LETTRE LV
Un ami à Agrippa
Bruxelles, 21 août 1531
Je me suis permis d'aller trouver le
R. Panormitain, qui m'a toujours paru bien disposé pour moi et, en même temps, appréciateur de votre mérite. Je lui ai fait le déplorable tableau de toutes les infortunes dans lesquelles vous êtes plongé ; je l'ai prié, au nom du très-Révérend Seigneur le
Légat, de vous secourir en toute bonne justice, et je lui ai parlé particulièrement de la cause pour laquelle vous êtes détenu. Pour le faire plus avantageusement et plus clairement, je lui ai montré votre lettre. Il m'a répondu avec la plus grande bonté, me disant qu'il ferait tout son possible pour que la
liberté vous soit rendue. Il a même voulu que je vous écrivisse afin que vous soyez plus calme en attendant. Je voulais revenir chez lui dans une heure ; il a dit que c'était inutile et a promis d'envoyer quelqu'un de sa suite pour annoncer au Révérend Seigneur votre mise eu
liberté. Si l'on se conforme à ses ordres, il ne sera pas nécessaire que j'y retourne. Dans le cas contraire,
Dieu veuille qu'il n'en soit pas ainsi, j'y retournerai et ne négligerai rien pour qu'aujourd'hui même vous soyez remis en
liberté et rendu à vos amis qui vous aiment tant. Au revoir et bon courage
(1).
De la Maison du Révérend Seigneur le Légat, 21 août 1531.
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(1) Cette lettre est sans doute de
Dom Luca Bonfius.