L'ÉVANGILE SELON LE SPIRITISME
CHAPITRE VIII Bienheureux ceux qui ont le cur pur
Laissez venir à moi les petits enfants. Péché en pensée. Adultère. Vraie pureté. Mains non lavées. Scandales. Si votre main est un sujet de scandale, coupez-la. Instructions des Esprits : Laissez venir à moi les petits enfants. Bienheureux ceux qui ont les yeux fermés.
Laissez venir à moi les petits enfants
1. Bienheureux ceux qui ont le cur pur, parce qu'ils
verront
Dieu. (
Saint Matthieu, ch. V, v. 8.)
2. Alors on lui présenta de petits
enfants, afin qu'il les touchât ; et comme ses
disciples repoussaient avec des paroles rudes ceux qui les lui présentaient,
Jésus le
voyant s'en fâcha et leur dit :
Laissez venir à moi les petits enfants, et ne les empêchez point ; car le royaume des cieux est pour ceux qui leur ressemblent. Je vous le dis en vérité, quiconque ne recevra point le royaume de
Dieu comme un
enfant, n'y entrera point. Et les ayant embrassés, il les bénit en leur imposant les mains. (
Saint Marc, ch. X, v. de 13 à 16.)
3. La pureté du cur est inséparable de la simplicité et de l'humilité ; elle exclut toute pensée d'égoïsme et d'orgueil ; c'est pourquoi
Jésus prend l'enfance pour l'
emblème de cette pureté, comme il l'a prise pour celui de l'humilité.
Cette comparaison pourrait ne pas sembler juste, si l'on
considère que l'
Esprit de l'
enfant peut être très ancien, et qu'il apporte en renaissant à la vie corporelle les imperfections dont il ne s'est pas dépouillé dans ses existences précédentes ; un
Esprit arrivé à la perfection pourrait seul nous donner le type de la vraie pureté. Mais elle est exacte au point de
vue de la vie présente ; car le petit
enfant, n'ayant encore pu manifester aucune tendance perverse, nous offre l'image de l'innocence et de la candeur ; aussi
Jésus ne dit-il point d'une manière absolue que le royaume de
Dieu est
pour eux, mais
pour ceux qui leur ressemblent.
4. Puisque l'
Esprit de l'
enfant a déjà vécu, pourquoi ne se montre-t-il pas, dès la naissance, ce qu'il est ? Tout est sage dans les uvres de
Dieu. L'
enfant a besoin de soins délicats que la tendresse maternelle peut seule lui rendre, et cette tendresse s'accroît de la faiblesse et de l'ingénuité de l'
enfant. Pour une mère, son
enfant est toujours un
ange, et il fallait qu'il en fût ainsi pour captiver sa sollicitude ; elle n'aurait pu avoir avec lui le même abandon, si, au lieu de la grâce naïve, elle eût trouvé en lui, sous des traits enfantins, un caractère viril et les idées d'un adulte, et encore moins si elle eût connu son passé.
Il fallait, d'ailleurs, que l'activité du principe intelligent fût proportionnée à la faiblesse du
corps qui n'aurait pu résister à une activité trop grande de l'
Esprit, ainsi qu'on le voit chez les sujets trop précoces. C'est pour cela que, dès les approches de l'incarnation, l'
Esprit,
entrant dans le trouble, perd peu à peu la conscience de lui-même ; il est, durant une certaine période, dans une sorte de sommeil pendant lequel toutes ses facultés demeurent à l'état latent. Cet état transitoire est nécessaire pour donner à l'
Esprit un nouveau point de départ, et lui faire oublier, dans sa nouvelle existence terrestre, les choses qui eussent pu l'entraver.
Son passé, cependant, réagit sur lui ; il renaît à la vie plus grand, plus fort moralement et intellectuellement, soutenu et secondé par l'intuition qu'il conserve de l'expérience acquise.
A partir de la naissance, ses idées reprennent graduellement leur essor
au fur et à mesure du développement des organes ; d'où l'on
peut dire que, pendant les premières années, l'
Esprit est véritablement
enfant, parce que les idées qui forment le fond de son caractère
sont encore assoupies. Pendant le temps où ses instincts sommeillent, il
est plus souple, et, par cela même, plus accessible aux impressions qui
peuvent modifier sa nature et le faire progresser, ce qui rend plus facile la
tâche imposée aux parents.
L'
Esprit revêt donc pour un temps la robe d'innocence, et
Jésus est
dans le vrai quand, malgré l'antériorité de l'
âme,
il prend l'
enfant pour
emblème de la pureté et de la simplicité.
Péché en pensées. Adultère.
5. Vous avez appris qu'il a été dit
aux Anciens : Vous ne commettrez point d'adultère. Mais moi je vous
dis que quiconque aura regardé une femme avec un mauvais désir pour
elle a déjà commis l'adultère avec elle dans son cur. (
Saint
Matthieu, ch. V, v. 27 et 28.)
6. Le mot
adultère ne doit point être
entendu ici dans le sens exclusif de son acception propre, mais dans un sens plus
général ;
Jésus l'a souvent employé par extension
pour désigner le mal, le péché, et toute mauvaise pensée
quelconque, comme, par exemple, dans ce passage : « Car si quelqu'un rougit
de moi et de mes paroles parmi cette race
adultère et pécheresse,
le Fils de l'homme rougira aussi de lui, lorsqu'il viendra accompagné des saints
anges dans la gloire de son Père. » (
Saint Marc, ch. VIII, v. 38.)
La vraie pureté n'est pas seulement dans les actes ; elle est aussi dans la pensée, car celui qui a le cur pur ne pense même pas au mal ; c'est ce qu'a voulu dire
Jésus : il condamne le péché,
même en pensée, parce que c'est un signe d'impureté.
7. Ce principe
amène naturellement cette question :
Subit-on les conséquences d'une mauvaise pensée non suivie d'effet ?
Il y a ici une importante distinction à faire. A mesure que l'
âme engagée dans la mauvaise voie, avance dans la vie spirituelle, elle s'éclaire et se
dépouille peu à peu de ses imperfections, selon le plus ou moins de bonne volonté qu'elle y apporte en vertu de son
libre arbitre.
Toute mauvaise pensée est donc le résultat de l'imperfection de
l'
âme ; mais selon le désir qu'elle a conçu de s'épurer, cette mauvaise pensée même devient pour elle une occasion d'avancement, parce qu'elle la repousse avec énergie ; c'est l'indice d'une tache qu'elle s'efforce d'effacer ; elle ne cédera pas si l'occasion se présente de satisfaire un mauvais désir ; et après qu'elle aura résisté, elle se sentira plus forte et joyeuse de sa victoire.
Celle, au contraire, qui n'a pas pris de bonnes résolutions cherche l'occasion, et si elle n'accomplit pas l'acte mauvais, ce n'est pas l'effet de sa volonté, mais c'est l'occasion qui lui manque ; elle est donc aussi coupable que si elle le commettait.
En résumé, chez la personne qui ne conçoit même pas la pensée du mal, le progrès est accompli ; chez celle à qui vient cette pensée, mais qui la repousse, le progrès est en
train de s'accomplir ; chez celle, enfin, qui a cette pensée et s'y complaît, le mal est encore dans toute sa
force ; chez l'une le travail est fait, chez l'autre il est à faire.
Dieu, qui est juste, tient compte de toutes ces nuances dans la responsabilité des actes et des pensées de l'homme.
Vraie pureté. Mains non lavées.
8. Alors des
scribes et des
pharisiens qui étaient
venus de Jérusalem s'approchèrent de
Jésus et lui dirent : Pourquoi vos
disciples violent-ils la tradition des Anciens ? car ils ne lavent point leurs mains lorsqu'ils prennent leurs repas.
Mais
Jésus leur répondit : Pourquoi vous-mêmes
violez-vous le commandement de
Dieu pour suivre votre tradition ? car
Dieu a fait ce commandement : Honorez votre père et votre mère ; et cet autre : Que celui qui dira des paroles outrageuses à son père ou à sa mère soit puni de mort. Mais vous autres vous dites : Quiconque aura dit à son père ou à sa mère : Tout don que je fais à
Dieu vous est utile, satisfait à la loi, encore qu'après cela il n'honore et n'assiste point son père ou sa mère ; et ainsi vous avez rendu inutile le commandement de
Dieu par votre tradition.
Hypocrites, Isaïe a bien prophétisé de vous quand il a dit : Ce peuple m'honore des lèvres, mais son cur est loin de moi ; et c'est en vain qu'ils m'honorent en enseignant des maximes et des ordonnances humaines.
Puis ayant appelé le peuple, il leur dit : Ecoutez et comprenez bien ceci : Ce n'est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l'homme ; mais c'est ce qui sort de la bouche de l'homme qui le souille. Ce qui sort de la bouche part du cur, et c'est ce qui rend l'homme impur ; car c'est du cur que partent les mauvaises pensées, les meurtres, les adultères, les fornications, les larcins, les
faux témoignages, les blasphèmes et les médisances ; ce sont là les choses qui rendent l'homme impur ; mais de manger sans avoir lavé ses mains, ce n'est point ce qui rend un homme impur.
Alors ses
disciples s'approchant de lui, lui dirent : Savez-vous bien que les
Pharisiens ayant entendu ce que vous venez de dire en sont scandalisés ? Mais il répondit : Toute plante que mon Père céleste n'a point plantée sera arrachée. Laissez-les ; ce sont des aveugles qui conduisent des aveugles ; si un aveugle en conduit un autre, ils
tombent tous les deux dans la fosse. (
Saint Matthieu, ch. XV, v. de 1 à
20.)
9. Pendant qu'il parlait, un
Pharisien le pria de
dîner chez lui ; et
Jésus y étant allé se mit à table. Le
Pharisien commença alors à dire en lui-même : Pourquoi ne s'est-il pas lavé les mains avant de dîner ? Mais le Seigneur lui dit : Vous autres
Pharisiens, vous avez grand soin de nettoyer le dehors de la coupe et du plat ; mais le dedans de vos curs est plein de rapines et d'
iniquités. Insensés que vous êtes ! celui qui a fait le dehors n'a-t-il pas fait aussi le dedans ? (
Saint Luc, ch. XI, v. de 37 à 40.)
10. Les Juifs avaient négligé les véritables commandements de
Dieu, pour s'attacher à la pratique des règlements établis par les hommes et dont les rigides observateurs se faisaient des cas de conscience ; le fond, très simple, avait fini par disparaître sous la complication de la forme. Comme il était plus aisé d'observer des actes extérieurs que de se réformer moralement,
de se laver les mains que de nettoyer son cur, les hommes se firent illusion à eux-mêmes, et se croyaient quittes envers
Dieu, parce qu'ils se conformaient à ces pratiques, tout en restant ce qu'ils étaient ; car on leur enseignait que
Dieu n'en demandait pas davantage. C'est pourquoi le prophète
dit :
C'est en vain que ce peuple m'honore des lèvres, en enseignant des maximes et des ordonnances humaines.
Ainsi en a-t-il été de la doctrine morale du Christ, qui a fini par être mise au second rang, ce qui fait que beaucoup de chrétiens, à l'exemple des anciens Juifs, croient leur salut plus assuré par les pratiques extérieures que par celles de la morale. C'est à ces additions faites par les hommes à la loi de
Dieu que
Jésus fait allusion quand il dit :
Toute plante que mon Père céleste n'a point plantée sera arrachée.
Le but de la
religion est de conduire l'homme à
Dieu ; or, l'homme n'arrive à
Dieu que lorsqu'il est parfait ; donc toute
religion qui ne rend pas l'homme meilleur n'atteint pas le but ; celle sur laquelle on croit pouvoir s'appuyer pour faire le mal est, ou fausse, ou faussée dans son principe. Tel est
le résultat de toutes celles où la forme l'emporte sur le fond. La croyance à l'efficacité des signes extérieurs est nulle, si elle n'empêche pas de commettre des meurtres, des adultères, des spoliations, de dire des calomnies, et de faire tort à son prochain en quoi que ce soit. Elle fait des superstitieux, des hypocrites ou des fanatiques, mais ne fait pas des hommes de bien.
Il ne suffit donc pas d'avoir les apparences de la pureté, il faut avant tout avoir celle du cur.
Scandales. Si votre main est un sujet de scandale, coupez-la.
11. Malheur au monde à cause des scandales
; car il est nécessaire qu'il arrive des scandales ; mais malheur à
l'homme par qui le scandale arrive.
Si quelqu'un scandalise un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux
pour lui qu'on lui pendît au cou une de ces meules qu'un âne tourne,
et qu'on le jetât au fond de la mer.
Prenez bien garde de mépriser aucun de ces petits
; je vous déclare que dans le
ciel leurs
anges voient sans cesse la face
de mon Père qui est dans les cieux ; car le Fils de l'homme est venu sauver
ce qui était perdu.
Si votre main ou votre pied vous est un sujet de scandale,
coupez-les et les jetez loin de vous ; il vaut bien mieux pour vous que vous entriez
dans la vie n'ayant qu'un pied ou qu'une main, que d'en avoir deux et d'être
jeté dans le
feu éternel. Et si votre il vous est un sujet
de scandale, arrachez-le, et jetez-le loin de vous ; il vaut mieux pour vous que
vous entriez dans la vie n'ayant qu'un il que d'en avoir deux et d'être
précipité dans le
feu de l'enfer. (
Saint Matthieu, ch. XVIII, v.
de 6 à 10. Ch. V, v. de 27 à 30.)
12. Dans le sens vulgaire,
scandale se dit
de toute action qui choque la morale ou les bienséances d'une manière
ostensible. Le scandale n'est pas dans l'action en elle-même, mais dans
le retentissement qu'elle peut avoir. Le mot scandale implique toujours l'idée
d'un certain éclat. Beaucoup de personnes se contentent d'éviter
le
scandale, parce que leur orgueil en souffrirait, leur considération
en serait amoindrie parmi les hommes ; pourvu que leurs turpitudes soient ignorées,
cela leur suffit, et leur conscience est en repos. Ce sont, selon les paroles
de
Jésus : «des
sépulcres blanchis à l'extérieur,
mais pleins de pourriture à l'intérieur ; des vases nettoyés
en dehors, malpropres en dedans. »
Dans le sens
évangélique, l'acception du mot
scandale, si fréquemment employé, est beaucoup plus générale,
c'est pourquoi on n'en comprend pas l'acception dans certains cas. Ce n'est plus
seulement ce qui froisse la conscience d'autrui, c'est tout ce qui est le résultat
des vices et des imperfections des hommes, toute réaction mauvaise d'individu
à individu avec ou sans retentissement. Le scandale, dans ce cas,
est
le résultat effectif du mal moral.
13. Il faut qu'il y ait du scandale dans le monde,
a dit
Jésus, parce que les hommes étant imparfaits sur la terre
sont enclins à faire le mal, et que de mauvais
arbres donnent de mauvais
fruits. Il faut donc entendre par ces paroles que le mal est une conséquence
de l'imperfection des hommes, et non qu'il y a pour eux obligation de le faire.
14. Il est nécessaire que le scandale arrive,
parce que les hommes étant en
expiation sur la terre se punissent eux-mêmes
par le contact de leurs vices dont ils sont les premières victimes, et
dont ils finissent par comprendre les inconvénients. Lorsqu'ils seront
las de souffrir du mal, ils chercheront le remède dans le bien. La réaction
de ces vices sert donc à la fois de châtiment pour les uns et d'épreuve
pour les autres ; c'est ainsi que
Dieu fait sortir le bien du mal, que les hommes
eux-mêmes utilisent les choses mauvaises ou de rebut.
15. S'il en est ainsi, dira-t-on, le mal est nécessaire
et durera toujours ; car s'il venait à disparaître,
Dieu serait privé
d'un puissant moyen de châtier les coupables ; donc il est inutile de chercher
à améliorer les hommes. Mais s'il n'y avait plus de coupables, il
n'y aurait plus besoin de châtiments. Supposons l'humanité transformée en hommes de bien, aucun ne cherchera à faire du mal à son prochain,
et tous seront heureux, parce qu'ils seront bons. Tel est l'état des mondes
avancés d'où le mal est exclu ; tel sera celui de la terre quand
elle aura suffisamment progressé. Mais tandis que certains mondes avancent,
d'autres se forment, peuplés d'
Esprits primitifs, et qui servent en outre
d'habitation, d'exil et de lieu
expiatoire pour les
Esprits imparfaits, rebelles,
obstinés dans le mal, et qui sont rejetés des mondes devenus heureux.
16. Mais malheur à celui par qui le scandale
arrive ; c'est-à-dire que le mal étant toujours le mal, celui
qui a servi à son insu d'instrument pour la justice divine, dont les mauvais
instincts ont été utilisés, n'en a pas moins fait le mal
et doit être puni. C'est ainsi, par exemple, qu'un
enfant ingrat est une
punition ou une épreuve pour le père qui en souffre, parce que ce
père a peut-être été lui-même un mauvais fils
qui a fait souffrir son père, et qu'il subit la peine du talion ; mais
le fils n'en est pas plus excusable, et devra être châtié à
son tour dans ses propres
enfants ou d'une autre manière.
17. Si votre main vous est une cause de scandale, coupez-la ; figure énergique qu'il serait absurde de prendre à la lettre, et qui signifie simplement qu'il faut détruire en soi toute cause de scandale, c'est-à-dire de mal ; arracher de son cur tout sentiment impur et tout principe vicieux ; c'est-à-dire encore qu'il vaudrait mieux pour un homme avoir eu la main coupée, que si cette main eût été pour lui l'instrument d'une mauvaise action ; être privé de la
vue, que si ses yeux lui eussent donné de mauvaises pensées.
Jésus n'a rien dit d'absurde pour quiconque saisit le sens
allégorique et profond de ses paroles ; mais beaucoup de choses ne peuvent être comprises sans la
clef qu'en donne le spiritisme.
INSTRUCTIONS DES ESPRITS
Laissez venir à moi les petits enfants
18. Le Christ a dit : « Laissez venir à
moi les petits
enfants. » Ces paroles, profondes dans leur simplicité,
n'emportaient pas avec elles le simple appel des
enfants, mais celui des
âmes
qui gravitent dans les cercles inférieurs où le malheur ignore l'espérance.
Jésus appelait à lui l'enfance intellectuelle de la créature formée : les faibles, les esclaves, les vicieux ; il ne pouvait rien enseigner à l'enfance physique, engagée dans la matière, soumise au joug de l'instinct, et n'appartenant pas encore à l'ordre supérieur de la raison et de la volonté qui s'exercent autour d'elle et pour elle.
Jésus voulait que les hommes vinssent à lui avec la confiance de ces petits êtres aux pas chancelants, dont l'appel lui conquérait le cur des femmes qui sont toutes mères ; il soumettait ainsi les
âmes à sa tendre et mystérieuse autorité. Il fut le flambeau qui éclaire les ténèbres, le clairon matinal qui sonne le réveil : il fut l'
initiateur du spiritisme qui doit à son tour appeler à lui, non les petits
enfants, mais les hommes de bonne volonté. L'action
virile est engagée ; il ne s'agit plus de croire instinctivement et d'obéir
machinalement, il faut que l'homme suive la loi intelligente qui lui révèle
son universalité.
Mes bien-aimés, voici le temps où les erreurs
expliquées seront des vérités ; nous vous enseignerons le
sens exact des paraboles, et nous vous montrerons la corrélation puissante
qui relie ce qui a été et ce qui est. Je vous dis en vérité
: la manifestation spirite grandit à l'
horizon ; et voici son envoyé
qui va resplendir comme le
soleil sur la cime des monts. (Jean l'
Evangéliste.
Paris, 1863.)
19. Laissez venir à moi les petits
enfants,
car je possède le lait qui fortifie les faibles. Laissez venir à
moi ceux qui, craintifs et débiles, ont besoin d'appui et de consolation.
Laissez venir à moi les
ignorants pour que je les éclaire ; laissez
venir à moi tous ceux qui souffrent, la multitude des affligés et
des malheureux ; je leur enseignerai le grand remède pour
adoucir les maux
de la vie, je leur donnerai le secret de guérir leurs blessures ! Quel
est-il, mes amis, ce baume souverain, possédant la vertu par excellence,
ce baume qui s'applique sur toutes les plaies du cur et les ferme ? C'est l'
amour,
c'est la
charité ! Si vous avez ce
feu divin, que craindrez-vous ? Vous
direz à tous les instants de votre vie : Mon père, que votre volonté
soit faite et non la mienne ; s'il vous plaît de m'éprouver par la
douleur et les tribulations, soyez béni, car c'est pour mon bien, je le
sais, que votre main s'appesantit sur moi. S'il vous convient, Seigneur, d'avoir
pitié de votre faible créature, si vous donnez à son cur
les joies permises, soyez encore béni ; mais faites que l'
amour divin ne
s'endorme pas dans son
âme, et que sans cesse elle fasse monter à
vos pieds la voix de sa reconnaissance !...
Si vous avez l'
amour, vous aurez tout ce qui est à
désirer sur votre terre, vous posséderez la perle par excellence que ni les événements, ni les méchancetés de ceux qui vous haïssent et vous persécutent ne pourront vous ravir. Si vous avez l'
amour, vous aurez placé vos trésors là où les vers et la rouille ne peuvent les atteindre, et vous verrez s'effacer insensiblement de votre
âme tout ce qui peut en souiller la pureté ; vous sentirez le poids de la matière s'alléger de
jour en
jour, et, pareil à l'
oiseau qui plane dans les airs et ne se souvient plus de la terre, vous monterez sans cesse, vous monterez toujours, jusqu'à ce que votre
âme enivrée puisse s'
abreuver à son élément de vie dans le sein du Seigneur. (Un
Esprit protecteur.
Bordeaux, 1861.)
Bienheureux ceux qui ont les yeux fermés (5)
20. Mes bons amis, vous m'avez appelé, pourquoi ? Est-ce pour me faire imposer les mains sur la pauvre souffrante qui est ici, et la guérir ? Eh ! quelle souffrance, bon
Dieu ! Elle a perdu la
vue, et les ténèbres se font pour elle. Pauvre
enfant ! qu'elle prie et qu'elle espère ; je ne sais point faire de miracles, moi, sans la volonté du bon
Dieu. Toutes les guérisons que j'ai pu obtenir, et qui vous ont été signalées, ne les attribuez qu'à celui qui est notre Père à tous. Dans vos afflictions, regardez donc toujours le
ciel, et dites du fond de votre cur : « Mon Père, guérissez-moi, mais faites que mon
âme malade soit guérie avant les infirmités de mon
corps ; que ma chair soit châtiée, s'il le faut, pour que mon
âme s'élève vers vous avec la
blancheur qu'elle avait quand vous l'avez créée. » Après cette prière, mes bons amis, que le bon
Dieu entendra toujours, la
force et le courage vous seront donnés, et peut-être aussi cette guérison que vous n'aurez demandée que craintivement, en récompense de votre
abnégation.
Mais puisque je suis ici, dans une assemblée où il s'agit avant tout d'études, je vous dirai que ceux qui sont privés de la
vue devraient se considérer comme les bienheureux de l'
expiation. Rappelez-vous
que Christ a dit qu'il fallait arracher votre il s'il était mauvais et
qu'il valait mieux qu'il fût jeté au
feu que d'être la cause de votre
damnation. Hélas ! combien en est-il sur votre terre qui maudiront un
jour dans les ténèbres d'avoir vu la lumière ! Oh ! oui, qu'ils sont heureux ceux-là qui, dans l'
expiation, sont frappés par la
vue ! leur il ne sera point un sujet de scandale et de chute ; ils peuvent vivre tout entiers de la vie des
âmes ; ils peuvent voir plus que vous qui voyez clair... Quand
Dieu me permet d'aller ouvrir la paupière à quelqu'un de ces pauvres souffrants et de lui rendre la lumière, je me dis : Chère
âme, pourquoi ne connais-tu point toutes les délices de l'
Esprit qui vit de contemplation et d'
amour ? tu ne demanderais pas à voir des images moins pures et moins suaves que celles qu'il t'est donné d'entrevoir dans ta cécité.
Oh ! oui, bienheureux l'aveugle qui veut vivre avec
Dieu ; plus heureux que vous qui êtes ici, il sent le bonheur, il le touche, il voit les
âmes et peut s'élancer avec elles dans les
sphères spirites que les prédestinés de votre terre même ne voient point. L'il ouvert est toujours prêt à faire faillir l'
âme ; l'il
fermé, au contraire, est toujours prêt à la faire monter à
Dieu. Croyez-moi bien, mes bons et chers amis, l'aveuglement des yeux est souvent la véritable lumière du cur, tandis que la
vue, c'est souvent l'
ange ténébreux qui conduit à la mort.
Et maintenant quelques mots pour toi, ma pauvre souffrante : espère et prends courage ! si je te disais : Mon
enfant, tes yeux vont s'ouvrir, comme tu serais joyeuse ! et qui sait si cette joie ne te perdrait pas ? Aie confiance
dans le bon
Dieu qui a fait le bonheur et permis la tristesse ! Je ferai tout ce qu'il me sera permis pour toi ; mais, à ton tour, prie, et surtout songe à tout ce que je viens de te dire.
Avant que je m'éloigne, vous tous qui êtes ici, recevez ma bénédiction. (VIANNEY, curé d'
Ars.
Paris, 1863.)
21. Remarque. Lorsqu'une affliction n'est pas une suite des actes de la vie présente, il faut en chercher la cause dans une vie antérieure. Ce que l'on appelle les caprices du sort, ne sont autre chose que les effets de la justice de
Dieu.
Dieu n'inflige point de punitions arbitraires ; il veut qu'entre la faute et la peine, il y ait toujours corrélation. Si, dans sa bonté, il a jeté un voile sur nos actes passés, il nous met cependant sur la voie, en disant : « Qui a tué par lépée, périra par l'
épée ;» paroles qui peuvent se traduire ainsi : «On
est toujours puni par où l'on a péché. » Si donc quelqu'un
est affligé par la perte de la
vue, c'est que la
vue a été
pour lui une cause de chute. Peut-être aussi a-t-il été cause
de la perte de la
vue chez un autre ; peut-être quelqu'un est-il devenu aveugle par l'excès de travail qu'il lui a imposé, ou par suite de mauvais traitements, de manque de soins, etc., et alors il subit la peine du talion. Lui-même, dans son repentir, a pu choisir cette
expiation, s'appliquant cette parole de
Jésus : «Si votre il vous est un sujet de scandale, arrachez-le. »
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(5) Cette communication a été donnée à propos d'une personne aveugle, pour laquelle on avait évoqué l'
Esprit de J.B. Vianney, curé d'
Ars.