CHAPITRE III LE CÔTÉ CACHÉ DES ÉCRITURES (suite)
Il se peut que certaines personnes soient disposées à reconnaître aux Apôtres et à leurs successeurs immédiats une connaissance des questions spirituelles plus profonde que les notions répandues dans le public Chrétien de cette époque, mais bien peu, sans doute, consentiront à faire un pas de plus et, quittant le cercle enchanté, à voir dans les Mystères de l'Eglise Primitive le réceptacle de la science sacrée. Nous savons cependant que saint Paul veille à la transmission de l'enseignement oral ; il initie lui même saint Timothée et lui recommande d'initier, à son tour, d'autres personnes qui transmettront elles mêmes leur dépôt à d'autres. Les Ecritures font donc mention de cette mesure de prévoyance qui s'étend à quatre générations successives ; or, celles-ci remplissent, et bien au-delà, la période précédant les premiers auteurs de l'Eglise Primitive, qui rendent témoignage à l'existence des Mystères. Parmi ces auteurs, en effet, il y a des élèves directs des Apôtres, bien que les déclarations les plus explicites soient faites par les auteurs séparés des Apôtres par un instructeur intermédiaire. En abordant l'étude de la littérature Chrétienne des premiers siècles, nous nous trouvons immédiatement en présence d'allusions que l'existence des Mystères peut seule expliquer, puis de passages affirmant que les Mystères existent. Nous pouvions évidemment nous y attendre, étant donné le point où le Nouveau Testament a laissé la question, mais il est agréable de voir les prévisions corroborées par les faits.
Les premiers témoins sont ceux appelés les
Pères Apostoliques, les
disciples des Apôtres ; mais il reste fort
peu de choses de leurs écrits ; encore ces fragments sont-ils discutés.
Les déclarations de ces auteurs, n'ayant pas un caractère de controverse,
ne sont pas aussi catégoriques que celles d'écrivains plus récents.
Leurs lettres ont pour objet d'encourager les croyants. Polycarpe,
évêque
de Smyrne et
disciple, en même temps qu'Ignace, de saint Jean
(92), exprime
l'espoir que ses correspondants sont « versés dans les Ecritures
Saintes et que rien ne reste caché pour eux. Quant à lui-même,
ce privilège ne lui est pas encore accordé
(93) ».
Barnabas
parle de communiquer « une certaine partie de ce qu'il a reçu lui-même
(94) », et déclare, après une exposition
mystique de la Loi
: « Nous donc, comprenant le vrai sens de Ses commandements, nous les expliquons
comme l'entendait le Seigneur
(95). » Ignace,
évêque d'Antioche et
disciple de saint Jean
(96), dit de lui-même : « Je ne suis pas encore parfait en Jésus-Christ, car je commence seulement à être
disciple et je vous parle comme à mes condisciples
(97). » Et il parle de ses correspondants comme ayant été «
initiés dans les mystères de l'
Evangile avec Paul, le saint, le
martyr (98) ». Plus loin il dit encore : « Ne pourrais-je vous écrire des choses plus remplies de mystère ? Mais je crains de le faire, de peur de vous causer du mal, à vous qui n'êtes que des
enfants en bas âge. Ne m'en veuillez donc point. Incapables de recevoir des communications de cette importance, elles pourraient vous étouffer. Car moi-même qui suis lié (pour Christ), qui suis capable de comprendre les choses du
ciel, les hiérarchies angéliques, les différentes espèces d'
anges et d'armées célestes, la différence entre les puissances et les dominations, les distinctions entre les trônes et les autorités, la
force immense des éons, la prééminence des chérubins et des séraphins, la sublimité de l'
Esprit, le Royaume du Seigneur et, par-dessus tout, l'incomparable
majesté du
Dieu Tout-Puissant, moi qui connais toutes ces choses, je n'en
suis pas, pour cela parfait. Je ne suis pas un
disciple comme Paul ou comme Pierre
(99). » Ce passage est intéressant, car il montre que l'organisation des hiérarchies célestes était un des points communiqués dans les Mystères. Ignace parle encore du Grand
Prêtre, de l'
Hiérophante « qui a la garde du Lieu Très-Saint et à qui, seul, ont été confiés les secrets de
Dieu (100) ».
Nous arrivons ensuite à saint Clément d'
Alexandrie et à son élève Origène, les deux auteurs des deuxième et troisième siècles qui nous en apprennent le plus sur les Mystères de l'
Eglise primitive. L'atmosphère de l'époque est remplie d'allusions
mystiques, mais ces deux Pères nous déclarent d'une manière nette et
catégorique que les Mystères étaient une institution reconnue.
Or, saint Clément,
disciple de Pantaenus, dit de son maître et de deux autres, que l'on dit être Tatien et Théodote, qu'ils « conservent la tradition de la bienheureuse doctrine directement reçue des saints Apôtres Pierre, Jacques, Jean et Paul
(101) ».
Saint Clément n'était donc
séparé des Apôtres que par un seul intermédiaire. Il
dirigeait l'Ecole de catéchèse, à
Alexandrie, en 189 après
Jésus-Christ, et mourut vers 220.
Origène, né vers 185 après Jésus-Christ, élève de saint Clément, était peut-être le plus savant des Pères de l'
Eglise, et un homme doué de la beauté morale la plus rare. Tels sont les témoins les plus importants affirmant l'existence, dans l'
Eglise Primitive, de véritables Mystères.
Les
Stromata, ou mélanges, de saint Clément sont notre source d'information en ce qui concerne les Mystères à son époque. Lui-même
définit cet ouvrage comme une « réunion de notes
Gnostiques, conformes à la vraie philosophie
(102) » ; il en parle aussi comme de sommaires des leçons qu'il avait reçues de Pantaenus. Le passage est instructif. « Le Seigneur... nous a permis de communiquer de ces Mystères divins et de cette sainte lumière à ceux capables de les recevoir. Il n'a certes pas révélé à la masse ce qui n'appartenait pas à la masse ; mais Il a révélé les Mystères à une minorité à laquelle Il savait qu'ils
appartenaient, minorité capable de les recevoir et de s'y conformer. Les choses secrètes se confient oralement et non par écrit, et
Dieu fait de même. Et si l'on vient me dire
(103) :
Il n'y a rien de secret qui ne doive être révélé ni rien de caché qui ne doive être dévoilé, je répondrai, moi, qu'à celui qui écoute en secret les choses secrètes, elles-mêmes, seront manifestées. Voilà ce que prédisait cet oracle. A l'homme capable d'observer secrètement ce qui lui est confié, ce qui est voilé sera montré comme vérité ; ce qui est caché à la masse sera manifesté à la minorité... Les Mystères sont divulgués sous une forme
mystique, afin que la transmission orale soit possible ; mais cette transmission sera faite moins par les mots que par leur sens caché... Les notes que voici sont bien faibles, je le sais, comparées à cet
esprit plein de grâce que j'ai eu le privilège de recevoir. Du moins serviront-elles d'image qui rappellera l'archétype à l'homme que le Thyrse a frappé
(104). » Le Thyrse, soit dit en passant, était la baguette tenue par les
Initiés et dont ils touchaient les candidats pendant la cérémonie de l'
Initiation. Il offrait un sens
mystique et symbolisait, dans les Mystères Mineurs, la mlle épinière et la glande pinéale, et, dans les Grands Mystères, une Verge que connaissent les Occultistes. « Celui que le Thyrse a frappé » signifie donc, en d'autres termes, l'homme
initié aux Mystères.
« Nous n'avons pas la prétention, continue Clément, d'expliquer suffisamment les choses secrètes, loin de là, mais seulement de les rappeler à la mémoire, soit que quelques-unes nous aient échappé, soit dans le but de ne pas les oublier. Bien des choses, je le sais fort bien, nous ont, à la longue, échappé sans avoir été jamais rapportées par écrit... Il y a donc des choses dont nous n'avons pas conservé le souvenir, car la puissance des bienheureux était grande. » Les
disciples des Grands Etres en font souvent l'expérience, car la présence du Maître stimule et appelle à l'activité des facultés normalement encore latentes et que l'élève ne saurait, seul, mettre en
jeu. « Certains points qui restèrent longtemps sans être notés par écrit nous ont maintenant échappé ; d'autres ont disparu, l'intelligence en ayant perdu la trace, car les personnes sans expérience ne peuvent facilement les retenir ; ces points, je les mets en lumière dans mes commentaires. J'omets intentionnellement certaines choses, exerçant en cela une sage sélection et craignant de confier à l'écriture ce que je craignais d'exprimer de vive voix. Je n'agis
point par jalousie, ce serait mal, mais je crains de voir mes lecteurs les interpréter d'une manière inexacte et trébucher ; suivant le proverbe, ce serait donner une
épée à un
enfant. Car il est impossible que les matières traitées par écrit ne s'échappent point (ne soient pas divulguées) : même si je ne les publie point personnellement. Mais, lors même qu'elles sont dans le domaine public (l'écriture étant toujours le mode de transmission employé), elles donnent au chercheur qui les interroge des réponses plus profondes que les mots écrits. Elles exigent, en effet, l'aide de quelqu'un, soit de l'auteur, soit d'une personne ayant suivi ses pas. J'indiquerai certains points d'une manière voilée ; j'insisterai sur d'autres ; d'autres enfin ne seront que mentionnés. Je m'efforcerai de parler
imperceptiblement, de montrer secrètement et de procéder par démonstration silencieuse
(105). »
Ce passage suffirait, à lui seul, pour établir
l'existence, dans la Primitive
Eglise, d'un enseignement secret. Mais il y en a bien d'autres. Dans le XIIème chapitre de ce même livre Ier »,
intitulé « les Mystères de la Foi qui ne doivent pas être
communiqués à tous », Clément déclare que, son
travail pouvant tomber sous les yeux de personnes dénuées de sagesse,
« il est nécessaire de jeter le voile du Mystère sur les enseignements
oraux donnés par le Fils de
Dieu ». A celui qui parle, il fallait
des lèvres pures, à celui qui écoute, un cur attentif et
pur. « Voilà pourquoi il m'était difficile d'écrire.
Aujourd'hui même, je crains, comme il est dit,
de jeter les perles devant
les pourceaux, de peur qu'ils ne les foulent aux pieds et que, se tournant, ils
ne nous déchirent. Car il est difficile de parler de la vraie lumière,
en termes absolument clairs et transparents, à des auditeurs d'une nature
porcine et indisciplinée. Rien au monde ne semble plus ridicule à
la multitude, mais en même temps, rien de plus admirable ni de plus inspirateur
pour les
âmes nobles. Les sages n'ouvrent point la bouche sur ce qui est
dit dans leur assemblée. Mais le Seigneur a commandé
de proclamer
sur les maisons ce qui avait été dit à l'oreille, prescrivant
à ses
disciples de recevoir les traditions secrètes de la vraie
sagesse, puis de les interpréter hautement et ouvertement. Nous devons
donc transmettre aux personnes qui en sont dignes ce qui nous a été
dit à l'oreille, sans pourtant communiquer à tout venant le sens
des paraboles. On ne trouvera dans ces notes qu'une esquisse ; les vérités
y sont clairsemées, afin qu'elles échappent à ceux qui ramassent
les semences comme des corneilles ; les semences trouvent-elles un bon cultivateur,
chacune germera et produira du blé. »
Clément aurait pu
ajouter que
proclamer du haut des maisons signifiait proclamer ou interpréter dans l'assemblée des Parfaits ou
initiés et, en aucune façon, de crier la vérité aux passants.
Il dit ailleurs : « Les personnes encore aveugles et sourdes, qui ne possèdent ni l'entendement ni la
vue nette et pénétrante,
facultés de l'
âme contemplative... ne sauraient faire partie du cur
divin... C'est pourquoi, fidèles à la méthode secrète,
les Egyptiens nommaient
adyta et les Hébreux
le lieu voilé
la Parole véritablement sacrée, véritablement divine et très
nécessaire aux hommes, déposée dans le
sanctuaire de la vérité. Seules, les personnes consacrées... y avaient accès. Platon lui-même trouvait qu'il n'était pas légitime que les impurs touchassent les purs. Les prophéties et les oracles étaient donc prononcés sous une forme énigmatique. Quant aux Mystères, ils n'étaient pas dévoilés d'emblée à tout venant, mais seulement après certaines purifications et un enseignement préparatoire. »
Clément s'étend ensuite longuement sur les
Symboles, Pythagoriciens, Hébreux, Egyptiens et fait observer que les personnes
ignorantes et sans instruction sont incapables d'en saisir le sens. « Mais
le
Gnostique comprend. Il ne convient donc pas que tout soit indistinctement montré
à tous, ni que les bienfaits de la sagesse soient accordés à
des hommes dont l'
âme n'a jamais, même en rêve, été
purifiée (car il n'est pas permis de livrer au premier venu ce qui fut
acquis au prix de si laborieux efforts) ; les Mystères de la parole ne
doivent pas davantage être expliqués aux
profanes. » Les Pythagoriciens
possédaient, comme Platon, Zénon et Aristote, des enseignements
exotériques et des enseignements
ésotériques. Les philosophes
instituèrent les Mystères, car, « n'était-il pas préférable,
pour la sainte et bienheureuse contemplation des choses réelles, qu'elle
fût cachée
(106) ? » Les Apôtres, eux aussi, approuvaient
que « les mystères de la foi fussent voilés », car il
existait « des enseignements pour les parfaits ». Nous trouvons des
allusions à ceci dans l'
Epître aux Colossiens, chapitre I,
9-11 et 25-27.
« Il y a donc, d'une part, les Mystères qui
étaient restés cachés jusqu'au temps des Apôtres et
leur furent confiés tels que le Seigneur les leur donna et que, dissimulés
dans l'Ancien Testament, ils furent manifestés aux saints, et, d'autre
part,
la richesse de ce glorieux mystère parmi les païens,
c'est-à-dire la foi et l'espoir en Christ, appelés ailleurs le
fondement.
»
Clément cite
saint Paul pour
montrer que cette « connaissance n'appartient pas à tous »,
et dit, en se reportant à l'
Epître aux Hébreux, chapitres
V et VI, qu' « il existait certainement parmi les Juifs des enseignements
oraux » ; il cite ensuite ces mots de
saint Barnabé :
Dieu a mis
en nos curs la sagesse et la faculté de comprendre Ses secrets ; et ajoute
: « Peu d'hommes sont à même de comprendre ces choses, où
subsistent des traces de la tradition
Gnostique. » « C'est
pourquoi l'instruction qui révèle les choses cachées s'appelle
illumination, car l'instructeur seul soulève le toit de l'arche
(107).
»
Plus loin, Clément, revenant
à
saint Paul, commente ces paroles adressées aux Romains :
Je
sais qu'en me rendant auprès de vous, j'y viendrai avec une pleine bénédiction
de Christ (108), et dit que l'Apôtre entend par
là « le don spirituel et l'interprétation
Gnostique »,
et qu'il voulait, étant présent, communiquer aux Romains
la plénitude
du Christ, conformément à la révélation du Mystère
resté scellé à travers les âges de l'Eternité,
mais aujourd'hui manifesté dans les Ecrits prophétiques (109).
...Mais à quelques-uns seulement sont montrées, telles qu'elles
sont, les choses contenues dans les Mystères. C'est donc avec raison que
Platon, parlant de
Dieu, dit : « Il nous faut parler en
énigmes ; car
si quelques feuilles de nos tablettes venaient à s'égarer, sur terre
ou sur mer, leur lecture n'apprendrait rien
(110). »
Après s'être étendu considérablement sur certains écrivains
Grecs et avoir passé en revue la philosophie, saint Clément déclare
que la
Gnose « communiquée et révélée par le Fils
de
Dieu, est la sagesse... Or la
Gnose, elle-même est un dépôt
qui est parvenu par transmission à quelques hommes ; elle avait été
communiquée oralement par les Apôtres
(111) ».
Saint Clément
décrit très longuement la vie du
Gnostique, de l'
Initié,
et dit en terminant : « Que l'exemple ici donné suffise à qui
sait entendre. Car il n'est pas désirable de voiler le mystère,
mais seulement de donner, à ceux qui savent, des indications suffisantes
pour le leur rappeler
(112). »
Regardant l'Ecriture comme composée d'
allégories et de
symboles
où se dissimule le sens, afin d'encourager l'
esprit d'examen et de préserver
les
ignorants de certains dangers
(113), saint Clément réserve naturellement
aux personnes instruites les leçons supérieures. « Notre
Gnostique,
dit-il, sera profondément instruit
(114) » ; et ailleurs : « Or,
le
Gnostique doit être érudit
(115). » « Les dispositions acquises
par un entraînement préparatoire permettent d'assimiler les connaissances
plus avancées. » « Un homme peut assurément posséder
la foi sans avoir rien appris ; mais, nous l'affirmons, il est impossible pour
un homme sans instruction de comprendre les choses déclarées dans
la foi
(116). »
« Certaines personnes, se croyant
douées d'une manière spéciale, ne veulent s'occuper ni de
philosophie, ni de logique. Que dis-je ! Elles ne veulent pas apprendre les sciences
naturelles. Elles demandent la foi et rien de plus... J'appelle véritablement
instruit l'homme qui découvre en toutes choses la vérité,
si bien que, empruntant à la géométrie, à la musique,
à la grammaire et à la philosophie les
éléments qui
lui conviennent, il protège la foi contre les attaques... Combien il est
nécessaire à l'homme qui doit participer à la puissance divine,
de traiter par la méthode philosophique des sujets intellectuels
(117)
! » « Le
Gnostique emploie les différentes branches de la science
comme exercices préparatoires auxiliaires
(118).
» Tant saint Clément était éloigné de penser
que l'
ignorance des illettrés devait donner la mesure des enseignements
Chrétiens ! « L'homme familiarisé avec tous les genres de
sagesse sera le
Gnostique par excellence
(119). »
Ainsi, tout en accueillant les
ignorants et les pécheurs, et en trouvant
pour eux, dans l'
Evangile, ce qui convenait à leurs besoins, Clément
ne regardait comme candidats dignes des Mystères que les personnes instruites
et pures. « L'Apôtre, distinguant la foi ordinaire de la perfection
Gnostique, appelle la première la
fondation et parfois le
lait
(120) » ; mais sur cette fondation devait s'élever
l'édifice de la
Gnose, et la nourriture de l'homme devait remplacer celle
de l'
enfant. Aucune rudesse, rien de méprisant dans la distinction établie
par Clément, mais seulement une constatation faite, avec calme, par un
esprit éclairé.
Malgré toute la préparation
du candidat, malgré l'instruction et l'entraînement du
disciple,
il n'est possible d'avancer que pas à pas dans les vérités
transcendantes révélées dans les Mystères ; Clément
le donne nettement à entendre dans son commentaire de la vision d'Hermas
; ici encore il indique, à mots couverts, certaines méthodes à
suivre pour la lecture des ouvrages
occultes. « La Puissance apparue dans
la Vision, à Hermas, sous l'apparence de l'
Eglise, ne lui a-t-Elle pas
Elle-même donné à transcrire le livre qu'Elle désirait
faire connaître aux élus ? Or, ce livre, Hermas nous dit qu'il le
transcrivit littéralement sans parvenir à compléter les syllabes.
Il faut entendre par là que l'Ecriture ne présente d'obscurité
pour personne quand elle est prise dans son sens le plus simple et que cette foi
représente l'instruction rudimentaire. D'où aussi l'emploi de cette
expression figurée : lire
suivant la lettre. Enfin, nous comprenons
que l'élucidation
Gnostique des Ecritures, quand le développement
de la foi est déjà considérable, est ici comparée
à une lecture
suivant les syllabes... Grâce à l'enseignement
donné par le Sauveur aux Apôtres, l'interprétation orale des
textes sacrés a été transmise jusqu'à nous et gravée,
par la puissance de
Dieu, sur des curs nouveaux, conformément à
la rénovation du livre. Voilà pourquoi les Grecs les plus éminents
consacrent la
grenade à
Hermès, qui, disent-ils, représente
la parole (les mots ayant besoin d'interprétation). Car la parole dissimule
bien des choses... L'
histoire de Moïse nous enseigne que cette difficulté
d'atteindre la vérité n'existe pas seulement pour ceux qui lisent
superficiellement, mais que la grâce de contempler cette vérité
n'est pas accordée d'emblée, même aux hommes dont la prérogative est de la connaître. Le
jour où nous serons accoutumés à contempler, comme les Hébreux, la gloire de Moïse, et comme les prophètes d'Israël les visions angéliques, nous deviendrons, nous aussi, capables de regarder en face les splendeurs de la vérité
(121). »
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(92) Vol. I,
Martyre d'Ignace, chap. III. Les traductions employées sont celles de l'
Ante-Nicene Library de Clarke, excellent précis d'Antiquité Chrétienne. Le numéro du volume indiqué en tête des références est celui du volume de cette collection.
(93) Ibid.,
Epître de Polycarpe, chap. XII.
(94) Ibid.,
Epître de Barnabas, chap. I.
(95) Ibid., chap. X.
(96) Ibid.,
Martyre d'Ignace, chap. I.
(97) Ibid.,
Epître d'Ignace aux Ephésiens, chap. III.
(98) Epître d'Ignace aux Ephésiens, chap. XII.
(99) Ibid.,
aux Tralliens, chap. V.
(100) Epître aux Philadelphiens, chap. IX.
(101) Vol. IV, Clément d'
Alexandrie,
Stromata, 1. I, chap. I.
(102) Vol. IV,
Stromata, 1. I, chap. XXVIII.
(103) Il semble qu'à cette époque déjà il y eut des personnes trouvant mauvais qu'on enseignât secrètement aucune vérité !
(104) Stromata, 1. I, chap. XIII.
(105) Stromata, 1. I, chap. I.
(106) Stromata, chap. IX.
(107) Stromata, 1. V, chap. X.
(108) Rom., XV, 20.
(109) Ibid., XVI, 25, 26 ; la version citée diffère, dans les termes, de la version autorisée Anglicane, mais le sens est le même.
(110) Stromata, 1. V, chap. X.
(111) Ibid., 1. VI, chap. VII.
(112) Ibid., 1. VII, chap. XIV.
(113) Stromata, 1. VI, chap. XV.
(114) Ibid., 1. VI, chap. X.
(110) Ibid., 1. VI, chap. VII.
(116) Ibid., chap. I.
(117) Stromata, chap. IX.
(118) Ibid., 1. VI, chap. X.
(119) Ibid., 1. VI, chap. XIII.
(120) Vol. XII.
Ibid., 1. V, chap. IV.
(121) Stromata, 1. VI, chap. XV.