L'ÉVANGILE SELON LE SPIRITISME
CHAPITRE XVIII Beaucoup d'appelés et peu d'élus
Parabole du festin de noces. La porte étroite. Ceux qui disent : Seigneur ! Seigneur ! n'entreront pas tous dans le royaume des cieux. On demandera beaucoup à celui qui a beaucoup reçu. Instructions des Esprits : On donnera à celui qui a. On reconnaît le chrétien à ses uvres.
Parabole du festin de noces
1. Jésus parlant encore en parabole, leur dit :
Le royaume des cieux est semblable à un roi, qui voulant faire les noces de son fils, envoya ses serviteurs pour appeler aux noces ceux qui y étaient conviés ; mais ils refusèrent d'y venir. Il envoya encore d'autres serviteurs avec ordre de dire de sa part aux conviés : J'ai préparé mon dîner ; j'ai fait tuer mes bufs et tout ce que j'avais fait engraisser ; tout est prêt, venez aux noces. Mais eux, ne s'en mettant point en peine, s'en allèrent, l'un à sa maison des champs, et l'autre à son négoce. Les autres se saisirent de ses serviteurs,
et les tuèrent après leur avoir fait plusieurs outrages. Le roi l'ayant appris en fut ému de colère, et ayant envoyé ses armées, il extermina ces meurtriers et brûla leur ville.
Alors il dit à ses serviteurs : Le festin de noces est tout prêt ; mais ceux qui y avaient été appelés n'en ont pas été dignes. Allez donc dans les carrefours, et appelez aux noces tous ceux que vous trouverez. Ses serviteurs s'en allant alors par les rues, assemblèrent tous ceux qu'ils trouvèrent, bons et mauvais ; et la salle de noces fut remplie de personnes qui se mirent à table.
Le roi entra ensuite pour voir ceux qui étaient à
table, et y ayant aperçu un homme qui n'était pas revêtu de la robe nuptiale, il lui dit : Mon ami, comment êtes-vous entré ici sans avoir la robe nuptiale ? Et cet homme resta muet. Alors le roi dit à ses gens : Liez-lui les mains et les pieds, et jetez-le dans les ténèbres extérieures : c'est là qu'il y aura des pleurs et des grincements de dents ; car
il y en a beaucoup d'appelés et peu d'élus. (
Saint Matthieu, ch. XXII, v. de 1 à 14.)
2. L'incrédule sourit à cette parabole qui lui semble d'une puérile naïveté, car il ne comprend pas qu'on puisse faire tant de difficultés pour assister à un festin, et encore moins que
des invités poussent la résistance jusqu'à massacrer les
envoyés du maître de la maison. « Les paraboles, dit-il, sont sans doute des figures, mais encore faut-il qu'elles ne sortent pas des limites du vraisemblable. »
On peut en dire autant de toutes les
allégories, des
fables les plus ingénieuses, si on ne les
dépouille pas de leur enveloppe pour en chercher le sens caché.
Jésus puisait les siennes dans les usages les plus vulgaires de la vie, et les adaptait aux murs et au caractère du peuple auquel il parlait ; la plupart ont pour but de faire pénétrer dans les masses l'idée de la vie spirituelle ; le sens n'en paraît souvent inintelligible que parce qu'on ne part pas de ce point de
vue.
Dans cette parabole,
Jésus compare le royaume des cieux, où tout est joie et bonheur, à un festin. Par les premiers conviés, il fait allusion aux Hébreux que
Dieu avait appelés les premiers à
la connaissance de sa loi. Les envoyés du maître sont les prophètes
qui venaient les exhorter à suivre la route de la vraie félicité
; mais leurs paroles étaient peu écoutées ; leurs avertissements
étaient méprisés ; plusieurs même furent massacrés
comme les serviteurs de la parabole. Les invités qui s'excusent sur les
soins à donner à leurs champs et à leur négoce, sont
l'
emblème des gens du monde qui, absorbés par les choses terrestres,
sont indifférents sur les choses célestes.
C'était une croyance, chez les Juifs d'alors, que leur nation devait acquérir la suprématie sur toutes les autres.
Dieu n'avait-il pas, en effet, promis à Abraham que sa postérité couvrirait toute la terre ? Mais toujours, prenant la forme pour le fond, ils croyaient à une domination effective et matérielle.
Avant la venue du Christ, à l'exception des Hébreux,
tous les peuples étaient idolâtres et
polythéistes. Si quelques
hommes supérieurs au vulgaire conçurent l'idée de l'unité
divine, cette idée resta à l'état de système personnel,
mais nulle part elle ne fut acceptée comme vérité fondamentale,
si ce n'est par quelques
initiés qui cachaient leurs connaissances sous
un voile mystérieux impénétrable aux masses. Les Hébreux
furent les premiers qui pratiquèrent publiquement le
monothéisme
; c'est à eux que
Dieu transmit sa loi, d'abord par Moïse, puis par
Jésus ; c'est de ce petit foyer qu'est partie la lumière qui devait
se répandre sur le monde entier, triompher du
paganisme, et donner à
Abraham une postérité
spirituelle « aussi nombreuse
que les étoiles du
firmament. » Mais les Juifs, tout en repoussant
l'
idolâtrie, avaient négligé la loi morale pour s'attacher
à la pratique plus facile des formes extérieures. Le mal était
à son comble ; la nation asservie était déchirée par
les
factions, divisée par les sectes ; l'incrédulité même
avait pénétré jusque dans le
sanctuaire. C'est alors que parut
Jésus, envoyé pour les rappeler à l'observation de la loi, et leur ouvrir les
horizons nouveaux de la vie future ; conviés des
premiers au grand banquet de la foi universelle, ils repoussèrent la parole du céleste
Messie, et le firent périr ; c'est ainsi qu'ils perdirent le
fruit qu'ils eussent recueilli de leur initiative.
Il serait injuste, toutefois, d'accuser le peuple entier de cet état de choses ; la responsabilité en incombe principalement aux
Pharisiens et aux Sadducéens qui ont perdu la nation, par l'orgueil et le fanatisme des uns, et par l'incrédulité des autres. Ce sont eux surtout que
Jésus
assimile aux invités qui refusent de se rendre au repas de noces. Puis il ajoute : « Le Maître
voyant cela, fit convier tous ceux que l'on trouva dans les carrefours, bons et mauvais » ; il entendait par là que la parole allait être prêchée à tous les autres peuples, païens et idolâtres, et que ceux-ci l'acceptant seraient admis au festin à la place des premiers conviés.
Mais il ne suffit pas d'être invité ; il ne
suffit pas de porter le nom de chrétien, ni de s'asseoir à la table
pour prendre part au céleste banquet ; il faut avant tout, et de condition
expresse, être revêtu de la robe nuptiale, c'est-à-dire avoir
la pureté du cur, et pratiquer la loi selon l'
esprit ; or cette loi
est tout entière dans ces mots :
Hors la charité point de salut.
Mais parmi tous ceux qui entendent la parole divine, combien peu en est-il qui
la gardent et la mettent à profit ! Combien peu se rendent dignes d'entrer
dans le royaume des cieux ! C'est pourquoi
Jésus dit :
Il y aura beaucoup
d'appelés et peu d'élus.
La porte étroite
3. Entrez par la porte étroite, parce que la porte de la perdition est large, et le chemin qui y mène est spacieux, et il y en a beaucoup qui y entrent. Que la porte de la vie est petite ! que la voie qui y mène est étroite ! et qu'il y en a peu qui la trouvent ! (
Saint Matthieu, ch. VII, v. 13, 14.)
4. Quelqu'un lui ayant fait cette demande : Seigneur, y en aura-t-il peu de sauvés ? Il leur répondit : Faites effort pour entrer par la porte étroite, car je vous assure que plusieurs chercheront à
y entrer, et ne le pourront pas. Et quand le père de famille sera
entré et aura
fermé la porte, et que vous, étant dehors, vous commencerez à heurter, en disant : Seigneur, ouvrez-nous ; il vous répondra : Je ne sais d'où vous êtes. Alors vous commencerez à dire : Nous avons mangé et bu en votre présence, et vous avez enseigné dans nos places publiques. Et il vous répondra : Je ne sais d'où vous êtes ; retirez-vous de moi, vous tous qui commettez l'
iniquité.
Ce sera alors qu'il y aura des pleurs et des grincements de dents, quand vous verrez qu'Abraham, Isaac, Jacob et tous les prophètes seront dans le royaume
de
Dieu, et que vous autres vous serez chassés dehors. Il en viendra
d'Orient et d'Occident, du
Septentrion et du Midi, qui auront place au festin
dans le royaume de
Dieu. Alors ceux qui sont les derniers seront les premiers,
et ceux qui sont les premiers seront les derniers. (
Saint Luc, ch. XIII, v. de
23 à 30.)
5. La porte de la perdition est large, parce que les mauvaises passions
sont nombreuses, et que la route du mal est fréquentée par le plus
grand nombre.
Celle du salut est étroite, parce que l'homme qui veut la
franchir doit faire de grands efforts sur lui-même pour vaincre ses mauvaises
tendances, et que peu s'y résignent ; c'est le complément de la
maxime : Il y a beaucoup d'appelés et peu d'élus.
Tel est l'état actuel de l'humanité terrestre, parce que la terre
étant un monde d'
expiation le mal y domine ; quand elle sera transformée,
la route du bien sera la plus fréquentée. Ces paroles doivent donc
s'entendre dans le sens relatif et non dans le sens absolu. Si tel devait être
l'état normal de l'humanité,
Dieu aurait volontairement voué
à la perdition l'immense majorité de ses créatures ; supposition
inadmissible, dès lors qu'on reconnaît que
Dieu est toute justice
et toute bonté.
Mais de quels méfaits cette humanité aurait-elle pu se rendre coupable
pour mériter un sort si triste, dans son présent et dans son avenir,
si elle était toute reléguée sur la terre, et si l'
âme
n'avait pas eu d'autres existences ? Pourquoi tant d'entraves semées sur
sa route ? Pourquoi cette porte si étroite qu'il est donné au plus
petit nombre de franchir, si le sort de l'
âme est fixé pour jamais
après la mort ? C'est ainsi qu'avec l'unité d'existence on est incessamment
en contradiction avec soi-même et avec la justice de
Dieu. Avec l'antériorité
de l'
âme et la pluralité des mondes, l'
horizon s'élargit ;
la lumière se fait sur les points les plus obscurs de la foi ; le présent
et l'avenir sont solidaires du passé ; alors seulement on peut comprendre
toute la profondeur, toute la vérité et toute la sagesse des maximes
du Christ.
Ceux qui disent : Seigneur ! Seigneur !
6. Ceux qui me disent : Seigneur ! Seigneur ! n'entreront pas tous dans
le royaume des cieux ; mais celui-là seulement entrera qui fait la volonté
de mon Père qui est dans les cieux. Plusieurs me diront ce jour-là
: Seigneur ! Seigneur ! n'avons-nous pas prophétisé en votre nom
? n'avons-nous pas chassé les démons en votre nom, et n'avons-nous
pas fait plusieurs miracles en votre nom ? Et alors je leur dirai hautement
: Retirez-vous de moi, vous qui faites des uvres d'
iniquité. (
Saint
Matthieu, ch. VII, v. 21, 22, 23.)
7. Quiconque donc entend ces paroles que je dis et les pratique, sera comparé
à un homme sage qui a bâti sa maison sur la pierre ; et lorsque
la
pluie est tombée, que les
fleuves se sont débordés, que
les vents ont soufflé et sont venus
fondre sur cette maison, elle n'est
point tombée, parce qu'elle était fondée sur la pierre.
Mais quiconque entend ces paroles que je dis et ne les pratique point, sera semblable
à un homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable ; et
lorsque la
pluie est tombée, que les
fleuves se sont débordés,
que les vents ont soufflé et sont venus
fondre sur cette maison, elle a
été renversée, et sa ruine a été grande. (
Saint
Matthieu, ch. VII, v. de 24 à 27.
Saint Luc, ch. VI, v. de 46 à
49.)
8. Celui donc qui violera un de ces moindres commandements, et qui apprendra
aux hommes à les violer, sera regardé dans le royaume des cieux
comme le dernier ; mais celui qui fera et enseignera sera grand dans le royaume
des cieux. (
Saint Matthieu, ch. V, v. 19.)
9. Tous ceux qui confessent la mission de
Jésus disent : Seigneur
! Seigneur ! Mais à quoi sert de l'appeler Maître ou Seigneur si
l'on ne suit pas ses préceptes ? Sont-ils chrétiens ceux qui l'honorent
par des actes extérieurs de dévotion et sacrifient en même
temps à l'orgueil, à l'égoïsme, à la cupidité
et à toutes leurs passions ? Sont-ils ses
disciples ceux qui passent des
journées en prières et n'en sont ni meilleurs, ni plus charitables,
ni plus indulgents pour leurs semblables ? Non, car, ainsi que les
Pharisiens,
ils ont la prière sur les lèvres et non dans le cur. Avec
la forme, ils peuvent en imposer aux hommes, mais non à
Dieu. C'est en
vain qu'ils diront à
Jésus : « Seigneur, nous avons prophétisé,
c'est-à-dire enseigné en votre nom ; nous avons chassé les
démons en votre nom ; nous avons bu et mangé avec vous » ;
il leur répondra : « Je ne sais qui vous êtes ; retirez-vous
de moi, vous qui commettez des
iniquités, vous qui démentez vos
paroles par vos actions, qui calomniez votre prochain, qui spoliez les veuves
et commettez l'adultère ; retirez-vous de moi, vous dont le cur distille
la haine et le fiel, vous qui répandez le sang de vos
frères en
mon nom, qui faites couler des larmes au lieu de les sécher. Pour vous
il y aura des pleurs et des grincements de dents, car le royaume de
Dieu est pour
ceux qui sont doux, humbles et charitables. N'espérez pas fléchir
la justice du Seigneur par la multiplicité de vos paroles et de vos
génuflexions
; la seule voie qui vous est ouverte pour trouver grâce devant lui, c'est
la pratique sincère de la loi d'
amour et de
charité. »
Les paroles de
Jésus sont éternelles, parce qu'elles sont la vérité.
Elles sont non seulement la sauvegarde de la vie céleste, mais le gage
de la paix, de la tranquillité et de la stabilité dans les choses
de la vie terrestre ; c'est pourquoi toutes les institutions humaines, politiques,
sociales et
religieuses qui s'appuieront sur ces paroles seront stables comme
la maison bâtie sur la pierre ; les hommes les conserveront parce qu'ils
y trouveront leur bonheur ; mais celles qui en seront la violation, seront comme
la maison bâtie sur le sable : le vent des révolutions et le
fleuve
du progrès les emporteront.
On demandera beaucoup à celui qui a beaucoup reçu
10. Le serviteur qui aura su la volonté de son maître, et
qui néanmoins ne se sera pas tenu prêt et n'aura pas fait ce qu'il
désirait de lui, sera battu rudement ; mais celui qui n'aura pas
su sa volonté, et qui aura fait des choses dignes de châtiment, sera
moins battu. On demandera beaucoup à celui à qui on aura beaucoup
donné, et on fera rendre un plus grand compte à celui à qui
on aura confié plus de choses. (
Saint Luc, ch. XII, v. 47, 48.)
11. Je suis venu dans ce monde pour exercer un
jugement, afin que ceux
qui ne voient point voient, et que ceux qui voient deviennent aveugles.
Quelques
pharisiens qui étaient avec lui entendirent ces paroles et lui
dirent : Sommes-nous donc aussi aveugles ?
Jésus leur répondit
: Si vous étiez aveugles, vous n'auriez point de péché ;
mais maintenant vous dites que vous voyez, et c'est pour cela que votre péché
demeure en vous. (
Saint Jean, ch. IX, v. 39, 40, 41.)
12. Ces maximes trouvent surtout leur application dans l'enseignement des
Esprits. Quiconque connaît les préceptes du Christ est coupable assurément
de ne pas les pratiquer ; mais outre que l'
Evangile qui les contient n'est répandu
que dans les sectes chrétiennes, parmi celles-ci, combien est-il de gens
qui ne le lisent pas, et parmi ceux qui le lisent, combien en est-il qui ne le
comprennent pas ! Il en résulte que les paroles même de
Jésus
sont perdues pour le plus grand nombre.
L'enseignement des
Esprits qui reproduit ces maximes sous différentes formes,
qui les développe et les commente pour les mettre à la portée
de tous, a cela de particulier qu'il n'est point circonscrit, et que chacun, lettré
ou illettré, croyant ou incrédule, chrétien ou non, peut
le recevoir, puisque les
Esprits se communiquent partout ; nul de ceux qui le
reçoivent, directement ou par entremise, ne peut prétexter
ignorance
; il ne peut s'excuser ni sur son défaut d'instruction, ni sur l'obscurité
du sens
allégorique. Celui donc qui ne les met pas à profit pour
son amélioration, qui les admire comme choses intéressantes et curieuses
sans que son cur en soit touché, qui n'en est ni moins vain, ni moins
orgueilleux, ni moins égoïste, ni moins attaché aux biens matériels,
ni meilleur pour son prochain, est d'autant plus coupable qu'il a plus de moyens
de connaître la vérité.
Les médiums qui obtiennent de bonnes communications sont encore plus répréhensibles
de persister dans le mal, parce que souvent ils écrivent leur propre condamnation,
et que, s'ils n'étaient aveuglés par l'orgueil, ils reconnaîtraient
que c'est à eux que les
Esprits s'adressent. Mais, au lieu de prendre pour
eux les leçons qu'ils écrivent, ou qu'ils voient écrire,
leur unique pensée est de les appliquer aux autres, réalisant ainsi
cette parole de
Jésus : « Vous voyez une paille dans l'il de
votre voisin, et vous ne voyez pas la poutre qui est dans le vôtre. »
(Ch. X, nº 9.)
Par cette autre parole : « Si vous étiez aveugles
vous n'auriez point péché »,
Jésus entend que la culpabilité
est en raison des lumières que l'on possède ; or, les
Pharisiens,
qui avaient la prétention d'être, et qui étaient, en effet,
la partie la plus éclairée de la nation, étaient plus répréhensibles
aux yeux de
Dieu que le peuple
ignorant. Il en est de même aujourd'hui.
Aux spirites, il sera donc beaucoup demandé, parce qu'ils ont beaucoup
reçu, mais aussi à ceux qui auront profité il sera beaucoup
donné.
La première pensée de tout spirite sincère doit être
de chercher, dans les conseils donnés par les
Esprits, s'il n'y a pas quelque
chose qui puisse le concerner.
Le spiritisme vient multiplier le nombre des
appelés
; par la foi qu'il donne, il multipliera aussi le nombre des
élus.
INSTRUCTIONS DES ESPRITS
On donnera à celui qui a
13. Ses
disciples s'approchant, lui dirent : Pourquoi leur parlez-vous
en paraboles ? Et leur répondant, il leur dit : C'est parce que
pour vous autres, il vous a été donné de connaître
les mystères du royaume des cieux, mais pour eux, il ne leur a pas été
donné. Car quiconque a déjà, on lui donnera encore,
et il sera dans l'abondance ; mais pour celui qui n'a point, on lui ôtera
même ce qu'il a. C'est pourquoi je leur parle en paraboles ; parce
qu'en
voyant ils ne voient point, et qu'en écoutant ils n'entendent ni
ne comprennent point. Et la prophétie d'Isaïe s'accomplit en
eux, lorsqu'il dit : Vous écouterez de vos oreilles, et vous n'entendrez
point ; vous regarderez de vos yeux, et vous ne verrez point. (
Saint Matthieu,
ch. XIII, v. 10 à 14.)
14. Prenez bien garde à ce que vous entendez ; car on se servira
envers vous de la même mesure dont vous vous serez servis envers les autres,
et il vous sera donné encore davantage ; car on donnera à
celui qui a déjà, et pour celui qui n'a point, on lui ôtera
même ce qu'il a. (
Saint Marc, ch. IV, v. 24, 25.)
15. « On donne à celui qui a déjà et on retire
à celui qui n'a pas » ; méditez ces grands enseignements qui
vous ont souvent semblé paradoxaux. Celui qui a reçu est celui qui
possède le sens de la parole divine ; il n'a reçu que parce qu'il
a tenté de s'en rendre digne, et que le Seigneur, dans sou
amour miséricordieux,
encourage les efforts qui tendent au bien. Ces efforts soutenus, persévérants,
attirent les grâces du Seigneur ; c'est un
aimant qui appelle à lui
le mieux progressif, les grâces abondantes qui vous rendent forts pour gravir
la
montagne sainte, au sommet de laquelle est le repos après le travail.
« On ôte à celui qui n'a rien, ou qui a peu » ; prenez
ceci comme une opposition figurée.
Dieu ne retire pas à ses créatures
le bien qu'il a daigné leur faire.
Hommes aveugles et sourds ! ouvrez vos
intelligences et vos curs ; voyez par votre
esprit ; entendez par votre
âme, et n'interprétez pas d'une manière aussi grossièrement
injuste les paroles de celui qui a fait resplendir à vos yeux la justice
du Seigneur. Ce n'est pas
Dieu qui retire à celui qui avait peu reçu,
c'est l'
Esprit lui-même qui, prodigue et insouciant, ne sait pas conserver
ce qu'il a, et augmenter, en la fécondant, l'
obole tombée dans son
cur.
Celui qui ne cultive pas le champ que le travail de son père lui a gagné
et dont il hérite, voit ce champ se couvrir d'herbes parasites. Est-ce
son père qui lui reprend les récoltes qu'il n'a pas voulu préparer
? S'il a laissé les graines destinées à produire dans ce
champ moisir faute de soin, doit-il accuser son père si elles ne produisent
rien ? Non, non ; au lieu d'accuser celui qui avait tout préparé
pour lui, de reprendre ses dons, qu'il accuse le véritable auteur de ses
misères, et qu'alors, repentant et actif, il se mette à l'uvre
avec courage ; qu'il brise le sol ingrat par l'effort de sa volonté ; qu'il
le laboure jusqu'au cur à l'aide du repentir et de l'espérance
; qu'il y jette avec confiance la graine qu'il aura choisie bonne entre les mauvaises,
qu'il l'arrose de son
amour et de sa
charité, et
Dieu, le
Dieu d'
amour
et de
charité, donnera à celui qui a déjà reçu.
Alors il verra ses efforts couronnés de succès, et un grain en produire
cent, et un autre mille. Courage, laboureurs ; prenez vos herses et vos charrues
; labourez vos curs ; arrachez-en l'ivraie ; semez-y le bon grain que le
Seigneur vous confie, et la rosée d'
amour lui fera porter des
fruits de
charité. (Un
Esprit ami.
Bordeaux, 1862.)
On reconnaît le chrétien à ses uvres
16. « Ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur, n'entreront pas tous
au royaume des cieux, mais celui-là seul qui fait la volonté de
mon Père qui est dans les cieux. »
Ecoutez cette parole du maître, vous tous qui repoussez la doctrine spirite
comme une uvre du démon. Ouvrez vos oreilles, le moment d'entendre
est arrivé.
Suffit-il de porter la livrée du Seigneur pour être un fidèle
serviteur ? Suffit-il de dire : « Je suis chrétien, » pour
suivre Christ ? Cherchez les vrais chrétiens et vous les reconnaîtrez
à leurs uvres. « Un bon
arbre ne peut porter de mauvais
fruits,
ni un mauvais
arbre porter de bons
fruits. » « Tout
arbre qui
ne porte pas de bons
fruits est coupé et jeté au
feu. » Voilà
les paroles du maître ;
disciples de Christ, comprenez-les bien. Quels sont
les
fruits que doit porter l'
arbre du christianisme,
arbre puissant dont les rameaux
touffus couvrent de leur ombre une partie du monde, mais n'ont pas encore abrité
tous ceux qui doivent se ranger autour de lui ? Les
fruits de l'
arbre de vie sont
des
fruits de vie, d'espérance et de foi. Le christianisme, tel qu'on l'a
fait depuis bien des siècles, prêche toujours ces divines vertus
; il cherche à répandre ses
fruits, mais combien peu les cueillent
! L'
arbre est toujours bon, mais les jardiniers sont mauvais. Ils ont voulu le
façonner à leur idée ; ils ont voulu le modeler suivant leurs
besoins ; ils l'ont taillé, rapetissé, mutilé ; ses branches
stériles ne portent pas de mauvais
fruits, mais elles n'en portent plus.
Le voyageur altéré qui s'arrête sous son ombre pour chercher
le
fruit d'espérance qui doit lui rendre la
force et le courage, n'aperçoit
que des branches arides faisant pressentir la tempête. En vain il demande
le
fruit de vie à l'
arbre de vie : les feuilles tombent desséchées
; la main de l'homme les a tant maniées qu'elle les a brûlées
!
Ouvrez donc vos oreilles et vos curs, mes bien-aimés
! Cultivez cet
arbre de vie dont les
fruits donnent la vie éternelle. Celui
qui l'a planté vous engage à le soigner avec
amour, et vous le verrez
porter encore avec abondance ses
fruits divins. Laissez-le tel que Christ vous
l'a donné : ne le mutilez pas ; son ombre immense veut s'étendre
sur l'univers : ne raccourcissez pas ses rameaux. Ses
fruits bienfaisants tombent
en abondance pour soutenir le voyageur altéré qui veut atteindre
le but, ne les ramassez pas, ces
fruits, pour les enfermer et les laisser pourrir
afin qu'ils ne servent à aucun. « Il y a beaucoup d'appelés
et peu d'élus ; » c'est qu'il y a des accapareurs pour le pain de
vie, comme il y en a souvent pour le pain matériel. Ne vous rangez pas
de ce nombre ; l'
arbre qui porte de bons
fruits doit les répandre pour
tous. Allez donc chercher ceux qui sont altérés ; amenez-les sous
les rameaux de l'
arbre et partagez avec eux l'abri qu'il vous offre. «
On ne cueille pas de raisins sur les épines.» Mes
frères,
éloignez-vous donc de ceux qui vous appellent pour vous présenter
les ronces du chemin, et suivez ceux qui vous conduisent à l'ombre de l'
arbre
de vie.
Le divin Sauveur, le juste par excellence, l'a dit, et ses paroles ne passeront pas : « Ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur, n'entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais ceux-là seuls qui font la volonté de mon Père qui est dans les cieux. »
Que le Seigneur de bénédiction vous bénisse ; que le
Dieu de lumière vous éclaire ; que l'
arbre de vie répande sur
vous ses
fruits avec abondance ! Croyez et priez. (Siméon,
Bordeaux, 1863.)