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Les enseignements secrets de Martinès de Pasqually

Franz Baader
© France-Spiritualités™






NOUVELLE NOTICE HISTORIQUE
SUR
LE MARTINÉSISME ET LE MARTINISME

      Quelques personnes ont pris ombrage de notre Notice historique publiée en introduction au Traité de la Réintégration des Etres de Martinès de Pasqually [Note de l'auteur : Voy. le volume n°5, première série de la Bibliothèque Rosicrucienne]. Et cependant, dans cette notice écrite avec tous les ménagements possibles, et qui ne pêche, croyons-nous, que par sa grande brièveté, nous n'avions rien avancé que nous n'eussions soigneusement contrôlé sur des documents originaux, peu soucieux que nous sommes de rééditer les lieux communs qui s'impriment depuis cent ans dans les ouvrages maçonniques ou autres.

      C'est avec ces mêmes lieux communs que certains critiques ont attaqué ce que nous avancions si succintement et, ce qui est plus étrange, on n'a pas hésité à appuyer de textes ambigus et de fallacieuses affirmations une attaque qui ne saurait tromper personne, mais qui montre, du moins, bien curieusement, jusqu'où peut conduire l'esprit dit de chapelle. On a cherché à nous peindre Martinès de Pasqually comme un irrégulier qui aurait affecté de mépriser les principes essentiels de la Franc-Maçonnerie, pour leur substituer des illuminations personnelles. On nous l'a montré comme le fondateur d'un Ordre dont la principale fonction aurait été de pallier les sanglants projets de la Franc-Maçonnerie française et en particulier ceux des francs-maçons templiers grands meneurs de cette Franc-Maçonnerie, et à ce propos on n'a pas manqué de rééditer, dans un but que nous laisserons a apprécier à nos lecteurs, toutes les petites calomnies qui, depuis l'apparition du livre du R. P. Lefranc [Note de l'auteur : R. P. Lefranc. Le voile levé pour les curieux ou le secret des révolutions révélé à l'aide de la Franc-Maçonnerie, 1791. – La conjuration contre la religion catholique et les souverains, 1792.] et à travers les identiques publications de Cadet de Gassicourt [Note de l'auteur : Cadet de Gassicourt, Le tombeau de Jacques Molay, 1796. Disons, d'ailleurs, que Cadet de Gassicourt confessa depuis que, dans Le Tombeau de Jacques Molay, il n'avait fait que reproduire, en les amplifiant, les assertions de l'abbé Lefranc. Il sollicita même son initiation dans la Maçonnerie, qui eut lieu en effet, en 1805, dans la loge de l'Abeille à Paris. Il exerça successivement dans cette loge les fonctions d'orateur et de vénérable. En 1809, étant orateur-adjoint de la loge Sainte Joséphine, il alla jusqu'à prononcer l'éloge de ce même Ramsay, dont il avait attaqué les hauts grades avec tant de véhémence et d'indignation.] et des bons abbés Barruel et Proyart [Note de l'auteur : Abbé Barruel, Mémoires pour servir à l'histoire du Jacobinisme, 1799. – Abbé Proyart, Louis XVI détrôné avant d'être roi, 1800.], n'ont cessé de tenter la verve d'imaginatifs plus ou moins bien intentionnés [Note de l'auteur : Voy. : Léo Taxil, Papus, etc.] à l'égard de la Franc-Maçonnerie.
      Quant à nous, profitant de la publication du présent opuscule de Franz von Baader, touchant les doctrines secrètes de Martinès de Pasqually, nous avons cru devoir fortifier de quelques documents inédits nos précédentes affirmations. Ce sera la meilleure réponse à des critiques aussi inconsidérées qu'inutiles.

    Nous n'avons pas, quant à présent, l'intention de sortir du cadre de notre première notice ; et, en conséquence, nous nous bornerons à exquisser les faits historiques se rapportant à notre thèse jusqu'à la date 1760, pour reprendre plus en détail, à partir de cette date, tout ce que nous avons exposé dans la préface du Traité de la Réintégration des Etres au sujet de l'œuvre de Martinès de Pasqually et du pseudo-Martinisme de Saint-Martin ou deWillermoz.
      Bien que, parmi les nombreux historiens qui ont traité des origines de la Franc-Maçonnerie dans les divers pays, aucun n'ait encore pu déterminer d'une façon précise la date de l'introduction en France de cette société, cependant tous se sont accordés, à déclarer.que cette introduction fut, en quelque sorte, une conséquence des événements politiques qui, en 1688, exilèrent définitivement de la Grande-Bretagne l'antique maison des Stuarts, protecteurs de la Franc-Maçonnerie d'Angleterre, d'Ecosse et d'Irlande.
      A en croire quelques historiens anglais et allemands, entre autres Robison et le conseiller aulique Bode, la Franc-Maçonnerie aurait pénétré en France avec les réfugiés irlandais et écossais de la suite du roi Jacques II (Jacques VII d'Ecosse) après la révolution d'Angleterre de 1688. La première loge aurait alors été établie au château de Saint-Germain-en-Laye près de Versailles, résidence de Jacques Stuart ; et de là l'institution maçonnique se serait propagée dans le reste du royaume. C'est ainsi qu'une seconde loge, que rendaient indispensables les fréquentes relations des réfugiés avec leurs partisans d'Angleterre, fut établie peu après à Dunkerque. Enfin, en 1725 est fondée à Paris, par lord Derwent-Water, le chevalier Maskeline, le squire Heguerty et quelques autres seigneurs de la suite de Jacques Stuart, la loge dite à St-Thomas qui compta bientôt près de six cents membres.
      Le 12 juin 1726, lord Derwent-Water, qui avait reçu de la Grande Loge de Londres de pleins pouvoirs pour constituer des loges en France, constitua la loge à St-Thomas au nom de la Grande Loge de Londres ; les 7 mai et 11 décembre 1729, il fonda et constitua les deux loges au Louis d'argent et Arts Ste Marguerite, et, le 29 novembre 1732, la loge dite de Bussy qui, après avoir initié le duc d'Aumont, prit le nom de loge d'Aumont.
      Les maîtres de ces quatre loges et de quelques autres [Note de l'auteur : La Parfaite Union, St-Martin, St.Pierre et St-Paul, etc., etc.] formaient au commencement de 1730 une loge de direction française sous le nom de Grande Loge provinciale d'Angleterre dont lord Derwent-Water était président et dont l'orateur était le frère Ramsay, précepteur des fils de Jacques Stuart. Cette Grande Loge provinciale d'Angleterre ne fut définitivement constituée qu'en 1736 [Note de l'auteur : Cette constitution avait été demandée à la Grande Loge de Londres, le 24 juin 1735.], par lord Harnouester, lorsque lord Derwent-Water, ayant à se rendre à Londres où il devait dix ans après périr sur l'échafaud, victime de son attachement aux Stuarts, eût transféré les pleins pouvoirs qu'il possédait à son ami lord Harnouester.
      Le nouveau Grand-Maître provincial fit décréter en 1736, qu'à l'avenir les loges qui voudraient se constituer en France eussent à s'adresser directement à la Grande Loge provinciale d'Angleterre et non à la Grande Loge de Londres. C'était un premier pas vers la scission administrative qui devait s'accomplir en 1756 entre les maçonneries symboliques françaises et anglaises.
      En 1737, lord Harnouester eut à retourner en Angleterre [Note de l'auteur : De même que lord Derwent-Water, lord Harnouester devait périr décapité pour son dévouement à la cause du prétendant Stuart.]. Avant son départ, il demanda à être remplacé et manifesta le désir de l'être par un français. Le duc d'Antin lui succéda au mois de juin 1738.
      Après la mort du duc d'Antin, arrivée en 1743, la Grande Loge provinciale d'Angleterre nomma à sa place le duc de Bourbon, comte de Clermont, et s'intitula Grande Loge anglaise de France, reconnaissant toujours la suprématie de la Grande Loge de Londres et ne dispensant toujours que les trois degrés symboliques de cette dernière ; mais déjà la Grande Loge anglaise de France, dont l'administration était troublée par l'octroi continuel de constitutions que faisait la Grande Loge de Londres sur le territoire français au détriment du pouvoir maçonnique national, songeait à se séparer de la Grande Loge de Londres. Elle s'en sépara définitivement en 1756 et prit le titre de Grande Loge nationale de France.
      L'histoire de la Grande Loge nationale de France ne présentant aucun événement saillant jusqu'en l'année 1760, nous arrêterons là cette esquisse de l'évolution de la Maçonnerie symbolique en France, pour revenir en arrière et résumer, de la même façon, l'histoire de la Maçonnerie supérieure ou Maçonnerie des hauts grades.
      On a beaucoup écrit pour ou contre ces hauts grades dits irlandais, écossais, templiers, de perfection, etc., dont la plupart des autenrs ont attribué l'invention au baron écossais André de Ramsay ora-
teur de la Grande Loge provinciale, sans nous donner d'autres preuves de cette assertion qu'un prétendu séjour à Londres [Note de l'auteur : On a prétendu, en effet, qu'il se rendit à Londres en 1728 dans le but de fonder un nouveau système maçonnique mais Kloss établit le contraire.]) et qu'un discours de réception prononcé par Ramsay entre 1736 et 1738 [Note de l'auteur : Nous ne savons pourquoi Findel donne à ce discours la date de 1740 puisqu'il a été imprimé pour la première fois à La Haye en 1738. On lui donne généralement la date de 1736 ; mais Jouaust prétend qu'il fut prononcé en 1738 parce que l'orateur y parle de la « naissance distinguée » du Grand-Maître et que ces termes ne sauraient s'appliquer qu'au duc d'Antin élu le 24 janvier 1738. Cet argument ne nous paraît pas décisif.], discours dans lequel il est question de chevaliers maçons.
      Nous n'avons pas l'intention de critiquer ici les assertions de Ramsay parlant pour la première fois, en loge de maître, des grades écossais et de la loge de Kilwining fondée au XIIIème siècle en Ecosse, et dont lord Jacques Steward d'Ecosse, ancêtre du prétendant, aurait été grand-maître en 1386 ; mais nous sommes désireux de détruire la légende qui fait de Ramsay un successeur des Templiers et l'organisateur d'une prétendue vengeance d'un ordre depuis longtemps tombé dans l'oubli.
      Les Templiers au sujet desquels Ramsay s'exprime souvent d'une manière désavantageuse dans sa Relation apologique sont point mentionnés dans son Discours de réception. Il y indique comme des qualités indispensables pour être admis dans l'Ordre « une philanthropie raisonnée, une grande pureté de mœurs, une discrétion inviolable et le goût des beaux-arts. » Plus loin il dit encore qu' « il faut ranimer et répandre les anciens principes, qui, puisés dans la nature même de l'homme, ont servi à fonder notre société. » Enfin il parle des croisades, des chevaliers croisés, de la tentative de Godefroy de Bouillon pour établir un royaume de Jérusalem, de l'alliance des constructeurs avec les chevaliers de St-Jean-de-Jérusalem pour le relèvement des murailles de la ville, l'érection et la sauvegarde d'un nouveau temple, en laissant entendre que les loges sont vouées à St-Jean par une suite naturelle de cette alliance [Note de l'auteur : II faut évidemment voir dans tout ceci une allusion aux doctrines mystiques de la Nouvelle Jérusalem prédite dans St-Jean. Le mirage d'une réalisation matérielle de ces doctrines avait autrefois séduit le roi de Jérusalem et ses croisés. Il est curieux de voir le parti sioniste poursuivre, encore aujourd'hui, malgré l'opposition de la plupart des rabbins, un rétablissement de l'ancien royaume de Jérusalem.] : « Cette union, dit-il, se fit en imitation des Israélites lorsqu'ils rebâtirent le second temple pendant qu'ils maniaient d'une main la truelle et le mortier, ils portaient de l'autre l'épée et le bouclier. »
      Des Templiers il n'est aucunement question. Encore moins est-il question d'une vengeance devant s'exercer sur les successeurs de Philippe-le-Bel et de Clément V. D'ailleurs on conçoit difficilement cet ardent Stuartiste, ami de Fénelon et précepteur des enfants de Jacques Stuart réfugié à Rome en 1719, tramant au sein de la Franc-Maçonnerie la perte des rois et de la papauté [Note de l'auteur : Un auteur qui n'a pour excuse que sa profonde ignorance des choses de la Franc-Maçonnerie, M. le Dr Gérard Encausse, s'est permis d'écrire, sous le pseudonyme de Papus, les lignes suivantes : « Un des représentants les plus actifs de l'initiation templière avait été Fénelon. Lorsque après sa lutte avec Bossuet, Fénelon fut forcé de fuir le monde et de s'exiler dans une pénible inactivité, il combina avec soin un plan d'action qui devait tôt ou tard assurer la revanche. Le chevalier de Ramsay fut soigneusement initié par Fénelon et chargé d'exécuter ce plan avec l'appui des Templiers qui assureraient en même temps leur vengeance. Le chevalier de Bonneville venait en 1754 d'établir le chapitre de Clermont au moyen de ces grades templiers et poursuivait un but politique et une révolution sanglante, que Martinès ne pouvait approuver, pas plus qu'aucun vrai chevalier du Christ, etc., etc. » M. Papus est bien dans la tradition des bons abbés Lefranc, Barruel et Proyart, par ses affirmations aussi incohérentes qu'elles sont malveillantes pour la Franc-Maconnerie en général, et en particulier pour l'admirable figure d'un Fénelon.].




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