Christophe Glaser Prenez une once d'
argent de coupelle réduit en grenailles ou lamines déliées, et trois onces d'
esprit de nitre : mettez-les ensemble dans un matras sur le sable chaud, et les y laissez jusqu'à ce que l'
argent soit dissout : versez ensuite la
dissolution chaude dans une petite
cucurbite ou ventouse de verre, que vous aurez fait chauffer auparavant, de peur que la
chaleur de la
dissolution ne la fît fendre, et l'y laissez refroidir quelques heures, et la liqueur se convertira presque toute en cristaux, il en restera pourtant quelque partie, qui ne sera cristallisée cette première fois ; c'est pourquoi il la faut évaporer à moitié sur le sable dans un vaisseau de verre, puis la laisser cristalliser au froid : ou bien si on se veut contenter des premiers cristaux, on peut verser la liqueur qui surnagera dans une terrine, où il y ait de l'
eau, et une pièce de cuivre, et tout l'
argent que cette liqueur contenait se précipitera en poudre, laquelle on peut laver et sécher, puis
fondre avec un peu de salpêtre et de tartre dans un petit creuset, pour lui redonner son premier
corps ; il faut sécher les premiers cristaux par une lente
chaleur, et les conserver soigneusement dans un vaisseau de verre bien bouché. Ces cristaux lesquels on appelle sel ou
vitriol de lune sont d'un
goût très amer ; on s'en sert principalement pour les maladies du cerveau, ou pour les hydropisies ; ils purgent assez bénignement : leur dose est depuis trois jusque à huit grains dans un verre de liqueur appropriée à la maladie, pour ceux qui en peuvent supporter l'amertume, ou bien dans quelque conserve, en buvant par dessusun verre de quelque liqueur appropriée pour tempérer l'acrimonie que l'
esprit de nitre a imprimée dans ces cristaux.
Christophe Glaser, Traité de la Chymie, pp. 98-100 - Orthographe modernisée par France-Spiritualités.