CHAPITRE PREMIER
§ 2 - LE MACROCOSME OU LA NATURE
L'homme a bâti des villes
superbes ; autour de ces cités, des champs bien cultivés se sont étendus ; dans les prairies, on a vu de beaux troupeaux paître en pleine tranquillité ; une société humaine, avec ses organes sociaux et ses facultés nationales, s'est fixée dans ce merveilleux pays d'Egypte.
Mais l'axe magnétique des civilisations s'est déplacé d'un degré, la guerre et l'
incendie ont porté leurs
ravages dans les cités, les ruines ont remplacé les villes superbes, les herbes folles et les
forêts ont pris la place des champs cultivés, les bêtes féroces et les
serpents venimeux ont succédé aux gras troupeaux, et, maintenant, aucune société humaine n'apparaît plus
dans ces déserts.
Quelle est donc cette puissance mystérieuse qui défait ainsi les uvres des hommes, quel est cet adversaire caché qui reprend pied
à pied possession de son bien, dès que l'homme cesse de lutter : c'est la Nature. La Nature, c'est la
force fatale qui dirige tout ce que l'homme aperçoit autour de lui dans l'Univers, depuis le
Soleil jusqu'au brin d'herbe. Ce n'est qu'au prix
de la lutte de tous les instants, ce n'est qu'en déployant sans cesse les efforts de sa Volonté que l'Homme parvient à dominer la Nature et à s'en faire un auxiliaire précieux dans sa marche vers l'Avenir. La Volonté humaine est aussi puissante que la
Fatalité naturelle ; ce sont deux des
forces cosmiques les plus élevées qui se soient manifestés dans l'Absolu.
Considérons un coin quelconque de notre planète dans lequel la Nature manifeste sa puissance sans partage avec l'action de l'homme, et voyons si nous ne retrouverons pas là des principes et des lois générales cachés sous la multitude des efforts apparents.
Voici un coin de
forêt tropicale. La
Terre et ses couches
géologiques entremêlées de veines métalliques forme la base, le support de la presque totalité de ce que nous pouvons apercevoir.
Un ruisseau trace silencieusement sa route au milieu des
arbres et des plantes qui surgissent de toutes parts. Sans l'
eau fertilisante, agissant dans la Planète comme le
chyle agit dans l'homme, rien ne pousserait sur la
Terre
desséchée.
Entre ces plantes, des insectes circulent, rapides et affairés par la lutte pour l'existence. Sur ces
arbres, des
oiseaux s'ébattent, et, dans les profondeurs de la
forêt, on entend le sifflement des
serpents et le rugissement des fauves.
Au-dessus de tous ces êtres végétaux ou
animaux, un fluide subtil circule invisible, impalpable : l'
air atmosphérique, origine du
mouvement vital qui meut toute la nature animée. Enfin, là-haut, dans le
ciel, le
Soleil darde de ses rayons brûlants ce coin de terre. Les rayons solaires apportent le mouvement à la Planète toute entière, le mouvement dont les combinaisons plus ou moins intenses avec la matière produisent toutes les
forces physiques connues. Le
soleil se condense dans la substance des
arbres, d'où l'homme l'extraira plus tard à l'état de
chaleur en brûlant le
bois ou la houille. Le mouvement venu du
Soleil se condense dans l'intérieur de la
Terre sous forme de
magnétisme, et se manifeste à sa surface sous forme d'attraction moléculaire.
Résumons. De la
Terre qui supporte, de l'
Eau et de l'
Air qui animent, du
Feu solaire
qui meut en créant toutes
les
forces physiques, et la
Fatalité qui gouverne la marche de toutes ces
forces et de tous les êtres, voilà ce que nous apprend la
vue de ce coin de
Terre. Est-ce tout ?
Non. Toutes ces
forces, tous ces
éléments circulent à travers trois règnes, les minéraux lentement décomposés par les racines des végétaux qui les assimilent et les transforment en substance végétale que les rayons solaires viennent charger de principes dynamiques, et que l'
air atmosphérique vient
animer. Mais les
animaux saisissent à leur tour la substance végétale qu'ils digèrent et transforment en substance animale. Et la vie universelle, identique pour tous les êtres, circule à travers tous les règnes, animant aussi bien le brin d'herbe que le cerveau du grand quadrumane.
Trois règnes constituent le
corps matériel de chacun des continents de notre Planète, et chacun de ces trois règnes manifeste un centre particulier de l'organisme terrestre. Le règne minéral en est l'ossature, le centre de
digestion et d'excrétion, le règne végétal en est le centre animique digérant le minéral et purifiant sans cesse l'
air atmosphérique indispensable à tous les êtres ; enfin, le règne
animal en est le centre intellectuel, évoluant l'instinct et l'intelligence à travers l'ascension pénible vers la conscience.
(16)
Ce qui supporte tous les principes en action sur la Planète, c'est la
Terre avec sa tripe évolution minérale,
végétale et animale.
Ce qui anime, ce sont l'
Eau et l'
Air. L'
Eau agissant dans la Nature comme la partie liquide du sang dans l'homme, et l'
Air agissant dans la Nature comme le globule du sang dans l'homme.
Ce qui meut, ce sont les
forces physico-chimiques produites par les combinaisons des rayons solaires avec la matière organique ou inorganique,
c'est le mouvement dans son
essence que les anciens appelaient
Feu.
De la
Terre, de l'
Eau, de l'
Air et du
Feu, tels sont les quatre principes que nous voyons agir dans la Nature si nous abandonnons le champ de l'analyse pour rester sur le terrain essentiellement général. Nous ne craignons donc
pas d'être taxé d'
ignorance ou d'être accablé sous le poids du ridicule en osant revenir, à la fin du
XIXème siècle, sans crainte aux quatre
éléments de l'ancienne physique des
initiés.
Mais nous venons d'analyser là, seulement un coin de notre planète. Les
forces physico-chimiques, l'
Air, l'
Eau et la
Terre, constituent
uniquement les principes en action dans la portion de la Nature qui nous entoure immédiatement, ce que les anciens appelaient le
Monde élémentaire. Poursuivons notre analyse.
Nous venons de voir des faits se passant sur une faible partie de notre planète. L'emploi de l'analogie nous permet d'espérer que, de même qu'une même loi dirige la marche d'une cellule et celle d'un organe dans l'homme, de même une loi identique doit diriger la marche d'un continent et celle de toute la Planète, conçue comme un être organique spécial.
Notre planète, isolée dans l'Espace,
baigne alternativement la plus grande partie d'un de ses hémisphères dans le fluide solaire. De là, l'existence du
jour et de la nuit correspondant à une aspiration et une expiration de l'être humain. Dans l'organisme humain : le fluide réparateur, le sang, circule à travers les organes qu'il
baigne. Dans l'organisme du monde, au contraire, ce sont les planètes (organes du système solaire), qui circulent dans le fluide solaire réparateur. La
Terre aspire le mouvement par l'équateur et l'expire par les pôles.
(17)
Notre planète reçoit du monde extérieur trois influx spéciaux :
1° Celui du
Soleil.
2° Celui de la
Lune, satellite de la
Terre.
3° Celui des autres planètes du système solaire (Nous considérons les étoiles fixes comme trop éloignées pour avoir une action spéciale sur les planètes).
L'étude de ces courants fluidiques et de leur action physiologique constitue l'astrologie.
Mais notre
Terre dégage de son côté plusieurs fluides :
1° Elle est immédiatement entourée d'une couche atmosphérique spéciale.
2° Elle est lumineuse
vue des autres planètes.
3° Elle possède une
force d'attraction particulière qui agit tant sur les
corps placés à la surface de la planète que sur la
lune et spécialement aussi sur les autres planètes du système.
La
Lune étant une dépendance cosmique de la
Terre rentre dans sa
sphère d'attraction, et la planète unie à son satellite forme un système planétaire. La
Lune agit vis-à-vis de la
Terre comme le Grand sympathique vis-à-vis de l'organisme humain, et elle régularise et distribue la
force dynamique, et par là préside à l'accroissement et à la décroissance de tous les organismes vivants, sur ta
Terre.
Mais la
Terre et son satellite ne forment qu'un des organes de notre système solaire qui, seul, constitue un tout, un organisme spécial dans l'Univers.
Un système solaire est
composé :
D'organes matériels hiérarchisés en trois catégories :
1° Les Satellites obéissant à l'attraction d'une Planète ;
2° Les Planètes obéissant à l'attraction d'un
Soleil ;
3° Un
Soleil obéissant à l'attraction d'un centre particulier.
Entre les satellites et les planètes agissent les
forces physico-chimiques et les fluides dits élémentaires.
Entre les Planètes et le
Soleil agissent les
forces cosmiques et les fluides dits astraux.
Entre le
Soleil et le centre d'attraction plus élevé agissent les forcés phychiques (
sic) et les fluides dits principiateurs.
Pour une planète d'un système solaire, le (ou les) satellite agit donc comme l'abdomen agit dans l'homme, le
soleil agit comme le cur dans l'homme, et le centre d'attraction du
Soleil agit comme la tête dans l'homme.
En résumé, un système solaire comprend trois ordres de principes :
Ce qui supporte : Les organes du système : satellites, planètes et
Soleil.
Ce qui anime : fluide dynamique émané du
Soleil.
Ce qui meut :
force d'attraction localisée dans les satellites de la planète et dans le
soleil et
émanée du centre d'attraction du
Soleil.
Ce qui gouverne : La puissance cosmique appelée Nature ou
Destin.
L'ancienne physique des hermétistes considérait l'Univers comme constitué de trois plans ou mondes :
1° Le monde élémentaire constitué par les
forces en action sur notre planète, appelé aussi monde sublunaire, et dont le domaine s'étendait de la
Terre à son satellite : la
Lune (domaine des
forces physico-chimiques) ;
2° Le monde des orbes constitué par les
forces en action dans le système solaire, et dont le domaine s'étendait du
soleil aux planètes du système (domaine des
forces astrales) ;
3° Le monde empyrée constitué par les
forces en action dans l'Univers tout entier, et dont le domaine s'étendait du centre (encore peu déterminé scientifiquement) d'attraction de notre
soleil aux soleils situés dans la même
sphère d'attraction (domaine des forces-principes).
Et ces trois plans ne constituaient pas des centres d'action strictement délimités. De même que, dans l'homme, on retrouve dans toutes les parties de l'organisme de la lymphe, du sang et de l'action nerveuse, quoique l'abdomen, le thorax et la tête soient les plans qui centralisent l'action de ces trois
éléments, de même, dans la moindre planète on retrouve des
forces physiques de la vie et de l'attraction, manifestations respectives du monde élémentaire, du monde des orbes et du monde empyrée.
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(16) L'
âme des minéraux se
développe sous l'action des planètes. L'
âme des végétaux sous l'action du
soleil, et en se développant elle se multiplie ; car chaque graine de la semence renfermée dans le calice des
fleurs est
une
âme distincte que recouvre une légère enveloppe d'
eau et de terre. (
Robert Fludd -
XVIème siècle)
(17) La Lumière, en se mêlant à l'
air invisible, a produit l'éther, autre espèce de
feu plus subtil et plus actif, principe de la
génération et de l'organisme, véhicule de la vie dans toute l'étendue de l'Univers... L'éther n'est pas à proprement parler un
corps, mais un terme moyen, une sorte de médiateur entre les
corps et la
force vivifiante dont ils sont pénétrés, c'est-à-dire l'
âme du monde. (
Robert Fludd -
XVIème siècle)