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Le Psautier d'Hermophile

J.-P. Joubert de la Salette
© France-Spiritualités™






I – XX


I

Tous les philosophes sont d'accord, que l'œuvre des sages qui est la composition de la pierre, peut être comparée à la création de l'univers. En effet, cet ouvrage de l'esprit et de la sagesse humaine, représente fort bien l'ouvrage de l'esprit et de la sagesse divine qui a créé le monde. Mais il y a cette différence, que Dieu créa toutes choses sans avoir besoin d'aucun sujet qui servit de matière ou d'instruments à son opération, alors que le philosophe a besoin d'une matière sur laquelle il travaille et du feu comme l'instrument et le conducteur de son ouvrage.


II

      L'art qui est le singe de la nature, comme la nature est le singe du créateur, travaille sur un certain chaos ou corps ténébreux et sépare d'abord la lumière des ténèbres et comme il ne peut pas créer cette matière, il la reçoit des mains de la nature et de son auteur ; et de cette matière, il en compose son grand ouvrage. Dès le commencement, le sage artiste n'a d'autre soin que de la préparer avec industrie, de séparer le subtil de l'épais et le feu de la terre, et de tirer de ce chaos une certaine humidité mercurielle, brillante et lumineuse qui contient tout ce qu'il cherche.


III

      Les éléments de la pierre qui sont l'eau et le feu sont contenus dans ce chaos. Le feu et cette eau sont le soufre et le mercure qui sont les deux agents de la pierre et matériaux nécessaires pour composer la pierre physique. Ces deux matières sont toutes choses, sont partout et en tout temps, mais il ne faut pas les chercher indifféremment partout, même en toute sorte de sujet, parce que la nature les a merveilleusement enveloppés ; ce qui a obligé tous les philosophes à dire et enseigner qu'il faut quitter toute sorte de nature étrangère et prendre la nature métallique, minérale et ce du mâle et de la femelle.


IV

      Ce mâle et cette femelle sont le soufre et le mercure, l'agent et le patient, le soleil et la lune, le fixe et le volatil, la terre et l'eau ou le ciel et la terre contenus dans le chaos des sages qui est leur sujet primitif dans lequel ils sont conjoints ensemble naturellement, avant que l'artiste y ait mis les mains. Mais, s'il en veut faire quelque chose, il est nécessaire qu'il les sépare, qu'il les purifie et qu'ensuite il les réunisse d'un lien plus fort que celui que la nature leur avait donné. Et ainsi, d'un il fait deux et de deux, un, et par ce moyen, il est composé un chaos artificiel d'où sortent de suite les miracles du monde ou de l'art.


V

      Du premier chaos ou sujet primitif, créé des mains de la nature, l'art sépare et purifie la matière et ôte par ce moyen toutes les impuretés qui sont les obstacles ténébreux opposés aux opérations lumineuses de la nature. Ainsi il engendre et fait sortir de ce chaos, Diane et Apollon ou bien la lune et le soleil qui naissent de Délos, c'est-à-dire par la manifestation des choses cachées. C'est la première opération où l'artiste compose l'or vif, ou le soufre des sages et leur mercure et leur argent-vif et les ayant unis tous deux, il en fait le mercure des sages dont le père et la mère sont le soleil et la lune.


VI

      Le mercure des philosophes est l'enfant du soufre et de l'argent-vif suivant la doctrine du Cosmopolite et de tous les sages. C'est ce mercure ou argent-vif des philosophes qui suffit à l'artiste avec le feu ; et de ce mercure seul, on peut faire un or véritable et bon à toute épreuve. Cet or, tout de feu et plein de vie, le faisant rentrer par une solution nouvelle dans son chaos et l'en faisant sortir derechef, on en compose un agent qui triomphe de toutes les impuretés métalliques et l'on peut le multiplier à l'infini, disent les sages.


VII

      Les philosophes parlent souvent de leur chaos auquel ils donnent divers noms, suivant leur dessein qui est de cacher leurs grands mystères à ceux qui en sont indignes. On appelle ce chaos, dit Philalèthe, notre arsenic, notre air, notre lune, notre aimant, notre acier sous diverses considérations. Il dit aussi que c'est un esprit volatil et un corps admirable formé du sang du dragon igné et du suc de la saturnie végétable, et ce chaos est comme la mère des métaux et un principe fécond dont on peut tirer tout ce que les sages recherchent et même le soleil et la lune, leur élixir.


VIII

      Le chaos est le composé des sages. Philalèthe l'appelle eau, air et feu et terre minérale, car il contient en soi tous les éléments qui en doivent sortir, tous à leur rang quoiqu'on en voit que deux, à savoir la terre et l'eau, dit le Cosmopolite. Tous enfin se doivent terminer en terre, dit Hermès. C'est cet admirable composé dont parle Arnaud de Villeneuve dans sa « Lettre au roi de Naples » et qu'il appelle le feu et l'air des philosophes ou plutôt de la pierre qui est la matière prochaine ou cet air et ce feu et qui contient une humidité qui court dans le feu et qui est pierre et non pierre.


IX

      Ce composé, selon Artéphius, et dans la « Vérité », est corporel et spirituel, car il participe du corps et de l'esprit, c'est-à-dire de la portion la plus moelleuse du corps et de l'esprit ou de l'eau, dit cet auteur. Et Flamel après lui, appelle ce composé Cambar, Duenech, mais Artéphius ajoute que son propre nom est eau permanente à cause qu'elle ne fuit point dans le feu et ne s'évapore point des corps, qu'elle embrasse et demeure inséparable avec eux. Ces corps, dit-il, sont le soleil et la lune qui sont changés en une quintessence spirituelle.


X

      Les philosophes parlent diversement de ce composé. Les uns disent qu'il est fait de deux choses, comme Basile Valentin, les autres veulent qu'il soit fait de trois, comme Philalèthe qui enseigne que c'est un assemblage de trois natures différentes, mais d'une même origine. D'autres écrivent que le chaos dont nous parlons est semblable à l'ancien chaos qui est composé de quatre éléments qui commencent, dit Flamel, à déposer l'inimitié de l'ancien chaos pour faire leur paix et leur réconciliation. C'est la pensée d'Artéphius et tous ont dit la vérité sur cela.


XI

      Le terme de chaos est fort équivoque, néanmoins il se peut prendre en divers sens, car il y a un chaos général, créé de Dieu et dont il a tiré toutes les créatures, c'est-à-dire les trois règnes de la nature, animal, végétal, minéral et chaque règne a son chaos particulier et naturel qui est le sperme de chaque chose. Ainsi nous avons un chaos minéral produit des mains de la nature qui contient les deux spermes, masculin et féminin, soufre et mercure, lesquels, unis dans un même sujet, sont la première matière sur laquelle l'artiste doit travailler.


XII

      Les sages ont un autre chaos qu'ils tirent dès le commencement et qu'ils composent d'un sujet que la nature leur présente, disent tous les philosophes après Morien, ne pouvant rien par delà, dès le commencement du magistère, dit Basile Valentin. Ils ont appelé cette substance sensible, mercurielle, sulfureuse et saline, faite de l'union des trois principes, lesquels on a mis proportionnellement, en dissolvant et coagulant, selon les diverses opérations de la nature que l'art doit imiter et selon la disposition de la semence ordonnée de Dieu.
XIII

      Paracelse s'accorde avec tous les philosophes sur ce sujet, qui est la matière de l'art et leur fameux chaos, lorsqu'il dit que la matière de la teinture physique est une certaine chose qui se compose de trois substances par le ministère de Vulcain ; et il ajoute à cela, fort à propos, que ce composé peut être transmué en aigle blanc par le secours de la nature, et par l'aide de l'art. Raimond Lulle parle de ce chaos lorsqu'il dit que l'herbe blanche rassemblait deux fumées et croissait au milieu des deux.


XIV

      L'abbé Synésius, le Cosmopolite et Philalèthe s'accordent avec tous les autres au sujet de cette matière, lorsqu'ils la placent au milieu du métal et du mercure, car elle n'est en effet ni l'un ni l'autre et participe de tous les deux. C'est un chaos ou un composé fixe et volatil tout ensemble, c'est ce que les philosophes appellent hylé ou la première eau et la première humidité radicale qu'ils tirent et composent du premier hylé naturel et minéral que la nature avait composé des éléments.


XV

      Un anonyme, suivant cette pensée qui est celle de tous les philosophes, dit fort à propos que cet admirable composé se fait par la destruction des corps, ce qu'Artéphius avait dit longtemps auparavant, et l'ouvrier, dans la doctrine de cet ancien philosophe, remarque que comme ce composé se fait par la destruction des corps, de même l'eau qui est l'âme, l'esprit, l'essence du composé ne se peut se faire que par la destruction du composé, dans lequel les âmes du corps sont liées, dit Artéphius.


XVI

      Nous n'avons besoin, dit Artéphius, que de cette âme ou moyenne substance des corps dissous, qui est subtile et délicate et qui est le commencement, le milieu et la fin de l'œuvre, de laquelle notre or et sa femme sont produits. C'est un subtil et pénétrant esprit, une âme délicate, nette et pure, un sel et baume des astres dit Basile Valentin. C'est, dit le même, une substance métallique et minérale provenant du sel et du soufre et deux fois née du mercure. C'est le haut et le bas qui ne sont qu'une même chose, comme enseigne Hermès. C'est là tout dans toutes choses, dit Basile Valentin ; c'est enfin l'air de l'air, dit Aristée.


XVII

      Le Cosmopolite, d'après Artéphius, appelle encore magnésie, notre chaos qui est composé disent les philosophes, de corps, d'âme et d'esprit. Son corps est une terre subtile, son âme est la teinture du soleil et de la lune et l'esprit est la vertu minérale des deux corps. Cet esprit mercuriel est le lieu de l'âme solaire et le corps solaire est ce qui donne la fixité qui avec la lune retient l'âme et l'esprit. De ces trois bien unis, c'est-à-dire du soleil, de la lune et du mercure se fait notre pierre ; mais auparavant, un composé doit être purifié dans notre eau.


XVIII

      La purification de ce chaos est très nécessaire dit Artéphius. Elle doit se faire dans notre feu humide, par le moyen duquel on ouvre les portes de la justice et d'où l'on tire le mercure des philosophes de ses cavernes vitrioliques, comme parle Artéphius ; ou bien l'on en tire cette vapeur mercurielle très subtile et très spirituelle qui se revêt de la forme d'eau pour pénétrer les corps terrestres et les empêcher de combustion.
      C'est le dissolvant de la nature qui réveille un feu interne assoupi, menstrue très acide, fort propre à dissoudre le corps d'où lui-même a été tiré avec la doctrine de tous les sages.


XIX

      Tous les philosophes disent que leur mercure est enfermé et emprisonné dans le chaos du premier chaos minéral que la nature leur présente, et qu'il est tiré et mis en liberté par le secours de l'art qui vient aider la nature et qui commence où elle a fini. Elle-même lui donne la main et l'accompagne partout, à mesure que les esprits se tirent de l'esclavage du corps et se séparent des esprits les plus grossiers de la matière, qui demeurent au fond du vaisseau, comme dit Artéphius, et qui sont incapables de solution et tout à fait inutiles dit ce même philosophe.


XX

      Ce mercure, ainsi dégagé des liens de sa première coagulation contient en soi une double nature, à savoir une ignée et fixe, et une humide et volatile. La première qui lui est intérieure, est le cœur fixe de toutes choses, permanent au feu et très pur fils du soleil, lui-même feu essentiel, feu de la nature, véritable véhicule de la lumière et le vrai soufre des philosophes. La seconde nature qui lui est intérieure, le plus pur et le plus subtil de tous les esprits, la quintessence de tous les éléments, la première matière de toutes choses métalliques est le véritable mercure des sages.




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