La Télépsychie

PREMIÈRE PARTIE – LA LECTURE MUSCULAIRE
LEÇON VIII
Dessins d'animaux – Conduire une voiture en ayant les yeux bandés – Ce qui arrive – Le secret de bander les yeux – Le tampon d'ouate

Tracer le contour d'un animal qu'un artiste de l'assistance a esquissé sur un morceau de papier, montré à l'assistance et caché dans sa poche, voilà une expérience qui augmente grandement les merveilles des amusements de la soirée.

      La manière d'opérer est naturellement la même que dans la dernière expérience.

      Dans ce cas, il est toutefois préférable que la main du guide soit posée à plat sur la main qui dessine. Vous recevrez ainsi vos renseignements plus directement et le résultat sera meilleur.

      Nous en arrivons maintenant au plus pittoresque de tous ces exploits. C'est la conduite d'une voiture par un conducteur ayant les yeux bandés. C'est le grand atout de tous les célèbres « liseurs de pensées » depuis l'époque de Brown et de Bishop.

      On forme un comité et deux de ses membres sont chargés de se rendre en voiture à un hôtel dans une partie éloignée de la ville, d'y choisir un nom sur le registre et de revenir à leur point de départ par une autre route.

      Le liseur de pensées se fait alors bander les yeux par le comité, prend la main de l'une des deux personnes qui ont fait la route, se fait conduire à une voiture qui attend, grimpe sur le siège du cocher, prend les rènes d'une main et la main du guide de l'autre, puis conduit la voiture, ventre à terre, à travers les rues, jusqu'à l'hôtel choisi. Il se rend au bureau de l'hôtel, trouve le registre, découvre la page et le nom choisi. Il retourne alors en voiture et la ramène au point de départ par la seconde route suivie par les deux membres du comité dont il a été question ci-dessus.


      Cet exploit est du meilleur effet. Toutefois, pour l'exécuter, le liseur de pensée s'aide d'un peu d'arti fice. Dès qu'on connaît l'artifice, l'exploit se réduit à une exhibition de lecture musculaire ordinaire.

      L'artifice réside dans la façon de bander les yeux. L'opérateur voit, soit sous, soit au travers du bandeau.

      En général, l'opérateur tire de sa poche un mouchoir de soie noire tout plié, l'applique d'une main sur ses yeux, tourne le dos à l'un des membres du comité et prie celui-ci de nouer les extrémités.

     Naturellement, la personne en question lie les extrémités ensemble, comme on le lui demande, sans insister pour voir de quelle manière le mouchoir est plié. Elle se plaît à penser qu'elle attachera le bandeau si étroitement que l'opérateur ne pourra le faire bouger, ni voir par dessous. L'opérateur n'a pas besoin de voir par dessous, si on lui a permis de plier le mouchoir lui-même. Il voit au travers et très clairement.

      L'élève peut le constater immédiatement lui-même par une simple expérience :

      Prenez un mouchoir carré en soie noire et pliez-le, depuis un coin, jusque vers le milieu ; pliez-le ensuite, depuis le coin opposé encore jusque vers le milieu. Le mouchoir est maintenant plié de façon qu'un côté montre une surface unie, tandis que le côté opposé présente deux plis parallèles qui se touchent à peu près.

      C'est ce dernier côté que l'on applique sur les yeux, tandis que le côté uni est exposé à la vue des spectateurs. Ils croient évidemment que le mouchoir a été plié de la façon ordinaire et constitue un bandeau efficace.

      Il va de soi que l'opérateur voit à travers la simple épaisseur de soie restée au milieu du bandeau. A ceux qui le regardent directement, il semble avoir les yeux solidement bandés, et, en réalité, il voit très commodément. Ses regards sont à peine gênés par la simple épaisseur de soie ; il devient très facile dès lors de conduire une voiture dans un endroit quelconque de la ville.

      Si l'opérateur ne voit pas au travers du bandeau, il voit par dessous.

      Pour faire paraître plus grande l'impossibilité d'un artifice en cette matière, l'opérateur insiste habituellement pour placer un coussinet d'ouate sur chacun de ses yeux, avant la mise en place du bandeau.

      Un membre du comité lui bande alors les yeux, tandis que l'opérateur maintient la ouate en place avec les mains. Pendant qu'on lui bande les yeux, l'opérateur fronce très fortement les sourcils, abaissant ces derniers le plus possible. Il a soin qu'une partie de ouate, placée devant chaque œil, dépasse sur son front.

      Lorsque ses yeux sont bandés, il détend les sourcils, ce qui a pour effet de relever le bandeau ; la ouate se relève en même temps et suffisamment pour permettre de voir sous le bandeau.

      Si l'opérateur lève alors les sourcils, le bandeau s'élèvera suffisamment pour permettre de voir les objets à deux pieds en avant, en rejetant la tête en arrière.

      Pour celui qui n'a pas expérimenté en ce sens, cele semble impossible. C'est cependant très réel et en suivant ces instructions vous pouvez étonner vos amis en lisant sans difficulté un livre quoique vous ayiez les yeux en apparence soigneusement bandés. C'est d'un artifice aussi simple que dépendent bien des exploits surprenants.

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