Dom Antoine-Joseph Pernéty (Sc. Hermét.) Ceux qui prennent à la lettre les termes des Philosophes
Hermétiques, se sont imaginés que leurs
éléments étaient en effet quatre choses distinctes et séparées, qu'il fallait extraire d'une matière, et qu'il fallait ensuite convertir l'une en l'autre ; c'est-à-dire, faire par exemple de l'
huile de l'
eau, et de la terre du
feu, ou du
feu faire de l'
air, et de l'
air faire de l'
eau, et de l'
eau faire de la terre. Par les opérations de la Chymie vulgaire on extrait de chaque mixte quatre choses, un
esprit, une
eau flegmatique, une
huile, et une terre appelée
caput mortuum, ou
tête morte. D'autres ont nommé ces quatre choses un sel, un soufre, un mercure, et une terre damnée, ou inutile. Ceux qui se sont imaginés parvenir au magistère des Philosophes
par ces opérations de la Chymie vulgaire, ont donné le nom d'
air à l'
huile, que d'autres ont appelée
soufre, celui de
feu à l'
esprit, celui d'
eau à l'
eau flegmatique, et enfin celui de
terre, les uns au sel, les autres à la terre damnée. Mais les
éléments des Philosophes sont tout-à-fait différents ; leurs
opérations sont celles de la Nature et non de la Chymie vulgaire ; leur
feu est renfermé dans leur terre et ne s'en sépare point, et leur
air est contenu dans leur
eau. Ils n'ont donc que deux
éléments visibles, dont il
faut faire la conversion ; c'est-à-dire que leur
eau change leur terre en sa nature liquide d'
eau, et qu'ensuite tout le
composé qui était devenu
eau, doit devenir terre ; en devenant
eau, tout devient volatil, et étant réduit en terre, tout devient fixe. Ainsi quand ils parlent du froid et de l'humide, il faut entendre leur
eau, et le chaud et le sec sont leur terre.
Dom Antoine-Joseph Pernety, Dictionnaire mytho-hermétique, Edition de 1758 - Français modernisé par France-Spiritualités.