CHAPITRE XII LES SACREMENTS
Toute religion offre certaines cérémonies, certains rites, auxquels les hommes qui pratiquent cette religion attachent une importance essentielle et auxquels ils attribuent le don de conférer aux participants des avantages déterminés. Le nom de Sacrement, ou une expression équivalente, a été donné à ces cérémonies, et toutes présentent le même caractère. Peu d'éclaircissements concernant leur nature et leur sens ont encore été donnés, mais ceci fait partie des autres sujets expliqués jadis dans les Mystères Mineurs.
Deux de ses propriétés constituent le caractère
particulier d'un Sacrement : d'abord la cérémonie
exotérique.
C'est une
allégorie pittoresque, une représentation au moyen d'actions
et de substances, et non pas une
allégorie verbale, ni un enseignement
donné de vive voix et renfermant une vérité. C'est une représentation par un « acteur », l'emploi de certains objets matériels suivant des règles déterminées. Le choix de ces objets, les cérémonies qui accompagnent leur manipulation, ont pour but de représenter, comme en un tableau, une vérité destinée à impressionner intellectuellement les assistants. Tel est le premier caractère, le caractère évident d'un Sacrement, le distinguant de toute autre forme de culte ou de méditation. Le Sacrement exerce une action sur les personnes qui seraient incapables de saisir sans images une vérité subtile et leur présente sous une forme frappante et impressionnante la vérité qui, autrement, leur échapperait. En étudiant un Sacrement, il faut toujours d'abord tenir compte de ce fait qu'il est une image
allégorique. Les points essentiels à examiner seront donc : les objets matériels constituant l'
allégorie, leur mode d'emploi, enfin la pensée que l'ensemble est destiné à faire comprendre.
La deuxième caractéristique d'un Sacrement se rattache à des faits du monde invisible ; elle est du domaine de la science
occulte. L'officiant devrait posséder ces connaissances, car de son savoir dépend en grande partie,
sinon complètement, l'efficacité du Sacrement. Le Sacrement établit un lien entre le monde matériel et les régions subtiles et invisibles dont il dépend, un lien entre le visible et l'invisible. Il ne se borne pas à relier ce monde aux autres mondes ; il constitue encore une méthode qui transmue les énergies du monde invisible en actions dans le monde physique, méthode réelle de changer des énergies d »un certain ordre en énergies d'un ordre différent, aussi littéralement que, dans une pile, l'énergie chimique se change en énergie électrique. Les énergies ont toutes une seule et même base, qu'elles appartiennent aux mondes visibles ou invisibles. Cependant les énergies diffèrent suivant le degré de matérialité du milieu par lequel s'opère leur manifestation. Un Sacrement est une sorte de creuset dans lequel s'élabore l'
alchimie spirituelle. Une énergie placée dans ce creuset et soumise à certaines manipulations en ressortira transformée. C'est ainsi qu'une énergie d'ordre subtil, appartenant aux régions élevées de l'univers, peut être mise en relation directe avec des personnes vivant dans le monde physique, si bien qu'elle les affecte dans le monde physique, comme elle le fait
dans son propre domaine. Le Sacrement constitue le pont suprême entre l'invisible
et le visible et permet de soumettre directement à ces énergies les personnes qui remplissent les conditions nécessaires et participent au Sacrement.
Les Sacrements de l'
Eglise Chrétienne perdirent en
dignité, et l'on oublia presque leurs propriétés
occultes parmi les Chrétiens qui se séparèrent de l'
Eglise Catholique Romaine à l'époque de la « Réformation ». Le premier schisme qui sépara l'Orient de l'Occident, formant l'
Eglise Grecque Orthodoxe, d'une part, l'
Eglise Romaine, de l'autre, n'affaiblit en rien la foi dans les Sacrements, qui demeurent pour ces deux grandes communautés le lien avéré entre le visible et l'invisible et sanctifient la vie du croyant depuis le berceau jusqu'à la tombe. Les Sept Sacrements du Christianisme couvrent la vie tout entière, depuis le
Baptême, qui accueille le fidèle en ce monde, jusqu'à l'Extrême-Onction, qui marque son départ ; ils ont été institués par des Occultistes, par des hommes connaissant les mondes invisibles. Les substances employées, les mots prononcés, les signes faits par l'officiant, ont tous été choisis en connaissance de cause et combinés de manière à déterminer certains effets.
A l'époque de la Réformation, les
Eglises dissidentes
qui secouèrent le joug de Rome étaient dirigées, non pas
par des Occultistes, mais par des hommes ordinaires. Les uns étaient bons,
les autres mauvais, mais tous ignoraient absolument les faits des mondes invisibles
et ne voyaient du Christianisme que son enveloppe extérieure, son enseignement
littéral et son culte
exotérique. Par suite, les Sacrements perdirent
la place prépondérante qu'ils occupaient dans le culte Chrétien
; dans la plupart des confessions Protestantes, ils se réduisirent à
deux, le
Baptême et l'
Eucharistie. Les principales
Eglises dissidentes ne
refusèrent pas absolument aux autres le caractère sacramentel, mais
ces deux Sacrements furent mis à part et considérés comme
obligatoires pour chacun, aucun fidèle ne pouvant, sans y participer, être
regardé comme faisant partie de l'
Eglise.
La définition générale d'un Sacrement est donnée d'une
manière très exacte, sauf les mots superflus « institué
par le Christ Lui-même », dans le Catéchisme de l'
Eglise Anglicane.
Encore ces mots pourraient-ils être maintenus, si le mot « Christ »
était pris dans le sens
mystique. Un Sacrement, nous est-il dit, est, « un
signe extérieur et visible d'une grâce intérieure et spirituelle
qui nous est accordée institué par Christ Lui-même,
comme un moyen de nous faire recevoir cette grâce et comme un gage de sa
réception ».
Cette définition marque les deux caractères distinctifs dont nous avons parlé plus haut. « Le signe extérieur et visible » est l'image
allégorique. Quant aux mots « un moyen de nous faire recevoir cette grâce... intérieure et spirituelle » ils indiquent la deuxième propriété. Cette dernière phrase mérite d'arrêter les réflexions des membres des
Eglises Protestantes qui regardent les Sacrements comme de simples formes et comme des cérémonies extérieures, car elle déclare avec netteté que le Sacrement est réellement un canal de la grâce ; c'est-à-dire que sans lui la grâce ne saurait passer de la même façon du monde spirituel dans le monde physique. C'est reconnaître, de la manière la plus
claire, que le Sacrement envisagé sous son deuxième aspect est un moyen d'attirer sur la terre l'activité des pouvoirs spirituels.
Pour bien comprendre un Sacrement, il est nécessaire
d'admettre, une fois pour toutes, l'existence dans la Nature d'un côté
occulte ou caché ; c'est ce qu'on a nommé
le côté vie, le côté conscience, ou, plus exactement, l'intellect
dans la Nature. Tout acte sacramentel a pour base la croyance que le monde invisible exerce une action puissante sur le monde visible, et, pour comprendre un Sacrement, il faut posséder quelques notions concernant les Intelligences invisibles qui administrent la Nature. Nous avons vu, en étudiant la doctrine de la
trinité, que l'
Esprit Se manifeste sous l'aspect d'un SOI triple et que le Champ de Sa manifestation active est la Matière, le côté forme de la Nature, souvent considéré, avec raison d'ailleurs, comme la Nature elle-même. Il faut étudier ces deux aspects, celui de la vie et celui de la forme, pour arriver à comprendre un Sacrement.
Entre la
Trinité et l'humanité
s'échelonnent des degrés et des hiérarchies nombreuses d'êtres
invisibles. Les plus élevés sont les Sept
Esprits de
Dieu, les Sept
Feux ou
Flammes,
qui se tiennent devant le trône de Dieu (330).
Chacun d'eux est le Chef d'une armée d'Intelligences qui, toutes, partagent
Sa nature et agissent sous Sa direction. Ces Intelligences forment, Elles aussi,
une hiérarchie : ce sont
les Trônes, les Vertus, les Puissances,
les Princes, les Dominations, les Archanges, les Anges mentionnés dans
les écrits des Pères de l'
Eglise initiés aux Mystères.
Il existe donc sept grandes armées d'Etres dont l'Intelligence représente,
dans la Nature, l'Intelligence divine ; ces Etres sont présents dans toutes
les régions de la Nature ; Ils sont l'
âme de ces énergies.
Au point de
vue de l'occultisme, ni la
force, ni la matière ne peuvent
mourir ; elles sont l'une et l'autre vivantes et actives. Une énergie,
ou groupe d'énergies, est le voile d'une Intelligence ou Conscience, dont
cette énergie est l'expression extérieure. La matière qui
sert de milieu à cette énergie lui fournit une forme qu'elle dirige
ou
anime. Tout enseignement
ésotérique restera un livre
fermé
pour quiconque n'envisage point la Nature de cette manière. Sans ces Vies
angéliques, ces innombrables Intelligences invisibles, ces Consciences
servant d'
âme à la
force et à la matière
(331)
qui constituent la Nature, la Nature elle-même demeurerait inintelligible
et, de plus, ne se rattacherait ni à la Vie Divine qui se meut en elle
et autour d'elle, ni aux vies humaines qui évoluent dans son sein. Ces
Anges innombrables servent de lien entre les mondes. Le fait que les catégories
humaines font partie de ces hiérarchies intelligentes jette une lumière
nouvelle sur le problème de l'Evolution. Ces
Anges sont les
enfants de
Dieu, nos aînés qui
chantaient en triomphe lorsque les Etoiles
du Matin poussaient ensemble des cris de joie
(332).
D'autres êtres les vies animales, minérales,
élémentales sont aussi inférieurs à nous, en
évolution, que nous sommes inférieurs aux
Anges ; si bien qu'en
poursuivant notre étude nous arrivons à concevoir l'Existence comme
une Roue immense, constituée par des existences innombrables, solidaires,
nécessaires les unes aux autres, et l'homme comme une Intelligence vivante,
comme un être conscient de lui-même, occupant dans cette Roue sa place
particulière. La Volonté divine ne cesse de faire tourner la Roue,
et les Intelligences vivantes qui la forment apprennent à coopérer
avec cette Volonté ; sont-elles cause, par leur négligence ou leur
opposition, de brisures ou de lacunes, la Roue patine, tourne avec lenteur, et
le char de l'évolution n'avance que péniblement.
Ces innombrables Vies, supérieures et inférieures à l'homme,
entrent en rapport avec la conscience humaine par des moyens parfaitement déterminés,
entre autres par les sons et les
couleurs. Tout son est représenté
dans les mondes invisibles par une forme, et des combinaisons de sons y créent
des formes compliquées
(333). Dans la matière subtile de ces
mondes, les
couleurs accompagnent toujours le son, ce qui donne lieu à
des formes multicolores, souvent d'une extrême beauté. Les vibrations
qui se produisent dans le monde visible, quand une note résonne, éveillent,
dans les mondes invisibles, d'autres vibrations dont chacune a un caractère
propre, dont chacune est susceptible de produire certains effets. Pour communiquer
avec les Intelligences sub-humaines appartenant au niveau inférieur des
mondes invisibles, exercer notre autorité sur elles et les diriger, il
faut employer des sons ayant la propriété d'amener les résultats
cherchés ; de même, ici-bas, le langage se compose de sons déterminés.
Pour communiquer avec les Intelligences supérieures, il est bon d'employer
certains sons, afin de créer une atmosphère harmonieuse qui se prête
à leur action et rende en même temps nos propres
corps subtils réceptifs
à leur
influence.
L'effet produit sur les
corps subtils joue un grand rôle
dans l'emploi
occulte des sons. Ces
corps, comme le
corps physique, sont dans
un état de vibration perpétuel ; toute pensée, tout désir
modifie leurs vibrations qui, par leur caractère changeant et irrégulier,
s'opposent à toute vibration nouvelle venant du dehors. C'est précisément
pour amener les
corps subtils à se prêter aux
influences d'en haut
que l'on emploie des sons ramenant les vibrations irrégulières à
un rythme soutenu, d'une nature semblable au rythme de l'intelligence à
atteindre. Tel est l'objet de toute phrase souvent répétée.
Un musicien donne, lui aussi, une même note, jusqu'à ce que tous
les instruments soient au même ton. Pour que l'
influence de l'Etre cherché
puisse pénétrer, sans trouver de résistance, la nature de
l'adorateur, il faut que les
corps subtils soient mis au même ton que le
Sien. De tout temps, ce résultat fut obtenu par l'emploi des sons. Voilà
pourquoi la musique a toujours fait partie du culte et que certaines cadences
déterminées ont été soigneusement conservées
et transmises de siècle en siècle.
Dans toute
religion il existe des sons d'un caractère spécial, appelés
« Formules d'Autorité », phrases appartenant à une langue
particulière et chantées d'une manière particulière.
Toute
religion possède un certain nombre de ces phrases, de ces successions
particulières de sons, souvent appelées aujourd'hui « mantras
» nom qu'elles reçoivent en Orient, où la science des
mantras a été portée fort loin. Il n'est pas nécessaire
qu'un mantra,
composé de sons successifs combinés d'une certaine
façon pour obtenir un résultat défini, appartienne exclusivement
à une seule langue. Toute langue peut servir à cet usage ; certaines
s'y prêtent pourtant mieux que d'autres, à la condition que la personne
composant le mantra possède les connaissances
occultes nécessaires.
Il existe en Sanscrit des centaines de mantras
composés, dans le passé,
par des Occultistes familiarisés avec les lois des mondes invisibles. Ces
mantras ont été transmis de
génération en
génération
et se composent de mots particuliers, se succédant dans un certain ordre
et chantés d'une certaine manière. Leur chant a pour effet d'éveiller
des vibrations, par suite des formes, dans les mondes physique et hyperphysique.
Plus la science et la pureté de l'officiant sont grandes, plus seront élevés
les mondes qu'il affectera par son chant ; ses connaissances sont-elles vastes,
sa volonté forte et son cur pur, il pourra disposer, par la récitation
de ces antiques mantras, d'une puissance presque illimitée.
Encore une fois, il est inutile d'employer exclusivement une seule langue. Les
mantras peuvent être rédigés en Sanscrit ou dans toute autre
langue choisie par des hommes d'expérience.
Voilà pourquoi, dans l'
Eglise Catholique Romaine, le Latin est toujours
employé pour les actes d'adoration importants ; il ne joue pas ici le rôle
d'une langue morte « que le peuple n'entend point » ; il représente
dans les mondes invisibles une
force vivante ; son emploi n'a pas pour objet de
maintenir le peuple dans l'
ignorance, mais bien d'éveiller dans les mondes
invisibles certaines vibrations impossibles à obtenir au moyen des langues
Européennes ordinaires, à moins qu'un grand Occultiste ne leur emprunte
les successions de sons nécessaires. Traduire un mantra, c'est changer
la « Formule d'Autorité » en une phrase quelconque ; les sons
n'étant plus les mêmes, d'autres formes en résulteront.
Certaines combinaisons de mots Latins, avec la musique qui en est inséparable
dans le culte Chrétien, produisent dans les mondes hyperphysiques les effets
les plus marqués. Toute personne un peu impressionnable est à même
de constater les effets particuliers causés par plusieurs des phrases les
plus sacrées, spécialement dans la Messe. Toute personne assise
dans une attitude mentale de calme passif éprouve des effets vibratoires
quand certaines de ces phrases sont prononcées par le
prêtre ou par
les chantres. D'autres effets, produits simultanément dans les mondes supérieurs,
affectent d'une manière directe, et comme il a été dit, les
corps subtils des fidèles ; ils constituent, d'autre part, pour les Intelligences
de ces mondes, un appel aussi clair que le seraient des paroles adressées
par une personne à une autre sur le plan physique que cet appel
soit une prière ou, dans certains cas, un ordre. Les sons, produisant des
formes actives et étincelantes, s'élèvent de monde en monde,
affectent la conscience des Intelligences qui les peuplent et déterminent
certaines de ces entités à prêter leur assistance aux personnes
qui prennent part aux offices.
Des mantras semblables forment une des parties essentielles de tout Sacrement.
Celui-ci offre encore, au point de
vue extérieur et sensible, un caractère
fort important : l'emploi de certains gestes nommés «
Signes », «
Sceaux » ou «
Marques » ces trois mots ayant, dans un
Sacrement, une signification identique. Chaque signe présente un sens spécial
; il indique la direction imposée aux
forces employées par l'officiant,
que ces
forces soient les siennes ou qu'il se borne à les transmettre.
Quoi qu'il en soit, les signes sont nécessaires pour amener le résultat
voulu et constituent une partie essentielle du
rite sacramentel. Tout signe semblable
est appelé « Signe d'Autorité », comme le mantra est une « Formule d'Autorité ».
Il est intéressant de trouver, dans les ouvrages
occultes anciens, des
allusions à ces faits, aussi réels alors qu'ils le sont aujourd'hui.
Le Livre des Morts des Egyptiens décrit le voyage posthume
accompli par l'
Ame et la manière dont elle est arrêtée et
interpellée aux différents stades de ce voyage par les Gardes veillant
à la porte qui donne accès à chacune des régions successives.
Or l'
Ame ne peut franchir aucune de ces portes sans connaître deux choses
: elle doit savoir prononcer certaine Parole, la « Formule d'autorité
» ; elle doit savoir faire certain Signe, le « Signe d'autorité
» ; quand cette Parole est prononcée, quand ce Signe est fait, les
barres qui
ferment la Porte tombent, et les Gardes s'effacent pour laisser entrer
l'
Ame. L'
Evangile mystique Chrétien
Pistis Sophia, déjà
cité plus haut, renferme un récit semblable
(334). Ici, le passage
à travers les mondes n'est pas celui d'une
Ame libérée de
son enveloppe corporelle par la mort, mais celui d'une
Ame qui l'a volontairement
abandonnée au cours de son
Initiation. De grandes Puissances, les Puissances
de la Nature, lui barrent le chemin et, tant que l'
Initié n'a pas donné
le Mot et le Signe, lui refusent l'entrée de leurs royaumes. Cette double
connaissance était donc requise : prononcer la « Formule d'Autorité
» et faire le « Signe d'Autorité » ; sans elle, impossible
d'avancer ; sans elle, un Sacrement n'est point un Sacrement.
Il y a plus. Dans tout sacrement, une substance physique est, ou devrait être,
employée
(335). Cette substance est un
Symbole de ce que le Sacrement doit
conférer ; elle marque la « grâce intérieure et spirituelle
» qu'il sert à transmettre ; elle constitue encore le canal matériel
de la grâce, non plus symboliquement, mais en réalité, car
une imperceptible modification dans la substance permet de l'appliquer une fin
élevée.
Un objet physique se compose des molécules solides,
liquides et gazeuses auxquelles le ramène l'analyse chimique, puis d'éther,
qui pénètre les
éléments les plus grossiers. Dans
cet éther agissent les énergies magnétiques ; de plus, il
est en rapport avec certains
doubles, de matière subtile, dans lesquels
agissent des énergies plus subtiles elles-mêmes, que les énergies
magnétiques, mais analogues et plus puissantes.
L'objet est-il magnétisé, sa partie éthérique
se modifie, les mouvements ondulatoires se trouvent changés, cadencés
et amenés à suivre les mouvements ondulatoires de l'éther
du magnétiseur ; l'objet partageant dès lors la nature de ce dernier,
les molécules les plus denses soumises à l'action de l'éther
changent progressivement la vitesse de leurs vibrations. De même, s'il a
la
force d'influencer les doubles subtils, le magnétiseur les fait vibrer
sympathiquement avec les siens.
C'est le secret des guérisons magnétiques. Les vibrations irrégulières
du malade sont forcées de s'accorder avec les vibrations régulières
de l'opérateur bien portant, d'une manière aussi réelle qu'un
objet soumis à un balancement irrégulier peut être ramené,
par des coups répétés et rythmiques, à un balancement
régulier. Un médecin peut magnétiser de l'
eau et, avec cette
eau, rendre la santé à son malade, magnétiser un linge et
produire la guérison en le plaçant sur le siège de la douleur,
employer un
aimant puissant ou le courant galvanique et rendre à un nerf
son activité. Dans tous ces cas, l'éther est mis en mouvement, et
c'est par lui que sont affectées les molécules physiques.
Un résultat analogue se produit quand les substances
employées dans un Sacrement sont soumises à la « Formule »
ou au « Signe d'Autorité ». Des modifications magnétiques
se produisent dans l'éther de la substance physique ; en même temps,
les
doubles subtils sont d'autant plus influencés que la science, la pureté et la dévotion de l'officiant qui magnétise ou, suivant le terme
religieux, consacre l'objet, sont plus grandes. Enfin, la « Formule » et le « Signe d'autorité » assurent la présence des
Anges que concernent spécialement les substances employées et la nature de l'acte ; ces
Anges prêtent leur aide puissante, déversent leur propre énergie magnétique dans les
doubles subtils et, par-là même, dans l'éther physique et renforcent les énergies de l'officiant. Il est impossible, lorsque l'on sait ce dont le
magnétisme est capable, de mettre en doute la possibilité des transformations opérées de la sorte dans des objets matériels. Un savant, qui peut-être n'admet pas l'existence du monde invisible, a la faculté d'imprégner l'
eau de sa propre énergie vitale au point qu'elle guérisse une maladie physique. Pourquoi donc refuser une faculté supérieure, mais de même nature, à des hommes dont la vie est sainte, le caractère noble et élevé, familiarisés avec le monde invisible ? Comme le savent fort bien les personnes à qui sont accessibles les formes supérieures du
magnétisme, la vertu des objets consacrés est très variable, et ces différences magnétiques proviennent du degré variable de science, de pureté, de spiritualité, du
prêtre qui les consacre. Certaines personnes nient l'existence de tout
magnétisme vital et ne croient pas plus à l'
eau bénite de nos
églises qu'à l'
eau magnétisée des médecins ; elles raisonnent avec suite, mais font preuve d'
ignorance. Quant aux personnes qui admettent l'utilité de la seconde et se moquent de la première, elles font preuve, non de sagesse et d'instruction, mais de préjugés et d'étroitesse d'
esprit et montrent que leur scepticisme
religieux fausse leur
jugement et les prédispose à rejeter, quand il leur est offert par la
religion, le don qu'ils acceptent de la science. Nous ajouterons quelques mots, dans le
chapitre XIV, à cette question des « objets sacrés » en général.
En résumé, nous constatons que la forme extérieure du Sacrement a une extrême importance. Les substances employées éprouvent des changements véritables ; elles deviennent les véhicules d'énergies supérieures à celles qui leur appartiennent naturellement ; les personnes qui s'en approchent ou qui les touchent sentiront leurs propres
corps éthériques et subtils impressionnés par un puissant
magnétisme, favorisant la réception des
influences d'en haut, et se trouveront mises au diapason des Etres exaltés auxquels s'adressent plus spécialement la « Formule » et le « Signe d'autorité » employés dans la consécration. Des Etres appartenant au monde invisible assisteront au
rite sacramentel et répandront sur les assistants leur
influence apaisante et
miséricordieuse. Toute personne digne de participer à la cérémonie, dont la dévotion et la pureté sont assez grandes pour lui permettre de répondre sympathiquement aux vibrations produites, sentira son
âme calmée, en touchant de si près aux réalités invisibles.
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(330) Apocalypse, IV, 5.
(331) Les termes «
force et matière » sont ici employés, car ils font partie du langage scientifique ; mais la
force est une des propriétés de la matière, celle qu'on appelle le mouvement. Voyez
Ante, p. 270.
(332) Job, XXXVIII, 7.
(333) Consultez au sujet des formes crées par les notes musicales, un traité quelconque d'acoustique et l'ouvrage
illustré de Mrs. Watts Hugues :
Voice Figures.
(334) Voyez
Ante, pp. 142 et 307.
(335) Dans le Sacrement de la Pénitence, les cendres sont aujourd'hui généralement omises, sauf dans des cas spéciaux ; elles n'en font pas moins partie du
rite.