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Les enseignements secrets de Martinès de Pasqually

Franz Baader
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      Un des principaux enseignements de Pasqualis est celui-ci : « L'homme a à remplir, dans la région spirituelle, la même fonction corporisatrice produisant la troisième dimension que la terre dans la région matérielle, et en ceci on peut trouver la clé du secret de son mélange, de sa complexité et de l'union indissoluble qui en résulte avec la Terre principe. » J'ai exposé ces données dans mes Principes des Enseignements fondamentaux de la Vie, et, dernièrement encore, j'ai démontré aux initiés la corrélation du vieil adage chimique : Vis ejus integra, si conversus fuerit in terram – et du dogme christiano-théologique : Vis ejus integra, si conversus fuerit in hominem. Pasqualis fait précéder la fonction médiatrice terrestre de l'homme de deux autres actions élémento-spirituelles, celle du Feu et celle de l'Eau, et il base là-dessus, comme nous le verrons dans la suite, sa théorie et sa pratique théurgiques [Note de l'auteur : Si la philosophie moderne ignore maintes sciences et maints pouvoirs, qui semblaient imporants à la philosophie antenne, on peut aussi considérer, avec Hégel, cette privation comme une preuve de ce qu'a perdu l'esprit humain. Sans doute, cette propagande, comme celle de ses congénères politiques de notre époque, ne se fit-elle si facilement que parce que les unes et les autres ne reposent réellement que sur l'ignorance et le manque de savoir. Ainsi, par exemple, le mépris grossier et révolutionnaire qu'un peuple ou un homme ressent à l'égard d'une institution politique quelconque qu'il ne comprend plus, est-il tout à fait facile, et, pour cet homme ou ce peuple, il advient parfois qu'il prend son interne vacuité d'idée et cette absolue impuissance de s'élever de nouveau jusqu'à elle – cette alacrity dans la chute, comme dit Falstaff – pour l'affranchissement qui l'élève au-dessus d'elle. Je dis idée, car ce qu'on nomme esprit de corporation, dans un bon sens, par exemple l'esprit de corps dans la carrière militaire, n'est pourtant que l'idée unique génératrice de substance, dont « le mutisme et l'inefficacité récents », par la faute des hommes, d'abord en haut, puis en bas, amènent partout le désordre inhérent à la décadence asthénique de notre époque. Mais, de même que la religion nous reporte à l'idée de toutes les idées, de même l'Eglise, en tant que corporation de toutes les corporations, doit leur servir de base et les consolider toutes. C'est aussi pourquoi, depuis sa décadence, toutes ces corporations voient venir leur décomposition, contre laquelle ne pourraient rien toutes les artifices des momies et des régimes. La science financière elle-même a, de nos jours, fait cette expérience que, seule la richesse de la corporation assure la fortune individuelle, et que, sans celle-là, il n'y en a point de fixe ni de durable. Par conséquent le principe atomique, de la destruction et du morcellement, expression omineuse des opérations financières modernes, mène ici aussi à la mort.], mais où il faut encore remarquer que, de même que son disciple Saint-Martin, il attribue à l'élément Air une fonction relativement supérieure dans toutes les régions, n'entrant jamais comme élément constitutif dans la formation ; et ainsi nous verrons dans la suite comment Pasqualis ramène ce ternaire du Feu, de l'Eau et de la Terre, le premier étant le principe et la fin de l'élément, le second le principe de la matière ou corporisation, et le troisième celui de la forme ou corporisation achevée, au ternaire du nombre ou action primordiale, de la mesure ou réaction, et du poids de l'énergie accomplissant et achevant l'action [Note de l'auteur : Cette doctrine se retrouve également dans la doctrine des manifestations. Saint-Martin, par exemple, dit que, de même que la nature nous montre ses substances en germe, en végétation et en production et de même que les hommes correspondent par lettres quand ils sont séparés, se parlent quand ils peuvent s'entendre, gesticulent quand ils se voient, de même les manifestations des êtres supérieurs parcourent des degrés analogues : « Tout est tableau dans les œuvres de la pensée. Elle ne se présente jamais à nous que sous une forme sensible, parce que tout est complet dans la source qui la produit. Cette forme sensible est son écriture. Mais on ne s'écrit que quand on est séparé ce sont là les substances en germe. Ne pouvons-nous pas entendre la voix des hommes au milieu des ténèbres et sans les voir ? Ce sont là les substances en végétation. Mais il y a un troisième degré : nous voyons agir les hommes quand ils sont près de nous et que la lumière les éclaire ! Voilà les substances en production... » C'est-ce qui explique en outre comment et pourquoi personne n'a jamais vu Dieu, et c'est la raison pour laquelle le Verbe seul nous le fait connaître, bien que, ces paroles : Vous l'avez entendu, mais vous ne l'avez pas vu, aient eu une signification sur l'Horeb, et une autre sur le Thabor. En d'autres termes, Dieu n'est visible et reconnaissable pour la créature qu'en tant que cohabitant en elle, et non en tant que la perhabitant ou l'inhabitant, et, si la crainte de Dieu est le commencement de la science et de la sagesse, l'amour en est la fin. Par conséquent la science sans l'amour est fausse et imparfaite.].

      Si d'ailleurs Pasqualis, aussi bien dans la théorie que dans la pratique, s'attache fortement à ce principe, savoir : « Aucune opération physique ne se produit sans une action spirituelle correspondante », on aurait pourtant tort de penser que sa physique se réduit aux spectres et aux esprits. Mais, par contre, il se montre tout à fait exempt de cette superstition ou croyance moderne en l'abstrait intelligible et en ce misérable « spectre » d'une nature absolument dépourvue d'esprit, de cette croyance en la matière, intelligence limitée, dont on voudrait couvrir la pauvreté de cœur avec une feuille de figuier. Il est du reste utile de remarquer combien l'étude approfondie et la culture plus soigneuse de la matière en elle-même a affaibli à notre époque la superstition ou croyance en cette même matière. Ainsi, par exemple, Kant a déjà rouvert la porte à ces anciens esprits de la nature, connus des alchimistes, en introduisant de nouveau dans la physique l'idée de la pénétration dynamique, idée qui parait irrationnelle, il est vrai, dans cette physique mécanique, à ce que disent les mathématiciens ; et même nos matérialistes, qui craignent les esprits, ne font-ils pas une distinction assez tranchante entre les corps spécialement pondérables, isolables et saisissables, et les substances impondérables, non isolables et insaisissables qui, par conséquent et suivant l'opinion générale, sont des agents immatériels. L'affadissement et l'affaiblissement continu des soi-disant jouissances des sens, comme aussi la spiritualisation continue de nos maladies corporelles, prouvent que le culte même de la matière la dématérialise de plus en plus. Mais si déjà nul fait physique n'est explicable par la communication réciproque des corps individuels accomplis, c'est-à-dire atomiques, on peut s'attendre à ce qu'il en soit de même pour chaque fait psychique et que le contact mutuel des personnes ou des esprits individualisés ou paraissant tels, ou le contact avec des inférieurs est insuffisant. Il en résulte qu'ici aussi les « fluides », c'est-à-dire les agents qui ne se manifestent pas d'une manière individuelle [Note de l'auteur : Tout agent supérieur se manifeste, il est vrai, en règle générale, dans la région immédiatement inférieure, seulement centrale et individuelle ; mais il ne s'ensuit pas qu'en s'élevant vers son centre, il ne soit pas lié à là manifestion individuelle. Si, d'ailleurs, la physique moderne reprenait l'idée de pénétration, où perhabitation, elle aurait à rechercher les deux moments suivants, cohabitation et inhabitation de l'être supérieur ou universel dans l'être inférieur et particulier. Le minéral, le végétal et l'animal nous montrent la continuité de ces trois moments, et nous rappellent que l'homme-esprit, dans ses rapports avec sa nature supérieure, est successivement minéral, végétal et animal.], sont nécessaires ; et cette idée de pénétration trouve ici aussi son emploi. En effet, on a vu récemment des psychologues faire une juste distinction entre des esprits ou personnalités non individuelles, et d'autres entièrement individualisées, par conséquent entre l'idée de personnalité et celle d'individualité ; mais ils firent cependant la faute de déclarer possible une séparation absolue, partant, une extinction, comme si l'esprit pouvait jamais se détacher de la nature ou celle-ci de l'esprit, et, comme si ce qui nous paraît une telle séparation n'était pas simplement un changement d'individualité conservant la même personnalité distincte [Note de l'auteur : Autenrieth, faisant une distinction entre la personnalité et l'individualité, et considérant celle-ci comme l'organe de celle là, remarque très justement que, comme la première n'est pourtant pas elle-même dans l'espace, sa manifestation dans l'espace, sans nuire à son unité, peut s'effectuer dans un organe séparé dans l'espace, de même cet organe peut se dédoubler dans un seul et même organisme, dans lequel se produit un dédoublement de l'individuabilité sensible dans la personnalité spirituelle permanente, comme on le constate chez nombre de malades et chez les voyants magnétiques. (Voy. les Tübinger Blätter für Naturwissenschaft, tome II, 3ème partie. Cas d'un enfant qui vit encore avec une lésion au cerveau. – Ce que dit Schubert dans les Blätter für höhere Wahrheit, p. 2, est très remarquable : « On peut comparer l'illusion sur laquelle repose la prétendue union de l'âme et du corps, actuel à celle que l'on observe très souvent dans certains états morbides et dans les rêves, où l'homme se prend pour une tout autre personne, et agit, pense, aime, hait, souffre et jouit selon les sens de cette individuabilité étrangère. »]. Dans la mort naturelle, par exemple, et dans tous les états analogues, auxquels appartient l'extase magnétique, ce n'est plus seulement l'individu particulier extrait de l'individualité de la nature universelle, c'est-à-dire agissant proprement et réellement, mais cette même individualité de la nature universelle qui est le fondement de la personnalité et la personnalité séparée, pour parler le langage de Pasqualis, entre immédiatement en rapport avec la Terre-principe. Or, cette suspension de l'individualité de la nature dans l'universel n'est pas un état stable, mais sert à la transformation dont parle saint Paul et il serait aussi faux de ne pas croire au retour particulier de l'individu hors de la nature universelle, c'est-à-dire à la résurrection du corps, qu'il serait faux de croire à une simple répétition du premier état de cette sortie. Exprimons-nous avec plus de précision on peut se figurer, dans cette seconde sortie, la personnalité distincte indépendante de la nature, mais non sans nature, indépendante du temps et de l'espace, mais non dépourvue de temps et d'espace et celui qui veut nous donner une théorie complète du temps et de l'espace, devra démontrer le rapport de la personnalité avec la nature, ainsi qu'avec le temps et l'espace,avant /a~ et après sa réintégration dans cette nature universelle, de même que son dernier rapport dans l'état de béatitude ou de damnation. On peut raisonnablement considérer une théorie du temps et de l'espace comme le problème dont la solution est demandée à la philosophie allemande, et qu'elle doit résoudre [Note de l'auteur : Qu'on compare les théories de Hégel sur le temps et l'espace, dans l'Encyclopédie des Sciences philosophiques, et celles de Daub dans Judas Iscarioth, ainsi que mon écrit sur « la Notion du Temps ». Qu'il me soit permis de faire remarquer encore ici quelques conséquences des idées présentées dans le texte. On conçoit tout d'abord qu'en règle générale, tous les morts terrestres ne sont en rapport avec ceux qui vivent sur notre globe que par l'intermédiaire de l'individu universel, élément non individualisé, et que l'apparition sensible d'une telle personnalité morte n'est qu'une exception à la règle générale, et ne peut être qu'incomplète, ce que signifie le mot même d'apparition. D'autre part, on peut considérer qu'ainsi que dans la société civile, où la propriété individuelle n'exclut pas la communauté, ainsi dans la possession organique, sans laquelle il serait impossible d'imaginer un sentiment commun, et où par conséquent l'identité de l'organe n'exclut pas la pluralité des personnalités qui s'en servent, comme, par exemple, dans le cas de ce monstre les deux jeunes hongroises collées par le ventre où il se manifestait une communauté de sentiments dans la partie commune du corps, et par suite aussi un mouvement commun dans l'organe commun de la locomotion, malgré les personnalités distinctes, comme, en outre, dans notre société civile actuelle la propriété privée et la communauté se maintiennent encore distinctes, quoiqu'on exige une communio honorum, dans laquelle les deux espèces de propriétés passent l'une dans l'autre et se prêtent un mutuel appui, de même on peut aussi, dans le monde physiologique, s'attendre à une semblable communauté de biens. Par contre, les luttes révolutionnaires de la propriété commune et de la propriété privée nous donnent un modèle de la vie commune des damnés.]




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