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Théories et symboles des alchimistes

Albert Poisson
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DEUXIÈME PARTIE – LES SYMBOLES

CHAPITRE VIII

La pierre philosophale – Essai de la pierre – Ses propriétés – Transmutation des métaux
L'élixir de longue vie – Ses effets sur l'âme

      L'Œuvre étant parvenu au rouge, la matière ayant été fermentée, on avait la Pierre philosophale ou élixir rouge ou grand magistère. Nous savons, en effet, que l'on appelait élixir blanc, petit magistère, la matière parvenue au blanc ; mais ce petit magistère ne transmuait les métaux qu'en argent, le grand magistère transmuait en or et possédait en outre bien d'autres propriétés : nous ne parlerons que de ce dernier.

      La Pierre philosophale se présentait sous forme d'une poudre rouge éclant, assez lourde. Cependant ces caractères physiques ne suffisaient pas aux alchimistes ; pour s'assurer de la qualité, ils la projetaient sur une lame de métal chauffée au rouge ; la pierre devait fondre sans répandre de fumée : « Prends une lame d'airain propre, frotte-la et la polis, place dessus un peu de ta matière, et place-la sur des charbons incandescents. Si la matière se fond et s'étend sur la lame chaude, ta médecine est parfaite ; rends alors grâces à Dieu. » (Isaac le Hollandais, Opera Mineralia) Grever dit à peu près la même chose : « Prends de ta matière rouge un grain, place-la sur une lame de fer ou de cuivre et chauffe fortement jusqu'à ce que la lame blanchisse. Si alors il ne s'élève aucune fumée, et que, retirée du feu, la matière n'ait rien perdu ni en poids ni en volume, elle est de bonne qualité. » (Secretum nobilissimum) Calid ajoute quelques détails : « Quand la pierre est parachevée, on en met une parcelle sur un fer rouge ou sur une plaque d'airain ou d'argent fortement chauffée ; si alors elle coule comme de la cire, sans fumer, en adhérant fortement au métal, elle est parfaite. » (Livre des trois paroles)

      L'heureux alchimiste qui possédait la Pierre philosophale prenait le nom d'adepte ; il pouvait dès lors user à son profit des propriétés merveilleuses de la Pierre. Denis Zachaire, dans son opuscule de la Philosophie naturelle des métaux, et Philalèthe, dans L'entrée ouverte au palais fermé du roi, lui reconnaissent trois propriétés : Transmuer les métaux en or et en argent. Produire des pierres précieuses. Conserver la santé.

      Les alchimistes grecs ne reconnaissaient à l'Elixir rouge que la propriété de transmuer les métaux ; ce ne fut que plus tard qu'on lui assigna une foule d'autres propriétés.

      Les alchimistes ne concordent pas sur le résultat des transmutations à l'aide de la Pierre. Selon les uns, on n'obtenait qu'un petit lingot, une partie du métal seulement était transformée en or ; selon les autres, tout le métal était changé en une masse d'or du même poids. « D'une once de cette poudre de projection, blanche ou rouge, tu feras des Soleils en nombre infini et tu transmueras en Lune toute espèce de métal sorti d'une mine » (Raymond Lulle, La Clavicule), et « Tu projetteras cette matière sur mille parties de mercure vulgaire et il sera transmué en or fin » (Raymond Lulle, La Clavicule). Roger Bacon affirme la même chose à la fin de son Miroir d'Alchimie. Mais la Pierre pouvait avoir une vertu plus ou moins de fois : « En sorte qu'après une opération, une partie de l'Elixir change cent parties de n'importe quel corps en Lune, après deux opérations : mille, après trois : dix milles, après quatre : cent milles, après cinq : un million, après six opérations : des milliers de milles, et ainsi de suite à l'infini » (Albert le Grand, Le composé des composés). Albert le Grand a été pourtant dépassé ; un alchimiste a prétendu que l'or produit par l'Art hermétique était à son tour doué de la propriété de transmuer les métaux en or !

      La Pierre guérissait non seulement les métaux vils de leur lèpre, c'est-à-dire de leur infériorité, mais par analogie elle guérissait l'homme de toute espèce de maladies et d'infirmités ; elle prolongeait même la vie, son infusion dans l'alcool constituait l'Elixir de longue vie. Artephius prétend par son usage être arrivé à l'âge de mille ans passés. Jean de Lasnioro insinue même qu'elle ressuscite les morts : « Je vous le dis en vérité : si un homme à demi mort pouvait contempler la beauté et la bonté de notre Pierre, toute espèce d'infirmité s'écarterait de lui ; fût-il même à l'agonie, il ressusciterait. » (Jean de Lasnioro, Tractatus aureus de lapide philosophico) Quelques philosophes ont donné des détails sur l'action thérapeutique de la Pierre philosophale. Selon Arnauld de Villeneuve : « Elle conserve la santé, elle accroît le courage ; d'un vieillard elle fait un jeune homme. Elle chasse toute âcreté, fortifie les poumons, purifie le sang et guérit les blessures. Si la maladie date d'un mois, elle la guérit en un jour ; si c'est d'un an, elle guérit en douze jours ; et si elle date de plusieurs année, en un mois on est guéri. » (Le Rosaire) L'auteur anonyme de l'Aurora consurgens lui attribue des propriétés encore plus spéciales : « Elle remet le vin gâté, aigre,... ; elle détruit les poils follets ; elle fait disparaître complètement les rides et les taches de rousseur, elle rend aux femmes un visage juvénile ; elle aide à la parturition ; sous forme d'emplâtre, elle expulse le fœtus mort ; elle fait uriner ; elle excite et donne des forces pour l'acte de Vénus ; elle dissipe l'ivresse ; elle rend la mémoire... » (Aurora consurgens)

      Khunrath admet son influence non seulement sur le corps, mais encore sur l'esprit et sur l'âme. « Si 'lon administre la pierre à un malade, elle expulse toutes les maladies tant de l'âme que du corps. Elle chasse la lèpre, l'hydropisie, l'épilepsie, l'apoplexie, la surdité, la cécité, la folie, l'orgueil et l'ignorance. » (Heinrich Khunrath, Confessio de chao physico chimicorum) De même, « Avec l'aide de Dieu tout-puissant, cette pierre vous délivrera et vous garantira de maladies, si grandes qu'elles soient ; elle vous préservera des toute tristesses et afflictions, et de tout ce qui pourrait vous nuire au corps et à l'esprit. » (Hermès, Les sept chapitres)

      Non seulement elle guérissait le moral attaqué, mais encore elle augmentait l'intelligence et donnait même le pouvoir de commander à la nature et de voir Dieu dans sa gloire. « Il me dit encore que si pendant neuf jours consécutifs j'usais de neuf gouttes ou de neuf grains de la Pierre, je serais doué d'une intelligence angélique et qu'il me semblerait être dans le Paradis » (Cassette du petit paysan) Sperber va plus loin : « Enfin, elle purifie et illumine tellement le corps et l'âme que celui qui la possède voit comme en un miroir tous les mouvements célestes des constellations et les influences des astres, même sans regarder le firmament, les fenêtres fermées, dans sa chambre. » (Sperber, Isagoge de materia lapidis) En un mot, l'adepte peut contempler le monde invisible fermé aux autres hommes.

      Nous voici arrivé à la fin de notre volume ; nous pouvons affirmer que la personne qui l'aura lu avec attention, et qui aura retenu les principaux traits, est à même de comprendre n'importe quel traité d'alchimie, si allégorique qu'il soit. Ci-joint un pantacle de Basile Valentin, dont nous laissons au lecteur à trouver la signification.

Pantacle de Basile Valentin




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