L'Ecossisme. Raison d'être de
ses nouveaux grades
Illuminisme, réintégration et hermétisme
Nous arrivons à l'Ecossisme proprement dit, c'est-à-dire
au développement des derniers grades du
Rite de Perfection.
Ainsi que nous venons de le dire, les mystères du
dédoublement conscient de l'être humain, ce qu'on a appelé
la
sortie consciente du corps astral et qui caractérisait le
baptême
dans les temples anciens, ces mystères ont été développés
pour constituer les degrés écossais, ajoutés par le Suprême
Conseil de Charleston, vers 1802, au système apporté par Morin.
Il n'est donc pas juste de ne voir dans ces grades que
des superfétations inutiles. Ils terminent la progression du développement
de l'ètre humain en lui donnantla
clef del'usage des facultés
supra-humaines, du moins dans la vie actuelle. Nous disons la
clef, car
une
initiation ne peut pas donner autre chose.
Qu'importe, après cela, que ces lumières
soient données à des hommes qui n'y verront qu'un
symbolisme ridicule,
ou qu'elles aveuglent des cléricaux qui y chercheront des phallus et
des ctéis, selon leur louable habitude ; car ils ont un cerveau ainsi
fait qu'ils ne voient que cela partout, avec un diable quelconque pour chef
d'orchestre.
Pauvres gens !
L'
initiation va retracer les phases diverses de la traversée
consciente des plans astraux, avec ses dangers, ses écueils et son couronnement
qui est de franchir le cercle de l'enfer astral pour s'élever, si l'
âme
en est digne, dans les diverses régions célestes.
Le thème représentera, ainsi que nous l'avons
dit, le récipiendaire sous la figure de Salomon occultiste dirigeant
Hiram,
en prenant part personnellement aux opérations.
Le 22° grade,
chevalier royal Hache, se rapporte
aux préparations matérielles des opérations figurées
par les coupes des cèdres sur le mont Liban et parla
hache consacrée.
Le 23° grade,
chef du Tabernacle, se rapporte
aux indications concernant le plan dans lequel on va opérer, c'est-à-dire
la nature astrale. La salle est parfaitement ronde, éclairée par
sept luminaires principaux et 49 = 13 (chiffre du passage en astral) lumières
accessoires. Le mot sacré est IEVE et le mot de passe est le nom de l'
Ange
du
feu qui doit venir assister l'opérateur au début de ses épreuves
: Ouriel. Ce grade montre l'erreur des opérateurs qui, pour aller plus
vite, font appel aux
forces inférieures de l'astral et risquent de perdre
la communication avec le
ciel, en se laissant tromper par le démon, figuré
ici par les
idoles auxquelles sacrifia Salomon. Le récipiendaire doit sortir
triomphant de ce premier contact avec la région astrale.
C'est alors qu'il aborde le plan où sont gravés
les
clichés astraux. Il voit la parole de
Dieu, celle des douze
commandements et celle des
Evangiles écrite sur le livre éternel
et il accomplit alors le premier
voyage en Dieu (mot de passe) (24°
grade).
C'est là qu'il atteint le plan d'extase où
se trouvait Moïse quand il vit s'illuminer le buisson ardent. Il vient de
dépasser le plan astral, il aborde le plan divin et il a la première
manifestation de l'
harmonie céleste (25° grade). Le récipiendaire
a comme signe celui de la
croix, et le mot sacré est Moïse, le mot
de passe INRI, pour indiquer l'union des deux Testaments. Les chaînes qui
entourent le récipiendaire indiquent le poids de la matière et des
écorces qui paralyse l'action de l'
Esprit dans le plan divin, et le
serpent
d'
airain, entortillé autour de la
croix. indique la domination du plan
astral (le
serpent) par l'homme régénéré par le Christ
(la
croix).
Les cléricaux n'ont pu, à leur grand regret,
trouver de diable dans ce grade. Aussi le passent-ils généralement
sous silence.
Poursuivant son évolution dans le plan invisible,
le récipiendaire aborde les divers plans de la région céleste
(26° degré, Ecossais
trinitaire ou prince de Merci). Il va passer par
le premier, le second et le troisième
ciel et, au lieu des démons
du plan astral, il va prendre contact avec les
sylphes et les receveurs célestes.
Aussi faut-il voir les gloussements ironiques des
ignorants
quand ils s'occupent de ce grade et les joyeux commentaires des cléricaux.
Mais poursuivons :
Le récipiendaire reçoit des ailes comme marque
de son ascension jusqu'au plan divin. Le catéchisme contient ces phrases
caractéristiques :
D. Etes-vous Maitre Ecossais
trinitaire ?
R. J'ai vu la
Grande
Lumière et suis, comme vous,
Très Excellent, par la
Triple
alliance du sang de Jésus-Christ, dont vous et moi portons la marque.
D. Quelle est cette triple alliance ?
R.
Celle que l'Eternel
fit avec
Abraham parla circoncision ; celle qu'il fit avec son peuple dans
le désert, par l'entremise de Moïse ; et celle qu'il fit avec les
hommes par la mort et la passion de Jésus-Christ, son cher fils.
Au degré suivant (27°), grand commandeur du
Temple,
le récipiendaire est admis dans la
Cour céleste et le bijou
porte en lettres hébraïques i m", c'està-dire INRI. Le
signe consiste à former une
croix sur le front du
frère qui interroge.
Nous parvenons ainsi au grade qui renfermait primitivement
tous les précédents, le grade de
chevalier du Soleil (28°),
l'ancien prince
adepte du
Rite de Perfection.
Ce grade symbolise la réintégration de l'
Esprit
dans l'Adam-Kadmon, quand il en a été jugé digne par
Dieu.
Le récipiendaire se trouve transporté dans l'espace intrazodiacal
où était l'homme avant la chute, et il prend connaissance des sept
Anges planétaires qui président, depuis la chute, aux destinées
des sept régions, car le récipiendaire est supposé se trouver
dans le
soleil. Il va commencer à prendre connaissance des
forces émanées
de ce centre. Voici d'abord les correspondances enseignées dans ce grade,
dont le mot de passe, purement alchimique, est
Stibium :
Le 29° grade (grand écossais de
Saint-André)
est essentiellement alchimique. L'
adepte est supposé revenu sur terre après
son ascension dans le monde des principes, et capable de réaliser le Grand
uvre.
A ce grade on a adjoint, comme mot sacré, un cri de
vengeance, qui montre qu'on a mélangé quelques points du
Rite templier
avec l'enseignement
hermétique. Voici les mots de passe de ce grade qui
sont assez nets à ce sujet :
*
* *
Parmi les grades administratifs 31°, 32°, 33°,
nous signalerons surtout le 32°, l'ancien 25° du
Rite de Perfection :
prince du Royal Secret.
Il faut laisser de côté le
faux Frédéric
de ce grade, aussi bien que celui du 21° degré (Noachite), c'est une
reconstitution simplement historique de la Sainte-Whme.
Ce qui nous intéresse, c'est la figure de ce grade,
« le sceau » où nous voyons cinq rayons de lumière entourant
un cercle et inscrits eux-mêmes dans un autre cercle enfermé dans
un
triangle autour duquel est un pentagone, qui reproduit l'analyse du
Sphinx,
Taureau,
Lion,
Aigle (à deux têtes) et cur enflammé
et ailé, le tout dominé par la pierre cubique. Autour du sceau sont
les
campements figurant les centres de réalisation maçonnique.
Le 33° degré est, en partie, le développement
alchimique du prince du Royal Secret et, en partie, une
composition à la
sauce Frédéric qui ne nous intéresse pas. Il constitue le
grade administratif des centres maçonniques qui peuvent se rattacher à
un illuminisme quelconque.
Résumé général
et récapitulation des grades maçonniques
Le coup d'il que nous venons de jeter sur la hiérarchie
des grades maçonniques nous montre qu'ils constituent une réelle
progression harmonique, dans laquelle se rencontrent à peine quelques anomalies,
comme les grades noachites,
composés en dehors de l'action des fondateurs
du système maçonnique.
Ces grades
symboliques contiennent bien
en germe tout
le système, mais les hauts grades développent harmoniquement ce
germe, d'abord sous le point de
vue historique, en passant en revue le peuple
juif, puis le christianisme, puis le Tribunal secret, les Ordres de chevalerie
et les
Templiers.
Ce système serait incomplet sans le couronnement vraiment
occulte ouvrant à l'
initié des
vues nouvelles sur le salut de l'Etre
humain par la prière, le dévouement (18°) et la
charité
qui conduisent aux épreuves de la seconde mort et à la perception
du plan divin après avoir triomphé des tentations infernales du
plan astral. Les Illuminés ont donc personnellement donné à
leur uvre tous ses développements ; comme ils sauront la recréer
si elle finit dans le bas matérialisme et l'athéisme.
Le tableau suivant résumera le sens général
des différents grades.
L'évolution progressive des grades nous apparaît
donc de la façon suivante (voir le tableau ci-après) :
1° Trois grades
symboliques ;
2° Trois hauts grades
templiers de Ramsay,
qui doivent être placés en face des N° 13, 14 et 30 ;
3° Constitution des grades historiques,
développement de l'
histoire de Salomon et de la construction du
Temple
de Jérusalem. 4 à 15 ;
destruction du
Temple et reconstitution
de la Nouvelle Jérusalem parle christianisme, 15 à 22 ;
4° Couronnement des grades historiques
par les grades de l'Hermétisme, ouvrant une porte sur l'Illuminisme chrétien,
22 à 25.
Tel est le résumé du
Rite de Perfection.
Aux vingt-cinq degrés du
Rite de Perfection, le
Suprême Conseil de Charleston a apporté les changements suivants
:
Plusieurs nouveaux grades furent ajoutés, ce sont
: le chef du Tabernacle (23), le prince de Merci (24), le chevalier du
Serpent
d'
Airain (25) et le commandeur du
Temple (26), le chevalier du
Soleil (27).
Le prince du Royal Secret occupa les grades 28, 29, 30, 31 et 32 ; le Kadosh,
le 28° degré ; et le souverain grand inspecteur général,
le 33° et dernier.
A l'arrivée de
Grasse Tilly à
Paris, une
nouvelle
disposition fut adoptée qui régit encore l'Ecossisme.
La voici dans ses grandes lignes : (24°) le prince de Merci devint le prince
du Tabernacle ; le commandeur du
Temple devint l'Ecossais
Trinitaire (26°)
; le chevalier du
Soleil devint le 28° grade et fut remplacé par
le grand commandeur du
Temple ; le 29° degré fut le grand Ecossais
de
Saint-André et le Kadosh (ancien 24° du
Rite de Perfection et
28° de Charleston) devint définitivement le 30° degré.
Le 31° fut le grand inspecteur ; le prince
adepte constitua
le 32°, et le souverain grand inspecteur général le 33°
et dernier degré. Enfin un grade de noachite, le 21°, remplaça
partout le grand maître de la
clef du
Rite de Perfection.
|
|
(Rite de Perfection) |
(Suprême Conseil
de Charleston) |
(Convent de Lausanne) |
1 |
Apprenti |
/ |
/ |
/ |
2 |
Compagnon |
/ |
/ |
/ |
3 |
Maître |
/ |
/ |
/ |
4 |
/ |
Maître secret |
/ |
/ |
5 |
/ |
Maître parfait |
/ |
/ |
6 |
/ |
Secrétaire intime |
/ |
/ |
7 |
/ |
Prévôt et juge |
/ |
/ |
8 |
/ |
Intendant des Bâtiments |
/ |
/ |
9 |
/ |
Elu des neuf |
/ |
/ |
10 |
/ |
Elu des quinze |
/ |
/ |
11 |
/ |
Illustre Elu |
/ |
/ |
12 |
(Ramsay) |
Grand Maître Architecte |
/ |
/ |
13 |
+ Ecossais |
Royale Arche |
/ |
/ |
14 |
+ Novice |
Grand élu ancien maître parfait |
/ |
/ |
15 |
/ |
Chevalier de l'épée |
Perfection
Chevalier d'Orient |
/ |
16 |
/ |
Prince de Jérusalem |
/ |
/ |
17 |
/ |
Chevalier d'Orient et d'Occident |
/ |
/ |
18 |
/ |
Chevalier Rose-Croix |
/ |
/ |
19 |
/ |
Grand Pontife |
/ |
/ |
20 |
/ |
Grand Patriarche |
Grand Maître de toutes les loges |
Vénérable Grand Maître des loges |
21 |
/ |
Grand Maître de la Clef |
Patriarche Noachite |
Noachite |
22 |
/ |
Prince du Liban |
Royal Hache ou
Prince du Liban |
Chevalier Royal Hache |
23 |
/ |
/ |
Chef du Tabernacle |
Chef du Tabernacle |
24 |
/ |
/ |
Prince de Merci |
Prince du Tabernacle |
25 |
/ |
/ |
Chevalier du Serpent d'Airain |
Chevalier du Serpent d'Airain |
26 |
/ |
/ |
Commandeur du Temple |
Ecossais, Trinitaire |
27 |
/ |
/ |
Chevalier du Soleil |
Grand Commandeur
du Temple |
28 |
/ |
Prince Adepte (23) |
Kadosh |
Chevalier du Soleil |
29 |
/ |
/ |
/ |
Grand Ecossais
de Saint-André |
30 |
+ Chevalier
du Temple |
Chevalier commandeur
de l'Aigle Blanc et Noir (24) |
Prince du Royal Secret |
Kadosh |
31 |
/ |
/ |
Souverain Grand
Inspecteur général |
Grand Inspecteur |
32 |
/ |
Souverain Prince de la Maç:.
Sublime commandeur du Royal Secret (25) |
/ |
Sublime Prince
du Royal Secret |
33 |
/ |
/ |
/ |
Souverain Grand
Inspecteur général |
Des symboles et de leur traduction
Un mot au sujet de la traduction des
symboles, dans toutes
leurs
adaptations.
Un
symbole est une image matérielle d'un principe
auquel il se rattache analogiquement. Par suite, le
symbole exprime toute l'échelle
analogique des correspondances de sa classe, depuis les plus élevées
jusqu'aux plus inférieures.
C'est ainsi qu'un grossier
sectaire pourra dire que le drapeau
n'est qu'un manche à balai peint, supportant trois chiffons colorés
; dans ce cas, il matérialise, pour l'avilir, l'idée si belle et
si pure de la représentation
symbolique de la Patrie.
Aussi ce procédé de dénigrement consistant
à donner aux
symboles leur correspondance analogique la plus triviale sera-t-il
employé avec ravissement par les écrivains cléricaux analysant
les
symboles maçonniques.
Le principe créateur actif et le principe générateur
passif, symbolisés dans l'
Eglise catholique par l'action du Père
et du Fils, ont, comme correspondance sexuelle inférieure, le phallus et
le ctéis. Aussi les cléricaux n'ont-ils pas manqué de raconter
à leurs lecteurs que tout le
symbolisme maçonnique, ou toute la
tradition initiatique des Illuminés, se réduisait à des représentations
de ces organes. C'est là de l'
ignorance ou de la mauvaise foi et il faut
seulement hausser les épaules devant de tels procédés.
Que diraient les cléricaux, si on leur retournait
leur procédé en leur montrant qu'en raisonnant avec leur mentalité
on pourrait dire que le goupillon est une image du phallus fécondateur
et que l'
eau bénite représente, dans ce cas, l'émission de
la substance génératrice ; qu'il en est de même de la
crosse
de l'
évêque, tandis que les calices sont des représentations
ctéiques ! Que diraient donc les hommes réellement instruits de
ces analogies grossières et malpropres ? Ils diraient que c'est faire preuve
d'un singulier état d'
esprit, bien voisin de la sénilité.
Aussi nous semble-t-il que c'est un service à rendre aux écrivains
catholiques que de les prier d'étudier un peu mieux ce qu'on entend par
une échelle de correspondances analogiques et de ne pas considérer
les
symboles, même maçonniques, sous ce
jour grossier ; car ils risquent
de s'en voir faire autant, et ce n'est spirituel et vrai ni d'un côté,
ni de l'autre
[Note de l'auteur : Les lecteurs qui voudront
étudier les symboles sur des bases sérieuses sont invités
à prendre connaissance du très beau travail de M. Emile Soldi-Colbert
de Beaulieu sur La langue sacrée.
C'est un des rares auteurs contemporains qui aient vu clair dans le chaos du symbolisme.].
Voici quelques notes sur le
symbolisme des
couleurs employées
pour les tentures, puis de la parole sacrée que nous empruntons à
de l'Aulnaye.
Le blanc est consacré à la
Divinité
; le noir, à
Hiram et au Christ
[Note de l'auteur
: A notre avis, le noir indique surtout passage d'un plan à un autre, résurrection
à travers la mort. De là cette consécration au Christ et
au symbolique Hiram. Papus.] ; aussi se retrouve-t-il dans le
Maître,
l'
Elu, le
Kadosh et dans le
Rose-Croix. Le vert,
emblème
de la Vie et de l'Espérance, l'est aussi de
Zorobabel ; voilà
pourquoi c'est la
couleur du
Maître parfait et du
Chevalier d'Orient.
Le rouge appartient à Moïse, et surtout à Abraham ; à
ce titre, il est la
couleur spéciale de l'
Ecossais. Enfin le bleu.
qui, comme
symbole du séjour céleste, est la
couleur du
Sublime
Ecossais, se reporte, parmi les
Patriarches, à
Adam, créé
dans l'innocence à limage de
Dieu, et habitant le
jardin d'Eden
[Note
de l'auteur : Thuileur, p. 73 (note).].
Comme
symbole de la
Parole primitive, le Jéhovah
appartient spécialement à l'
ancien Maître ou
Maître
parfait, et comme
Parole retrouvée, au véritable Ecossais,
consécrateur du
prêtre de Jéhovah, ou de l'ancienne loi, par
opposition avec la nouvelle. Il se retrouve particulièrement dans le Royal
Arche, dans l'Ecossais de la Perfection, dans le Maître
ad Vitam,
l'Elu Parfait, l'Elu Suprême, les Ecossais de Prusse, de
, l'Intérieur
du
Temple, etc.
[Note de l'auteur : Thuileur, p. 89 (note).].
Le cri d'alarme
C'est à la suite d'une erreur capitale que la
Franc-Maçonnerie
française, poussée à son insu par les
agents de l'étranger,
s'est laissée entrainer dans les combats politiques ; on lui a montré
le spectre du cléricalisme, comme on montre le manteau rouge au taureau
; on a
exalté les tendances matérialistes de ses membres sous prétexte
d'en faire des «
esprits libres » et des « hommes de raison
», et de l'anticléricalisme à l'athéisme il n'y avait
qu'un pas que les naïfs ont bientôt franchi. A quoi servait de parler
de ce « Grand Architecte de l'Univers » qui devait être encore
quelque produit « de l'
Ignorance et de la Superstition » ; à
quoi bon ces
symboles, « vains souvenirs d'un âge d'esclavage et d'obscurantisme
»? Et on a biffé le Grand Architecte sur les planches et sur les
diplômes, et on a réduit les
symboles à l'intelligence des
piliers de café chargés de les expliquer.
Le plan de l'étranger était ainsi réalisé.
Ces « hommes libres », ces « êtres à la raison
éclatante et éclairée », ont été présentés
au reste du monde comme des scélérats et des hommes assez vils pour
mépriser le
Grand Architecte ; et aussitôt, dans toutes les
loges de l'univers, le mot d'ordre a passé rapide comme l'éclair
et les portes se sont fermées, comme par enchantement, sur le nez des «
libres penseurs français » indignés de trouver partout des
« maçons encore attachés aux erreurs du passé ».
Les malins Français se sont fait jouer comme des
enfants.
Leurs relations avec le reste des réunions maç
:. de l'univers
étaient coupées pour la grande majorité. Il restait à
couper définitivement tout lien, en lançant ce qui restait d'Ecossais
dans la même voie.
La fuite des caissiers, survenue fort à propos, ruina
complètement le Suprême Conseil écossais qui remit ses loges
à la « Grande Loge
Symbolique Ecossaise », l'
enfant de la rébellion,
et constitua ainsi la
Grande Loge de France, qui, toujours menée
en secret par les intrigues, s'empressa de rayer le nom du G
:. A
:.
qui rattachait encore quelques Français à l'étranger.
Il ne reste plus que quelques chapitres écossais et
quelques rares
aréopages capables de maintenir le lien avec la Maçonnerie
universelle, et l'on travaille ferme à briser ce dernier cordon.
Mais l'Invisible veille. Ce sont des Illuminés qui
ont fait la Maçonnerie, et qui ont choisi la France comme centre supérieur
dans le Visible comme elle l'est dans l'Invisible ; ce sont aussi des Illuminés
qui sauveront encore une fois les aveugles et les sourds.
Que les membres du Suprême Conseil Ecossais qui liront
ces lignes réfléchissent quelque peu et qu'ils sortent, pour un
instant, de l'atmosphère étroite des querelles de personnes et des
questions d'
argent.
Le salut de l'uvre patiente de leurs prédécesseurs est dans leurs mains et notre rôle doit se borner à jeter le cri d'alarme.
Du reste, ils savent déjà tout cela et nous
n'avons rien à leur apprendre. Nous pouvons avoir pleine et entière
confiance dans leur clairvoyance et leur
patriotisme.