Raymond Lulle
Au nom du Seigneur. Amen.
Prenez trois gros de
Lune pure en lamelles ténues ; faites-en un amalgame avec quatre gros de mercure vulgaire bien lavé. Quand l'amalgame sera fait, vous le mettre dans un petit matras ayant un col d'un pied et demie.
Prenez ensuite notre
Mercure extrait ci-dessus
du
corps lunaire, et mettez-le sur l'amalgame fait avec le
corps parfait
et le mercure vulgaire ;
lutez le vase avec le meilleur
lut possible
et faites sécher. Ceci fait, agitez fortement le matras pour
bien mélanger l'amalgame et le mercure. Puis placez le vase où
se trouve la matière dans un petit
fourneau sur un
feu de quelques
charbons seulement ; la
chaleur du
feu ne doit pas être supérieure
à celle du
soleil lorsqu'il est dans le signe du
lion. Une
chaleur
plus forte détruirait votre matière ; aussi, continuez
ce degré de
feu jusqu'à ce que la matière devienne
noire comme du
charbon et épaisse comme de la bouillie. Maintenez
la même température jusqu'au moment où la matière
prendra une
couleur gris sombre ; lorsque le gris apparaîtra,
on augmentera le
feu d'un degré et il sera deux fois plus fort
; on le maintiendra ainsi jusqu'à ce que la matière commence
à
blanchir et devienne d'une
blancheur éclatante. On augmentera
le
feu d'un degré et l'on maintiendra ce troisième degré
jusqu'à ce que la matière devienne plus blanche que la
neige et soit réduite en poudre plus blanche et plus pure que
la
cendre. Vous aurez alors la
Chaux-vive des Philosophes et sa minière
sulfureuse que les Philosophes ont si bien cachées.
Raymond
Lulle, La Clavicule
- Chapitre III : De la multiplication de notre
Mercure.
Cette
Chaux convertit une quantité infinie
de mercure vulgaire en une poudre très blanche qui peut être
réduite en
argent véritable quand on l'unit à quelque
autre
corps comme la
Lune.
Raymond
Lulle, La Clavicule
- Chapitre IV : Propriété de la
chaux des Philosophes.
Prends le vaisseau avec la matière, ajoutes-y
deux onces de mercure vulgaire bien lavé et sec ;
lute avec soin,
et remets le vaisseau où il était d'abord. Règle
et gouverne le
feu selon les degrés un, deux et trois comme ci-dessus,
jusqu'à ce que le tout soit réduit en une poudre blanche ; tu pourras ainsi augmenter ta
Chaux à l'
infini.
Raymond Lulle, La Clavicule - Chapitre V : Multiplication de la chaux des Philosophes.
Ayant donc préparé une grande quantité de notre
Chaux-vive ou minière, prends un creuset neuf sans son
couvercle ; mets-y une once de
Lune pure et lorsqu'elle sera fondue,
ajoutes-y quatre onces de ta poudre agglomérée en pilules.
Ces petites boules pèsent chacune le quart d'une once. On les
jette une à une sur la
Lune en
fusion, tout en continuant un
feu violent jusqu'à ce que toutes les pilules soient fondues
; on augmente encore le
feu pour que tout se mélange parfaitement
; enfin, on coulera dans une
lingotière.
Tu auras ainsi cinq onces d'
argent fin, plus pur
que le naturel ; tu pourras multiplier ta minière physique à
ton gré.
Raymond Lulle,
La Clavicule -
Chapitre VI : Réduction de la chaux-vive
en vraie Lune.
Réduisez en
Mercure, comme il a été
dit plus haut, votre
Chaux-vive tirée de la
Lune. C'est là
notre
Mercure secret. Prenez donc quatre onces de notre de
Chaux, extrayez
le
Mercure de la
Lune comme vous l'avez fait plus haut. Vous recueillerez
au moins trois onces de
Mercure, que vous mettrez dans un petit matras
à long col comme il a été dit. Puis faites un amalgame
d'une once de vrai
Soleil avec trois onces de mercure vulgaire et mettez-le
sur le
Mercure de la
Lune. Agitez fortement pour bien mélanger.
Lutez le vaisseau avec soin et mettez-le dans le
fourneau, en réglant
le
feu au premier, second et troisième degré.
Au premier degré, la matière deviendra
noire comme du
charbon ; on dit alors qu'il y a éclipse de
Soleil
et de
Lune. C'est la véritable
conjonction qui produit un
enfant,
le Soufre, plein d'un sang tempéré.
Après cette première opération, on continue par le
feu du second degré jusqu'à ce que la matière soit grise. Puis on passe au troisième degré jusqu'au moment où la matière apparaît parfaitement blanche. On augmente alors le
feu jusqu'à ce que la matière devienne rouge comme du
cinabre et soit réduite en cendres rouges. Tu pourras réduire cette
Chaux en
Soleil très pur, en faisant les mêmes opérations que pour la
Lune.
Raymond
Lulle, La Clavicule - Chapitre VII : De notre Grand uvre au blanc et au rouge.