
En ce début d'année 2002, il me semble utile de signaler
aux chercheurs alchimistes sincères une grande figure de l'
Alchimie contemporaine
disparue en 1988, à l'âge de 95 ans. Je veux parler de
Henri
Coton-Alvart.
Son Œuvre principale,
Les
Deux Lumières, a été publiée aux Editions
Dervy sous la direction de Geneviève Dubois. Il est préfacé
par son
Disciple prestigieux Henri la
Croix Haute, qui écrira lui-même
Propos sur les deux Lumières (
extrait),
de
Henri Coton-Alvart, édité par Le
Mercure Dauphinois. On ne peut que constater avec admiration l'identité des points de
vue du
Disciple et du Maître.
Dans sa préface aux
Deux Lumières,
Henri la Croix-Haute résume parfaitement en quelques mots la haute personnalité
de son Maître : «
...Ses connaissances scientifiques se conjuguaient
à la pratique manuelle jusqu'à inventer des procédés
désormais utilisés partout. Son savoir philosophique englobait les
antiques d'Occident et d'Orient, de Platon à Lao-Tseu, du Bouddhisme au
Christianisme, Hildegarde de Bingen et Paracelse, Ptolémée et Flamel,
gnostiques et Hermétistes, ainsi que cabale et Graal.
Sa passion de la Vérité l'incitait à brûler dans l'Athanor
les déchets de la matière et les tromperies enseignées afin
d'ouvrir à l'Energie spirituelle l'horizon le plus large... Il faudrait
écrire sa biographie pour présenter les facettes de son personnage,
qui connut aussi bien Pierre Dujols, Julien Champagne, José Gifréda,
les docteurs Marc Breton, Hollier, Emerit...
C'est justement
là que, en Maître inspiré et persévérant, il
découvrit dans le creuset et la cornue comment extraire la quintessence
spirituelle de la gangue matérielle selon les principes de l'Alchimie qu'il
a transmis... »
Dans son livre
Les
Deux Lumières,
Henri Coton-Alvart met en évidence deux états
de la Lumière : Lumière d'Origine et Lumière Libérée.
Il écrit : «
J'admettrai donc, comme première
proposition, que la Lumière a été créée directement
par Dieu.
Mais la Lumière immédiatement
créée doit être distinguée de la lumière qui
fait l'objet de l'optique ; je l'appellerai "Lumière d'origine".
La lumière des opticiens, celle que nous voyons, sera nommée
Lumière libérée. »
La Lumière libérée sort toujours d'une matière dans
laquelle elle a été précédemment introduite sous une
forme ou sous une autre.
La Lumière première
d'origine est émise par
Dieu pour remplir l'Abîme, l'espace tout
entier. Et c'est effectivement ce qui arrive, sauf toutefois en certains points
de l'espace d'étendue extrêmement restreint pour notre échelle
mais inconcevablement nombreux, ou l'
esprit d'opposition refuse de laisser pénétrer
la Lumière…Ce sera la racine de la matière.
En première conclusion, je dis que la matière est de la non-lumière.
A cet espace vide de lumière,
Henri Coton-Alvart donne le nom de "
koïlon"
et il précise par la suite «
qu'il peut y avoir corps sans qu'il
y ait matière».
Un
corps parfait est
constitué de la substance de la lumière, animée par l'
Esprit
; ce
corps glorieux ou subtil est sans koïlon , donc libéré
de toute masse et de la gravitation. Le
corps humain contient les mêmes
éléments constitutifs, mais il est infecté de la présence
du koïlon, de l'
esprit d'opposition qui lui donne masse et soumission à
la gravitation.
Cette distinction fait comprendre la
différence entre le commun des mortels et les
mystiques ou clairvoyants,
êtres affranchis du koïlon et qui par leur spiritualité s'élèvent
vers la lumière.
Pour
Henri Coton-Alvart : «
Tout ce que l'Alchimiste peut faire est de prendre la Pierre Philosophale là où elle est, la rassembler, la séparer
de sa gangue, la purifier, la placer dans son vaisseau et, suivant le cas, l'administrer
à qui en bénéficiera ou la renvoyer dans sa pureté
de lumière au monde céleste d'où elle est venue. »
L'originalité de
Henri Coton-Alvart est de mettre
en évidence l'intérêt de la Lumière et de la
chaleur
dans le processus de la vie et de l'
Alchimie.
Au chapitre
de la chimie totale et de la chimie partielle, il soutient que la
chaleur est
une substance non pondérable, non soumise à la gravitation, exempte
de koïlon (
force d'opposition).
C'est la substance
dématérialisée, libérée, retournée à
l'état où elle est l'
agent, la substance rayonnante sublimée
qui peut pénétrer tous les
corps, sans être arrêtée
sauf pour un temps, comme on le voit dans l'endothermie.
La
chaleur est une forme de Lumière seconde, de la Lumière
libérée. Elle est la
clef principale de la chimie.
Mais il y a une
chaleur autre, qui est une forme de la Lumière
d'origine. Elle est également un constituant de certains
corps ; elle est
également la
clef principale de leur chimie. C'EST LE FEU DE LA VIE.
Il y a donc deux chimies :
- la chimie de la vie dont l'
agent est la Lumière d'origine ;
- et la chimie ordinaire dont l'
agent est la Lumière libérée.
Au chapitre de la transformation des
corps, et de la
chaleur
de transmutation,
Henri Coton-Alvart démontre comment utiliser la substance
chaleur pour faire passer successivement le zinc par l'oxyde de zinc, le sulfate
de zinc, et puis sa transformation en
sulfure de cadmium, ce qui l'
amène
à penser que le même traitement appliqué au
sulfure de cadmium
devrait le transformer en
sulfure de mercure le mercure étant en effet
le métal qui suit le cadmium dans sa famille.
Ces quelques exemples ne sont donnés que pour éveiller l'intérêt
pour l'8uvre d'un de nos grands Alchimistes contemporains, dont la lecture
peut amener à une meilleure compréhension de l'
Alchimie dans tous
les règnes.