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Jean d'Espagnet

(XVIIème siècle)
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      Jean d'Espagnet, président au parlement de Bordeaux, occupe un des premiers rangs parmi les philosophes hermétiques, ce qui peut-être n'est pas une recommandation bien puissante auprès des vrais amis de la sagesse. On n'a pourtant de lui que deux petits traités intitulés : l'un, Enchiridion physicæ restitutæ ; l'autre, Arcanum philosophiæ hermeticæ ; encore lui conteste-t-on ce dernier, que l'on attribue à un inconnu qui se faisait appeler le chevalier impérial (1), malgré la dénégation du fils de d'Espagnet, qui affirma le contraire à Borrichius. Le président ne signa point ces traités ; il y mit, suivant la coutume de ses confrères, deux devises où l'on retrouve son nom, savoir : Spes mea in agno est, et Penes nos unda Tagi ; et, ce que personne encore n'a remarqué, si l'on retranche de chacune des lettres appartenant à Espagnet, on formera, des lettres superflues, cet autre axiome hermétique qui renferme un des plus grands mystères de l'art : Deus omnia in nos, et l'on aura pour reliquat l'initiale du philosophe.

      L'Enchiridion est comme l'introduction de l'Arcane, ce qui doit faire présumer que les deux traités viennent de la même main. Le dernier renferme la pratique du grand œuvre, et le premier la théorie physique sur laquelle repose la transmutabilité des métaux. Dans ce traité, d'Espagnet rejette la philosophie d'Aristote, et suit celles de Moïse et de l'école d'Alexandrie. Il admet une matière première et commune de tous les mixtes, et reconnaît trois mondes : l'élémentaire, le céleste et l'archétype, lequel exista dans tous les temps. Les deux grands principes de la création sont, suivant lui, le chaos et l'esprit de Dieu ; la matière fut divisée en subtile, moyenne et grossière ; les semblables attirèrent leurs semblables : de là la formation des corps.

      L'Arcanum est plus curieux et plus recherché que le Manuel. L'auteur y décrit dans un grand détail, et avec un air de sincérité, les diverses parties de l'œuvre et la marche que doit suivre l'artiste ; mais il garde sur les premiers agents un silence capable de désespérer celui qu'Hermès n'a point admis au nombre de ses élus.

      Malgré cette obscurité, nous le répétons, les ouvrages de d'Espagnet sont regardés comme classiques, et n'ont pas moins de réputation que ceux du Philalèthe et du Cosmopolite. Ils furent publiés pour la première fois à Paris, chez Nicolas Buon, 1623, in-8°. Lenglet Dufresnoy s'est trompé en en indiquant une édition de 1608. Les suivantes sont de Paris, 1638, 1642, 1650, in-24 ; Rouen, 1647, 1658 ; Genève, 1653, 1673 ; Kiel, 1718, et Tübingen, 1728, in-4°, avec une commentaire de Hanneman. Ces traités ont été traduits en français sous ce titre : La Philosophie naturelle restablie en sa pureté, Paris, Edme Pépingué, 1651, in-8°. Cette traduction est rare et chère. L'auteur en est Jean Bachon, qui a également mis en français le Parfait Joailler de Boodt Borel ; dans sa Bibliothèque chimique, il dit que le même ouvrage avait été mis en vers héroïques par un nommé l'Aisné, qu'il qualifie de Poeta eximius.

      D'Espagnet, magistrat intègre, qui, dans sa patrie, lutta contre les folies de la Fronde, ne borna point ses travaux à l'alchimie. Il composa un traité de l'Institution d'un jeune prince, et le joignit à un vieux manuscrit déterré à Nérac, et intitulé : Le Rosier des Guerres, composé par le feu roy Louis XI, pour monseigneur le dauphin Charles, son fils. Il les publia à Paris, chez Nicolas Buon, 1616, in-8°. Ce manuscrit, qu'il croyait inédit, avait déjà été imprimé (en 1523) à Paris, in-4°, veuve de Michel Le Noir. Au reste, il suffit de jeter les yeux sur le prologue pour reconnaître qu'il ne peut appartenir à Louis XI.

      D'Espagnet est encore auteur de la préface qui précède le traité de Pierre de Lancre, intitulé : Tableau de l'inconstance des mauvais anges et démons, où il est amplement traité des sorciers, etc., Paris, 1612, in-4°. On lit dans cette préface que les sorcières ont coutume de voler les petits enfants pour les consacrer au démon ; ce qui ne donne pas une haute idée de la critique du philosophe bordelais.


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(1)  Ce chevalier Impérial, très révéré des alchimistes, était un gentilhomme allemand, demeurant à Hambourg, et lié particulièrement avec le comte Bombast, neveu de Paracelse. Il fut depuis employé en Espagne dans des négociations par l'archiduc Ferdinand, et vint enfin se fixer à Paris. Il est beaucoup question de lui dans le Trompette François, petit volume contenant une prophétie de Bombast sur la naissance de Louis XIV, et publié en 1609, in-12, sous le pseudonyme du Fidèle François, un autre adepte. On a du chevalier impérial Le Miroir des alchimistes, avec instructions aux dames, pour doresnavant être belles sans plus user de leurs fards venimeux, 1609, in-16. On ne doit as confondre ce livre avec celui du même titre de Roger Bacon.  (Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 13 - Pages 49-50)




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