. Philippe ? Des paroles anodines ont pu être entendues ou interprétées dans le sens de la vague déferlante. Je ne sais. Mais si nous jugeons l'arbre à ses fruits, je ne vois rien dans la conduite de M. Philippe, qui puisse accréditer la thèse d'un M. Philippe antisémite ; et rien non plus, chez ses disciples directs – c'est important de le souligner – qui aillent dans le sens du courant antisémite, bien au contraire. Songez que dans l'affaire Dreyfus, par exemple, Papus prendra d'emblée une position aussi ferme que courageuse en faveur de l'officier français.


France-Spiritualités : Que pouvez-vous nous dire sur les carnets chiffrés que M. Philippe laissa au Dr Marc Haven (Emmanuel Lalande, de son vrai nom) et que ce dernier montra à Papus ? Savez-vous ce qu'ils sont devenus ?

Serge Caillet :
M. Philippe n'a pas seulement laissé des documents chiffrés destinés à Marc Haven, ou encore à Sédir, sous forme de carnets, mais aussi sous forme de petits rouleaux de quelques centimètres de large et d'un mètre de longueur environ. Les uns et les autres ont été conservés dans des collections privées, et il ne devrait pas être trop difficile de les déchiffrer puisque M. Philippe a également laissé un instrument – une sorte de réglette – qui permettait la codification, et donc le déchiffrement, de ces textes.


France-Spiritualités : Vous êtes spécialiste à la fois de Martines de Pasqually et de M. Philippe. Le premier n'enseignait pas la réincarnation, au sens actuel du terme, alors que le second allait jusqu'à évoquer des règles quasiment mathématiques en ce domaine et affirmait connaître ses incarnations précédentes. Quelles conclusions en tirez-vous ?

Serge Caillet :
Depuis l'âge de 19 ans, Martines de Pasqually est cher à mon cœur, et je n'ai pas cessé d'étudier sa vie, sa pensée, sa doctrine. Cette rencontre à travers le temps, je la tiens pour réellement providentielle, et Martines de Pasqually représente pour moi, entre bien peu, un authentique maître d'initiation, dont Louis-Claude de Saint-Martin, qui m'est cher lui aussi, disait qu'il était le seul homme vivant dont il n'avait pu faire le tour. M. Philippe, pour moi, c'est autre chose : je l'ai rencontré, si je puis dire, à travers le livre si utile de Philippe Encausse dont la lecture m'avait bouleversé. Je venais d'avoir 20 ans. Puis je m'y suis intéressé pour les raisons que je vous ai indiquées tout à l'heure. J'admire M. Philippe sans le suivre pour autant en tout.
      Martines à sa façon, M. Philippe à sa façon, à deux époques différentes, représentent deux courants de pensée qui coexistent en Occident au moins depuis le XVIIIe siècle – avant, je ne suis pas sûr – l'un qui nie la réincarnation dans le sens qu'Allan Kardec, vers 1850, a donné à ce mot de son invention, l'autre qui, souvent à grand renfort d'exemples tirés de l'Ecriture, enseigne cette doctrine comme une loi générale.

      Pour ma part, et je ne suis pas le seul, je ne crois pas du tout que l'idée de la réincarnation, telle qu'on l'entend aujourd'hui, ou telle qu'on l'entendait à l'époque de Papus, corresponde à une réalité ! Et je suis bien tenté, pour une fois, de suivre René Guénon quand il affirme que cette notion est moderne. En particulier, je ne crois pas, mais alors pas du tout, que le Christ enseignât cette doctrine, et les paroles de l'Ecriture qu'on cite toujours pour étayer cette thèse sont sans aucun rapport pour qui connaît les textes auxquels on fait souvent dire n'importe quoi. Encore faut-il se donner la peine d'étudier le texte grec dans son contexte historique et théologique ! Origène mis à part, dont le cas est d'ailleurs plus complexe que ne se plaisent à le croire nos modernes réincarnationistes qui l'enrôlent un peu trop facilement dans leurs rangs, aucun Père de l'Eglise n'enseigne cette doctrine. La préexistence n'est pas la réincarnation. Et la notion traditionnelle de rotation des âmes qu'on rencontre dans la Kabbale ne correspond pas à la réincarnation façon Kardec. Il faudrait aussi évoquer la question complexe des héritages psychiques...


France-Spiritualités : On sait que M. Philippe a eu une influence extrêmement profonde sur les occultistes du cercle de Papus, au point de bouleverser leur approche de la spiritualité et même leur vie tout entière. Ne pensez-vous pas que c'est principalement à travers l'œuvre de ces "disciples" qu'a survécu le message de celui en qui ces hommes voyaient volontiers le "Maître inconnu" ?

Serge Caillet :
L'exemple et le message de M. Philippe ont en effet été relayés de son vivant, puis après le départ de leur maître, par les disciples de M. Philippe, dont beaucoup étaient des compagnons de route de Papus. Songez d'ailleurs à l'influence du bon Papus, en particulier au sein de l'Ordre martiniste ; de Sédir, dont l'œuvre littéraire continue de porter ses fruits, en dehors comme au sein du cercle des Amitiés spirituelles, cette association "libre et charitable", comme elle se définit elle-même, qu'il a fondé et qui reste bien vivante aujourd'hui. Songez encore à l'Entente amicale évangélique de Phaneg, aux Amis de maître Philippe...


France-Spiritualités : On sait que M. Philippe avait également des dons de voyance assez surprenants, mais ses prédictions apocalyptiques concernant le monde ne se sont – fort heureusement – pas concrétisées. Qu'en pensez-vous ?

Serge Caillet
: Je reviens encore et toujours à la question que je pose à chaque fois que sont rapportés des propos de M. Philippe : a-t-il vraiment dit cela ? Un disciple très avisé de M. Philippe, avec qui j'évoquais précisément ce problème, me soutenait tout récemment qu'il n'avait jamais tenu pareils propos, ou du moins qu'il s'agit là d'une interprétation abusive de ses propos... Pour ma part, je n'en sais rien.


France-Spiritualités : A titre personnel, qu'avez-vous retiré de l'écriture de ce livre ?

Serge Caillet :
J'y ai d'abord pris beaucoup de plaisir ! En allant ainsi à la rencontre de ce personnage très singulier, plus singulier encore que bien des singuliers qui m'ont intéressé, il me plaît de croire que je m'en suis rapproché, qu'il m'est devenu un peu plus familier. Les hommes et les femmes qui ont fait l'histoire de l'occultisme, cette histoire qui, précisément, fait l'objet de mon travail et de mes livres, ne sont pas des cadavres à autopsier. Ils sont vivants dans le cœur de ceux qui les aiment, et ils sont vivants, je le crois, dans le sein d'Abraham. Alors, parfois, transcrivant tel ou tel passage, réfléchissant à telle ou telle énigme de son histoire, rédigeant tel ou tel passage du livre, je me suis plu à imaginer que M. Philippe, en ces instants, n'était pas bien loin de moi. Et pourquoi pas, puisqu'il était dans mon cœur et dans mes pensées ?


France-Spiritualités : Et dernière question : vous qui avez "passé" tellement de temps avec M. Philippe pour écrire cet ouvrage, quel regard portez-vous sur lui à présent ? Etait-il, selon vous, un être missionné ?

Serge Caillet :
Votre question nous ramène à l'essentiel et je suis heureux que nous terminions ainsi. Je me réfère souvent à l'avis autorisé d'un autre homme de Dieu, qui était aussi un homme d'Eglise : l'abbé Julio, qui, en 1901, avait rendu visite à M. Philippe à Lyon et écrivait à son retour : « Je l'ai entendu prier, et je me suis courbé devant lui, reconnaissant qu'il avait l'Esprit de Dieu ». M. Philippe a cherché à vivre en imitant à sa façon le Christ, non pas comme un singe de Jésus, mais parce que tout chrétien doit vivre en imitant le Christ dont il devient alors, par bénédiction divine, le frère adoptif. M. Philippe, frère et ami du Seigneur, je le crois, ne possédait pas pour autant la vérité parfaite. Mais la Vérité possédait en quelque sorte M. Philippe parce que le Christ glorifié est un esprit dispensateur de vie : il est avec tous les siens un seul corps, au point que, par anticipation, la vie des siens est déjà une vie divine dans laquelle, quoique leur personnalité reste intacte, ils deviennent un autre Christ, capable d'accomplir des miracles et de manifester la présence divine. En ce sens, M. Philippe, le "pauvre en esprit" comme me le disait un de ses disciples, m'apparaît bien comme un messager des Cieux. Il faut, n'est-ce pas, juger l'arbre à ses fruits, qui, en l'espèce, me paraissent gorgés de soleil !


France-Spiritualités : Serge, merci pour ces réponses.




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