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Théories et symboles des alchimistes

Albert Poisson
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PREMIÈRE PARTIE – LES THÉORIES

CHAPITRE III

Les sept métaux - Leur composition - Leur genèse
Le Feu Central - Cycle de formation - Influences planétaires

      Les Alchimistes travaillant surtout sur les métaux, on comprend qu'ils se sont beaucoup étendus sur la genèse et la composition des métaux. Ils en reconnaissaient sept, auxquels ils attribuaient le nom et le signe des sept planètes : Or ou Soleil Soleil, Argent ou Lune Lune, Mercure Mercure, Plomb ou Saturne Saturne, Etain ou Jupiter Jupiter, Fer ou Mars Mars, Cuivre ou Vénus Vénus. Ils les divisaient en métaux parfaits, inaltérables, qui étaient l'or et l'argent, et en métaux imparfaits, se changeant en chaux (oxydes), au feu ou à l'air, facilement attaquables par les acides. «L'élément feu corrompt les métaux imparfaits et les détruit. Ces métaux sont au nombre de cinq : Mercure, Saturne, Jupiter, <a href='mythologie-histoire-geographie/mythologie/romaine/M/mars-ares.html' title='Mars' class='wiki'>Mars</a> et Vénus. Les métaux parfaits sont inaltérables dans le feu. » (Paracelse : Le Ciel des Philosophes)

      Voyons quelle est l'application de la théorie hermétique aux métaux. D'abord les métaux doivent tous dériver d'une même source : la matière première. Les Philosophes hermétiques sont au reste unanimes sur ce point. « Les métaux sont tous semblables dans leur essence ; ils ne diffèrent que par leur forme. » (Albert le Grand : De Alchimia) « Il n'y a qu'une seule matière première des métaux ; elle revêt différentes formes selon le degré de cuisson, selon la force plus ou moins puissante d'un certain agent naturel. » (Arnauld de Villeneuve : Le chemin du chemin) Soit dit en passant, la théorie est absolument applicable aux minéraux. « Il n'y a qu'une seule matière première pour tous les métaux et les minéraux » (Basile Valentin), et enfin : « La nature des pierres est la même que celle des autres choses. » (Le Cosmopolite)

      Le passage d'Albert le Grand est on ne peut plus explicite : la matière une pour tout ce qui existe, dirait-on aujourd'hui, se différencie d'elle-même par la forme – c'est-à-dire que les atomes identiques entre eux affectent en se groupant diverses formes géométriques, et de là vient la différenciation entre les corps. En chimie, l'allotropie justifie parfaitement cette manière de voir.

      Il s'ensuit que le Soufre et le Mercure, principe secondaires (par opposition à la Matière, principe premier) ne représentent qu'un ensemble de qualités : « Et ainsi tu peux voir clairement que le Soufre n'est pas une chose à part hors de la substance du Mercure, et que ce n'est pas Soufre Vulgal. Car s'il en était ainsi, la Matière des métaux ne serait point d'une nature homogénée, ce qui est contre le dire des Philosophes. » (Bernard le Trévisan : Livre de la Philosophie naturelle des métaux). Dans le même ouvrage, Bernard le Trévisan revient sur ce sujet important : « Le Soufre n'est point une chose qui soit divisée du vif-argent, ne séparée ; mais est seulement cette chaleur et sécheresse qui ne domine point à la froideur et humidité du Mercure, lequel Soufre après digéré, domine les deux autres qualités c'est-à-dire froideur et moiteur et y imprime ses vertus. Et par ces divers degrés de décoctions se font les diversités des métaux. » (idem) Le Soufre, de nature chaude, est actif, le Mercure, de nature froide, est passif : « Je dis : il y a deux natures, l'une active, l'autre passive. Mon maître me demanda : Quelles sont ces deux natures ? Et je répondis : L'une est de nature du chaud, l'autre du froid. Quelle est la nature du chaud ? Le chaud est actif et le froid passif. » (Artéphius : Claris majoris sapientiæ)

      Le Soufre ou le Mercure peuvent dominer dans la composition des métaux ; en un mot, certaines qualités peuvent l'emporter sur d'autres. Quant au Sel, nous avons déjà expliqué que ce principe inconnu aux premiers Alchimistes n'eut même plus tard qu'une importance restreinte malgré les Paracelsistes. Le Sel ou Arsenic n'était que le lien qui unit les deux autres principes : « Le Soufre, le Mercure et l'Arsenic sont les principes composants des métaux. Le Soufre en est le principe actif, le Mercure, le principe passif, l'Arsenic est le lien qui les unit. » (Roger Bacon : Breve breviarium de dono dei) Roger Bacon attachait lui-même si peu d'importance au Sel que dans un autre de ses ouvrages, il n'en fait pas mention comme principe composant. «Notez, dit-il, que les principes des métaux sont le Mercure et le Soufre. Ces deux principes ont donné naissance à tous les métaux et à tous les minéraux, dont il existe pourtant un grand nombre d'espèces différentes. » (Miroir d'Alchimie)

      Donc, on peut dire que tous les métaux sont composés de Soufre et de Mercure, tous deux réductibles à la matière première.

« Car tous métaux de Soufre sont
Formez et Vif-Argent qu'ils ont
Ce sont deux spermes des métaux.
»
(Nicolas Flamel : Sommaire).

      Le Soufre est le père (principe actif) des métaux, disaient encore les Alchimistes et le Mercure (principe passif) est leur mère.

« Mercurius est Vif-Argent
Qui a tout le gouvernement
Des sept métaux, car c'est leur mère.
»

(Jehan de la Fontaine : La Fontaine des amoureux de science).

      Nous ne nous occuperons que du Soufre et du Mercure, et de leur rôle dans la Genèse des métaux. Ces deux principes existent séparés dans le sein de la terre. Le Soufre sous forme de vapeur. « Le Soufre est la graisse de la terre, épaissie dans les mines par une cuisson modérée, jusqu'à ce qu'elle durcisse ; alors, elle constitue le Soufre. &raquo: (Albert le Grand : De Alchimia) Attirés sans cesse l'un vers l'autre, les deux principes se combinent en diverses proportions pour former métaux et minéraux. Mais il y a encore d'autres circonstances qui [...] des deux principes : le degré de cuisson, la pureté, les accidents divers. Les Alchimistes admettaient en effet l'existence d'un feu situé dans les entrailles de la terre ; le mélange de Soufre et de Mercure, plus ou moins cuit et digéré, variait par suite de propriétés : « On a observé que la nature des métaux, telle que nous la connaissons, est d'être engendrée par le Soufre et le Mercure. La différence seule de cuisson et de digestion produit la variété dans l'espèce métallique. » (Albert le Grand : Le composé des composés) Pour ce qui est de la pureté, nous citerons le passage suivant : « Selon la pureté ou l'impureté des principes composants, Soufre et Mercure, il se produit des métaux parfaits ou imparfaits. » (Roger Bacon : Miroir d'Alchimie) Ceci nous amène à dire que les métaux imparfaits naissent les premiers : ainsi le fer se transforme en cuivre ; puis se perfectionnant, le cuivre se change en plomb ; ce dernier à son tour devient étain, mercure, puis argent et enfin or. Les métaux parcourent une sorte de cycle : « Nous avons en effet démontré clairement dans notre Traité des minéraux, que la génération des métaux est circulaire ; on passe facilement de l'un à l'autre suivant un cercle. Les métaux voisins ont des propriétés semblables ; c'est pour cela que l'argent se change facilement en or. » (Albert le Grand : Le composé des composés). Glauber va plus loin ; il émet l'opinion singulière que les métaux, une fois arrivés à l'état d'or, parcourent le cycle en sens inverse, devenant de plus en plus imparfaits jusqu'au fer, pour remonter ensuite en perfection, et ainsi de suite indéfiniment. « Par la vertu et par la force des Eléments, il s'engendre tous les jours de nouveaux métaux, et les vieux tout au contraire se corrompent en même temps. » (Glauber : L'Œuvre minéral) Le mot "Elément" est pris dans le sens de Force minéralisante.

      L'or, qui est la perfection est donc le but constant de la nature : outre un degré insuffisant de cuisson ou l'impureté du Soufre et du Mercure, divers accidents peuvent entraver son action. « Je dis de plus que la Nature a pour but et s'efforce sans cesse d'atteindre la perfection, l'or. Mais par une suite d'accidents qui entravent sa marche, naissent les variétés métalliques » (Roger Bacon : Miroir d'Alchimie). Un de ces accidents, c'est que la minière où se développent les métaux vienne à être ouverte. « Par exemple si une mine était éventrée, l'on y pourrait trouver des métaux non encore achevés, et parce que l'ouverture de la mine interromprait l'action de la nature, ces métaux resteraient imparfaits et ne s'accompliraient jamais, et toute la semence métallique contenue en cette mine perdrait sa force et sa vertu. » (Texte d'Alchymie)

      Nous ne pouvons terminer ce chapitre sans parler des influences planétaires qui interviennent dans la genèse métallique. Au moyen-âge, on admettait une relation absolue entre ce qui avait lieu sur terre et les planètes. « Rien ne se produit, en la terre et en l'eau, qui n'y soit semé au ciel. Le rapport permanent entre ces deux grands corps pourrait être figuré par une pyramide dont le sommet appuie sur le Soleil et la base sur la Terre. » (Blaise de Vigenère : Traité du feu et du sel) De même, « Sachez donc, ô mon fils et le plus cher de mes enfants, que le Soleil, la Lune et les étoiles jettent perpétuellement leurs influences dans le centre de la terre. » (Valois : Œuvres manuscrites) L'on a déjà vu plus haut que les sept métaux étaient consacrés aux sept planètes qui leur donnaient naissance. On confondait planètes et métaux sous le même nom et sous le même signe. Ces théories remontent à l'origine même de l'Alchimie. Proclus, philosophe néo-platonicien du Vème siècle de notre ère, dans son Commentaire sur le Timée de Platon, expose que « l'or naturel, l'argent et chacun des métaux comme des autres substances, sont engendrés dans la terre sous l'influence des divinités célestes et de leurs effluves. Le Soleil produit l'or, la Lune l'argent, Saturne le plomb et Mars le fer. » (Voir Berthelot : Introduction à l'étude de la chimie) On peut même remonter plus haut : chez les Perses, les métaux étaient aussi consacrés aux planètes, mais ils ne correspondaient pas aux mêmes astres qu'au Moyen-Age ; ainsi, l'étain était consacré à Vénus et le fer à Mercure.

      Les Alchimistes reconnaissaient donc unanimement l'action des planètes sur les métaux. Paracelse va plus loin et spécifie cette action. Selon lui, chaque métal doit sa naissance à la planète dont il porte le nom ; les six autres planètes unies chacune à deux constellations zodiacales lui donnaient diverses qualités. Ainsi, « La Lune doit au Bélier, au Cancer et à Mars sa dureté et sa sonorité agréable. Elle doit à Vénus, aux Gémeaux et à la Balance sa résistance à la fusion et sa malléabilité. Enfin, Saturne, le Scorpion et le Capricorne lui donnent sa densité et un corps homogène, etc. » (Paracelse : Le Ciel des Philosophes)

      En résumé, métaux et minéraux, formés à la base de la matière première sont composés de Soufre et de Mercure, le degré de cuisson, la pureté variable des composants, divers accidents, les influences planétaires causant les différences qui séparent les métaux les uns des autres.




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