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Entrevue avec Virya (Georges Lahy)

Georges Lahy
Introduction à la Kabbale (3 / 3)
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Le kabbaliste Virya (Georges Lahy), auteur de nombreux ouvrages de fond sur la Kabbale mystique et traducteur de textes importants de la mystique juive – tels que le Sepher Yetsirah et Les Portes de la Lumière, de Joseph Gitakilla – a bien voulu répondre à quelques questions sur les fondements de la Kabbale. Reproduction partielle ou intégrale de cette interview interdite.
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Virya (Georges Lahy)France-Spiritualités : On retrouve certains de ces concepts dans le Taoïsme, et même dans le New Age. Justement, que pensez-vous des enseignements dits kabbalistiques de certains courants New Age ?

Virya :
Comme je l'ai dit tout à l'heure, le concept kabbalistique de "Merkavah", par exemple, n'a rien à voir avec la "Merkabah" de Drunvalo Melchisedek. Ceci dit, la Kabbale est très ouverte ; il s'agit d'un système d'ouverture qui est tout prêt à s'insérer dans d'autres systèmes. Elle a d'ailleurs déjà bien alimenté tous les Ordres initiatiques occidentaux depuis le XVe siècle et ensemencé beaucoup de mouvements sans problèmes. Son système d'ouverture et de remise en question permanente peut lui permettre de continuer de traverser tout le New Age. Toutefois, il faut que le mouvement New Age respecte un minimum la Kabbale s'il veut s'y rattacher – ce qui n'est d'ailleurs pas une obligation du tout... On sait que le New Age est très syncrétique et prend des morceaux d'un peu toutes les Traditions. Le reproche que l'on pourrait faire à ce mouvement, et que l'on pourrait d'ailleurs étendre à certains auteurs du XVIIe et du XVIIIe siècles, c'est que lorsqu'on ne prend que quelques ingrédients d'une Tradition, ceux-ci perdent de leur saveur et de leur force dans la mesure où ils perdent leurs racines – pour prendre une analogie, lorsqu'on prend une fleur sans prendre toutes ses racines, elle dure forcément beaucoup moins longtemps. L'enseignement kabbalistique peut donc s'estomper dans cette pensée New Age. Ce que l'on peut aussi reprocher un peu aux auteurs New Age, qui ont quand même pour certains une grande connaissance des diverses Traditions, c'est de manquer parfois de profondeur quant à ces Traditions et de sortir des éléments de leur contexte pour n'en garder ainsi que l'enveloppe.
      Comme vous le savez, le New Age vient essentiellement des Etats-Unis. Or, là-bas, il y a énormément de rabbins libéraux, qui enseignent et étudient beaucoup la Kabbale, et eux ont su l'adapter et l'ouvrir à de nouveaux concepts. Il existe une très volumineuse littérature écrite par des rabbins libéraux américains – qui ont à la fois la connaissance de la langue hébraïque et la connaissance des textes, dans la mesure où, bien souvent, ils ont fréquenté des écoles religieuses très sérieuses et très traditionnelles. Et j'ai pu trouver dans cette littérature des enseignements très intéressants qui témoignent d'une belle ouverture. Le problème est qu'il est difficile pour des lecteurs non avertis de faire le tri entre ce qui est traditionnel et ce qui ne l'est pas, car j'ai vu des choses écrites par des rabbins libéraux américains qui n'étaient pas fondées du tout.
      Finalement, la Kabbale est une voie hermétique, une mystique ésotérique secrète parfois, et le premier travail du chercheur en Kabbale, qu'elle soit traditionnelle ou New Age, est de s'assurer que les textes qu'il étudie sont réellement conformes. En effet, la liberté actuelle – tant mieux, d'ailleurs – permet à n'importe quel auteur qui n'aurait jamais ouvert un livre de Kabbale de sa vie de prendre quelques termes ici et là et d'écrire un livre. Le problème, c'est que c'est déjà arrivé. L'apparence y est – les gens voient qu'il y a tous les noms des Séfiroth, qu'il y a même les noms des grands kabbalistes, etc. – mais lorsqu'on regarde le contenu, on s'aperçoit que la personne n'a absolument rien compris.


France-Spiritualités : Que pensez-vous du système kabbalistique établi par Dion Fortune (de son vrai nom, Violet Mary Firth), dérivé de celui de la Golden Dawn, et que l'on trouve notamment développé dans son ouvrage La Cabale Mystique (Editions Adyar) ?

Virya :
C'est quelqu'un qui a essayé de faire une sorte de Kabbale chrétienne... Mais il y a quelque chose d'assez bizarre, qui, d'une manière générale, touche beaucoup de ceux qui ont essayé de ramener la Kabbale dans le cadre de la religion chrétienne – que ce soit Dion Fortune, Eliphas Lévi, Papus, ou même Robert Ambelain – c'est que ces auteurs n'ont pas pris le temps d'aller consulter de manière approfondie les œuvres des kabbalistes chrétiens de la Renaissance, alors que celles-ci constituent une littérature extraordinaire, dans laquelle il suffit d'aller puiser. Pourtant, on ne trouve chez ces auteurs que des bribes de ces kabbalistes chrétiens – un peu de Rœchlin par-ci, un peu de Pic de la Mirandole par-là. Celui qui les a le plus marqués est sans doute Heinrich Cornelius Agrippa>, dont la Philosophie Occulte les a beaucoup attirés. Or, Agrippa s'est inspiré de textes que ces auteurs n'ont, là aussi, pas pris la peine d'aller consulter.
      Paradoxalement, aujourd'hui encore, la Kabbale chrétienne est grandement délaissée par les auteurs chrétiens. L'un des plus grands spécialistes actuels de cette Kabbale est en fait Moshe Idel, le successeur de Gershom Sholem à la chaire de Kabbalah de l'Université de Jérusalem. A la suite de Sholem, Moshe Idel a continué de recenser, exhumer et microfilmer un nombre impressionnant de textes kabbalistiques juifs ; le travail accompli est colossal ! Un jour, lors d'une de ses conférences, Idel a déclaré que beaucoup de textes hébreux avaient disparu et que l'on ne disposait plus, les concernant, que de traductions, la plupart du temps partielle, par des kabbalistes chrétiens. Il existe ainsi tout une littérature, dans les archives de la Kabbale chrétienne, dans laquelle on trouve des pans entiers de textes hébreux traduits en latin, dont on a perdu les originaux. Ainsi, dans la Kabbala denudata de Knorr von Rosenroth, il y a le fameux texte intitulé Le Feu du Fondeur – malheureusement incomplet. Ce texte est hébreu, c'est sûr ; ses références montrent bien sa structure. On arrive même à déterminer l'époque à laquelle il a pu être écrit. Or, on en a perdu toute trace. Et il y a énormément de textes dans ce cas. C'est pourquoi les chercheurs kabbalistes juifs ont commencé à fouiller en profondeur dans les archives de la Kabbale chrétienne ; et aujourd'hui, les plus grands spécialistes de cette Kabbale sont des Juifs, ce qui n'est pas tout à fait logique. Il y a en fait très peu d'auteurs chrétiens qui s'occupent véritablement de Kabbale chrétienne ; la liste est vite faite : il n'y a en gros que François Secret [Note France-Spiritualités : Les ouvrages de cet auteur sont pour la plupart disponibles aux Editions Archè Milano]. Il est évident que les textes d'Eliphas Lévi, de Papus, et des occultistes en général auraient été beaucoup plus riches si leurs auteurs étaient allés consulter, par exemple, le De Harmonia Mundi, de Francesco Giorgi, ou d'autres documents de ce type.


France-Spiritualités : La Kabbale traitant par essence de l'universel et de l'humanisme, au sens ontologique de ces termes, pensez-vous qu'elle puisse justement apporter quelque chose d'universel à l'humanité actuelle ?

Virya :
Ceci permet de revenir à la question précédente. La Kabbale est en effet basée sur le questionnement et l'ouverture, et c'est ce qui lui a permis de traverser les siècles, les concepts et aussi les lieux où elle s'est développée ; c'est ce qui lui a permis également d'influencer les kabbalistes chrétiens et toutes les écoles de philosophie occulte occidentales, puisqu'on en trouve des traces partout. D'autre part, on a vu que le courant New Age a su l'utiliser également. La Kabbale représente donc un potentiel.
      La Kabbale repose sur des lois assez universelles, qui fonctionnent bien. Mais une de ses parties constitue un domaine réservé : il s'agit de son aspect typiquement religieux, qui, lui, restera toujours à part. En revanche, la Kabbale peut apporter beaucoup de choses au niveau de la connaissance des lois de l'univers, et même au niveau de la connaissance du son. Si l'on prend par exemple les techniques de combinaison des sons d'Abraham Aboulafia, on s'aperçoit qu'elles sont basées sur des sons très simples qui n'ont aucun lien avec une quelconque croyance et qui pourront être répétés encore dans mille ou deux milles ans, aussi longtemps que le langage humain existera. Cela ressemble beaucoup plus aux sons que prononce un bébé qu'à ceux que peut prononcer un adulte intellectuel. Ces sons étant très simples, rien ne s'oppose à leur utilisation, quelle que soit l'époque, moyennant une adaptation à celle-ci.
      Puis, finalement, la Kabbale intrigue encore. En 1998, Charles Mopsik a organisé un colloque, intitulé "L'origine primordiale", auquel ont participé des astrophysiciens de premier plan, comme Joseph Silk [Note France-Spiritualités : Professeur d'astronomie et de physique à l'Université de Berkeley, en Californie] et Trinh Xuan Thuan [Note France-Spiritualités : Professseur d'astronomie à l'université de Charlottesville, en Virginie], ainsi que des kabbalistes de diverses orientations, religieuse ou mystique. Le but de cette rencontre était de mettre face à face les découvertes de la science sur la création du monde et ce qu'en disent les kabbalistes ; et des choses très étonnantes en sont sorties. En fait, quand on entendait certains astrophysiciens parler, on avait l'impression qu'ils connaissaient l'enseignement de la Kabbale. Et quand certains kabbalistes se mettaient à raconter la création du monde, en évoquant le Tsimtsoum d'Isaac Louria – qui est une sorte de big-bang –, on s'apercevait qu'au XIIe siècle, les kabbalistes avaient déjà compris le processus d'expansion de l'univers. Il est donc clair que la Kabbale peut apporter des choses sur la connaissance du monde.
      Personnellement, je travaille à l'heure actuelle sur l'application des racines hébraïques en psychothérapie. La manipulation des racines hébraïques est une technique très ancienne, qui a été pratiquée de tous temps par les maîtres de la Kabbale. Je suis simplement en train de l'adapter à la vie moderne. Il s'agit donc d'une démarche qui peut apporter quelque chose, et je pense que la Kabbale sera toujours disponible pour ce genre d'utilisation. Mais elle restera, à mon avis, là où elle a toujours été – c'est-à-dire en marge. La Kabbale n'est pas un système destiné à mener des masses ni à être donné au grand public. Lorsqu'on étudie l'histoire de la Kabbale, on s'aperçoit en effet qu'à chaque fois qu'il y a eu un grand courant kabbalistique populaire, les choses ont mal tourné. Le plus grand s'est développé au XVIIe siècle, avec un kabbaliste turc, Shabbataï Tsvi (1626-1676), qui s'était présenté comme étant le Messie, ce qui faillit lui coûter la vie. Ce mouvement a failli faire basculer le Judaïsme.
      En fait, la Kabbale est un domaine de recherche. Pour suivre le domaine de la Kabbale, il faut en avoir envie. On ne peut pas aller chercher quelqu'un et lui imposer la Kabbale, car il ne tiendra jamais. Il faut en effet avoir une certaine motivation. C'est donc une sorte de ligne parallèle de connaissance, assez universelle, qui peut s'adapter à tout et suivre les époques. Mais je pense qu'elle restera toujours sur le bord du chemin. Dès que quelqu'un, au milieu du chemin, a besoin de cette aide-là, il peut aller y puiser à tout moment. C'est comme ça depuis l'origine, et je pense que cela continuera ainsi. La Kabbale est un système de références, au sein duquel certaines personnes effectuent leurs recherches – dont ils parlent ou ne parlent pas – et quand elle peut apporter quelque chose, elle le fait ; dans le cas contraire, elle reste dans son domaine réservé.b


France-Spiritualités : Trouve-t-on trace des conceptions kabbalistiques dans des civilisations autres que celles de la Mésopotamie et de l'Egypte ?

Virya :
Purement kabbalistiques, non, dans la mesure où la Kabbale est un système particulier qui s'est développé avec ses propres concepts. Mais il est clair que la Kabbale a subi des influences ; on a vu, par exemple, que les Enanthioses pythagoriciennes avaient été entièrement reprises. La Kabbale s'est en effet développée en pleine période néo-pythagoricienne. Les premiers maîtres de la Kabbale, comme Abraham Aboulafia, étaient des passionnés de la pensée d'Aristote. L'Egypte a pu avoir une influence, dans la mesure où le peuple hébreu y est passé. Babylone a eu une influence sur l'ésotérisme hébreu ; cela est certain. Les anges, par exemple, viennent de Babylone. Et l'on peut même considérer que le soufisme a eu une influence, puisqu'Abraham Aboulafia a développé ses techniques de combinaisons de lettres – qu'il a appelé le "Tsérouf", l'art combinatoire – en observant des soufis turcs appliquer leurs méthodes. Il est donc normal que l'on trouve certains liens.
      Maintenant, à un autre niveau, il existe des éléments communs entre la Kabbale et d'autres Traditions – le bouddhisme, le taoïsme, le chamanisme, ou autres – sans que l'on puisse, je crois, parler véritablement d'influences. Simplement, du fait que la Kabbale repose sur des bases universelles, il est logique que dans d'autres Traditions, d'autres penseurs et d'autres maîtres aient développé les mêmes concepts et utilisé les mêmes symboles représentant des choses élémentaires de la vie. Il est donc évident que l'on va trouver des signes très semblables. Il y a même certains sceaux kabbalistiques très particuliers qui se sont développés vers le XVe siècle, qui ressemblent beaucoup à des signes vaudous du Brésil ou des Antilles. Y a-t-il eu influence, ou bien les gens, dans leurs extases mystiques, ont-ils ramené ces symboles universels d'autres plans ? En tous les cas, il n'existe pas réellement de liens historiques.
      Toutefois, il faut savoir que, même si les moyens de communication et de transport étaient beaucoup moins développés qu'aujourd'hui, les sages et les penseurs du Moyen-Age et même d'avant voyageaient beaucoup et allaient souvent même très loin. Ainsi, si l'on étudie Le Guide des Egarés, de Maïmonide, on peut y lire : «Contrairement à ce que disent les Atcharias... ». Or, les Atcharias sont des maîtres indiens. Cela veut donc dire que Maïmonide, grand penseur, médecin de Saladin, était en relation avec des maîtres de l'Inde. On ne peut donc pas nier qu'il y ait eu des influences à ce niveau-là aussi. Ils discutaient d'ailleurs beaucoup, à cette époque, entre religions.


France-Spiritualités : Est-ce que l'on pourrait donc parler de vestiges d'une Tradition Primordiale, d'une "philosophia pereri" ayant fleuri à l'aube de l'humanité ?

Virya :
Oui, dans la mesure où la Kabbale repose sur des bases assez universelles, il y a forcément un tronc commun. Maintenant, il faut savoir que la Kabbale telle qu'on la développe aujourd'hui a connu son expansion à partir du XIe siècle. Elle reposait elle-même sur l'ésotérisme talmudique, qui lui-même s'appuyait sur l'ésotérisme du second Temple, qui reposait à son tour sur les emprunts faits lors de l'exil de Babylone. Avant cela, il y a eu toute la mystique et tous les mystères du premier Temple. Et avant le premier Temple, il y a eu l'Egypte. En fait, donc, on ne sait pas exactement ce qui est commun à toutes ces Traditions, ce que l'une a apporté aux autres et ce qu'elle a reçu des autres. Mais il est évident que si l'on remonte très loin, on va trouver un point commun à toutes ces Traditions.
      Notez que l'on pourrait se livrer à la même opération avec les Traditions hittite, sumérienne ou autres, et l'on s'apercevrait qu'à un certain moment, elles se rencontrent. Sans doute faudrait-il également s'intéresser aux Traditions de l'Inde et essayer de trouver une source commune. Il semblerait que l'Egypte ait été une plateforme de rencontre. Maintenant, il faudrait savoir également ce qui s'est passé avant l'Egypte. Le problème, c'est que comme on ne sait même pas ce qui s'est passé sur le terrain pendant la guerre du Golfe... pour savoir ce qui s'est passé en Egypte à cette époque, c'est un peu délicat ! :-)


France-Spiritualités : Effectivement :-) Pensez-vous qu'un non-hébraïsant puisse aller loin dans l'étude et la mise en pratique de la Kabbale ?

Virya :
Pour répondre à cette question je crois qu'il faut considérer deux aspects. Tout d'abord, si c'est pour une liberté d'étude du texte, là il faut absolument être hébraïsant. Il est même conseillé d'être hébraïsant pour pouvoir descendre dans les textes bibliques et travailler à leur décodage ; à ce niveau, la connaissance de l'hébreu est indispensable.
      Ceci étant, il y a un certain niveau d'étude où il ne s'agit pas d'être hébraïsant, mais simplement de connaître quelques termes. Comprendre la Kabbale à travers ses enseignements sur l'infini, sur les Séfiroth, sur beaucoup de ses concepts essentiels, ne nécessite pas d'être hébraïsant ; cet aspect-là est ouvert à tout le monde. Il y a en effet énormément de choses qui sont traduisibles en français.
      Toutefois, si l'on veut disposer d'une plus grande liberté pour travailler sur les combinaisons de lettres, sur la Guématria – qui est l'art numérique permettant de passer d'un mot à l'autre –, ou même pour accéder à des textes qui n'ont jamais été traduits, là oui, il faut être hébraïsant. Toutefois, le problème avec les textes anciens de la Kabbale, c'est qu'un Israélien n'est pas forcément capable de les comprendre ; bien sûr, il est probable qu'il en dégagera toujours plus ou moins un sens, mais il aura les mêmes difficultés qu'un Français confronté à un texte en vieux français. Il existe énormément de textes en vieux français que les gens sont incapables de lire et dont le déchiffrage requiert de faire appel à des spécialistes. C'est exactement le même problème en hébreu. Pour être hébraïsant kabbaliste, il faut être capable d'étudier en hébreu ancien – qui est d'ailleurs enseigné.


France-Spiritualités : Que peut apporter la Kabbale à ceux qui l'étudient ?

Virya :
La Kabbale apporte beaucoup, dans la mesure où il s'agit d'une voie complète. C'est une voie d'ouverture et d'éveil, qui permet de se remettre en question en permanence. La Kabbale est également une voie de transformation : le kabbaliste, dans les premiers degrés d'étude, va apprendre à décoder les textes, à les lire à plusieurs niveaux ; et progressivement, une fois que ces méthodes auront été intégrées, il va pouvoir commencer à faire de même sur lui-même et dans son environnement, c'est-à-dire à entendre plusieurs choses lorsqu'une chose est dite, à décoder le pourquoi des choses ; c'est donc une autre ouverture qui s'offre au kabbaliste.
      Ensuite, cette capacité d'ouvrir en permanence apporte une certaine joie intérieure ; on sort d'une vie étouffante. On s'aperçoit que, même quand on est face à un problème désagréable, si l'on en trouve la cause, le pourquoi, on peut se rendre compte que cet épisode désagréable n'est qu'un stimulant pour nous montrer ce qu'il y a véritablement en nous. C'est pour ça que la mystique kabbalistique est une mystique de joie ; cet éveil permanent, lorsqu'il fonctionne, apporte un état de joie permanent.
     Il y a également cette notion d'ouverture qui permet de se comprendre à plusieurs niveaux, de s'apercevoir que l'on n'est pas qu'un simple corps limité, mais que notre corps n'est en fait que l'aboutissement de tous nos processus de création ; la connaissance des degrés intermédiaires pemet alors de changer totalement sa vie.
      Maintenant, il est aussi très difficile de dire ce que la Kabbale peut apporter, dans la mesure où cela va dépendre aussi de ce que l'on y cherche. Quelque part, la Kabbale est un peu l'auberge espagnole : on n'y mange que ce qu'on y apporte. Certaines personnes sont très attirées par l'intellect, et la Kabbale va leur apporter des nourritures intellectuelles fabuleuses. D'autres sont beaucoup plus attirées par les formes d'extase, d'expériences mystiques directes ; la Kabbale peut également apporter cela – il suffit de le lui demander. Il y a des gens qui sont passionnés par les nombres : la Kabbale peut tout transformer en nombres. Bien sûr, il faut savoir pourquoi on veut le faire, et si cela apporte vraiment quelque chose.
      L'idéal est en fait de trouver un équilibre entre tous ces aspects. Il y a en fait tellement de portes dans la Kabbale, que les plus grands maîtres kabbalistes n'ont jamais pu les ouvrir toutes ; il n'est pas possible, en effet, d'être expert dans tous les domaines de la Kabbale. Tous les grands maîtres, avec leurs spécificités et leurs qualités propres, se sont orientés dans telle ou telle direction, mais aucun n'a ouvert toutes les portes.


France-Spiritualités : Pour finir, quels ouvrages recommandez-vous à ceux qui souhaitent aborder l'étude de la Kabbale ?

Virya :
En introduction, je conseillerai la lecture d'ouvrages d'amis ; tout d'abord, celui de Marc-Alain Ouaknin : Mystères de la Kabbale, aux Editions Assouline, qui est une remarquable synthèse écrite dans un style facile à lire. C'est un très, très bon ouvrage d'introduction. Et également le livre de Charles Mopsik : Cabale et cabalistes, aux Editions Bayard, qui propose une belle étude, ainsi que des textes et des enseignements de différentes époques. Ce sont deux excellents ouvrages pour entamer l'étude de la Kabbale.


France-Spiritualités : Auxquels on peut ajouter les vôtres, comme par exemple Lumières sur la Kabbale, aux Editions Jeanne Laffite... Virya, merci beaucoup pour ces réponses passionnantes.




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