Voici la quatrième d'une série de prières attribuées à Louis-Claude de Saint-Martin de manière quasiment certaine, bien que leur auteur présumé n'en ait jamais fait mention nulle part.
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Prières de Louis-Claude de Saint-Martin:
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10 Seigneur, comment oserais-je me regarder un instant
sans frissonner d'horreur sur ma misère ! J'habite au milieu
de mes propres
iniquités qui sont les
fruits de mes abus dans
tous les genres, et qui sont devenus comme mon vêtement ; j'ai
abusé de toutes mes lois, j'ai abusé de mon
âme,
j'ai abusé de mon
esprit, j'ai abusé et j'abuse journellement
de toutes les grâces que ton
amour ne cesse journellement de répandre
sur ton ingrate et infidèle créature. C'est à toi
que je devais tout offrir et tout sacrifier, et je ne devais rien offrir
au temps qui est devant tes yeux, comme les
idoles, sans vie et sans
intelligence, et cependant je ne cesse d'offrir tout au temps, et rien
à toi ; et par là je me précipite d'avance dans
l'horrible abîme de la confusion qui n'est occupée qu'au
culte des
idoles, et où ton nom n'est pas connu. J'ai fait comme
les insensés et les
ignorants du siècle qui emploient
tous leurs efforts pour anéantir les redouta-bles arrêts
de la justice, et faire en sorte que cette terre d'épreuve que
nous habitons ne soit plus à leurs yeux une terre d'angoisse,
de travail et de douleur.
Dieu de paix,
Dieu de vérité,
si l'aveu de mes fautes ne suffit pas pour que tu me les remettes, souviens-toi
de celui qui a bien voulu s'en charger et les laver dans le sang de
son
corps, de son
esprit et de son
amour ; il les dissipe et les efface,
dès qu'il daigne en faire approcher sa parole. Comme le
feu consume
toutes les substances matérielles et impures, et comme ce
feu
qui est son image, il retourne vers toi avec son inaltérable
pureté, sans conserver aucune empreinte des souillures de la
terre. C'est en lui seul et par lui seul que peut se faire l'uvre
de ma purification et de ma renaissance ; c'est par lui que tu veux
opérer notre guérison et notre salut, puisqu'en employant
les yeux de son
amour qui purifie tout, tu ne vois plus dans l'homme
rien de difforme, tu n'y vois plus que cette étincelle divine
qui te ressemble et que ta sainte ardeur attire perpétuellement
à elle comme une propriété de ta divine source.
Non, Seigneur, tu ne peux contempler que ce qui est vrai et pur comme
toi ; le mal est inaccessible à ta
vue suprême. Voilà
pourquoi l'homme méchant est comme l'être dont tu ne te
souviens plus, et que tes yeux ne sauraient
fixer, puisqu'il n'a plus
aucun rapport avec toi ; et voilà cependant cet abîme d'horreur
où je n'ai pas craint de faire mon séjour. Il n'y a pas
d'autre alternative pour l'homme : s'il n'est perpétuelle-ment
plangé dans l'abîme de ta
miséricorde, c'est l'abîme
du péché et de la misère qui l'inonde ; mais aussi,
il n'a pas plutôt détourné son cur et ses
regards de cet abîme d'
iniquité, qu'il retrouve cet océan
de
miséricorde dans lequel tu fais nager toutes tes créatures.
C'est pourquoi je me prosternerai devant toi dans ma honte et dans le
sentiment de mon
opprobre ; le
feu de ma douleur desséchera en
moi l'abîme de mon
iniquité, et alors il n'existera plus
pour moi que le royaume éternel de ta
miséricorde.