
16.
Semons encore un
germe que nous
laisserons croître ensuite, comme nous avons fait de tous les
germes divers que
nous avons déjà semés dans cet écrit ; puis nous en
ramasserons les
fruits et les récoltes à mesure qu'ils se présenteront.
Ce
germe c'est l'arche de l'alliance. Voyez quels travaux le peuple juif a supportés
pour transporter l'arche d'alliance au travers des déserts, pour lui faire
traverser les
eaux du
Jourdain, pour l'arracher des mains des peuples
impies qui
s'en étaient emparés, et qui l'avaient voulu faire habiter avec
leurs
idoles. Mais voyez en même temps avec quels témoignages de
joie, et de jubilation David conduit cette arche sur la
montagne sainte, en attendant
que le temple de l'éternel soit bâti.
Eh
bien ! Il faut que cette uvre sainte s'opère en nous, pour que nous
puissions dire que nous sommes admis au rang des sacrificateurs de l'éternel.
L'arche sainte est en captivité en nous.
Des impies qui ne
savent pas distinguer la lumière d'avec les ténèbres, retiennent
cette arche sainte dans leurs demeures d'
iniquité ; ils lui font mille
outrages ; ils ne se contentent pas de la mettre en parallèle avec leurs
fausses divinités, ils veulent qu'elle soit pour ces fausses divinités
un objet de dérision ; ils veulent qu'elle soit leur esclave ; ils veulent
qu'elle soit comme rien devant des divinités qui ne sont elles-mêmes
que le néant.
Il faut que nous arrachions
cette arche sainte de ces mains criminelles qui l'outragent ; il faut que nous
lui fassions traverser les déserts au milieu
des peuples armés
pour nous attaquer, et la maintenir en leur possession. Il faut que nous la sentions
sortir péniblement de
dessous les décombres qui l'engloutissent,
et traverser le vieil homme, en le faisant crier de douleur, jusqu'à ce
qu'elle l'ait dépassé, et qu'elle se soit remise à flot au-dessus
de lui.
Vois-tu à quel prix cet
air actif
que la physique emploie se peut obtenir des
corps qui le tenaient renfermé
? Ce n'est qu'en les violentant par des caustiques, ou qu'en les livrant à
la putréfaction. Il en est de même du vieil homme qui doit être
ainsi violemment dissous par le même
feu sacré qu'il tient enseveli
dans lui-même, et il faut qu'à chaque degré que ce
feu va
parcourir pour recouvrer sa
liberté et sa splendeur, il dissolve, corrode,
et putréfie toutes les substances
hétérogènes qui
composent aujourd'hui en toi l'homme de ténèbres, et l'homme de
la mort ; il faut que ces mêmes substances soient brisées, et renversées
par l'approche de ce
feu sacré, comme l'
idole de Dagon le fut par la présence
de l'arche sainte ; il faut que les habitants de
Bethsamès soient
frappés de mort pour oser regarder cette arche sainte lorsqu'elle est ainsi
conduite par le Seigneur, et que dans leur terreur ils la renvoient bien vite
dans la ville de
Cariathiarim : il faut que lorsque David la ramènera
de chez
Obédédom jusqu'à
Sion, tu aies toujours
près de toi
sept churs de musique, et qu'à chaque fois
que ceux qui porteront l'arche auront fait
six pas, tu immoles
des victimes.
Il faut que tu la fasses entrer ainsi dans
la ville
sainte au milieu des cris de joie et au son des trompettes, et que quand tu
l'auras placée au lieu qui lui est destiné, tu offres des holocaustes
d'action de grâces, et que tu bénisses le peuple au nom du Seigneur des
armées ; ne t'arrête pas même aux dédains de
Michol,
Michol partage les sentiments de
Saül, son père, et elle sera
frappée de stérilité, comme
Saül sera privé
du trône.
Rappelle-toi maintenant que ta parole
étant l'image de la parole éternelle, ne doit pas plus manquer son
effet que cette parole divine elle-même dont tu es l'image. Rappelle?toi
que lorsque tu as prononcé un décret contre l'
ennemi avec toute
la sécurité, et toute la confiance de tes droits sur lui, il ne
peut manquer de se voir chassé, et renvoyé dans ses abîmes, si tu
sais accompagner ta résolution de toute l'opiniâtreté de la
constance. Songe donc ici combien tes privilèges vont s'étendre,
et s'augmenter. Cette même sécurité, cette même assurance,
cette même opiniâtreté de constance qui n'est autre chose que le
vif sentiment de la grandeur de ton être nourri, et éclairé
par la vraie lumière, te doit suivre dans les autres détails de
ton uvre, et dans les autres régions de ta
circonférence.
Présente-toi donc avec la même assurance
aux régions élémentaires ; tu devras espérer que la
vertu attachée à
l'arche sainte fera
diviser les
eaux devant toi, pour pouvoir les passer sans péril, qu'elle fera convertir
la rosée en manne salutaire pour te nourrir dans tes besoins, qu'elle
fera couler
l'eau des rochers, pour te désaltérer, et qu'elle
fera tomber
le feu du ciel sur
tes ennemis.
Présente-toi avec la même assurance à la région
de l'
esprit et la
vertu attachée à
l'arche sainte
établira des rapports avec toi, et les ministres du Seigneur qui te dirigeront
dans les combats contre tes adversaires, qui te donneront connaissance de
la
terre promise, qui t'instruiront des
lois sacrées qu'il faudra
que tu y mettes en pratique, si tu veux en conserver la possession, et qui, le
jour comme la
nuit, marcheront en ta présence, pour que tu
ne t'écartes point des voies du Seigneur.
Cette
vertu attachée à
l'arche sainte te fera entrer
dans les associations des
patriarches, et des prophètes, pour que tu élèves
ta pensée jusqu'aux régions divines, supérieures à
ces régions figuratives que tu es obligé de parcourir si laborieusement
; ils t'apprendront par leur exemple que la vie divine a pour objet d'
animer ton
âme, et que c'est la demeure la plus chère qu'elle puisse avoir ; tu en
jugeras par tes affections particulières, mais aussi par la douce paix,
et la céleste sécurité, que tu verras régner sur toute
leur personne, et tu comprendras alors que cette vie divine est notre véritable
élément naturel, que c'est là seulement où nous recevons
sans trouble, sans agitation, comme sans fatigue, la manne réelle qui crée
en nous la vie dans sa plénitude, parce qu'elle n'a aucun départ
à subir.
Présente-toi avec la même
assurance à la région divine, et la vertu attachée à
l'arche sainte te fera ouvrir
les portes éternelles, et fera
descendre sur toi quelques écoulements de ces
influences vivifiantes dont
se remplissent à jamais les demeures de la lumière. Cette
arche
sainte en deviendra elle-même le premier réceptacle, et elle
te fera jouir des promesses destinées à ceux qui auront fait un
usage courageux du médicament d'amertume, d'où dépend notre
universel renouvellement. Elle deviendra l'organe des oracles sacrés, et
il suffira que tu te mettes en sa présence pour les entendre ; car la voix
de notre
Dieu est une voix vive qui ne s'interrompt plus dès l'instant
qu'elle a commencé ; et les sons de cette voix ne tendent qu'à remplir
toute l'universalité de leur douceur enchanteresse, et si incomparable,
que nous ne pouvons la concevoir tant que tout notre être n'a pas acquis
entièrement une nouvelle substance, et n'est pas transformé dans
toutes ses parties en une espèce d'écho Divin.
Cette même
arche sainte engagera le grand
prêtre de
l'ordre de Mélchisédech à te revêtir lui-même
de tes habits sacerdotaux qu'il aura bénis auparavant, il te donnera de
sa propre main les ordinations sanctifiantes par le moyen desquelles tu pourras,
en son nom, verser les consolations dans les
âmes, en leur faisant sentir par
ton approche, par ton verbe purificateur, et par la sainteté de tes lumières,
que nous passons dans l'esclavage, dans les ténèbres, et dans la
mort tous les moments où nous ne sommes point directement dans l'atmosphère
de notre
Dieu ; et tu seras dans sa main, comme les soldats dans la main de ce
centenier
qui dit à l'un : allez là, et il y va ; venez ici,
et il y vient.
17.
Cet
enfant annoncé en toi par l'
ange, cet
enfant conçu
en toi par
obombration, et l'opération de l'
esprit, cet
enfant né
de toi sous les auspices de l'éternel, cet
enfant, dis-je, approche de
sa douzième année. Il laisse ses parents terrestres suivre le chemin
de ceux qui s'en retournent après être venus, selon l'usage, célébrer
la fête à Jérusalem. Pour lui, il s'arrête dans le temple
; il s'assoit au milieu
des docteurs, les écoutant, et les interrogeant,
et
tous ceux qui l'écoutent sont ravis en admiration de sa sagesse
et de ses réponses.
Si tu cultives soigneusement
l'éducation de ce fils nouveau-né qui t'est accordé, tu le
verras de même en peu d'années étonner
les docteurs
qui l'écouteront dans toi en silence ; et
ces docteurs ce seront
les doutes que la matière et les ténèbres des
faux éducateurs
avaient élevés dans ton sein ; ce sont ces continuelles insinuations
que l'
esprit de mensonge t'avait suggérées tous les
jours de ta
vie, tant que ce nouveau-né n'avait pas vu le
jour ; mais à peine
aura-t-il fait les premiers pas dans la sagesse, qu'il renversera en toi, par
sa doctrine et ses réponses, toutes les incertitudes, et toutes les inquiétudes
dont tu t'étais laissé remplir, et qui, malheureusement, ne s'étaient
converties que trop souvent pour toi en persuasions, en démonstrations,
en convictions.
Il transportera l'unité jusque
devant tes yeux, jusque dans ton cur, jusque dans ton
esprit, jusque dans
les plus subdivises de tes facultés, il te la fera voir, et
toucher sensiblement
dans tout ce qui peut être l'objet de tes spéculations, et même
il te fera avouer que tu ne connais de mesure et de perfection, qu'autant que
cette unité règne dans les uvres que tu contemples, et que
toi-même n'étais dans le trouble et dans les extralignements, que
parce que cette unité n'était pas encore née pour toi, et
dans toi.
Alors
tous ces docteurs qui t'avaient
séduit et égaré, seront eux-mêmes dans l'étonnement
en apercevant l'empire de la parole de ton fils, et combien la lumière
qu'il répand a d'analogie avec notre
clarté naturelle. Chaque
jour
ils feront eux-mêmes de nouvelles découvertes à la lueur de
ce flambeau qui brillera devant eux et tu auras le plaisir de voir bientôt en
toi
mille peuples se convertir par ses discours et ses instructions, et
devenir de sincères adorateurs de la vérité, de façon que
tu ne tarderas pas d'être à toi seul une grande famille de fidèles
qui ne cesseront d'élever
jour et nuit des temples à la gloire du
suprême auteur, dominateur et régulateur de tout ce qui existe.
Tu ne sens pas surpris que ce fils chéri manifeste
de si grands privilèges, quand tu réfléchiras que depuis
sa naissance il n'aura cessé de manger du verbe, et que par conséquent,
il pourra en faire manger à son tour à tous ceux qui ouvriront l'oreille
à ses paroles ; tu ne seras pas surpris qu'il t'en fasse manger en abondance,
puisque ce fils chéri sera toi-même, et qu'il n'aura d'autre uvre
que de convertir en toi tout ce qui avait cessé d'être toi.
Rappelle-toi cette loi des Hébreux,
Lévitique
27-28.
Tout ce qui est consacré une fois au Seigneur, sera pour lui
comme étant une chose très sainte. Ce fils chéri pouvait-il
n'être pas consacré au Seigneur puisque sa
conception avait été
annoncée par l'ordre du Seigneur, puisqu'il avait été conçu
par l'
obombration et l'opération de l'
esprit du Seigneur, puisqu'enfin
il était né sous les auspices et par la puissance du Seigneur ?
Ce fils n'était-il pas naturellement consacré au Seigneur, comme
un fils est naturellement consacré à son père ? Car le réparateur
ne fut offert au temple et consacré au Seigneur que comme fils de l'homme,
et comme revêtu de l'habit de l'esclave qui venait réclamer sa délivrance.
Ton fils au contraire est
le fils de la femme libre ; il est l'homme régénéré
; il est l'
enfant spirituel né dans la région de l'
esprit et de
la vie ; comme tel il est présenté au temple, et consacré
au Seigneur par le droit même de sa naissance, comme le verbe éternel
est consacré à l'ancien des
jours avant la formation des siècles,
puisque c'est ce verbe qui a formé les siècles.
Ainsi ce fils chéri qui t'est accordé n'est point
présenté aux temples qui ne sont bâtis que de la main des hommes,
il n'est point consacré sur les autels figuratifs, et sous les yeux des
prêtres qui ne reçoivent leur caractère que dans le temps ; mais
étant consacré à son père Divin, et sous les yeux
du
prêtre éternel qui, en opérant sa
conception même,
lui a imposé les mains de l'
esprit, il n'est pas étonnant qu'il
n'ait eu d'autre nourriture que l'
esprit et le verbe ; il n'est pas étonnant
qu'il croisse en sagesse, en âge et en grâce devant
Dieu et devant les hommes
; il n'est pas étonnant
que ceux qui l'entendent soient ravis en admiration
de sa sagesse et de ses réponses.
Toi
qui n'es que sa mère, tu es affligée qu'il t'ait laissée
aller seule pendant qu'il est resté
dans le temple, et tu te plains
à lui de ce que tu l'as cherché ainsi toute affligée ; mais
fais comme
Marie, écoute ce qu'il te répond :
Pourquoi me cherchiez-vous
? Ne saviez-vous pas qu'il faut que je sois occupé à ce qui regarde
le service de mon père ? Tu ne comprends
pas plus que
Marie ces paroles ; mais fais comme elle,
conserve toutes ces
choses dans ton cur. Elles t'apprendront que ce qu'il y a encore de
matériel en toi ne peut rien comprendre aux choses de l'
esprit, et qu'il
doit naître de ton propre sein, une lumière à laquelle les ténèbres
qui t'enveloppent et qui te constituent, sont extraordinairement étrangères,
tant que ton uvre n'est pas parvenue au complément de sa maturité.
Tu aperçois bien une immense différence entre ton existence ténébreuse,
et ce fils chéri qui t'est né, comme
Marie ne put méconnaître
les grâces divines, et les prodiges qui accompagnaient la naissance de son fils
; mais tu ne peux pas plus qu'elle concevoir la marche cachée de ce fils
de J'
esprit et il est pour toi un continuel mystère, jusqu'à ce
qu'il ait rempli le cours de toutes les manifestations auxquelles il est destiné.
Sais-tu pourquoi ? C'est que tu ne le connaîtras jamais
parfaitement, que lorsqu'il pourra dire à pleine voix :
saint, saint,
saint. Et ici nous allons entrevoir un nouveau rayon sur la nature de l'homme,
c'est-à-dire, sur la nature de l'
esprit.
L'homme ou l'
esprit est l'extrait actif de toutes les puissances divines, puisque
Dieu est vivant ; et cet extrait actif des puissances de
Dieu, comme nous l'avons
vu ci-dessus, est une parole, puisque
Dieu est la parole éternelle. Mais
Dieu est saint ;
Dieu est l'éternelle sainteté toujours se prononçant
elle-même ; il faut donc que l'homme, l'
esprit, ou la parole extraite de
cette parole éternelle, représente activement son principe, et que
son existence soit réellement la sainteté prononcée, de façon
que
Dieu ne produise pas un seul être hors de son sein sans faire entendre
hors de soi, par ce seul acte, le mot
saint qui se prononce éternellement
dans son centre divin.
Ainsi, l'homme, en recevant
la naissance divine manifesta cette céleste parole qui produisit au-dehors
la sainteté de
Dieu ; ainsi lorsque depuis le crime la bonté souveraine
veut bien régénérer l'homme, elle le met dans le cas de pouvoir
répéter de nouveau, par sa propre existence, ce témoignage
vivant et expressif de la source d'où il descend ; mais de même que
l'homme ne put dans l'origine manifester ce témoignage actif, que parce
qu'il était l'extrait universel des puissances et de la sainteté
divine, de même aujourd'hui il ne peut recouvrer ce sublime privilège,
et faire vraiment entendre dans sa plénitude, le nom de
saint, que
quand il a recouvré cette plénitude de rapports spirituels et divins
qui lui rendent sa première nature.
Voilà
pourquoi ce fils chéri que l'
esprit a conçu en toi, et qui t'est né,
ne sera vraiment connu de toi et de tous les tiens, que quand il aura atteint
de nouveau ce complément primitif.
Veux-tu
savoir pourquoi l'homme n'est autre chose, par son origine, que ce mot
saint
prononcé par l'opération de
Dieu ? Il faut pour cela que tu concourres
avec moi, sans quoi cette preuve sera nulle pour toi. Essaie donc de te
dépouiller
de toutes tes entraves qui te retiennent dans les ténèbres, ramène-toi
par des efforts et des prières constantes à ton unité spirituelle,
et à ta simplicité originelle, tu entendras prononcer au-dedans
de toi ce mot:
saint, saint, saint, et tu auras par là un témoignage
de la vérité de ce que je t'expose. Ne sois pas étonné
qu'il te faille suivre cette marche pour retourner à ta nature primitive
; comme il n'y a que ton crime qui t'en a séparé, il n'y a que ta
vertu, c'est-à-dire, ta
fidélité aux grâces divines qui puisse
t'y ramener ; mais aussi dès qu'en t'y ramenant, tu trouves au-dedans de
toi ce mot
saint, c'est une puissante démonstration que ce mot prononcé
était autrefois tout ton être.
Je ne
veux pas défigurer ce témoignage par un témoignage plus faible
puisé dans les cris naturels de l'homme vers son
Dieu quand il souffre,
et qu'il est malheureux ; tu ne serais pas à portée de faire ton
expérience sur des êtres dans leur nature, tu n'en vois autour de
toi que d'altérés, et de manipulés par l'exemple et l'éducation
; d'ailleurs, les maux dont ils se plaignent ne sont pas ceux qui les obstruent
le plus, et ils ne songent pas seulement à se délivrer de leurs
vrais maux, qui seuls les empêchent de connaître leur vrai
Dieu et de s'y
réclamer.
Néanmoins ne néglige
pas ce que ton intelligence peut te faire apercevoir dans la conduite de l'homme
le plus extraligné ; tu peux toujours y rencontrer quelque étincelle
de vérité. D'ailleurs, si tu ne trouves sur ce point que des témoignages
faibles dans l'homme qui souffre, tu en trouveras de plus frappants et de plus
instructifs dans l'
âme qui jouit et qui admire, et je te laisse le soin de les
recueillir.
18.
Je ne m'arrête point à remarquer le nombre de
douze ans auquel le Réparateur se montra dans le temple, ni les rapports
que ce nombre présente avec le nombre de la nature, avec celui de l'élection
des tribus, confirmée par l'élection des douze apôtres, et accomplie
en avenir dans les prédictions de l'Apocalypse.
Ici nous considérons cette apparition au temple comme le premier
degré de l'uvre de l'
esprit en nous, après qu'il y a conçu,
et opéré la naissance de notre fils ou du nouvel homme.
Les temps viendront où l'uvre
trine s'accomplira
sur ce nouvel homme, où l'action et le nom de l'
esprit, l'action et le
nom du fils, l'action et le nom du père se communiqueront, et se réuniront
dans ce nouvel homme, de manière à n'offrir à la fois, dans
toutes les
dimensions de son être, qu'une seule action, qu'un seul nom,
qu'une seule opération, qu'une seule multiplication qui placera l'homme
continuellement au milieu de l'atmosphère de la vie, et qui le rendra si
redoutable à ses
ennemis, qu'ils fuiront devant lui, comme les ténèbres
fuient devant l'
astre du
jour, et vont toujours se cachant, comme étant
frappés par la terreur de sa puissance, et éblouis par la splendeur
de sa lumière.
Dieu de
force,
Dieu de vie,
Dieu de longanimité, aide-moi à accélérer ces temps
si propices et si salutaires ! Aide-moi au moins à ne pas les retarder
par ma défiance et ma lâcheté, aide-moi à préparer
par la constante activité de ma pénitence l'empreinte sacrée
de ton triple sceau sur toute ma personne, de ce triple sceau dont l'unité
est un
feu dévorant qui consume tout ce qui n'est pas né de l'
esprit,
de ce triple sceau qui n'abandonne plus l'
âme humaine, dès qu'il a imprimé
profondément sur elles ses vivifiants caractères, de ce triple sceau
qui transporte aussitôt l'homme hors de cette
sphère de langueur et de
dégoût, où nous ne nous nourrissons que de la mort, au lieu de goûter
les délices inexprimables du lieu de paix où nous avons puisé
la naissance, et toi,
sagesse sainte, qui devrais être notre aliment
de toutes les heures, et de tous les moments, viens poser tes mains bienfaisantes
sur ces signes sacrés que la bonté suprême a daigné
attacher sur l'homme ; que tes mains soient comme autant de bandelettes qui contiennent
et fixent le baume vivifiant qui a été appliqué sur mes plaies,
et qu'elles en fassent pénétrer les sucs et les
esprits régénérateurs
jusque dans mes substances les plus corrompues, afin que le peu de vie qui y reste
reprenne ses
forces, et que mes membres reprennent leur agilité.
Sagesse, sagesse, l'homme ne connaît point assez tes
essentielles propriétés. Sans toi les vertus Divines lui deviennent
inutiles, et n'empêchent pas qu'il ne s'altère et ne se détruise,
comme sans l'
air qui pèse sur les
corps toutes les vertus de la nature
se sépareraient, et les formes seraient bientôt conduites à leur
dissolution. Homme, je te le répète, dirige tes
vues, tes désirs,
tous tes efforts vers la réunion de ce triple sceau sur toi, et vers l'application
de la sagesse sur ce triple sceau ; il n'y aura rien pour toi que cette
clef ne
puisse ouvrir,
et personne ne fermera ; et rien que tu ne puisses
fermer
et personne n'ouvrira, parce que cette sagesse fera de toi une image de
l'éternité, en t'enveloppant de toutes parts, et te rendant comme
une sorte de
sphère divine qui par sa forme sera inaccessible et inaltérable
à tous les pouvoirs de l'illusion.
En effet,
par où tes
ennemis pourraient-ils t'atteindre, si la sanctification et
la vie ont détruit en toi toutes les substances fausses sur lesquelles
ils auraient osé exercer leurs droits ? Par où tes
ennemis pourraient-ils
t'atteindre, si tu sens en toi se mouvoir la quadruple
force de l'être ordonnateur,
sanctificateur, dominateur et conservateur ?
Car
le privilège du grand nom qui t'est donné est d'embrasser ainsi
toute ta
circonférence, attendu qu'il embrasse d'abord
ton premier cur,
puis ta tête, puis ton second cur, puis toute ta personne, dont il
fait ainsi un quaternaire actif, dont il est toujours le centre, et qui est le
type du quaternaire universel ; et comme il ne désire que de tenir tout
ton être dans une entière activité, il te met dans le cas,
à tous les moments de ta vie, de faire sortir de toutes tes diverses facultés
autant de paroles
d'ordre et de régularité qui tiennent l'
ennemi
dans un perpétuel tremblement en ta présence.
Mais n'oublie pas à quel prix tu peux espérer parvenir à
de semblables privilèges ; et pour te rappeler journellement ta loi sur
ce point, retrace-toi ce que la loi ordonnait aux Hébreux au sujet des
choses soumises à la consécration de l'
anathème ; car tu
n'ignores plus maintenant que la Bible entière n'ait l'homme pour objet,
et qu'ainsi, dans le vrai, la meilleure traduction qui puisse jamais exister de
la Bible, c'est l'homme.
Souviens-toi donc que tout
ce qui était consacré par l'
anathème devait être soumis
à une entière
destruction (
Lévitique, 27). Souviens-toi de
l'exemple funeste que le peuple hébreu offrit de la justice divine pour
avoir désobéi à la loi lors de la prise de
Jéricho
(
Josué, 7). Souviens-toi que parce qu'Achan voulut malgré la défense
de
Josué réserver quelques effets condamnés à l'
anathème,
le peuple fut vaincu par les habitants de
Hai, et ne put remporter la victoire
qu'après que le
prévaricateur eût subi son supplice.
Sache donc que depuis le crime, toutes
les nations païennes
qui composent ton existence d'aujourd'hui ont été condamnées
à l'
anathème ; non seulement elles, mais leurs habitations, leurs
possessions, leurs troupeaux, leurs vêtements, leurs récoltes, leurs
idoles, et généralement tout ce qui leur appartient. Le Seigneur,
en t'envoyant par sa pure grâce à la conquête de ces pays et de ces
peuples, ne t'a pas laissé ignorer cette loi de l'
anathème, puisque
la terre fut maudite après le péché. Toute ta forme corporelle
représente cette terre de malédiction ; et toutes les substances
ténébreuses, mensongères et
illusoires qui agissent dans
cette forme corporelle, représentent
toutes les nations impies qui
remplissaient la terre de Chanaan.
C'est à
toi de marcher à la conquête qui t'est offerte, avec la ferme intention
de t'y conduire conformément à la loi qui doit assurer tes succès
: car si tu réserves la moindre partie de l'
anathème, si tu ne livres
pas au
feu et à la
destruction toutes les possessions des habitants, bien
plus, si tu ne passes pas
au fil de l'épée tous les habitants
eux-mêmes, sans distinction d'âge ni de sexe, tu peux compter que non seulement
tu ne parviendras pas au but de tes saintes entreprises, mais que même ceux
que tu aurais dû soumettre deviendront tes vainqueurs et tes meures, et que tu
seras continuellement exposé à être battu par l'
ennemi, emmené
en esclavage, et même exterminé, jusqu'à ce que tu aies
confessé
ton crime, jusqu'à ce que tu aies déclaré toi-même
qu'elles sont les portions de l'
anathème que tu as réservées,
et jusqu'à ce que
la justice ait tiré la plus éclatante
vengeance de ta
prévarication.
La loi du
sort est infaillible quand elle vient visiter les
prévaricateurs contre
les ordonnances sacrées du Seigneur, et contre celles que l'homme de
Dieu
peut prononcer au nom de son souverain meure ; et si les hommes aveugles ont introduit
cet usage dans leurs ténébreux
jugements sur les simples
prévarications
inférieures, ils nous ont au moins montré qu'ils avaient conservé
l'idée de ce redoutable pouvoir du sort, quoiqu'ils ne pussent plus en
faire qu'un usage
faux, et abusif, dès qu'ils n'en possédaient plus
l'
esprit.
Songe donc que cette loi du sort,
administrée
par l'homme de
Dieu, met par là l'
esprit dans sa voie directe, au moyen
de quoi elle ne peut manquer de conduire cet
esprit à son but, comme un
puissant remède que le savant médecin sait appliquer à propos,
de manière que ce remède ne manque point d'aller chercher le mal
dans ses plus profondes retraites, de le rencontrer, et de le
frapper, quelque
mélangé, et quelque combiné que ce mal soit avec des parties
saines. Cette loi du sort de l'
esprit est toujours en activité sur toi,
et elle ne manquera point de découvrir d'abord quelle est celle
de tes
tribus qui se sera laissée aller à violer l'ordonnance de l'
anathème,
ensuite quelle est
la famille de cette tribu qui renferme le
prévaricateur,
et enfin quel est
l'individu de cette famille qui sera lui-même le
coupable ; cette recherche ne cessera jamais ni pour toi, ni pour aucun homme,
et c'est dans la grande
vallée d'Achor qu'un
jour à venir
seront conduits les
prévaricateurs, avec tout ce qu'ils auront réservé
de l'
anathème, et là ils seront
lapidés par tout le peuple.