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Dom Antoine-Joseph Pernety

(13 février 1716 à Roanne - 1802, à Valence)
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      Dom Antoine-Joseph Pernety, savant littérateur, né le 13 février 1716 à Roanne, dans le Forez, était cousin de l'historiographe Jacques Pernetti. Après avoir achevé ses premières études, il embrassa la vie religieuse dans la congrégation de St-Maur, et, s'étant fait remarquer de ses supérieurs par son application, fut appelé à l'abbaye de St-Germain, où il trouva les ressources nécessaires pour perfectionner ses connaissances et en acquérir de nouvelles. A une vaste érudition, dom Pernety joignait le goût de l'histoire naturelle, et il avait appris à dessiner pour copier les plantes qu'il trouvait dans ses promenades aux environs de Paris. Informé que Bougainville venait d'obtenir du roi la permission de former un établissement aux îles Malouines, il demanda de l'accompagner comme aumônier, persuadé que le trajet lui fournirait d'utiles observations. De retour en France à la fin de 1764, il se hâta de terminer la rédaction de son voyage ; mais, se lassant bientôt du joug monastique, il fut un des 28 bénédictins qui signèrent, le 15 juin 1765, la fameuse requête pour être dispensés de leur règle : il la rétracta le 11 juillet suivant, ainsi que des collègues, mais sans changer pour cela d'avis. Dans le chapitre général de sa congrégation tenu en 1766, on le nomma un des commissaires chargés de faire une nouvelle rédaction des constitutions : il favorisa de tout son pouvoir l'abolition de la règle, mais voyant que la chose n'allait pas assez vite à son gré, il quitta le chapitre et son habit et se rendit en Prusse sur l'invitation du grand Frédéric. Ce monarque, qui se souvenait d'avoir lu dans sa jeunesse les Lettres sur les physionomies, crut que l'aumônier de Bougainville en était l'auteur et lui fit proposer la place de conservateur de la bibliothèque de Berlin avec le titre d'académicien et douze cents rixdales d'appointement (1). A son arrivée à Postdam, il fut entrepris par Lecat sur la science physiognomonique ; ils convinrent que Lecat attaquerait les règles dont on appuie la possibilité de juger du caractère des individus d'après leur physionomie et que Pernety, au contraire, les défendrait de son mieux. Cette lutte produisit plusieurs Mémoires de part et d'autre, mais sans aucun résultat avantageux pour la science. Pernety eut ensuite une vive discussion avec Pauw, qui prétendait que les Américains sont une race dégénérée : il renonça bientôt à la polémique pour reprendre ses expériences d'alchimie et ne les interrompit que pour traduire en français les ouvrages de Svedenborg.

      Dom Pernety quitta la Prusse en 1783 et revint à Paris. L'archevêque voulut, dit-on, l'obliger à rentrer dans son monastère : Pernety en appela au parlement, et un arrêt lui permit de rester dans le monde (2). Après avoir vécu quelque temps chez son frère, directeur des fermes à Valence, et avoir accepté le titre de secrétaire perpétuel de la société patriotique de cette ville (Voyez le Journal des savants d'octobre 1786, page 699), il trouva dans Avignon un refuge, et l'on prétend qu'il y forma une espèce de secte dont on ne connaît pas bien les dogmes et qui comptait en 1787 une centaine d'affiliés : il était lié avec un seigneur polonais nommé Grabianca, et l'on soupçonne que c'est contre leur société qu'est dirigé un décret du dominicain Pani, maître du sacré palais, du 02 novembre 1791, qui fait mention d'un Octavio Capelli, attaché à une sorte d'illuminisme. Pernety traversa comme il put les orages de la révolution, ne se mêlant de rien, ne se montrant pas : il n'en fut pas moins arrêté et ne sortit de prison qu'après le 9 thermidor. Il reprit encore ses recherches sur la pierre philosophale, qu'il croyait avoir trouvée, et mourut en 1801, bien persuadé qu'il avait le secret de prolonger sa vie pendant plusieurs siècles.

      Dom Pernety a traduit avec dom Brezillac le Cours de mathématiques de Wolf, et, pendant son séjour en Prusse, les Merveilles du ciel et de l'enfer, ouvrage de Svedenborg, dont il avait adopté toutes les opinions. Il est l'éditeur des Ambassades de Noailles (Voyez Noailles et Vertot),et l'on assure qu'il a eu part au huitième volume du Gallia christiana, qui contient les suggrafants de Paris. Enfin, outre le Manuel bénidictin et quelques opuscules ascétiques dont on trouvera la liste dans l'Histoire littéraire de la congrégation de St-Maur, on a de lui :

      Dictionnaire portatif de peinture, sculpture et gravure, avec un traité pratique des différentes manières de peindre, Paris, 1757, in-8° ; traduit en allemand, Berlin, 1764, même format. Le Traité pratique a pour auteur d'Arclai de Montamy.

      Les Fables égyptiennes et grecques dévoilées et réduites au même principe, avec une explication des hiéroglyphes et de la guerre de Troie, ibid., 1758, 2 vol. in-8° ; 2ème édition, ibid., 1786, 3 vol. in-12. Pernety ne voit dans toutes les fables anciennes que des allégories sous le voile desquelles les alchimistes ont caché leurs admirables découvertes, et les poèmes d'Homère ne renferment rien qui n'ait  trait au grand oeuvre.

      Dictionnaire mytho-hermétique, ibid., 1758, in-8° ;

      Lettre à l'abbé Villain sur  l'histoire critique de Nicolas Flamel (Année littéraire, 1762, tome 1er). Pernety lui reproche d'avoir voulu priver Flamel du titre de philosophe hermétique.
      Histoire d'un voyage aux îles Malouines, fait en 1763 et 1764 ; 2ème édition refondue et augmentée de remarques sur l'histoire naturelle, Paris, 1770, 2 vol. in-8° avec 16 planches (3) ; ce voyage a été traduit en anglais sur la première édition, Londres, 1770, in-4°, et sur la seconde, ibid., 1794, même format. Cet ouvrage est intéressant, quoique écrit d'un style diffus et prolixe.
      Dissertation sur l'Amérique et les Américains, Berlin, 1770, in-12. L'auteur l'avait communiquée à l'académie de Berlin ; il se propose de prouver, contre le sentiment de Pauw, que l'Amérique n'a pas plus été disgraciée de la nature que les autres parties du monde, et que les indigènes ont autant de bravoure que les Européens, et sont également propres à réussir dans les sciences et dans les arts. Pauw répondit à Pernety (4) par un écrit intitulé Défense des Recherches sur l'Amérique, etc., où l'on trouva plus d'érudition, de logique et de style, que dans le livre du bénédictin.

      Examen des Recherches philosophiques sur l'Amérique et les Américains, et de la Défense de cet ouvrage, ibid., 1771, 2 vol. in-12. C'est une nouvelle édition de l'ouvrage précédent, avec une réplique aux dernières Observations de Pauw, qui ne jugea pas à propos de prolonger cette querelle.

      La Connaissance de l'homme moral par celle de l'homme physique, ibid., 1776, 3 tomes, 2 vol. in-8°.

      Les vertus, le pouvoir, la clémence et la gloire de Marie, mère de Dieu, Paris, 1790, in-8°.


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(1)  Pernety obtint, quelque temps après, l'abbaye de Bürgel, en Thuringe, et Frédéric le traita d'ailleurs très bien,  tant que celui-ci écrivit en faveur de la science physiognomonique ; mais il cessa de lui porter le même intérêt dès qu'il le vit lié avec les sectateurs de Svedenborg. Pernety avait fait un voyage, en 1782, pour conférer avec quelques-un d'entre eux ; à son retour à Berlin, piqué de n'avoir presque plus aucune inspection sur la bibliothèque royale, il demanda son congé, que Frédéric ne lui fit pas attendre longtemps.

(2)  C'est ce que dit le Supplément de Felier ; mais il paraît qu'il a confondu ici Pernety avec ses confrères Poirier, Précieux et Martinon, qui obtinrent de Rome, en 1769, des titres d'abbés in partibus. Ils furent nommés aux abbayes de Karentz, de la Grande-Croix, et de Bürgel, la première et la dernière en Allemagne, et la seconde en Chypre, mais ces abbayes n'existaient plus. Je n'ai pas ouï dire que Pernety ait succédé au titre de Martinon ; c'est contre Précieux, Poirier et Martinon que M. de Beaumont rendit une ordonnance le 12 juillet 1770. Ils en appelèrent au parlement, et l'avocat Courtin publia un mémoire en leur faveur, mémoire auquel l'avocat Carré répondit.

(3)  La 1ère édition, intitulée Journal historique d'un voyage fait aux îles Malouines, etc., Berlin, 1769, 2 vol., in-8°, est fort rare, et avait été précédée d'une Relation de la reconnaissance des îles Malouines, etc., Paris, 1763. On conjecture que c'est à Delisle de Sales qu'on est redevable de la 2ème édition, augmentée d'une préface et de notes, dans lesquelles on croit reconnaître le style emphatique de l'auteur de la Philosophie de la nature.

(4)  On ne peut pas concevoir comment Thiebault a ignoré que Pauw avait répliqué par le style, mais assez solide pour que l'abbé de Pauw, qui ne doutait de rien, n'ait pu y répondre. La réfutation forme, avec la défense de Pauw, le 3ème volume des Recherches philosophiques sur les Américains. On croit que Pernety est aussi l'auteur du livre intitulé De l'Amérique et des Américains, ou Observations curieuses du philosophe la Douceur, qui a parcouru cet &heacute;misphère pendant la dernière guerre, en faisant le noble métier de tuer les hommes sans les manger, Berlin, Pitra, 1771, in-8°, ouvrage attribué mal à propos à M. Bonneville, qui n'avait que onze ans à cette époque.




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