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La Toison d'Or

Baron H. Kervyn Lettenhove
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      Après avoir rendu hommage à Charles-Quint et après avoir montré l'éclat que sa grandeur d'âme, sa vaillance et sa hauteur de vues donnèrent à l'ordre dont il était le Chef et le Souverain, il serait injuste de ne pas dire un mot de ceux qui le secondèrent dans les vastes et difficiles entreprises d'un règne aussi fécond.

      Car bien que Charles-Quint soit l'astre principal, cependant d'autres points lumineux nous apparaissent dans le ciel de son Empire. Autour de son trône ou plutôt près de sa tente, se tient tout un état-major qui porte la Toison d'or !

      Comme sous Philippe le Bon et Charles le Téméraire, les chevaliers choisis par Charles-Quint ont eu à cœur de se distinguer dans tous les combats : ils sont devenus les plus intrépides et les meilleurs capitaines de ses armées.

      Un chroniqueur illustre, peu porté en sa qualité de Français, en faveur de Charles-Quint, des Flamands et des Espagnols, retrace la vie des plus grands capitaines de son temps dans un livre qu'il dédie à la Reine de France : Rien n'est plus à l'honneur de l'ordre de la Toison d'or que la composition de cette glorieuse liste. En effet, la plus grande place y est occupée par les noms de ses membres, bien qu'ils soient flamands ou espagnols. J'y relève à côté des hauts faits » de Charles-Quint que Brantôme considère comme le premier de tous les capitaines de son siècle, celui du duc d'Albe, digne et illustre élève de l'Empereur, auquel il était si attaché qu'après le décès de Charles-Quint, il ne pouvait parler de lui sans avoir des larmes dans les yeux ; puis c'est F. F. d'Avalos, Marquis de Pescayre, qui après s'être couvert de gloire à vingt ans à la bataille de Ravenne, meurt à trente-six ans « las et cassé de la quantité et du poids de ses victoires », mais digne d'autant plus de louange « qu'il ne chercha jamais aucun profit à la guerre mais seulement l'honneur ».

      C'est un de ses parents, le Marquis del Gouasto dont les talents militaires et la bravoure sont si dignes d'hommage que Charles-Quint se démet de son commandement en sa faveur devant Tunis. Le Marquis del Gouasto ne put cependant faire respecter par tout le monde l'autorité qui venait de lui être conférée, car dans ce combat, malgré ses supplications, l'Empereur s'avança si fort, comme un simple soldat au hasard des arquebusades et des zagaies des Mores que l'on eût pour lui les craintes les plus vives. Le Marquis del Gouasto, comblé d'honneurs et victorieux ce jour là, ne s'endormit pas sur ces lauriers. Il avait pris cette devise, bien digne des Argonautes et d'un chevalier de la Toison d'or : « finiunt pariter renovant que labores ». Il resta fidèle jusqu'a sa mort à ce précepte « n'ayant jamais cessé ses exploits de guerre et les uns faits, allant à d'autres et les renouvellant ».

      La devise du duc Em. Ph. de Savoye « spoliatis arma supersunt » était également bien digne d'un chevalier de la Toison d'or « expert en armes » et bien faite pour montrer la grandeur de son caractère courageux ; dépouillé de ses Etats, il se consola dans l'honneur et la gloire des armes.

      Les traits de bravoure abondent également sur Philibert de Chalon, Prince d'Orange, qui suivant l'exemple de Charles-Quint, faisait dans les batailles l'office de général, de capitaine et de soldat. Il se fit tuer, d'ailleurs ainsi, tout jeune encore, en chargeant l'ennemi « le collier bien à découvert » ; et il fut d'autant plus regretté qu'il était aussi « le prince le plus libéral et le plus affable du monde ».

      Encore un grand, vaillant et bon capitaine ce René Comte de Nassau, blessé également à l'ennemi (125) et si grièvement que Charles-Quint « alla le voir en son lict, le baisa en sa joue et se retira la larme à l'œil » . L'empereur aimait également beaucoup Henri de Nassau qui montrait les mêmes capacités et le même courage.

      Jean de Ligne Comte d'Arenberg est encore un des « grands et vaillants capitaines » cités par Brantôme qui meurt : « tout noble, tout courageux », faisant face à l'ennemi.

      Quant au Comte de Mansfeld, certain jour devant la désertion de ses troupes, il chercha à se faire tuer et n'ayant pu y parvenir « il se rongea les poings de désespoir ». Il était, au surplus, aussi bon commandant que brave combattant. Que de porteurs de la Toison d'or encore dans ce livre de l'honneur et du mérite ! Citons Philippe, duc de Bavière, Comte Palatin qui défend victorieusement Vienne contre Soliman ; à côté de lui, Nicolas, comte de Salm, sans oublier l'Empereur Fernand, aussi courageux qu'habile, puis Maximilien II...

      Voici André Doria « auquel il faut donner cette gloire d'avoir été un des plus grands capitaines de mer, qui ait été », nous dit Brantôme ; vient ensuite Alvares de Toledo, bien digne de « ce grand nom et cette grande race de Toledo si illustrée par les hauts faits de tous ceux qui en sont sortis qu'à jamais il en sera conservé mémoire » (126). Puis c'est Cosme de Médicis « valeureux, asseuré et prudent » et Ferdinand de Gonzague également prudent et « bening, magnanime, généreux, libéral, fort, adroit, gentil, valeureux » (127), G. de Croy, Seigneur de Chièvres, ancien précepteur de l'empereur, non moins habile courageux et vertueux qui « honorait les charges les plus hautes plus qu'elles ne l'honoraient ».

      Citons encore, toujours avec Brantôme, Charles de Lannoy, le héros de Pavie, auquel François Ier rendit son épée ; Velasco qui eut l'honneur d'avoir sous sa garde le roi de France ; le Comte d'Egmont le vainqueur de St-Quentin et de Gravelines, le Comte de Hornmes qui se distingua aux mêmes combats ; A. de Croy, seigneur de Beaurain, Don Juan de Vega, vice-roi de Sicile ; Don Raymond de Cordonna qui commandait les troupes impériales à Ravenne ; Pedro de Médicis, le Comte de Furstemberg, Henriquez de Cabrera, Don Fernande d'Arragon, Don Gonçalo Fernandez de Cordova, Duc de Terranova, Don Alfonse Felice d'Avalos, d'Arragon, Don B. de la Cueva qui eut plusieurs fois la conduite des armées de Charles V ; Sforsa-Sforsa, Manrique de Lara, etc.

      Pendant tout le règne de Charles-Quint – on peut en juger par tous ces noms qui se sont imposés à Brantôme – de nobles coeurs battaient sous l'or des colliers de la Toison d'or.


      Philippe II était Chef et Souverain de la Toison d'or, depuis le jour de l'abdication de Charles-Quint et avant la mort de son père – suprême joie pour Charles-Quint, – il s'était couvert de gloire par les victoires de St-Quentin et de Gravelines.

      Mais, hélas ! à ces journées de triomphe succédèrent bientôt des jours de deuil. Les défilés des lansquenets vainqueurs firent place aux pompes endeuillées d'un convoi funèbre.


      Philippe II fit célébrer â Bruxelles à la mémoire de Charles-Quint, un service dont la splendeur rappelle lien les traditions des Ducs de Bourgogne et leur amour du faste. Il est vrai que le désir d'honorer la mémoire de Charles-Quint explique la magnificence de ces funérailles.

      On vit, en effet, un long et superbe cortège se déployer dans les rues de Bruxelles : « Entre autres chars, il y avait un navire très grand lequel était tout à l'entour chargé de beaux tableaux représentant ses victoires. D'un coté ces mots étaient écrits : « Afriqué ruinée, Suedres prise, la mer sûre, Tremisen rétabli, Solinlan chassé ». Au côté gauche, on lisait : « Monde nouveau trouvé, Milan recouvert, l'Allemagne et la Bohême appaisés, Moron et Caron forcés, Tunis pris, les captifs ramenés, la Foy plantée en Indye. » « Après ce grand vaisseau, marchaient deux colonnes posées sur deux grands rochers tirés par des Tritons qui disaient qu'à bon droit pour devise il les avait prises, car comme héros, il avait dompté les monstres et il avait passé plus oultre. Les colonnes portaient ces deux vers :

« Jure tibi herculeas sumpsisti signa columnas,
Monstrorum domitur temporis ipse tui.
»

      Et « après marchait le roy Philippe II avec son grand deuil et derrière lui tous les grands princes et seigneurs qui étaient chevaliers de la Toison d'or, puis les ambassadeurs, tous en deuil avec les enseignes et armoiries de tous ces royaumes et seigneuries ». (128)

      Des écriteaux et tableaux « faits à l'antique » étaient encore placés dans l'église de Ste Gudule pour célébrer les faits et les louanges de ce grand empereur dont le fils honorait la mémoire avec un cérémonial si pompeux et une piété si louable.


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(125)  15 juillet 1544.

(126)  Brantôme.

(127)  Brantôme.

(128)  Brantôme.




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