L'ÉVANGILE SELON LE SPIRITISME
CHAPITRE XXI Il y aura de faux Christs et de faux prophètes
On connaît l'arbre à son fruit. Mission des prophètes. Prodiges des faux prophètes. Ne croyez point à tous les Esprits. Instructions des Esprits : Les faux prophètes. Caractères du vrai prophète. Les faux prophètes de l'erraticité. Jérémie et les faux prophètes.
On connaît l'arbre à son fruit
1. L'
arbre qui produit de mauvais
fruits n'est pas bon, et l'
arbre qui produit de bons
fruits n'est pas mauvais ; car chaque
arbre se connaît à son propre
fruit. On ne cueille point de figues sur des épines, et l'on ne coupe point de grappes de raisin sur des ronces. L'homme de bien tire de bonnes choses du bon trésor de son cur, et le méchant
en tire de mauvaises du mauvais trésor de son cur ; car la bouche parle de la plénitude du cur. (
Saint Luc, ch. VI, v. 43, 44, 45.)
2. Gardez-vous des faux prophètes qui viennent à vous couverts de peaux de brebis, et qui au-dedans sont des
loups ravisseurs. Vous les connaîtrez par leurs
fruits.
Peut-on cueillir des raisins sur des épines ou des figues sur des ronces ? Ainsi tout
arbre qui est bon produit de bons
fruits, et tout
arbre qui est mauvais produit de mauvais
fruits.
Un bon arbre ne peut produire de mauvais fruits, et un mauvais arbre ne peut en produire de bons. Tout
arbre qui ne produit point de bons
fruits sera coupé et jeté au
feu. Vous les connaîtrez donc à leurs
fruits. (
Saint Matthieu, ch. VII, v. 15 à 20.)
3. Prenez garde que quelqu'un vous séduise ; parce que plusieurs viendront sous mon nom, disant : « Je suis le Christ, » et ils en séduiront plusieurs.
Il s'élèvera plusieurs
faux prophètes qui séduiront beaucoup de personnes ; et parce que l'
iniquité abondera, la
charité de plusieurs se refroidira. Mais celui-là sera sauvé qui persévérera jusqu'à la fin.
Alors si quelqu'un vous dit : Le Christ est ici, ou il est là, ne le croyez point ; car
il s'élèvera de faux Christs et de faux prophètes qui feront de grands prodiges et des choses
étonnantes, jusqu'à séduire, s'il était possible, les élus même. (
Saint Matthieu, chap. XXIV, v. 4, 5, 11, 12, 13, 23, 24.
Saint Marc, ch. XIII, v. 5, 6, 21, 22.)
Mission des prophètes
4. On attribue vulgairement aux prophètes le don de révéler l'avenir, de sorte que les mots
prophéties et
prédictions sont devenus synonymes. Dans le sens
évangélique,
le mot
prophète a une signification plus étendue ; il se dit de tout envoyé de
Dieu avec mission d'instruire les hommes et de leur révéler les choses cachées et les mystères de la vie spirituelle. Un homme peut donc être prophète sans faire de prédictions ; cette idée était celle des Juifs au temps de
Jésus ; c'est pourquoi, lorsqu'il fut amené devant le grand
prêtre Caïphe, les
Scribes et les Anciens, étant assemblés, lui crachèrent au visage, le frappèrent à coups de poing et lui donnèrent des soufflets, en disant : « Christ, prophétise-nous, et dis qui est celui qui t'a frappé. » Cependant il est arrivé que des
prophètes ont eu la prescience de l'avenir, soit par intuition, soit par
révélation providentielle, afin de donner aux hommes des avertissements ; ces événements s'étant accomplis, le don de prédire
l'avenir a été regardé comme un des attributs de la qualité
de prophète.
Prodiges de faux prophètes
5. « Il s'élèvera de
faux christs
et de
faux prophètes qui feront de grands prodiges et des choses étonnantes
à séduire les élus même. » Ces paroles donnent le véritable sens du mot prodige. Dans l'acception
théologique, les prodiges et les miracles sont des phénomènes exceptionnels, en dehors des lois de la nature. Les lois de la nature étant l'uvre de
Dieu seul, il peut sans doute y déroger si cela lui plaît, mais le simple bon sens dit qu'il ne peut avoir donné à des êtres inférieurs et pervers un pouvoir égal au sien, et encore moins le droit de défaire ce qu'il a fait.
Jésus ne peut avoir consacré un tel principe. Si donc, selon le sens que l'on attache à ces paroles, l'
Esprit du mal a le pouvoir de faire des prodiges tels que les élus même y soient trompés, il en résulterait que, pouvant faire ce que
Dieu fait, les prodiges et les miracles ne sont pas le privilège exclusif des envoyés de
Dieu, et ne prouvent rien, puisque rien ne distingue les miracles des saints des miracles du démon. Il faut donc chercher un sens plus rationnel à ces paroles.
Aux yeux du vulgaire
ignorant, tout phénomène dont la cause est
inconnue passe pour surnaturel, merveilleux et miraculeux ; la cause une fois
connue, on reconnaît que le phénomène, si extraordinaire qu'il
paraisse, n'est autre chose que l'application d'une loi de nature. C'est ainsi
que le cercle des faits surnaturels se rétrécit à mesure
que s'étend celui de la science. De tout temps des hommes ont exploité,
au profit de leur ambition, de leur intérêt et de leur domination,
certaines connaissances qu'ils possédaient, afin de se donner le prestige
d'un pouvoir soi-disant surhumain ou d'une prétendue mission divine. Ce
sont là de
faux christs et de
faux prophètes ; la diffusion des
lumières tue leur crédit, c'est pourquoi le nombre en diminue à
mesure que les hommes s'éclairent. Le fait d'opérer ce qui, aux
yeux de certaines gens, passe pour des prodiges, n'est donc point le signe d'une
mission divine, puisqu'il peut résulter de connaissances que chacun peut
acquérir, ou de facultés organiques spéciales, que le plus
indigne peut posséder aussi bien que le plus digne. Le vrai prophète
se reconnaît à des caractères plus sérieux, et exclusivement
moraux.
Ne croyez point à tous les Esprits
6. Mes bien-aimés,
ne croyez point à
tout Esprit, mais éprouvez si les
Esprits sont de
Dieu, car plusieurs
faux prophètes se sont élevés dans le monde. (
Saint Jean,
épître 1ère, chap. IV, v. 1.)
7. Les phénomènes spirites, loin d'accréditer les
faux christs et les
faux prophètes, comme quelques-uns affectent de le
dire, viennent au contraire leur porter un dernier coup. Ne demandez pas au spiritisme
des miracles ni des prodiges, car il déclare formellement qu'il n'en produit
point ; comme la physique, la chimie, l'astronomie, la
géologie sont venues
révéler les lois du monde matériel, il vient révéler
d'autres lois inconnues, celles qui régissent les rapports du monde corporel
et du monde spirituel, et qui, comme leurs aînées de la science,
n'en sont pas moins des lois de nature ; en donnant l'explication d'un certain
ordre de phénomènes incompris jusqu'à ce
jour, il détruit
ce qui restait encore dans le domaine du merveilleux. Ceux donc qui seraient tentés
d'exploiter ces phénomènes à leur profit, en se faisant passer
pour des
messies de
Dieu, ne pourraient abuser longtemps de la crédulité,
et seraient bientôt démasqués. D'ailleurs, ainsi qu'il a été
dit, ces phénomènes seuls ne prouvent rien : la mission se prouve
par des effets moraux qu'il n'est pas donné au premier venu de produire.
C'est là un des résultats du développement de la science
spirite ; en scrutant la cause de certains phénomènes, elle lève
le voile sur bien des mystères. Ceux qui préfèrent l'obscurité
à la lumière ont seuls intérêt à la combattre
; mais la vérité est comme le
soleil : elle dissipe les plus épais
brouillards.
Le spiritisme vient révéler une autre catégorie
bien plus dangereuse de
faux Christs et de
faux prophètes, qui se trouvent,
non parmi les hommes, mais parmi les désincarnés : c'est celle des
Esprits trompeurs, hypocrites, orgueilleux et
faux savants qui, de la terre, sont
passés dans l'erraticité, et se parent de noms vénérés
pour chercher, à la faveur du masque dont ils se couvrent, à accréditer
les idées souvent les plus bizarres et les plus absurdes. Avant que les
rapports médianimiques fussent connus, ils exerçaient leur action
d'une manière moins ostensible, par l'inspiration, la médiumnité
inconsciente, auditive ou parlante. Le nombre de ceux qui, à diverses époques,
mais dans ces derniers temps surtout, se sont donnés pour quelques-uns
des anciens prophètes, pour le Christ, pour
Marie, mère du Christ,
et même pour
Dieu, est considérable.
Saint Jean met en garde contre
eux quand il dit : « Mes bien-aimés, ne croyez point à tout
Esprit, mais éprouvez si les
Esprits sont de
Dieu ; car plusieurs
faux
prophètes se sont élevés dans le monde. » Le spiritisme
donne les moyens de les éprouver en indiquant les caractères auxquels
on reconnaît les bons
Esprits, caractères toujours moraux et jamais
matériels
(8). C'est au discernement des bons et des mauvais
Esprits que
peuvent surtout s'appliquer ces paroles de
Jésus : « On reconnaît
la qualité de l'
arbre à son
fruit ; un bon
arbre ne peut produire
de mauvais
fruits, et un mauvais
arbre ne peut en produire de bons. » On
juge les
Esprits à la qualité de leurs uvres, comme un
arbre
à la qualité de ses
fruits.
INSTRUCTIONS DES ESPRITS
Les faux prophètes
8. Si l'on vous dit : « Christ est ici, » n'y allez pas, mais,
au contraire, tenez-vous sur vos gardes, car les
faux prophètes seront
nombreux. Mais ne voyez-vous pas les feuilles du figuier qui commencent à
blanchir ; ne voyez-vous pas leurs pousses nombreuses attendant l'époque
de la floraison, et Christ ne vous a-t-il pas dit : On reconnaît un
arbre
à son
fruit ? Si donc les
fruits sont amers, vous jugez que l'
arbre est
mauvais ; mais s'ils sont doux et salutaires, vous dites : Rien de pur ne peut
sortir d'une souche mauvaise.
C'est ainsi, mes
frères, que vous devez juger ; ce sont les uvres
que vous devez examiner. Si ceux qui se disent revêtus de la puissance divine
sont accompagnés de toutes les marques d'une pareille mission, c'est-à-dire
s'ils possèdent au plus haut degré les vertus chrétiennes
et éternelles : la
charité, l'
amour, l'
indulgence, la bonté
qui concilie tous les curs ; si, à l'appui des paroles, ils joignent
les actes, alors vous pourrez dire : Ceux-ci sont bien réellement les envoyés
de
Dieu.
Mais méfiez-vous des paroles mielleuses, méfiez-vous des
scribes
et des
pharisiens qui prient dans les places publiques, vêtus de longues
robes. Méfiez-vous de ceux qui prétendent avoir le seul et unique
monopole de la vérité !
Non, non, Christ n'est point là, car ceux qu'il envoie
propager sa sainte doctrine, et régénérer son peuple, seront,
à l'exemple du Maître, doux et humbles de cur par-dessus toutes
choses ; ceux qui doivent, par leurs exemples et leurs conseils, sauver l'humanité
courant à sa perte et vagabondant dans des routes tortueuses, ceux-là
seront par-dessus tout modestes et humbles. Tout ce qui révèle un
atome d'orgueil, fuyez-le comme une lèpre contagieuse qui corrompt tout
ce qu'elle touche. Rappelez-vous que
chaque créature porte sur son front,
mais dans ses actes surtout, le cachet de sa grandeur ou de sa décadence.
Allez donc, mes
enfants bien-aimés, marchez sans tergiversations, sans
arrière-pensées, dans la route bénie que vous avez entreprise.
Allez, allez toujours sans crainte ; éloignez courageusement tout ce qui
pourrait entraver votre marche vers le but éternel. Voyageurs, vous ne
serez que bien peu de temps encore dans les ténèbres et les douleurs
de l'épreuve, si vous laissez aller vos curs à cette douce
doctrine qui vient vous révéler les lois éternelles, et satisfaire
toutes les aspirations de votre
âme vers l'inconnu. Dès à
présent, vous pouvez donner un
corps à ces
sylphes légers
que vous voyiez passer dans vos rêves, et qui, éphémères,
ne pouvaient que charmer votre
esprit, mais ne disaient rien à votre cur.
Maintenant, mes aimés, la mort a disparu pour faire place à l'
ange
radieux que vous connaissez, l'
ange du revoir et de la réunion ! Maintenant,
vous qui avez bien accompli la tâche imposée par le Créateur,
vous n'avez plus rien à craindre de sa justice, car il est père
et pardonne toujours à ses
enfants égarés qui crient
miséricorde.
Continuez donc, avancez sans cesse ; que votre devise soit celle du progrès,
du progrès continu en toutes choses, jusqu'à ce que vous arriviez
enfin à ce terme heureux où vous attendent tous ceux qui vous ont
précédés. (Louis.
Bordeaux, 1861.)
Caractères du vrai prophète
9. Défiez-vous des faux prophètes.
Cette recommandation est utile dans tous les temps, mais surtout dans les moments
de transition où, comme dans celui-ci, s'élabore une transformation
de l'humanité, car alors une foule d'ambitieux et d'intrigants se posent
en réformateurs et en
messies. C'est contre ces imposteurs qu'il faut se
tenir en garde, et il est du devoir de tout honnête homme de les démasquer.
Vous demanderez sans doute comment on peut les reconnaître ; voici leur
signalement :
On ne confie le commandement d'une armée qu'à un général
habile et capable de la diriger ; croyez-vous donc que
Dieu soit moins prudent
que les hommes ? Soyez certains qu'il ne confie les missions importantes qu'à
ceux qu'il sait capables de les remplir, car les grandes missions sont de lourds
fardeaux qui écraseraient l'homme trop faible pour les porter. Comme en
toutes choses le maître doit en savoir plus que l'écolier ; pour
faire avancer l'humanité moralement et intellectuellement, il faut des
hommes supérieurs en intelligence et en moralité ! c'est pourquoi
ce sont toujours des
Esprits déjà très avancés ayant
fait leurs preuves dans d'autres existences, qui s'incarnent dans ce but ; car
s'ils ne sont pas supérieurs au milieu dans lequel ils doivent agir, leur
action sera nulle.
Ceci posé, concluez que le vrai missionnaire de
Dieu doit justifier sa
mission par sa supériorité, par ses vertus, par la grandeur, par
le résultat et l'
influence moralisatrice de ses uvres. Tirez encore
cette conséquence, que s'il est, par son caractère, par ses vertus,
par son intelligence, au-dessous du rôle qu'il se donne, ou du personnage
sous le nom duquel il s'abrite, ce n'est qu'un histrion de bas étage qui
ne sait pas même copier son modèle.
Une autre considération, c'est que la plupart des
vrais missionnaires de
Dieu s'ignorent eux-mêmes ; ils accomplissent ce
à quoi ils sont appelés, par la
force de leur génie secondé
par la puissance
occulte qui les
inspire et les dirige à leur insu, mais
sans dessein prémédité. En un mot,
les vrais prophètes
se révèlent par leurs actes : on les devine ; tandis que les faux
prophètes se posent eux-mêmes comme les envoyés de Dieu ;
le premier est humble et modeste ; le second est orgueilleux et plein de lui-même
; il parle avec
hauteur, et, comme tous les menteurs, il semble toujours craindre
de n'être pas cru.
On a vu de ces imposteurs se donner pour les apôtres du Christ, d'autres
pour le Christ lui-même, et ce qui est à la honte de l'humanité,
c'est qu'ils ont trouvé des gens assez crédules pour
ajouter foi
à de pareilles turpitudes. Une considération bien simple cependant
devrait ouvrir les yeux du plus aveugle, c'est que si le Christ se réincarnait
sur la terre, il y viendrait avec toute sa puissance et toutes ses vertus, à
moins d'admettre, ce qui serait absurde, qu'il eût dégénéré
; or, de même que si vous ôtez à
Dieu un seul de ses attributs
vous n'aurez plus
Dieu, si vous ôtez une seule des vertus du Christ, vous
n'avez plus le Christ. Ceux qui se donnent pour le Christ ont-ils toutes ses vertus
? Là est la question ; regardez ; scrutez leurs pensées et leurs
actes, et vous reconnaîtrez qu'ils manquent par-dessus tout des qualités
distinctives du Christ : l'humilité et la
charité, tandis qu'ils
ont ce qu'il n'avait pas : la cupidité et l'orgueil. Remarquez d'ailleurs
qu'il y a dans ce moment, et dans différents pays, plusieurs prétendus
Christs, comme il y a plusieurs prétendus
Elie, saint Jean ou saint Pierre,
et que nécessairement ils ne peuvent être tous véritables.
Tenez pour certain que ce sont des gens qui exploitent la crédulité
et trouvent commode de vivre aux dépens de ceux qui les écoutent.
Défiez-vous donc des
faux prophètes, surtout dans un temps de rénovation,
parce que beaucoup d'imposteurs se diront les envoyés de
Dieu ; ils se
procurent une vaniteuse satisfaction sur la terre, mais une terrible justice les
attend, vous pouvez en être certains. (Eraste.
Paris, 1862.)
Les faux prophètes de l'erraticité
10. Les
faux prophètes ne sont pas seulement parmi les incarnés
; ils sont aussi, et en bien plus grand nombre, parmi les
Esprits orgueilleux
qui, sous de faux-semblants d'
amour et de
charité, sèment la désunion
et retardent l'uvre émancipatrice de l'humanité, en jetant
à la traverse leurs systèmes absurdes qu'ils font accepter par leurs
médiums ; et pour mieux fasciner ceux qu'ils veulent abuser, pour donner
plus de poids à leurs théories, ils se parent sans
scrupule de noms
que les hommes ne prononcent qu'avec respect.
Ce sont eux qui sèment des
ferments d'antagonisme entre les groupes, qui
les poussent à s'isoler les uns des autres, et à se voir d'un mauvais
il. Cela seul suffirait pour les démasquer ; car, en agissant ainsi,
ils donnent eux-mêmes le plus formel démenti à ce qu'ils prétendent
être. Aveugles donc sont les hommes qui se laissent prendre à un
piège aussi grossier.
Mais il y a bien d'autres moyens de les reconnaître. Des
Esprits de l'ordre
auquel ils disent appartenir, doivent être non seulement très bons,
mais, en outre,
éminemment rationnels. Eh bien, passez leurs systèmes
au tamis de la raison et du bon sens, et vous verrez ce qui en restera. Convenez
donc avec moi que, toutes les fois qu'un
Esprit indique, comme remède aux
maux de l'humanité, ou comme moyens d'arriver à sa transformation,
des choses utopiques et impraticables, des mesures puériles et ridicules
; quand il formule un système contredit par les plus vulgaires notions
de la science, ce ne peut être qu'un
Esprit ignorant et menteur.
D'un autre côté, croyez bien que si la vérité
n'est pas toujours appréciée par les individus, elle l'est toujours
par le bon sens des masses, et c'est encore là un critérium. Si
deux principes se contredisent, vous aurez la mesure de leur valeur intrinsèque
en cherchant celui qui trouve le plus d'échos et de sympathies ;
il
serait illogique, en effet,
d'admettre qu'une doctrine qui verrait diminuer
le nombre de ses partisans fût plus vraie que celle qui voit les siens s'augmenter.
Dieu, voulant que la vérité arrive à tous, ne la confine
pas dans un cercle restreint : il la fait surgir sur différents points,
afin que partout la lumière soit à côté des ténèbres.
Repoussez impitoyablement tous ces
Esprits qui se donnent
comme conseils exclusifs, en prêchant la
division et l'isolement. Ce sont
presque toujours des
Esprits vaniteux et médiocres, qui tendent à
s'imposer aux hommes faibles et crédules, en leur prodiguant des louanges
exagérées, afin de les fasciner et de les tenir sous leur domination.
Ce sont généralement des
Esprits affamés de pouvoir, qui,
despotes publics ou privés de leur vivant, veulent avoir encore des victimes
à tyranniser après leur mort. En général,
défiez-vous
des communications qui portent un caractère de mysticisme et d'étrangeté,
ou qui prescrivent des cérémonies et des actes bizarres ; il
y a toujours alors un motif légitime de suspicion.
D'un autre côté, croyez bien que lorsqu'une vérité
doit être révélée à l'humanité, elle
est pour ainsi dire instantanément communiquée dans tous les groupes
sérieux qui possèdent de sérieux médiums, et non pas
à tels ou tels, à l'exclusion des autres. Nul n'est parfait médium
s'il est obsédé, et il y a obsession manifeste lorsqu'un médium
n'est apte qu'à recevoir les communications d'un
Esprit spécial,
si haut que celui-ci cherche à se placer lui-même. En conséquence,
tout médium, tout groupe qui se croient privilégiés par des
communications que seuls ils peuvent recevoir, et qui, d'autre part, sont assujettis
à des pratiques qui frisent la superstition, sont
indubitablement sous
le coup d'une obsession des mieux caractérisées, surtout quand l'
Esprit
dominateur se targue d'un nom que tous,
Esprits et incarnés, nous devons
honorer et respecter, et ne pas laisser commettre à tout propos.
Il est incontestable qu'en soumettant au creuset de la raison et de la logique
toutes les données et toutes les communications des
Esprits, il sera facile
de repousser l'absurdité et l'erreur. Un médium peut être
fasciné, un groupe abusé ; mais le contrôle sévère
des autres groupes, mais la science acquise, et la haute autorité morale
des chefs de groupe, mais des communications des principaux médiums qui
reçoivent un cachet de logique et d'authenticité de nos meilleurs
Esprits, feront rapidement justice de ces dictées mensongères et
astucieuses émanées d'une tourbe d'
Esprits trompeurs ou méchants.
(Eraste,
disciple de
saint Paul.
Paris, 1862.)
(Voir à l'
Introduction le paragraphe : II.
Contrôle universel
de l'enseignement des Esprits.
Livre des médiums,
chap. XXIII,
De l'obsession.)
Jérémie et les faux prophètes
11. Voici ce que dit le Seigneur des armées : N'écoutez point
les paroles des prophètes qui vous prophétisent et qui vous trompent.
Ils publient les visions de leur cur, et non ce qu'ils ont appris de la
bouche du Seigneur. Ils disent à ceux qui me blasphèment
: Le Seigneur l'a dit, vous aurez la paix ; et à tous ceux qui marchent
dans la corruption de leur cur : Il ne vous arrivera point de mal.
Mais qui d'entre eux a assisté au conseil de
Dieu ; qui l'a vu et qui a
entendu ce qu'il a dit ? Je n'envoyais point ces prophètes, et ils
couraient d'eux-mêmes ; je ne leur parlais point, et ils prophétisaient
de leur tête. J'ai entendu ce qu'ont dit ces prophètes qui
prophétisent le mensonge en mon nom ; en disant : J'ai songé, j'ai
songé. Jusques à quand cette imagination sera-t-elle dans
le cur des prophètes qui prophétisent le mensonge, et dont
les prophéties ne sont que les séductions de leur cur ? Si
donc ce peuple, ou un prophète, ou un
prêtre vous interroge et vous
dit : Quel est le fardeau du Seigneur ? Vous lui direz : C'est vous-même
qui êtes le fardeau, et je vous jetterai bien loin de moi, dit le Seigneur.
(
Jérémie, ch. XXIII, v. 16, 17, 18, 21, 25, 26, 33.)
C'est sur ce passage du
prophète Jérémie
que je vais vous entretenir, mes amis.
Dieu, parlant par sa bouche, dit : «
C'est la vision de leur cur qui les fait parler. » Ces mots indiquent
clairement que déjà, à cette époque, les charlatans
et les exaltés abusaient du don de prophétie et l'exploitaient.
Ils abusaient, par conséquent, de la foi simple et presque aveugle du peuple
en prédisant
pour de l'argent de bonnes et agréables choses.
Cette sorte de tromperie était assez générale chez la nation
juive, et il est facile de comprendre que le pauvre peuple, dans son
ignorance,
était dans l'impossibilité de distinguer les bons d'avec les mauvais,
et il était toujours plus ou moins dupe de ces soi-disant prophètes
qui n'étaient que des imposteurs ou des fanatiques.
Y a-t-il rien de plus
significatif que ces paroles : « Je n'ai point envoyé ces prophètes-là,
et ils ont couru d'eux-mêmes ; je ne leur ai point parlé, et ils
ont prophétisé ? » Plus loin il dit : « J'ai entendu
ces prophètes qui prophétisent le mensonge en mon nom, en disant
: J'ai songé, j'ai songé ; » il indiquait ainsi un des moyens
employés pour exploiter la confiance qu'on avait en eux. La multitude,
toujours crédule, ne pensait point à contester la véracité
de leurs songes ou de leurs visions ; elle trouvait cela tout naturel et invitait
toujours ces prophètes à parler.
Après les paroles du prophète, écoutez les sages conseils de l'
apôtre saint Jean, quand il dit : «Ne croyez point à tout
Esprit, mais éprouvez si les
Esprits sont de
Dieu ;» car parmi les invisibles il en est aussi qui se plaisent à faire des dupes quand ils
en trouvent l'occasion. Ces dupes sont, bien entendu, les médiums qui ne prennent pas assez de précautions. La est sans contredit un des plus grands écueils, contre lequel beaucoup viennent se briser, surtout quand ils sont novices dans le spiritisme. C'est pour eux une épreuve dont ils ne peuvent triompher que par une grande prudence. Apprenez donc, avant toute chose, à distinguer les bons et les mauvais
Esprits, pour ne pas devenir vous-mêmes de
faux prophètes. (Luoz,
Esprit protecteur. Karlsruhe, 1861.)
__________________________________________________________________________________________________
(8) Voir, pour la distinction des
Esprits,
Livre des médiums, ch. 24 et suiv.