Dom Antoine-Joseph Pernéty Matière des Philosophes après la
conjonction de l'
esprit et du
corps, ou mercure animé des Sages. Cette matière est véritablement unique dans son espèce, quoique fort commune, et que personne ne puisse s'en passer ; mais elle acquiert encore mieux cette qualité d'unique après sa putréfaction. Elle contient tout, quoiqu'elle ne ressemble
proprement à rien de ce qui existe dans le monde. Elle est
eau, elle est terre, elle est
feu, elle est
air, et ne ressemble à aucun de ces
éléments. Comme elle renferme les propriétés et les vertus des choses supérieures et inférieures de l'Univers, on lui donne à juste titre les noms de tous les individus, sans qu'elle soit nullement spécifiée à aucun d'eux en particulier. Cette diversité de noms a trompé et induit tous les
jours en erreur un grand nombre de gens qui cherchent la pierre; mais elle n'a proprement qu'un nom connu de tout le monde, des hommes comme des femmes, des vieux comme des
enfants, des savants comme des
ignorants ; parce que, comme dit Morien,
elle est pour le riche comme pour le pauvre, pour l'avare comme pour le prodigue, pour les vieux et les jeunes, pour ceux qui sont debout comme pour ceux qui sont assis; et, comme dit
Basile Valentin, qu'elle renferme toutes choses, parce qu'elle est toutes choses.
II faut bien distinguer la matière des Sages avant la
putréfaction et après la putréfaction. Dans le premier cas, elle est telle que je l'ai décrite lorsque j'ai dit qu'elle était pour tout le monde ; dans le second, elle est proprement la matière des Sages; elle est
leur mercure, et la minière de leurs métaux ; et c'est d'elle qu'ils disent que leur mercure renferme tout ce que cherchent les Philosophes. C'est leur
azoth qui suffit avec le
feu.
Dom Antoine-Joseph Pernety, Dictionnaire mytho-hermétique, Edition de 1758 - Français modernisé par France-Spiritualités.