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RÉSUMÉ ET CLEF GÉNÉRALE DES QUATRE SCIENCES OCCULTES
SIGNA
TOTH
PAN
Résumons maintenant toute la science par des principes.
L'analogie est le dernier mot de la science et le premier mot de la foi.
L'
harmonie est dans l'
équilibre, et l'
équilibre subsiste par l'analogie des contraires.
L'unité absolue, c'est la raison suprême et dernière des choses. Or cette raison ne peut être ni une personne ni trois
personnes : c'est une raison, et c'est la raison par excellence.
Pour créer l'
équilibre il faut séparer et
unir : séparer par les pôles, unir par le centre.
Raisonner sur la foi, c'est détruire la foi ; faire du
mysticisme en philosophie, c'est attenter à la raison.
La raison et la foi s'excluent mutuellement par leur nature et s'unissent par l'analogie.
L'analogie est le seul médiateur possible entre le visible et l'invisible, entre le fini et l'
infini. Le dogme est l'hypothèse toujours ascendante d'une équation présumable.
Pour l'
ignorant, c'est l'hypothèse qui est l'affirmation absolue, et l'affirmation absolue qui est l'hypothèse.
Il y a dans la science des hypothèses nécessaires, et celui qui cherche à les réaliser agrandit la science sans restreindre la foi : car de l'autre côté de la foi il y a l'
infini.
On croit ce qu'on ignore, mais ce que la raison veut qu'on admette. Définir l'objet de la foi et le circonscrire, c'est donc formuler l'inconnu. Les professions de foi sont les formules de l'
ignorance et des aspirations de l'homme. Les
théorèmes de la science sont les monuments de ses conquêtes.
L'homme qui nie
Dieu est aussi fanatique que celui qui le définit avec une prétendue infaillibilité. On définit
ordinairement
Dieu en disant tout ce qu'il n'est pas.
L'homme fait
Dieu par une analogie du moins au plus : il en résulte que la
conception de
Dieu chez l'homme est toujours celle d'un homme inSai
qui fait de l'homme un
Dieu fini.
L'homme peut réaliser ce qu'il croit dans la mesure de ce qu'il sait en raison de ce qu'il ignore, et fait tout ce qu'il veut dans la mesure de ce qu'il croit et en raison de ce qu'il sait.
L'analogie des contraires, c'est le rapport de la lumière à l'ombre, de la saillie au creux, du plein au vide. L'
allégorie, mère de tous les dogmes, est la substitution des empreintes aux cachets, des ombres aux réalités. C'est le mensonge de la vérité et la
vérité du mensonge.
On n'invente pas un dogme, on voile une vérité, et
il se produit une ombre en faveur des yeux faibles. L'
initiateur n'est pas un imposteur, c'est un révélateur ; c'est-à-dire, suivant l'expression du mot latin
revelare, un homme qui voile de nouveau. C'est le créateur d'une nouvelle ombre.
L'analogie est la
clef de tous les secrets de la nature et la seule raison d'être de toutes les révélations.
Voilà pourquoi les
religions semblent être
écrites dans le
ciel et dans toute la nature ; cela doit être : car
l'uvre de
Dieu est le livre de
Dieu, et dans ce qu'il écrit on doit voir l'expression de sa pensée, et par conséquent de son être, puisque nous ne le concevons que comme la pensée suprême. Dupuis et Volney n'ont vu qu'un plagiat dans cette splendide analogie qui aurait dû les amener à
reconnaître la
catholicité, c'est-à-dire l'universalité du dogme primitif, unique, magique, cabalistique et
immuable de la révélation par l'analogie.
L'analogie donne au mage toutes les
forces de la nature ; l'analogie est la quintessence de la pierre philosophale, c'est le secret du mouvement perpétuel, c'est la quadrature du cercle, c'est le temple qui repose sur les deux colonnes JAKIN et BOHAS, c'est la
clef du grand
arcane, c'est la racine de l'
arbre de vie, c'est la science du bien et du mal.
Trouver l'échelle exacte des analogies dans les choses appréciables par la science, c'est
fixer les bases de la foi et s'emparer ainsi de la baguette des miracles. Or, il existe un principe et une formule rigoureuse,
qui est le grand
arcane. Que le sage ne cherche pas, il a déjà trouvé ; mais que le vulgaire cherche toujours, il ne trouvera jamais.
La transmutation métallique s'opère
spirituellement et matériellement par la
clef positive des analogies.
La médecine
occulte n'est que l'exercice de la
volonté appliquée à la source même de la vie, à cette lumière astrale dont l'existence est un fait, et dont le mouvement est conforme aux
calculs dont l'échelle ascendante et descendante est le grand
arcane magique.
Cet
arcane universel, dernier et éternel secret de la haute
initiation, est représenté dans le Tarot par une jeune fille nue qui ne touche la terre que d'un pied, tient une baguette aimantée de chaque main, et semble courir dans une
couronne que supportent un
ange, un
aigle, un buf et un
lion. Cette figure est analogue quant au fond des choses au cherub de Jekeskiel, dont nous donnons la figure, et au
symbole indien d'Addhanari, analogue à l'Adonaï de Jekeskiel, que nous nommons vulgairement
Ezéchiel.
L'intelligence de cette figure est la
clef de toutes les
sciences occultes. Les lecteurs de mon livre doivent déjà la comprendre philosophiquement, s'ils se sont un peu familiarisés avec le
symbolisme de la cabale. Il nous reste maintenant à réaliser ce qui est la seconde et la
plus importante opération du grand uvre. Trouver la pierre philosophale,
c'est quelque chose sans doute mais comment doit-on la triturer pour en faire la poudre de projection ? Quel est l'usage de la baguette magique ? Quelle est la puissance réelle des noms divins de la cabale ? Les
initiés le savent, et les
initiables le sauront si, par les indications si multipliées et si précises que nous venons de leur donner, ils découvrent le grand
arcane.
Pourquoi ces vérités si simples et si pures sont-elles toujours et nécessairement cachées aux hommes ? C'est que les élus de l'intelligence sont en petit nombre sur la terre, et ressemblent, au milieu des sots et des méchants, à Daniel dans la fosse aux
lions.
D'ailleurs l'analogie nous enseigne les lois de la hiérarchie, et la science absolue, étant une toute-puissance, doit être le partage exclusif des plus dignes. La confusion de la hiérarchie est
la véritable déchéance des sociétés, car alors les aveugles conduisent les aveugles, suivant la parole du Maître. Que l'
initiation soit rendue aux
prêtres et aux rois, et l'ordre se fera de nouveau. Aussi, en faisant appel aux plus dignes, et, en m'exposant à tous les dangers et à toutes les malédictions qui entourent les révélateurs, je crois faire une chose utile et grande : je dirige sur le
chaos social le souffle de
Dieu vivant dans l'humanité, et j'évoque des
prêtres et des rois pour le monde à venir !
Une chose n'est pas juste parce que
Dieu la veut, a dit l'
ange de l'école ; mais
Dieu la veut parce qu'elle est juste. C'est comme s'il avait dit : L'absolu, c'est la raison. La raison est par elle-même ; elle est parce qu'elle est, et non pas parce qu'on la suppose ; elle est où rien n'existe ; et comment voulez-vous qu'il existe quelque chose sans raison ? La folie même ne se produit
pas sans raison. La raison, c'est la nécessité, c'est la loi, c'est la règle de toute
liberté et la direction de toute initiative. Si
Dieu est, c'est par la raison. La
conception d'un
Dieu absolu en dehors ou indépendamment de la raison, c'est l'
idole de la magie noire, c'est le fantôme du démon.
Le démon c'est la mort qui se déguise avec les vêtements usés de la vie ; c'est le spectre d'Hirrenkesept trônant sur les décombres des civilisations ruinées, et cachant sa nudité horrible avec les défroques abandonnées des incarnations de Wischnou.
FIN DU DOGME DE LA HAUTE MAGIE