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Magnétisme - Théories et procédés -T. 1

Henri Durville
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IV - AGRIPPA

Médecine occulte - Propriétés occultes des divers corps de la nature - Pouvoir de l'imagination


      AGRIPPA de Nettesheim (Henri Corneille), naquit à Cologne en 1486, d'une illustre famille, et mourut en 1535.

      Philosophe et médecin, il fut aussi le plus grand magicien dogmatique de son temps. Il enseigna d'abord l'hébreu à Dôle, puis la philosophie à Londres, à Turin, à Metz, à Fribourg, etc., remplit pendant quelque temps les fonctions de secrétaire de Maximilien Ier, et celles de conseiller de Charles-Quint, dont il devint l'historiographe. Lié avec tous les grands personnages de son époque, il s'occupa même de politique, et fut chargé de différentes négociations. Mais, étant partout précédé d'une colossale réputation de magicien, on se défiait de lui et il obtenait peu de succès.

      Il étudia ardemment l'occultisme avec l'abbé Trithème, et écrivit plusieurs ouvrages sur divers sujets, dont deux surtout nous intéressent plus particulièrement : De Incertitudina et vanitate scienciarum declamatio investiva, 1575, traduit en français par Louis de Mayernes, sous ce titre De l'Incertitude et de la vanité des sciences, in-8°, 1582 ; in-12, 1630. Philosophia occulta, Anvers et Paris, 1531, traduit en français par A. Levasseur, sous ce titre : La Philosophie occulte de Henr. Corn. Agrippa, 2 vol. in-12, La Haye, 1727. C'est de ce dernier ouvrage que sont tirées les citations suivantes, qui vont nous donner une idée de la théorie magnétique de l'auteur.

      Agrippa appliqua les principes de l'occultisme à l'art de guérir et fit de la médecine occulte. Il pratiqua à Lyon avec succès, acquit bientôt une réputation considérable qui s'étendit au loin et le fit appeler à la cour de Louise de Savoie, mère de François Ier en qualité de médecin ordinaire. Mais en raison de son inconstance, il ne conserva pas longtemps cette fonction.

      A son époque, on raisonnait déjà sur le fluide universel, mais il ne parut pas l'apprécier sous un autre nom que celui d'âme du monde ; et encore, comme on peut en juger par le passage suivant, il confond les propriétés qu'on lui accorde, avec celles de l'air. – « Il me reste à vous parler de l'air, dit-il. C'est un esprit vital qui pénètre tous les êtres, les faisant tous vivre et subsister, liant, remuant et remplissant tout ; c'est pourquoi les docteurs Hébreux ne le mettent point parmi les Eléments, mais ils le regardent comme un moyen, et le lien des différents êtres, et comme l'esprit qui frappe tous les ressorts de la nature. » (t. 1, p. 16.)

      Il attribue à tous les corps certaines propriétés qui peuvent être utilisées en médecine. Ces propriétés ne sont évidemment que celles du magnétisme, qui existe en effet dans tous les corps de la nature. Pour l'auteur, ce sont des vertus occultes ; mais il n'attache pas à ce mot un sens mystérieux, laissant même supposer qu'elles sont purement naturelles. « Les propriétés occultes s'appellent ainsi, dit-il, parce que leurs causes ne paraissent point, et parce que l'esprit humain ne peut les pénétrer. » (t. 2, p. 22.) Elles appartiennent en propre à tous les corps, à tous les individus. « C'est pourquoi les philosophes disent qu'un individu ou un corps qui n'a jamais été malade, contribue beaucoup à guérir toutes sortes de maladies. » (t. 1, p. 55.)

      Il y a aussi des corps et des individus qui tiennent certaines qualités de l'influence des astres : « Les individus, dit-il, ont aussi beaucoup de vertus singulières que les corps célestes leur infusent. » (id.)

      C'est au moyen de cette force qui est en eux, que les corps agissent les uns sur les autres. Chez les êtres animés, et plus particulièrement chez l'homme, cette force est en quelque sorte une faculté de l'âme, s'accusant surtout par le pouvoir de l'imagination. Les magnétiseurs diraient par la pensée ou par la volonté. « Les passions de l'âme, qui suivent la phantaisie, quand elles sont violentes, peuvent, non seulement changer le corps propre, mais encore elles s'étendent jusqu'à opérer sur un corps étranger, de façon qu'il se produit ainsi de merveilleuses impressions dans les éléments et dans les choses à l'extérieur, ou par un principe étranger, et qu'elles pourraient ainsi, de cette manière, arrêter ou guérir les indispositions de l'esprit et les maladies du corps ; car les passions de l'âme sont la cause du tempérament du corps propre, ainsi une qui est forte ou qui est échauffée, donne la santé ou la maladie, non seulement à son propre corps, mais aussi à des corps étrangers. » (p. 186)

      C'est aussi par le pouvoir de l'imagination que « l'envie d'une femme grosse agit sur un corps étranger, en marquant son fruit de la chose qu'elle a souhaitée. »

      Un phénomène analogue se produit chez les animaux. « Ainsi, continue-t-il, les verges que le patriarche Jacob jeta dans l'eau, firent changer la couleur aux brebis de Laban ; et la force d'imagination des paons et des autres oiseaux donne la couleur à leurs ailes ; par ce moyen, l'on a fait des paons blancs, en attachant à l'entour des lits des paons, quand ils sont couchés, des draps blancs. » (p. 187)

      Le regard joue un rôle très important, car l'auteur affirme que « les sorciers en regardant fixement les hommes les ensorcellent d'une manière très pernicieuse... Car il est très manifeste que la vapeur d'un corps qui est malade en incommode et en infecte un autre très facilement... II ne faut donc pas s'étonner, ajoute-t-il, qu'un esprit puisse agir sur le corps et l'âme d'un autre, et parce que l'esprit a plus de force, de chaleur, de mouvement que les vapeurs qui sortent du corps, il ne lui manque pas de moyens pour opérer ; et un corps n'est pas moins assujetti à un autre esprit qu'à un autre corps ; et c'est pour cette raison que les philosophes défendent de fréquenter de méchants hommes et des malheureux, parce que leur âme étant pleine de mauvais rayons, elle communique sa contagion à ceux qui en approchent» (pp. 187 et 188).

      Cette action, bonne ou mauvaise, que les individus exercent ou peuvent exercer les uns sur les autres, est évidemment l'action magnétique telle qu'on la définit aujourd'hui. C'est l'action purement physique, exercée par les individus qui nous environnent, action qui se communique, même à leur insu, par une sorte de rayonnement de leur propre individualité. Voulant l'exercer, « il faut être ferme dans toutes nos opérations, et appliqué aux choses, imaginer, espérer, et avoir une grande foi, car cela aide beaucoup...» (p.190) ; autrement dit, comme l'affirment les magnétiseurs, il faut avoir la foi, la confiance, et employer une volonté puissante.

      Comme les auteurs précédents, il attache une grande importance à une qualité qui restera toujours la première des conditions pour que l'opérateur exerce une action véritablement salutaire : c'est la supériorité de l'opérateur sur le malade. « L'esprit des hommes, affirme-t-il, a une certaine vertu de changer, d'attirer, d'empêcher et lier les choses et les hommes à ce qu'il désire ; et toutes choses lui obéissent quand il est porté à un excès de quelque passion ou vertu, de manière qu'il surpasse ceux qu'il lie ; car ce qui est supérieur lie ce qui est inférieur et le convertit en soi... » (p. 193).

      Pour agir magnétiquement sur ses semblables, Agrippa n'emploie aucun des procédés que nous mettons aujourd'hui en pratique.

      Par l'intermédiaire d'un fluide inhérent à la nature de tous les corps, son action se transmet sous l'influence du désir, de l'attention, de la volonté. Cela suffit à quelques praticiens spécialement doués ; mais, sans aucune manipulation, le plus grand nombre d'entre nous ne peuvent obtenir que des effets insuffisants. Néanmoins, la façon dont il comprend l'action magnétique peut nous être d'une certaine utilité.

      Le style d'Agrippa manque de clarté et de précision. Tout est obscur dans ses affirmations ; mais comme tous les auteurs des siècles passés qui ont écrit sur l'occultisme, cette obscurité est voulue et calculée. Persuadé de l'excellence de sa doctrine, il la croit pourtant dangereuse entre les mains des ignorants. « Que porsonue ne se fâche contre nous, dit-il, dans la conclusion de sa Philosophie occulte ; si nous avons caché la vérité de cette science sous l'ambigu des énigmes et si nous l'avons dispersée en plusieurs endroits de cet ouvrage ; car nous ne l'avons pas cachée aux sages, mais aux esprits pervertis et méchants, et nous l'avons enseignée d'un tel style qu'il faut de nécessité que le fol n'y comprenne rien et qu'elle ne soit entendue que de l'homme intelligent » (t. 2, p. 288)

      Dans tous les cas, les ouvrages d'Agrippa furent beaucoup lus ; mais certainement, comme il l'a désiré, ils n'ont pas toujours été compris.

      On possède plusieurs éditions complètes de ses œuvres, Anvers, 1535, Leyde, 1560-1600.




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