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LA MAGIE NOIRE
SAMAEL
AUXILIATOR
Nous entrons dans la magie noire. Nous allons affronter, jusque dans son
sanctuaire, le
dieu noir du Sabbat, le
bouc formidable de
Mendès. Ici, ceux qui ont peur doivent
fermer le livre, et les personnes sujettes aux impressions nerveuses feront bien de se distraire ou de s'abstenir ; mais nous nous sommes imposé une tâche, nous la finirons.
Abordons d'abord franchement et hardiment la question : Existe-t-il un diable ?
Qu'est-ce que le diable ?
A la première question, la science se tait ; la philosophie nie au hasard, et la
religion seule répond affirmativement.
A la seconde, la
religion dit que le diable c'est l'
ange déchu ; la philosophie
occulte accepte et explique cette définition.
Nous ne reviendrons pas sur ce que nous en avons déjà dit, mais nous ajouterons ici une révélation nouvelle :
LE DIABLE, EN MAGIE NOIRE, C'EST LE GRAND AGENT MAGIQUE EMPLOYÉ POUR LE MAL PAR UNE VOLONTÉ PERVERSE.
L'ancien
serpent de la
légende n'est autre chose que l'
agent universel, c'est le
feu éternel de la vie terrestre, c'est l'
âme de la
terre et le foyer vivant de l'enfer.
Nous avons dit que la lumière astrale est le réceptacle des formes. Evoquées par la raison, ces formes se produisent avec
harmonie ; évoquées par la folie, elle viennent désordonnées et monstrueuses : tel est le berceau des
cauchemars de saint Antoine et des fantômes du Sabbat.
Les évocations de la goëtie et de la démonomanie ont-elles donc un résultat ? Oui certainement, un résultat
incontestable et plus terrible que ne peuvent le raconter les
légendes !
Lorsqu'on appelle le diable avec les cérémonies voulues, le diable vient et, on le voit.
Pour ne pas ourir foudroyé à cette
vue, pour n'en pas devenir cataleptique ou
idiot, Il faut être déjà fou.
Grandier était libertin par indévotion, et peut-être déjà par scepticisme ; Girard avait été dépravé et dépraveur par enthousiasme, par suite des égarements de l'
ascétisme et des aveuglements de la foi.
Nous donnerons, au quinzième chapitre de notre Rituel, toutes les évocations diaboliques et les pratiques de la magie noire, non pour qu'on s'en serve, mais pour qu'on les connaisse, qu'on les
juge, et qu'on se préserve à jamais de semblables aberrations.
M. Eudes de
Mirville, dont le livre sur les tables tournantes a fait dernièrement assez de bruit, peut être à la fois content et mécontent de la solution que nous donnons ici aux problèmes de la magie. noire. En effet, nous soutenons comme lui la réalité et le merveilleux des effets, nous leur assignons comme lui pour cause l'ancien
serpent, le prince
occulte de ce monde ; mais nous ne sommes pas d'accord sur la nature de cet
agent aveugle, qui est en même temps, mais sous des directions différentes, l'instrument de tout bien et de tout mal, le serviteur des prophètes et l'Inspirateur des pythonisses. En un mot, le diable, pour nous, c'est la
force mise un temps au service de l'erreur, comme le péché mortel est, à nos yeux, la persistance de la volonté dans l'absurde. M. de
Mirville a donc mille fois raison, mais il a une fois et une grande fois tort.
Ce qu'il faut exclure du royaume des êtres, c'est l'arbitraire. Rien n'arrive ni au hasard ni par l'
autocratie d'une volonté bonne ou mauvaise. Il y a deux
chambres dans le
ciel, et le tribunal de Satan est contenu dans ses écarts par le sénat de la sagesse divine.