CONCLUSION
En résumé, les divers représentants
contemporains de l'Illuminisme, dont l'Ordre Martiniste forme la branche française
et chrétienne, se trouvent actuellement en présence des centres
suivants :
1° Les centres cléricaux qui considèrent
les Martinistes comme des
Francs-Maçons plus satanistes et plus dangereux
que les autres. Des efforts ont été faits loyalement pour expliquer
aux cléricaux comme aux autres groupes le caractère réel
du Martinisme ; ces efforts n'ont servi qu'à faire injurier davantage ceux
qui, semblables aux explorateurs, se sont lancés dans les centres cléricaux
pour essayer de les éclairer sur les
mystifications dont ils ont été
et dont ils vont être, de nouveau, victimes.
2° Les
rites franc-maçonniques divisés en trois groupes :
A. Les matérialistes
athées du
Grand-Orient de France, mis au ban du reste de l'Univers et qui
disparaîtront à la prochaine révolution.
B. Les douze membres parisiens du
Rite de
Misraïm,
rite n'avant plus de vitalité et destiné à
disparaître sous peu, s'il n'est pas radicalement balayé ou s'il
ne fusionne pas avec un autre.
C. Le
Rite Ecossais dont nous avons justifié
la filiation et les grades, le seul capable de sauver la tradition mac
:.,
si ses chefs continuent à avoir l'énergie nécessaire.
Devant ces divers groupes, le Martinisme manifeste ses tendances
absolument indépendantes, prêt à prêter son appui à
ceux qui voudront sauver ou renouer leur tradition, et nous allons voir que cet
appui n'est pas à dédaigner.
En dehors de
Paris,
Misraïm n'existe pour ainsi dire
pas, et à
Paris, il existe bien peu.
En dehors de la France, le
Grand-Orient ne peut rien et ses
officiers sont mis à la porte, comme des valets, de toutes les loges de
l'étranger, presque sans exception.
L'Ecossais, écrasé par les embarras d'
argent, ne peut donner
à sa
propagande tous les efforts nécesaires.
Or, les Illuminés ont conquis, par leur cohésion,
une telle place au
soleil, qu'ils peuvent, si
Dieu veut qu'ils continuent leur
marche ascendante, reconstituer les études
symboliques, si on les abandonne
en France, ou donner leur appui aux pouvoirs réguliers qui voudront reconstituer
ces études.
Or, comment se résume actuellement la puissance effective
de l'Ordre Martiniste ?
Par ses revues dans presque toutes les langues, dont en France,
une mensuelle de cent pages, une hebdomadaire de huit pages grand in-4°, et
un bulletin autographié réservé à sa correspondance
administrative en cas de besoin.
Par ses délégués dans tous les pays
d'
Europe et d'Amérique et par ses
initiateurs libres et ses loges répandus
partout.
Par ses alliances avectous les centres d'Illuminisme et d'
idéalisme actuellement faites ou en cours d'exécution.
Enfin et par-dessus tout par son mépris de l'
argent,
par son
amour de la pauvreté qui a permis à l'Ordre de résister
à bien des orages.
Or, il n'existe aucun
rite en France qui puisse justifier
d'un tel rayonnement et de si puissants moyens de
propagande, il n'existe aucune
organisation capable d'agir sans intermédiaires dans les autres pays, et
cela au grand
jour, sans serments ni sociétés secrètes, uniquement
par ses journaux et ses auteurs, et d'autant plus sérieux qu'il ne s'occupe
jamais, ni en France, ni à l'Etranger, de politique ou de
religion ; car
ses statuts le lui interdisent formellement.
Or, cette organisation peut prendre une extension croissante,
ou rentrer dans l'ombre et le silence du
jour au lendemain, si telle est la nécessité indiquée par l'invisible. C'est là la caractéristique des ordres d'illuminés.
Si la première hypothèse prévaut, si
la marche ascendante de l'Ordre, qui a conquis une à une les diverses contrées d'
Europe, se poursuit, il faut s'attendre à des polémiques et à des attaques encore plus violentes, à des calomnies encore plus énormes, à des efforts plus directs visant les personnalités ; mais que nous importe ! On ne s'appuie que sur la résistance ; chaque calomnie, c'est
une victoire à l'
horizon et, accusés d'être des diables par
les uns, des cléricaux par les autres, et des magiciens noirs ou des aliénés par la galerie, nous resterons simplement des chevaliers fervents du Christ, des
ennemis de la violence et de la vengeance, des synarchistes résolus, opposés à toute
anarchie d'en haut ou d'en bas, en un mot des Martinistes comme l'ont été nos glorieux ancêtres
Martines de Pasqually, Claude de
Saint-Martin et Willermoz.