France-Spiritualités
: On retrouve certains de ces concepts dans le Taoïsme, et
même dans le New Age. Justement, que pensez-vous des
enseignements dits kabbalistiques de certains courants New Age ?
Virya : Comme je l'ai dit tout à l'heure, le
concept kabbalistique de "
Merkavah", par exemple,
n'a rien à voir avec la "
Merkabah" de
Drunvalo Melchisedek. Ceci dit, la Kabbale est très ouverte
; il s'agit d'un système d'ouverture qui est tout
prêt à s'insérer dans d'autres
systèmes. Elle a d'ailleurs déjà bien
alimenté tous les Ordres initiatiques occidentaux depuis le
XVe siècle et ensemencé beaucoup de mouvements
sans problèmes.
Son système d'ouverture et de
remise en question permanente peut lui permettre de continuer de
traverser tout le New Age. Toutefois, il faut que le mouvement New Age
respecte un minimum la Kabbale s'il veut s'y rattacher ce qui n'est
d'ailleurs pas une obligation du tout... On sait que le New Age est
très syncrétique et prend des morceaux d'un peu
toutes les Traditions. Le reproche que l'on pourrait faire à
ce mouvement, et que l'on pourrait d'ailleurs étendre
à certains auteurs du XVIIe et du XVIIIe siècles,
c'est que lorsqu'on ne prend que quelques ingrédients d'une
Tradition, ceux-ci perdent de leur saveur et de leur
force dans la
mesure où ils perdent leurs racines pour prendre une
analogie, lorsqu'on prend une
fleur sans prendre toutes ses racines,
elle dure forcément beaucoup moins longtemps. L'enseignement
kabbalistique peut donc s'estomper dans cette pensée New
Age. Ce que l'on peut aussi reprocher un peu aux auteurs New Age, qui
ont quand même pour certains une grande connaissance des
diverses Traditions, c'est de manquer parfois de profondeur quant
à ces Traditions et de sortir des
éléments de leur contexte pour n'en garder ainsi
que l'enveloppe.
Comme vous le savez, le New Age vient
essentiellement des Etats-Unis. Or, là-bas, il y a
énormément de rabbins libéraux, qui
enseignent et étudient beaucoup la Kabbale, et eux ont su
l'adapter et l'ouvrir à de nouveaux concepts. Il existe une
très volumineuse littérature écrite
par des rabbins libéraux américains qui ont
à la fois la connaissance de la langue
hébraïque et la connaissance des textes, dans la
mesure où, bien souvent, ils ont
fréquenté des écoles
religieuses
très sérieuses et très
traditionnelles. Et j'ai pu trouver dans cette littérature
des enseignements très intéressants qui
témoignent d'une belle ouverture. Le problème est
qu'il est difficile pour des lecteurs non avertis de faire le tri entre
ce qui est traditionnel et ce qui ne l'est pas, car j'ai vu des choses
écrites par des rabbins libéraux
américains qui n'étaient pas fondées
du tout.
Finalement, la Kabbale est une voie
hermétique, une
mystique ésotérique
secrète parfois, et le premier travail du chercheur en
Kabbale, qu'elle soit traditionnelle ou New Age, est de s'assurer que
les textes qu'il étudie sont réellement
conformes. En effet, la
liberté actuelle tant mieux,
d'ailleurs permet à n'importe quel auteur qui n'aurait
jamais ouvert un livre de Kabbale de sa vie de prendre quelques termes
ici et là et d'écrire un livre. Le
problème, c'est que c'est déjà
arrivé. L'apparence y est les gens voient qu'il y a tous
les noms des Séfiroth, qu'il y a même les noms des
grands kabbalistes, etc. mais lorsqu'on regarde le contenu, on
s'aperçoit que la personne n'a absolument rien compris.
France-Spiritualités : Que pensez-vous du
système kabbalistique établi par Dion Fortune (de
son vrai nom, Violet Mary Firth), dérivé de celui
de la Golden Dawn, et que l'on trouve notamment développé dans son ouvrage La Cabale Mystique
(Editions Adyar) ?
Virya : C'est quelqu'un qui a essayé de faire une
sorte de Kabbale chrétienne... Mais il y a quelque chose
d'assez bizarre, qui, d'une manière
générale, touche beaucoup de ceux qui ont
essayé de ramener la Kabbale dans le cadre de la
religion
chrétienne que ce soit Dion Fortune, Eliphas
Lévi, Papus, ou
même Robert Ambelain c'est que ces auteurs n'ont pas pris
le temps d'aller consulter de manière approfondie les uvres
des kabbalistes chrétiens de la Renaissance, alors que
celles-ci constituent une littérature extraordinaire, dans
laquelle il suffit d'aller puiser. Pourtant, on ne trouve chez ces
auteurs que des bribes de ces kabbalistes chrétiens un peu
de Rchlin par-ci, un peu de Pic de la Mirandole par-là.
Celui qui les a le plus marqués est sans doute Heinrich
Cornelius Agrippa>, dont la
Philosophie
Occulte les a beaucoup
attirés. Or, Agrippa s'est inspiré de textes que
ces auteurs n'ont, là aussi, pas pris la peine d'aller
consulter.
Paradoxalement, aujourd'hui encore, la
Kabbale chrétienne est grandement
délaissée par les auteurs chrétiens.
L'un des plus grands spécialistes actuels de cette Kabbale
est en fait Moshe Idel, le successeur de Gershom Sholem à la
chaire de Kabbalah de l'Université de Jérusalem.
A la suite de Sholem, Moshe Idel a continué de recenser,
exhumer et microfilmer un nombre impressionnant de textes
kabbalistiques juifs ; le travail accompli est colossal ! Un
jour, lors
d'une de ses conférences, Idel a
déclaré que beaucoup de textes hébreux
avaient disparu et que l'on ne disposait plus, les concernant, que de
traductions, la plupart du temps partielle, par des kabbalistes
chrétiens. Il existe ainsi tout une littérature,
dans les archives de la Kabbale chrétienne, dans laquelle on
trouve des pans entiers de textes hébreux traduits en latin,
dont on a perdu les originaux. Ainsi, dans la
Kabbala
denudata de Knorr von Rosenroth, il y
a le fameux texte intitulé
Le Feu du Fondeur
malheureusement incomplet. Ce texte est hébreu, c'est
sûr ; ses références montrent bien sa
structure. On arrive même à déterminer
l'époque à laquelle il a pu être
écrit. Or, on en a perdu toute trace. Et il y a
énormément de textes dans ce cas. C'est pourquoi
les chercheurs kabbalistes juifs ont commencé à
fouiller en profondeur dans les archives de la Kabbale
chrétienne ; et aujourd'hui, les plus grands
spécialistes de cette Kabbale sont des Juifs, ce qui n'est
pas tout à fait logique. Il y a en fait très peu
d'auteurs chrétiens qui s'occupent véritablement
de Kabbale chrétienne ; la liste est vite faite : il n'y a
en gros que
François Secret
[Note
France-Spiritualités : Les ouvrages de cet auteur sont pour
la plupart disponibles aux Editions Archè Milano].
Il est évident que les textes d'Eliphas
Lévi, de
Papus, et des occultistes en général auraient
été beaucoup plus riches si leurs auteurs
étaient allés consulter, par exemple, le
De Harmonia Mundi,
de Francesco Giorgi, ou d'autres documents de ce type.
France-Spiritualités : La Kabbale traitant
par essence de l'universel et de l'humanisme, au sens ontologique de
ces termes, pensez-vous qu'elle puisse justement apporter quelque chose
d'universel à l'humanité actuelle ?
Virya : Ceci permet de revenir à la question
précédente. La Kabbale est en effet
basée sur le questionnement et l'ouverture, et c'est ce qui
lui a permis de traverser les siècles, les concepts et aussi
les lieux où elle s'est développée ;
c'est ce qui lui a permis également d'influencer les
kabbalistes chrétiens et toutes les écoles de
philosophie
occulte occidentales, puisqu'on en trouve des traces
partout. D'autre part, on a vu que le courant New Age a su l'utiliser
également. La Kabbale représente donc un
potentiel.
La Kabbale repose sur des lois assez
universelles, qui fonctionnent bien. Mais une de ses parties constitue
un domaine réservé : il s'agit de son aspect
typiquement
religieux, qui, lui, restera toujours à part. En
revanche, la Kabbale peut apporter beaucoup de choses au niveau de la
connaissance des lois de l'univers, et même au niveau de la
connaissance du son. Si l'on prend par exemple les techniques de
combinaison des sons d'Abraham Aboulafia, on s'aperçoit
qu'elles sont basées sur des sons très simples
qui n'ont aucun lien avec une quelconque croyance et qui pourront
être répétés encore dans
mille ou deux milles ans, aussi longtemps que le langage humain
existera. Cela ressemble beaucoup plus aux sons que prononce un
bébé qu'à ceux que peut prononcer un
adulte intellectuel. Ces sons étant très simples,
rien ne s'oppose à leur utilisation, quelle que soit
l'époque, moyennant une
adaptation à celle-ci.
Puis, finalement, la Kabbale intrigue
encore. En 1998, Charles Mopsik a organisé un
colloque,
intitulé "
L'origine primordiale", auquel
ont participé des astrophysiciens de premier plan, comme
Joseph Silk
[Note
France-Spiritualités : Professeur d'astronomie et de
physique à l'Université de Berkeley, en
Californie] et Trinh Xuan Thuan
[Note
France-Spiritualités : Professseur d'astronomie à
l'université de Charlottesville, en Virginie],
ainsi que des kabbalistes de diverses orientations,
religieuse ou
mystique. Le but de cette rencontre était de mettre face
à face les découvertes de la science sur la
création du monde et ce qu'en disent les kabbalistes ; et
des choses très étonnantes en sont sorties. En
fait, quand on entendait certains astrophysiciens parler, on avait
l'impression qu'ils connaissaient l'enseignement de la Kabbale. Et
quand certains kabbalistes se mettaient à raconter la
création du monde, en évoquant le Tsimtsoum
d'Isaac Louria qui est une sorte de big-bang , on s'apercevait qu'au
XIIe siècle, les kabbalistes avaient
déjà compris le processus d'expansion de
l'univers. Il est donc clair que la Kabbale peut apporter des choses
sur la connaissance du monde.
Personnellement, je travaille
à l'heure actuelle sur l'application des racines
hébraïques en psychothérapie. La
manipulation des racines hébraïques est une
technique très ancienne, qui a été
pratiquée de tous temps par les maîtres de la
Kabbale. Je suis simplement en train de l'adapter à la vie
moderne. Il s'agit donc d'une démarche qui peut apporter
quelque chose, et je pense que la Kabbale sera toujours disponible pour
ce genre d'utilisation. Mais elle restera, à mon avis,
là où elle a toujours été
c'est-à-dire en marge. La Kabbale n'est pas un
système destiné à mener des masses ni
à être donné au grand public. Lorsqu'on
étudie l'
histoire de la Kabbale, on s'aperçoit en
effet qu'à chaque fois qu'il y a eu un grand courant
kabbalistique populaire, les choses ont mal tourné. Le plus
grand s'est développé au
XVIIe siècle,
avec un kabbaliste turc, Shabbataï Tsvi (1626-1676), qui
s'était présenté comme
étant le
Messie, ce qui faillit lui coûter la vie.
Ce mouvement a failli faire basculer le Judaïsme.
En fait, la Kabbale est un domaine de
recherche. Pour suivre le domaine de la Kabbale, il faut en avoir
envie. On ne peut pas aller chercher quelqu'un et lui imposer la
Kabbale, car il ne tiendra jamais. Il faut en effet avoir une certaine
motivation. C'est donc une sorte de ligne parallèle de
connaissance, assez universelle, qui peut s'adapter à tout
et suivre les époques. Mais je pense qu'elle restera
toujours sur le bord du chemin. Dès que quelqu'un, au milieu
du chemin, a besoin de cette aide-là, il peut aller y puiser
à tout moment. C'est comme ça depuis l'origine,
et je pense que cela continuera ainsi. La Kabbale est un
système de références, au sein duquel
certaines personnes effectuent leurs recherches dont ils parlent ou
ne parlent pas et quand elle peut apporter quelque chose, elle le
fait ; dans le cas contraire, elle reste dans son domaine
réservé.b
France-Spiritualités : Trouve-t-on trace des
conceptions kabbalistiques dans des civilisations autres que celles de
la Mésopotamie et de l'Egypte ?
Virya : Purement kabbalistiques, non, dans la mesure
où la Kabbale est un système particulier qui
s'est développé avec ses propres concepts. Mais
il est clair que la Kabbale a subi des
influences ; on a vu, par
exemple, que les Enanthioses pythagoriciennes avaient
été entièrement reprises. La Kabbale
s'est en effet développée en pleine
période néo-pythagoricienne. Les premiers
maîtres de la Kabbale, comme Abraham Aboulafia,
étaient des passionnés de la pensée
d'Aristote. L'Egypte a pu avoir une
influence, dans la mesure
où le peuple hébreu y est passé.
Babylone a eu une
influence sur l'
ésotérisme
hébreu ; cela est certain. Les
anges, par exemple, viennent
de Babylone. Et l'on peut même considérer que le
soufisme a eu une
influence, puisqu'Abraham Aboulafia a
développé ses techniques de combinaisons de
lettres qu'il a appelé le "
Tsérouf",
l'art combinatoire en
observant des soufis turcs appliquer leurs
méthodes. Il est donc normal que l'on trouve certains liens.
Maintenant, à un autre
niveau, il existe des
éléments communs entre la
Kabbale et d'autres Traditions le
bouddhisme, le taoïsme, le
chamanisme, ou autres sans que l'on puisse, je crois, parler
véritablement d'
influences. Simplement, du fait que la
Kabbale repose sur des bases universelles, il est logique que dans
d'autres Traditions, d'autres penseurs et d'autres maîtres
aient développé les mêmes concepts et
utilisé les mêmes
symboles représentant
des choses élémentaires de la vie. Il est donc
évident que l'on va trouver des signes très
semblables. Il y a même certains sceaux kabbalistiques
très particuliers qui se sont
développés vers le
XVe siècle, qui
ressemblent beaucoup à des signes vaudous du
Brésil ou des Antilles.
Y a-t-il eu
influence, ou bien les
gens, dans leurs extases
mystiques, ont-ils ramené ces
symboles universels d'autres plans ? En tous les cas, il n'existe pas
réellement de liens historiques.
Toutefois, il faut savoir que,
même si les moyens de communication et de transport
étaient beaucoup moins développés
qu'aujourd'hui, les sages et les penseurs du
Moyen-Age et
même d'avant voyageaient beaucoup et allaient souvent
même très loin. Ainsi, si l'on étudie
Le Guide des
Egarés, de
Maïmonide, on peut y lire : «
Contrairement
à ce que disent les Atcharias... ». Or,
les Atcharias sont des maîtres indiens. Cela veut donc dire
que Maïmonide, grand penseur, médecin de Saladin,
était en relation avec des maîtres de l'Inde. On
ne peut donc pas nier qu'il y ait eu des
influences à ce
niveau-là aussi. Ils discutaient d'ailleurs beaucoup,
à cette époque, entre
religions.
France-Spiritualités : Est-ce que l'on
pourrait donc parler de vestiges d'une Tradition Primordiale, d'une "philosophia
pereri" ayant fleuri à l'aube de l'humanité ?
Virya : Oui, dans la mesure où la Kabbale repose
sur des bases assez universelles, il y a forcément un tronc
commun. Maintenant, il faut savoir que la Kabbale telle qu'on la
développe aujourd'hui a connu son expansion à
partir du XIe siècle. Elle reposait elle-même sur
l'
ésotérisme talmudique, qui lui-même
s'appuyait sur l'
ésotérisme du second
Temple, qui
reposait à son tour sur les emprunts faits lors de l'exil de
Babylone. Avant cela, il y a eu toute la
mystique et tous les
mystères du premier
Temple. Et avant le premier
Temple, il y
a eu l'Egypte. En fait, donc, on ne sait pas exactement ce qui est
commun à toutes ces Traditions, ce que l'une a
apporté aux autres et ce qu'elle a reçu des
autres. Mais il est évident que si l'on remonte
très loin, on va trouver un point commun à toutes
ces Traditions.
Notez que l'on pourrait se livrer
à la même opération avec les Traditions
hittite, sumérienne ou autres, et l'on s'apercevrait
qu'à un certain moment, elles se rencontrent. Sans doute
faudrait-il également s'intéresser aux Traditions
de l'Inde et essayer de trouver une source commune. Il semblerait que
l'Egypte ait été une plateforme de rencontre.
Maintenant, il faudrait savoir également ce qui s'est
passé avant l'Egypte. Le problème, c'est que
comme on ne sait même pas ce qui s'est passé sur
le terrain pendant la guerre du Golfe... pour savoir ce qui s'est
passé en Egypte à cette époque, c'est
un peu délicat ! :-)
France-Spiritualités : Effectivement :-)
Pensez-vous qu'un non-hébraïsant puisse aller loin
dans l'étude et la mise en pratique de la Kabbale ?
Virya : Pour répondre à cette question
je crois qu'il faut considérer deux aspects. Tout d'abord,
si c'est pour une
liberté d'étude du texte,
là il faut absolument être
hébraïsant. Il est même
conseillé d'être hébraïsant
pour pouvoir descendre dans les textes bibliques et travailler
à leur décodage ; à ce niveau, la
connaissance de l'hébreu est indispensable.
Ceci étant, il y a un
certain niveau d'étude où il ne s'agit pas
d'être hébraïsant, mais simplement de
connaître quelques termes. Comprendre la Kabbale à
travers ses enseignements sur l'
infini, sur les Séfiroth,
sur beaucoup de ses concepts essentiels, ne nécessite pas
d'être hébraïsant ; cet
aspect-là est ouvert à tout le monde. Il y a en
effet énormément de choses qui sont traduisibles
en français.
Toutefois, si l'on veut disposer d'une
plus grande
liberté pour travailler sur les combinaisons de
lettres, sur la Guématria – qui est l'art
numérique permettant de passer d'un mot à l'autre
–, ou même pour accéder à des textes
qui n'ont jamais été traduits, là oui,
il faut être hébraïsant. Toutefois, le
problème avec les textes anciens de la Kabbale, c'est qu'un
Israélien n'est pas forcément capable de les
comprendre ; bien sûr, il est probable qu'il en
dégagera toujours plus ou moins un sens, mais il aura les
mêmes difficultés qu'un Français
confronté à un texte en vieux
français. Il existe énormément de
textes en vieux français que les gens sont incapables de
lire et dont le déchiffrage requiert de faire appel
à des spécialistes. C'est exactement le
même problème en hébreu. Pour
être hébraïsant kabbaliste, il faut
être capable d'étudier en hébreu ancien
– qui est d'ailleurs enseigné.
France-Spiritualités : Que peut apporter la
Kabbale à ceux qui l'étudient ?
Virya : La Kabbale apporte beaucoup, dans la mesure
où il s'agit d'une voie complète. C'est une voie
d'ouverture et d'éveil, qui permet de se remettre en
question en permanence. La Kabbale est également une voie de
transformation : le kabbaliste, dans les premiers degrés
d'étude, va apprendre à décoder les
textes, à les lire à plusieurs niveaux ; et
progressivement, une fois que ces méthodes auront
été intégrées, il va
pouvoir commencer à faire de même sur
lui-même et dans son environnement, c'est-à-dire
à entendre plusieurs choses lorsqu'une chose est dite,
à décoder le pourquoi des choses ; c'est donc une
autre ouverture qui s'offre au kabbaliste.
Ensuite, cette capacité
d'ouvrir en permanence apporte une certaine joie intérieure
; on sort d'une vie étouffante. On s'aperçoit
que, même quand on est face à un
problème désagréable, si l'on en
trouve la cause, le pourquoi, on peut se rendre compte que cet
épisode désagréable n'est qu'un
stimulant pour nous montrer ce qu'il y a véritablement en
nous. C'est pour ça que la
mystique kabbalistique est une
mystique de joie ; cet éveil permanent, lorsqu'il
fonctionne, apporte un état de joie permanent.
Il y a également cette
notion d'ouverture qui permet de se comprendre à plusieurs
niveaux, de s'apercevoir que l'on n'est pas qu'un simple
corps
limité, mais que notre
corps n'est en fait que
l'aboutissement de tous nos processus de création ; la
connaissance des degrés intermédiaires pemet
alors de changer totalement sa vie.
Maintenant, il est aussi
très difficile de dire ce que la Kabbale peut apporter, dans
la mesure où cela va dépendre aussi de ce que
l'on y cherche. Quelque part, la Kabbale est un peu l'auberge espagnole
: on n'y mange que ce qu'on y apporte. Certaines personnes sont
très attirées par l'intellect, et la Kabbale va
leur apporter des nourritures intellectuelles
fabuleuses. D'autres sont
beaucoup plus attirées par les formes d'extase,
d'expériences
mystiques directes ; la Kabbale peut
également apporter cela il suffit de le lui demander. Il y
a des gens qui sont passionnés par les nombres : la Kabbale
peut tout transformer en nombres. Bien sûr, il faut savoir
pourquoi on veut le faire, et si cela apporte vraiment quelque chose.
L'
idéal est en fait de
trouver un
équilibre entre tous ces aspects. Il y a en fait
tellement de portes dans la Kabbale, que les plus grands
maîtres kabbalistes n'ont jamais pu les ouvrir toutes ; il
n'est pas possible, en effet, d'être
expert dans tous les
domaines de la Kabbale. Tous les grands maîtres, avec leurs
spécificités et leurs qualités
propres, se sont orientés dans telle ou telle direction,
mais aucun n'a ouvert toutes les portes.
France-Spiritualités : Pour finir, quels
ouvrages recommandez-vous à ceux qui souhaitent aborder
l'étude de la Kabbale ?
Virya : En introduction, je conseillerai la lecture
d'ouvrages d'amis ; tout d'abord, celui de Marc-Alain Ouaknin :
Mystères
de la Kabbale, aux Editions Assouline, qui est une
remarquable synthèse écrite dans un style facile
à lire. C'est un très, très bon
ouvrage d'introduction. Et également le livre de Charles
Mopsik :
Cabale
et cabalistes, aux Editions Bayard, qui propose une
belle étude, ainsi que des textes et des enseignements de
différentes époques. Ce sont deux excellents
ouvrages pour entamer l'étude de la Kabbale.
France-Spiritualités : Auxquels on peut ajouter les vôtres, comme par exemple Lumières
sur la Kabbale, aux Editions Jeanne Laffite... Virya, merci beaucoup pour ces réponses passionnantes.