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Entrevue avec Jean Deleuvre

Jean Deleuvre
Alchimie, Science Divine
© France-Spiritualités™



Parmi les ouvrages contemporains traitant d'Alchimie, Alchimie, Science Divine, publié aux Editions Ramuel, se distingue par son élévation spirituelle, les précieuses indications pratiques qui y sont fournies, son caractère didactique... et les magnifiques photos couleur de la première phase du Grand Œuvre. L'auteur, qui eut le privilège de cotoyer le dernier Imperator des FAR+C (Frères Aînés de la Rose+Croix) Roger Caro, a bien voulu répondre aux questions de France-Spiritualités sur l'Alchimie, la voie du cinabre, les FAR+C, et bien sûr le Grand Œuvre.

France-Spiritualités : Jean Deleuvre, bonjour. Vous êtes l'auteur d'un livre abondamment illustré de photos en couleurs du Grand Œuvre, intitulé "Alchimie Science Divine", aux Editions Ramuel. Première question, en guise d'introduction : pourriez-vous nous résumer brièvement votre parcours alchimique ?

Jean Deleuvre :
Comme d'autres, je ne suis pas entré directement dans le monde alchimique, même si je l'ai sans doute côtoyé sans le savoir. A l'âge où l'on effectuait le service militaire, j'avais étudié et un peu pratiqué l'hypnose. Je l'ai rapidement délaissée, car seul son côté thérapeutique m'intéressait et vers le milieu des années 50, si c'était encore un sujet tabou, il n'était connu que pour son côté folklorique.

     Sans transition, j'ai étudié et vraiment pratiqué le magnétisme humain. Deux années et demi de conscription en Algérie remirent à plus tard un maniement plus élaboré. Dès 1960, j'abordais le domaine de la phytothérapie que j'utilise toujours, de concert avec le magnétisme et la radiesthésie pour le diagnostic.

      Le tableau serait incomplet si je n'ajoutais pas que je suis resté membre d'une société initiatique traditionnelle dès l'âge de 17 ans, et durant 20 ans.

      En fait, c'est en 1965 que ma femme m'offrit mon premier ouvrage alchimique qui vint à point nommé, car je compris plus tard que j'étais "mûr"...

      Durant 8 ans, j'ai consacré une grande partie de mes loisirs et de mon argent de poche à la recherche et à l'étude des "classiques" de l'alchimie. J'ai employé pas mal de temps au déchiffrage des textes, comme bien d'autres l'ont sans doute fait avant moi.

      De 1969 à 1973, je réalisais, après quatre années de pratique quasi ininterrompue (y compris la construction d'une verrerie spécifique), la quintessence végétale, autrement dit la véritable eau de vie des anciens...

      En fonction de ce qui précède, il est facile de comprendre que l'aspect thérapeutique m'intéressait avant tout. Si la phytothérapie et le magnétisme m'ont permis de résoudre bien des cas rebelles aux thérapies traditionnelles, la quintessence végétale m'apporta un plus important.

      Nous arrivons à la recherche de la quintessence minérale.

      En 1973, et après quelques essais sur l'antimoine, j'adoptais sans la moindre arrière pensée la voie du cinabre et, après une véritable expédition dans l'Espagne franquiste, je ramenais environ 25 kilogrammes de ce sulfure naturel de mercure prélevé dans la mine d'Almaden. Ce ne fut pas facile et seul, je n'y serais pas parvenu !

      Parallèlement, j'avais la chance de connaître les premiers ouvrages alchimiques de Roger Caro et en 1974, nous échangions un premier courrier. Malgré cela, persuadé que ses livres complétaient d'une façon magistrale la voie que j'avais choisie, j'ai travaillé seul durant... 10 ans, délaissant la main qui m'avait été timidement tendue, car impliquant une initiation que j'avais du mal à admettre (en l'occurrence religieuse) comme un parcours obligé pour la compréhension alchimique, en particulier de la voie du cinabre...

      Aujourd'hui, grâce à ce temps passé à la recherche, je sais reconnaître celui qui n'a jamais œuvré, quelle que soit la phase concernée ; je veux dire par là, que la théorie n'est rien sans la pratique et qu'une affirmation qui n'a pas été confirmée par le laboratoire n'est qu'une hypothèse spéculative... C'est là, indubitablement, le parcours obligé ! Mais j'ignorais alors que ce qui m'avait été proposé n'était ni plus ni moins que la connaissance théorique (sous la forme initiatique) de la voie du cinabre, dont l'enseignement remontait à sept siècles...

      C'est cela que j'ai laissé entrevoir dès le préambule du livre : Il n'y a pas de connaissance alchimique véritable, sans le passage à l'oratoire et au laboratoire. Dans un article paru récemment, j'ai écrit : « ...sans initiation ».


France-Spiritualités : Vous œuvrez en Alchimie dans ce qu'on appelle la voie du cinabre. Pouvez-vous nous parler des spécificités de cette voie ?

Jean Deleuvre :
C'est avant tout la plus ancienne et la plus riche dans son élaboration. J'ai pu raisonnablement remonter à vingt trois siècles dans les traditions chinoise et indienne, mais certaines traces non vérifiables pourraient certainement faire remonter la première à près de cinq mille ans. N'oublions pas qu'il faudra attendre en Europe le XIIème, voire le XIIIème siècle sous les vocables de "médecine universelle" ou "pierre philosophale" pour comprendre que l'utilisation d'un sulfure pouvait permettre d'obtenir le "miracle du monde"...

      - Seul le cinabre permet de concevoir l'utilisation des trois constituants universels (mercure, soufre et sel) mis à toutes les sauces, opératoires, psychologiques, voire imaginaires...

      - Seul le cinabre restitue les trois corps (philosophiques), dès la première sublimation exothermique.

      - Seuls les trois composants du cinabre peuvent être comparés à la trilogie humaine (corps, âme, esprit) nous permettant d'en entrevoir les stades d'évolution, passant exactement par les mêmes vicissitudes.

      - Seule la voie du cinabre permet d'obtenir la magnifique quintessence (ou mercure philosophique ou sang du dragon), au pouvoir de régénération et de purification si puissants.
      Vous l'aurez compris, seule la voie du cinabre peut "coller" réellement je dirais avec toutes les affirmations des maîtres du passé, quels que soient les plans où elles se situent.


France-Spiritualités : Quelle est selon vous la meilleure façon d'aborder cette voie ? Pourriez-vous nous donner quelques conseils pratiques ?

Jean Deleuvre :
La meilleure façon est évidemment de pouvoir se procurer du cinabre natif, c'est-à-dire non reconstitué. Ensuite de fabriquer le sel ou feu secret. Cela paraît simple, mais sans vouloir décourager le moins du monde, c'est déjà une aventure qui va durer pas mal de temps.

      Cependant, il est pour moi inconcevable de vouloir commencer l'opératif, avant d'avoir, a minima, étudié quelques "classiques", ne serait-ce que pour se familiariser avec l'obscurité profonde du jargon alchimique et rechercher cependant à travers lui une vérité commune et éclatante, mais exprimée précisément sous tant de vocables différents. Ceci dit, uniquement pour celui qui d'entrée serait tenté de faire l'impasse... Il n'existe apparemment pas de raccourcis... D'autre part, l'alchimie n'est absolument pas une recette chimique, mais la conjugaison d'une épuration de la matière, allant de pair avec celle de l'opérateur... L'une aidant à la compréhension de l'autre, car elles suivent les mêmes lois.

      Pour revenir aux "ingrédients", la plus grosse difficulté est de pouvoir utiliser des éléments de la plus grande pureté. Paradoxalement, dans ce domaine, le véritable alchimiste doit être encore plus circonspect que le chimiste contemporain, dans le choix des composants et dans l'obtention du degré de pureté... Dans l'opératif, et au niveau des trois constituants de la "materia prima", cela devient un véritable leitmotiv, que l'on ne peut comprendre que lorsqu'on avance dans la pratique.


France-Spiritualités : Vous affirmez, en guise de préambule : « L'alchimie passe par le laboratoire, mais ne peut exister sans l'oratoire. » Justement, en quoi consiste, pour vous, la partie "Oratoire" ?

Jean Deleuvre :
Je crois avoir répondu en partie à cette question. Ce que j'ai dit sur le sujet laisse entrevoir que l'on n'entre pas dans le laboratoire n'importe comment, pour y faire je dirais n'importe quoi ! Chaque opération doit être mûrement réfléchie et méditée avant. De ce fait, l'oratoire se conçoit aisément, que ce soit un lieu de prière, de recueillement ou de recherche de l'inspiration, ce qui ne me paraît d'ailleurs pas contradictoire...


France-Spiritualités : Vous revenez assez longuement, dans l'un des chapitres de votre ouvrage, sur une découverte effectuée le 23 mars 1989 par les électrochimistes Martin Fleischmann et Stanley Pons mettant en évidence le fait qu' «une véritable transmutation est aujourd'hui possible dans une simple éprouvette à température ambiante ». Même si elle vient confirmer le postulat de base de l'Alchimie, le monde scientifique ne semble pas davantage prêt, depuis cette découverte, à jeter un regard nouveau sur celle-ci. Quel est votre avis à ce sujet ?

Jean Deleuvre :
En effet, depuis 1989, la découverte des deux électrochimistes Stanley Pons et Martin Fleischmann a prouvé (c'est moi qui souligne dans mon livre) qu'aujourd'hui une véritable transmutation est possible, dans un simple ballon et à température ambiante. J'ai rappelé que leur expérience, reproduite des centaines de fois de par le monde, a permis de constater non seulement une production d'énergie supérieure à l'énergie électrique fournie, mais avant tout, la fusion nucléaire à température ambiante.
      Mais il y a plus troublant encore, puisque la réaction a été accompagnée d'une émission de neutrons et de tritium – chose inconcevable pour un physicien – car ne pouvant provenir que d'une réaction de fission, c'est-à-dire observable seulement dans les étoiles, les bombes à hydrogène, les lasers de puissance ou les accélérateurs de particules, la température dépassant les 100 millions de degrés Celsius !

      Pour répondre à votre question, j'avais anticipé en écrivant qu'il n'est nul besoin d'être prophète pour affirmer que l'ampleur d'une telle découverte ne changerait pas grand chose à la consistance de la barrière qui sépare la science officielle et l'alchimie !

      En effet, comme vous le dites, les milieux scientifiques ne semblent pas davantage prêts – malgré une confirmation éclatante de la réalité alchimique – à jeter un regard nouveau sur celle-ci. Dans un article que j'ai écrit dans une revue ésotérique, j'ai eu l'occasion d'y préciser récemment, que dix ans presque jour pour jour après cette découverte, le laboratoire qui sponsorisait les deux chercheurs leur a coupé brusquement les "vivres". Motif allégué : en dix ans ils n'ont pas fait de nouvelle découverte (de nouveau scoop). La revue scientifique qui vient d'y faire allusion ajoute que par ailleurs « la fusion froide n'a pas amené de retombées sonnantes et trébuchantes... » En ce qui concerne notre pays, je rappelle qu'à la réunion du Centre International pour la Culture Scientifique qui avait réuni à Erice en Sicile, à l'occasion de cette extraordinaire découverte, les plus grands savants de la planète, aucun scientifique français n'était présent...


France-Spiritualités : Vous faites une mise au point concernant la fameuse "Table d'Emeraude" d'Hermès Trismégiste dont vous donnez, point par point, l'interprétation alchimique opérative illustrée par des photos du Grand Œuvre ? Nous laissons bien sûr les lecteurs de cette entrevue se reporter aux explications détaillées fournies dans votre ouvrage, mais pourriez-vous nous en dire quelques mots ?

Jean Deleuvre :
Je dirais que c'est la rédaction des notes et des photos de ce futur chapitre de mon livre qui m'ouvrirent les yeux et m'incitèrent à l'écrire tant j'ai été moi-même stupéfait de la réalité alchimique, avec son parallèle dans les allégations de la Table d'Emeraude. Jusqu'à présent, seul Eliphas Lévi avait confirmé la réalité de l'illustre écrit d'Hermès le qualifiant de Bible de l'alchimiste et des opérations du Grand Œuvre. Il avait ajouté : « C'est en elle-même, l'Alpha et l'Oméga, c'est-à-dire le commencement et la fin de l'œuvre. Tout y est. C'est la perfection même dans sa concision. C'est la profession de foi d'Hermès, son Testament pour la postérité, le Cri de Vérité émerveillé de l'Alchimiste après la Réussite. »

      Car, évidemment, c'est après avoir trouvé, ou réussi, que l'on comprend (malheureusement) les textes, particulièrement en alchimie. C'est certainement la raison qui m'a poussé à montrer (pour la première fois), par la photographie, le déroulement chronologique de la première phase du Grand Œuvre si parfaitement imbriquée dans la Table d'Emeraude.

      Plus tard seulement, je trouvai la magnifique relation de Basile Valentin équivalente pour moi dans la somptuosité de sa description, à celle d'Hermès et que seul 2 une fois encore – ne peut exprimer que celui qui a réussi l'opération...

     Je ne peux résister (avec une certaine émotion) à citer ce magnifique poème, vieux de 600 ans, si précis dans sa concision et son réalisme alchimique (autre merveilleuse Table d'Emeraude) :

Deux abîmes l'un l'autre provoquent
En un dur combat ils s'entrechoquent.
Le fugace en fixe s'agglomère,
Eau et vapeur se changent en terre.
Ciel même terrestre devient,
Et terre ainsi vie obtient.
Ce qui est en haut en bas descend,
Le bas s'élève au firmament.
Le fixe se change en fugace,
Terre sa nature par Eau remplace.
Et comme vapeur monte sans limite,
Ciel en Terre profonde s'abrite.
Ciel et Terre sont renversées,
Le plus bas au plus haut monté.
Sous l'ailé le Dragon fixe succombe,
Victime du fixe, l'aile même tombe.
C'est bien ainsi qu'enfin s'avère,
La QUINTESSENCE et ce qu'elle opère.

      Rappelons qu'au sein d'une puissante réaction calorifique, au milieu des vapeurs issues des trois corps constituant la Matière Première, de minuscules billes gélatineuses, en sustentation, composées d'un amalgame en proportion de nature (que l'opérateur ne contrôle pas) vont se former. Puis ayant pris consistance et vie, elles redescendront dans les boues où elles ne formeront plus qu'un seul granule : la future Pierre.
     Plus tard, il sera nécessaire de procéder à une opération maintes fois citée : "couper le Corbeau". Le signal sera donné par la couleur de la Quintessence et l'apparition du "Ménisque d'Or ou Sceau de Saint Jean" qui surmonteront la Matière. En fait, ce terme obscur annonce simplement une opération importante, après laquelle débutera la phase du "Noir".

      Je n'ai fait qu'ajouter des photos à chacun des axiomes de la Table d'Emeraude prouvant – s'il en était besoin – qu'après Hermès, Basile Valentin et Eliphas Lévi ne pouvaient s'être trompés en ce qui concerne la première et si importante phase du Grand Œuvre.

      Je regrette que l'imprimeur ait légèrement coupé la base du ballon de la photo N° 2.


France-Spiritualités : Pourriez-vous nous parler justement des magnifiques photos en couleur, montrant certaines étapes du Grand Œuvre qui illustrent votre ouvrage... les conditions dans lesquelles elles ont été prises, pourquoi vous avez décidé de les reproduire, ce que vous avez voulu prouver à travers elles et aussi, peut-être, les attaques dont vous avez été l'objet à cause de celles-ci ?

Jean Deleuvre :
Lorsque j'ai pris conscience de l'extraordinaire réalité du déroulement de la première phase du Grand Œuvre et de son rapport direct avec la Table d'Emeraude, j'ai éprouvé un irrésistible besoin de faire partager ma joie et je n'avais qu'un moyen de le prouver : un témoignage qui ne pouvait qu'être évidemment la photographie. J'ai pensé un instant à filmer, mais en dehors du fait (étant seul opérateur !) que je n'aurais pu tout enregistrer, j'ai vite pris conscience qu'un tel document ne pourrait être diffusé et que pour celui qui en aurait connaissance, ce serait divulguer les tours de main, ce qui est évidemment impossible.

      Les conditions ont été très difficiles et dangereuses. Difficiles, car en 1988 (où elles ont été réalisées), je ne possédais qu'un matériel assez sommaire sans comparaison avec ce qui se fait aujourd'hui. J'ai dû ajouter des lentilles additionnelles pour le grossissement, compliquant d'autant plus la mise au point. J'ai souvent opéré, en particulier pour le chapitre de la Table d'Emeraude, dans des conditions très spartiates, jusqu'à tenir le ballon d'une main et l'appareil photographique de l'autre. C'est là qu'intervient le danger, car certaines photos ont été réalisées au moment ou la chaleur et la poussée des gaz sont au maximum et le risque d'explosion également. Si tel avait été le cas, les brûlures – étant donné certain élément caustique utilisé – auraient été "intraitables"... Réalisant les prises de vues en intérieur, j'étais également conscient des dégâts que j'aurais pu provoquer. J'en parle en connaissance de cause, car en 1986, j'ai fait exploser une cornue qui contenait les mêmes produits, mais en plus grande quantité et les détériorations ont été disproportionnées... J'en profite pour rappeler le danger permanent dans le début de cette première phase. C'est ainsi que Cyliani perdit presque la vue dans une explosion analogue, et pourtant il connaissait assez bien la chimie...

      Pourquoi ai-je décidé de les reproduire ?

      Simplement parce que j'ai estimé que je ne pouvais pas garder pour moi une telle révélation. Le tirage de l'édition a été limité (suivant ainsi le procédé de Roger Caro dont les ouvrages n'ont été tirés qu'à 250 exemplaires, bien qu'en l'occurrence, ce fut au départ la décision de mon éditrice). Non seulement cela ne m'a rien rapporté pour l'instant, mais j'en suis même de ma poche ! Je pense que cela répond à votre question...

      Quant aux attaques, excepté celles d'un pseudo alchimiste (majoritaires aujourd'hui), plagiant au mot à mot sans vergogne des écrits de Roger Caro sur plusieurs sites Internet et qui a fait un véritable battage pour la photo de couverture disant qu'elle était truquée, je dois dire qu'avant tout, j'ai été très touché par quelques témoignages de lecteurs qui ont été très emballés par mon livre et également par de très rares (vrais) alchimistes qui en ont apprécié la teneur.


France-Spritualités : Lorsque l'on parle de la voie du cinabre, on ne peut bien sûr s'empêcher d'évoquer Roger Caro et les FAR+C (Frères Aînés de la Rose+Croix). Quel rôle ont-ils joué – et continuent-ils de jouer – dans l'histoire de l'Alchimie ?

Jean Deleuvre : On ne peut effectivement faire allusion de nos jours à la voie du cinabre, sans évoquer Roger Caro, pour la bonne raison – n'en déplaise à certains – qu'il est le seul à avoir divulgué autant d'informations la concernant. J'estime que je devrais être encore plus restrictif, car en dehors de ses écrits, il n'existe pratiquement rien, ou si peu...

      Roger Caro a été à une époque un être doué de pouvoirs exceptionnels. A ma connaissance (je vais essayer de peser mes mots), seuls certains Avatars ont pu avoir sur la matière les pouvoirs qu'il a eus. Je suis heureux de pouvoir en faire état car, comme tous les êtres lumineux il a drainé dans son sillage des personnages qui ont attendu sa mort pour le critiquer, n'étant pas parvenus à un résultat positif en alchimie. Il est aisé de comprendre pourquoi ? Il m'a dit à maintes reprises, et particulièrement lorsque je lui faisais reproche d'avoir divulgué en 1989 à certaines personnes des écrits relatifs à mes premières recherches: « Ne t'inquiète pas, s'ils ne sont pas appelés, ils ne comprendront jamais !»

      Je pense qu'il me faut illustrer ce que je viens d'affirmer sur le thaumaturge qu'a été Roger Caro. J'ai écrit qu'il avait réalisé la Pierre Philosophale dans les trois Voies. Pour ceux qui ont connu la chapelle de Notre Dame des Miracles, à l'époque où elle n'était qu'un laboratoire alchimique, Roger Caro entouré de six témoins (qui furent ses premiers compagnons de route) y réalisa la Voie Sacerdotale, accessible seulement à de très rares missionnés :

      Par la seule puissance du VERBE et sans la moindre manipulation, les Matières Premières enfermées dans un ballon s'embrasèrent et dans un enchaînement inexprimable, Solve se déroula jusqu'à son terme, tel que l'illustrent les photographies de la Table d'Emeraude...

      Les Frères Aînés de la Rose Croix dont certains auxquels je viens de faire allusion diront qu'ils n'ont jamais existé, ont joué un rôle prépondérant même si Roger Caro en tant qu'Impérator en était le ''souverain''. Pour ceux qui possèdent ou pourront se procurer un de ses magnifiques ouvrages (il en a écrit 23), "Legenda des Frères Aînés de la Rose Croix", tout y est dit. Je rappelle au passage que le terme "Legenda" doit y être pris à la lettre, à savoir ce qui doit être connu ou ce qui doit être révélé.

      Je tiens également à préciser qu'ils n'ont plus aucun rôle aujourd'hui, pour la simple raison qu'ils n'existent plus. Roger Caro avait déjà mis l'ordre en sommeil de son vivant. D'autre part, il a été dissout à sa mort suivant sa volonté et ce qu'il avait écrit (je détiens une lettre qui en fait état) :

      « A ma mort, l'Ordre souverain des Frères Aînés de la Rose Croix sera automatiquement dissout et plus personne ne pourra en utiliser le nom. »

      Il ajoutait : « C'est comme si un gouvernement voulait subsister après la mort de son premier ministre, il serait automatiquement dissout. »


France-Spiritualités : Vous donnez dans votre ouvrage la liste des Impérators des FAR+C au cours de l'histoire ; elle paraît quelque peu surprenante. Disposez-vous de preuves concrètes pour étayer ces informations ?

Jean Deleuvre :
Avant tout, je tiens à rappeler que j'ai cité Roger Caro à l'occasion de ce passage dont les éléments ont été empruntés dans son livre auquel je viens de faire allusion. En ce qui concerne l'Impérator qui l'a précédé, j'ai également un écrit qui prouve sa véracité, bien que là encore j'ai entendu quelques critiques mal intentionnées dire le contraire. Je peux par contre affirmer un point qui m'a bouleversé. J'ai bien connu les derniers descendants dans le début des années 70 d'une illustre et très ancienne famille auvergnate citée par Roger Caro et dont un membre aurait été Impérator des FAR+C. Or, le fait m'a bien été confirmé en 1975, par le dernier descendant qui en avait retrouvé trace dans ses archives familiales...


France-Spiritualités : Auriez-vous des informations à nous communiquer sur ce que sont devenus les FAR+C aujourd'hui, depuis la mort de Roger Caro en 1992 ?

Jean Deleuvre :
Je pense avoir répondu dans l'avant dernière question, à celle-ci. Je pourrais ajouter que nous n'entendrons malheureusement jamais plus parler d'eux. De plus, la personne qui était censée lui succéder – que je connais bien – s'est totalement retirée respectant de ce fait la volonté et le règlement, mais de plus, malgré l'amitié que je lui porte, je la sais incapable de supporter une telle charge. Roger Caro savait bien ce qu'il faisait en lui léguant officieusement un simple titre honorifique sans "valeur" légale.


France-Spiritualités : Quels ouvrages, parmi ceux de Roger Caro et d'autres auteurs, recommandez-vous particulièrement à ceux qui souhaitent étudier et peut-être pratiquer la voie du cinabre ?

Jean Deleuvre :
Je vais citer les ouvrages qui furent indispensables à l'étude initiatique dispensée par les FAR+C concernant la voie du cinabre et qui pourraient suffire aujourd'hui encore, au chercheur sincère : "Concordances Alchimiques" - "Pléiade Alchimique" - "Dictionnaire de Philosophie Alchimique" - "Legenda des Frères Aînés de la Rose+Croix" - "Tout le Grand Œuvre Photographié;".

    Chance inouïe pour le chercheur, ces ouvrages sont encore disponibles aux :

Editions de Massanne
900, avenue des Garrigues
34190 Laroque
Téléphone : 04.67.73.90.95  //  Fax : 04.67.73.81.52


      L'éditeur qui a bien connu Roger Caro continue en quelque sorte son œuvre ; c'est ce que je pense personnellement. Sa maison d'édition ne diffuse pour l'instant que ses ouvrages et je sais – le connaissant – que ceux qui suivront seront strictement sélectionnés et de grande valeur hermétique.

      J'engage le lecteur à consulter le site des Editions de Massanne sur Internet : http://www.massanne.com

      Autres auteurs ?

      Je n'en citerai qu'un, car c'est le seul à ma connaissance qui a tout révélé, même s'il ne s'agit pas de la voie du cinabre : "L'Œuvre Chymique" de GEBER (en 2 volumes). L'ensemble de la théorie et de la pratique y est totalement enseignée, mais par un tour de force que seuls savent utiliser les grands Adeptes, disséminée et dans un ordre aléatoire.

      J'ai étudié (pas lu) plusieurs fois l'ensemble de l'ouvrage jusqu'à pouvoir, à l'aide de fiches, retracer tous les points essentiels de la pratique et retrouver les noms des composants utilisés sous leur dénomination actuelle, ainsi que le dessin du minimum d'appareillage nécessaire. De plus, désirant sincèrement que le véritable chercheur n'achoppe pas sur des points toujours passés sous silence par d'autres, Geber y précise généralement le moyen permettant d'éviter l'écueil. Je considère cet ouvrage comme la Bible de l'alchimiste contemporain...


France-Spiritualités : Le milieu de l'Alchimie n'est pas toujours un univers des plus fraternels... N'est-ce pas là l'une des raisons principales pour lesquelles beaucoup de pratiquants préfèrent travailler en quasi-autarcie ? A titre personnel, avez-vous des échanges réguliers avec d'autres étudiants en Hermès ?

Jean Deleuvre :
Décider de se lancer sérieusement dans la recherche alchimique est certainement une grande aventure. Je l'ai dit, je pense qu'il ne peut y avoir ni raccourcis, ni compromis, car il s'agit d'une quête aussi dévorante qu'exigeante. Chaque pas en avant effectué est une perpétuelle remise en question, n'ayant dans ce domaine aucun "mode d'emploi" pour contrôler la bonne marche ! Car s'il n'existe qu'une route menant à la réussite, combien de sentiers et culs de sac seront empruntés avant de trouver le fil d'Ariane qui permettra au postulant d'avancer dans le labyrinthe alchimique ? Il lui faudra donc être suffisamment fort pour ne pas se laisser décourager en chemin et conserver une patience qui sera fréquemment mise à l'épreuve, et qu'il ne se laisse pas leurrer par de soit disant stages (à la mode "New Age") qui fleurissent sur l'Internet !... Eventuellement, c'est ainsi qu'il comprendra que l'épuration de sa minière ne se fera que s'il a lui-même balayé devant sa porte...

      Il est vrai que l'alchimiste est avant tout un solitaire. Par ailleurs, il n'est sans doute pas facile de partager un savoir avec quelqu'un qui n'a pas ou peu travaillé. Ne nous y trompons pas, parmi ceux qui s'intéressent à la science hermétique, une majorité est persuadée qu'il suffira de découvrir la recette magique ou le grimoire qui dévoilera la recette...
      Peut-être l'alchimiste devient-il élitiste sans s'en rendre compte...

      J'ai bien eu, dans le passé, quelques contacts peu fraternels comme vous le précisez, mais s'ils émanaient de personnes apparemment très attirées par l'alchimie, sous le vernis je n'ai rencontré dans ces cas là, qu'esprits mercantiles...

      J'ai également connu quelques étudiants qui n'ont pas résisté plus de quelques mois à la recherche livresque et lorsqu'il s'est agi d'établir des fiches, ils ont renoncé...

      Je ne connais qu'un seul Frère en la Sainte Science. Nous avons partagé nos expériences, nos échecs et nos réussites, sans la moindre arrière-pensée simplement parce que nous avons beaucoup travaillé (de plus dans la même voie) et connu les mêmes épreuves. Echanger nos connaissances ne nous pose donc aucune difficulté. Par ailleurs, nous avons été très proches de Roger Caro...


France-Spiritualités : Une question que nous posons systématiquement à tous les alchimistes que nous interviewons : que représente pour vous le Grand Œuvre, et quelle est, pour vous, son utilité réelle ?

Jean Deleuvre :
Définir le Grand Œuvre ?

      Il permet avant tout de comprendre dans tous les règnes les lois qui régissent la Création. La grande leçon est le fait que c'est dans celui que l'on considère comme le plus insignifiant, le plus bas sur l'échelle des éléments que nous est révélé le secret de cette compréhension : le minéral...

      Il existe d'autre part dans l'air une invisible et secrète substance à laquelle la matière est unie. Ce fluide nourricier est à l'origine de toutes les formes de manifestations de la vie. Cette énergie subtile ou Esprit Universel porté par la lumière peut être concentré dans un substrat extrêmement pur dans lequel il deviendra un catalyseur de grande puissance. Mais comment expliquer à l'esprit strictement cartésien qu'il existe en dehors de la fission et de la fusion, un autre moyen de modifier la matière ?...

      Le Grand Œuvre permet à l'homme de prendre conscience d'une vérité cachée – certainement d'origine céleste – située simplement sur un plan cosmologique, se définissant de ce fait, comme une discipline ou un art véritable, fondement de tout accès à une approche scientifique. Mais, comme toute doctrine qui conduit à la sublimation de l'être, l'alchimie est fondée sur une initiation.


France-Spiritualités : Quel est aujourd'hui votre souhait le plus profond en tant qu'alchimiste ?

Jean Deleuvre :
Précisément, grâce et par l'alchimie, essayer de faire comprendre qu'ici-bas tout est régi par des lois merveilleuses qui font que le grain de blé (s'il peut pourrir en terre) portera beaucoup de fruits, mais la manifestation de ces mêmes lois pourraient permettre à l'homme de ne plus connaître certaines vicissitudes de la vie. Savoir que tout cela est caché dans un caillou et dans l'air que nous respirons est peut-être le secret le plus lourd à porter ! Pourquoi sommes nous atteints d'une telle cécité ?


France-Spiritualités : Dernière question : Avez-vous d'autres projets de livres en préparation ? Et proposez-vous des stages ?

Jean Deleuvre :
Je n'ai pas de projets de livre en préparation, tout au moins en alchimie.

      Je ne propose pas non plus de stages, car je considère ce procédé comme de la poudre aux yeux. Il est certes très en vogue et permet avant tout de gagner de l'argent, la plupart du temps par de pseudo révélations alchimiques. Je l'ai laissé entendre, ce n'est pas ainsi que l'on peut enseigner l'alchimie, car c'est ni plus ni moins en arriver à vendre des "recettes", sans se soucier le moins du monde – entre autres choses – ni du degré d'évolution du candidat, ni de sa préparation.

      L'alchimie est un don de Dieu. Elle ne se vend pas. Si l'on se réfère fréquemment à Roger Caro, que l'on sache encore que ce grand Adepte ne monnayait pas son savoir : Il le donnait à ceux qui étaient dignes de le recevoir...


France-Spiritualités : Jean Deleuvre, merci beaucoup pour le soin que vous avez apporté dans vos réponses.




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