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Les Aides invisibles

Charles Webster Leadbeater
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CHAPITRE XII
Le travail parmi les morts

      Les enseignements absurdement erronés, habituels par malheur dans notre monde occidental, concernant les conditions de l'existence après la mort, ont bien des conséquences déplorables : entre autres, l'embarras et souvent la frayeur très vive éprouvés par les personnes récemment délivrées de cette enveloppe périssable, en découvrant que tout est si différent de ce que leur religion leur avait fait prévoir.

      Tout dernièrement, l'attitude mentale d'un grand nombre de ces personnes a été assez bien résumée par un général anglais, en rencontrant, trois jours après sa mort, un membre de la troupe des aides qu'il avait connu dans la vie physique. Après avoir exprimé tout son soulagement de trouver enfin un être avec lequel il pût communiquer, ses premiers mots furent : « Mais si je suis mort, où suis-je ? Car enfin – si c'est ici le ciel, j'en ai une piètre opinion, et si c'est l'enfer, c'est mieux que je ne m'y attendais ! »

      Par malheur, la grande majorité des personnes prennent les choses avec moins de philosophie. Elles ont reçu pour enseignement que tous les hommes sont destinés aux flammes éternelles, sauf une élite favorisée, grâce à ses vertus surhumaines. Or, comme un examen de conscience des plus sommaires suffit pour les convaincre qu'elles n'appartiennent pas à cette catégorie, elles se trouvent trop souvent dans un état de terreur panique, dans l'épouvante de voir d'un moment à l'autre le monde nouveau où elles se trouvent se dissoudre, pour les laisser tomber entre les griffes d'un démon dont on s'est évertué à leur enseigner l'existence. Très souvent elles passent par des souffrances mentales aiguës et prolongées, avant d'arriver à secouer l'influence néfaste de cette doctrine blasphématoire des peines éternelles, avant d'arriver à comprendre que le monde n'est pas gouverné par les caprices d'un hideux démon qui se délecte dans les angoisses humaines, mais par une loi évolutive bienveillante et merveilleusement patiente qui, tout en étant d'une équité parfaite, offre sans cesse à l'homme à chacune des étapes de sa carrière, des occasions de progrès dont il est libre de profiter.

      Il est juste de reconnaître que c'est seulement dans les communions dites protestantes que ce terrible mal sévit sous sa forme la plus grave. La grande Eglise catholique romaine, avec sa doctrine du purgatoire, se rapproche beaucoup plus d'une conception exacte du plan astral, et ses membres pratiquants, tout au moins, savent que l'état où ils se trouvent, immédiatement après la mort, est purement transitoire et qu'il ne tient qu'à eux d'en sortir rapidement par d'ardentes aspirations spirituelles.

      En même temps ils reconnaissent la nécessité de toutes les souffrances qu'ils peuvent avoir à subir pour effacer leurs imperfections morales, avant que leur passage à des régions plus hautes et plus lumineuses ne soit possible.

      On voit donc que les aides ont beaucoup à faire parmi les hommes récemment décédés, car presque toujours ils ont besoin d'être calmés et rassurés, réconfortés et instruits. Dans le monde astral, tout comme dans le monde physique, beaucoup de gens sont peu disposés à accepter les conseils de ceux qui en savent plus qu'eux. Pourtant l'étrangeté même de leur nouveau milieu porte souvent les personnes décédées à accepter la direction de celles qu'elles y voient à leur aise, et plus d'un homme a vu son séjour sur ce plan considérablement réduit, grâce aux efforts de cette troupe d'aides sérieux et énergiques.

      Bien entendu, le karma d'un mort ne se prête à aucune intervention. L'homme s'est constitué, de son vivant, un corps astral d'une certaine densité et, tant que ce corps n'est pas suffisamment dissous, il ne saurait passer au-delà dans le monde céleste ; d'autre part, il peut ne pas prolonger le temps nécessaire à cette dissolution par une attitude déplacée.

      Tout étudiant devrait clairement saisir cette vérité : que la durée de la vie astrale, après l'abandon du corps physique, dépend de deux facteurs principaux – la nature de sa vie physique passée et son état d'esprit après ce que nous appelons la mort. Pendant sa vie terrestre, l'homme agit constamment sur la matière entrant dans la composition de son corps astral ; il l'affecte indirectement, d'en haut par son genre de vie physique, par sa continence ou sa débauche, sa propreté ou sa saleté, sa nourriture et sa boisson. Si, persistant à cet égard dans sa perversité, il a la folie de se constituer un véhicule astral épais et grossier, uniquement habitué à répondre aux vibrations inférieures du plan astral, il s'y trouvera retenu, après la mort, pendant la longue et lente désintégration de ce corps. Par contre, si, en menant un genre de vie convenable et réglé, il se constitue un véhicule où domine une matière plus fine, il aura beaucoup moins d'ennuis et de troubles posthumes, et verra son évolution marcher beaucoup plus vite et plus facilement.

      Ce qui précède, on le comprend généralement ; mais l'autre grand facteur, l'attitude mentale après la mort, paraît souvent oublié. L'important pour l'homme est de comprendre sa position sur ce petit arc particulier de la courbe évolutive ; de savoir que durant cette période il se retire d'une manière continue vers le plan intérieur propre au véritable ego et que, par conséquent, il lui appartient de dégager autant que possible sa pensée des objets physiques, pour fixer de plus en plus son attention sur ces questions spirituelles qui l'occuperont pendant sa vie dans le monde céleste. Par là, il facilitera beaucoup la désintégration naturelle du corps astral et évitera la faute, tristement fréquente, de s'attarder sans nécessité sur les niveaux inférieurs de ce qui devrait être pour lui un séjour des plus passagers.

      Or, beaucoup de personnes décédées retardent très considérablement la marche de la dissolution en se cramponnant avec passion à la terre qu'elles viennent de quitter ; elles refusent tout simplement d'élever leurs pensées et leurs désirs, et persistent à lutter de toutes leurs forces pour rester en contact direct avec le monde physique, rendant ainsi fort difficile la tâche de qui veut les aider. Les questions terrestres étant les seules qui aient jamais eu d'intérêt pour elles, elles s'y cramponnent, même après la mort, avec la ténacité du désespoir. Avec le temps, il leur devient naturellement de plus en plus difficile de rester en contact avec les choses d'ici-bas ; mais, au lieu de voir arriver avec joie et d'encourager ce processus d'affinement et de spiritualisation graduels, elles lui résistent avec énergie et par tous les moyens possibles.

      Bien entendu, la force puissante de l'évolution finit par avoir raison d'elles et les emporte dans son courant bienfaisant ; elles n'en luttent pas moins à chaque pas avec le résultat, non seulement de s'attirer des souffrances et des chagrins prolongés et complètement inutiles, mais encore de retarder très sérieusement leur marche ascendante et de prolonger leur séjour dans les régions astrales pendant un temps presque indéfini. Les convaincre que cette opposition, ignorante et désastreuse, à la volonté cosmique est contraire aux lois naturelles, les amener à prendre une attitude mentale absolument inverse, telle est en grande partie la tâche de ceux qui s'efforcent de les aider.

      Les aides peuvent faire beaucoup plus encore pour les personnes ayant étudié ces questions et appris, de leur vivant, à maîtriser la nature inférieure. Comme l'indique mon petit ouvrage intitulé Le Plan astral, la matière du corps astral est toujours remaniée, de suite après la mort, et disposée par « coques » concentriques. Ce remaniement est dû à l'action de « l'élémental du désir » ; c'est lui qui enferme, pendant un certain temps, la conscience dans le sous plan le plus bas. Or, le défunt n'est aucunement obligé de se prêter sans résistance à ce remaniement ; s'il peut, sur la terre, dompter la houle des désirs par un puissant effort de volonté, il est de même, après la mort, maître de son propre véhicule ; il n'a pour cela qu'à mettre sa force en action. Il peut s'opposer absolument à ce que le remaniement suive son cours et, par un effort de volonté, rendre à son corps astral sa souplesse première. Il peut enfin parvenir à le maintenir exactement dans le même état que pendant la vie terrestre – au prix, il est vrai, d'une lutte prolongée avec l'élémental, en tout point semblable à la lutte soutenue pendant la vie physique, quand l'homme entreprend la tâche de dominer un désir impérieux. Mais cet effort en vaut la peine car, devenu le maître, le défunt se trouve libre de circuler comme il l'entend sur le plan astral, conscient, non pas seulement sur un sous-plan unique, mais sur tous simultanément, comme l'est un homme qui, de son vivant, passe en pleine conscience sur le plan astral. La vie astrale peut être ainsi très abrégée et rendue, en même temps, beaucoup plus heureuse et plus utile.

      L'homme qui recouvre ainsi sa liberté se trouve immédiatement à même d'être d'un grand secours à ses semblables. Il peut, en effet, si son degré d'instruction le lui permet, se joindre à la troupe des aides et entreprendre, de concert avec eux, un travail régulier ; il rend par là de grands services à ses compagnons dans l'astral et s'attire, en même temps, pour l'avenir, beaucoup de bon karma.

      Il peut arriver que le défunt soit retenu sur la terre par des préoccupations ayant parfois pour cause des devoirs laissés négligés ou des dettes impayées, mais plus souvent l'existence d'une femme, ou d'enfants laissés sans ressources. Dans des cas semblables, il a fallu plus d'une fois, pour amener le défunt à continuer paisiblement sa marche ascendante, que l'aide agît dans une certaine mesure comme son représentant sur le plan physique et s'occupât pour lui de régler l'affaire qui le préoccupait.

      Un élève essayait d'assister un pauvre mort dans une de nos villes de l'Ouest, qui ne pouvait détourner ses pensées du monde terrestre, à cause de ses inquiétudes au sujet de deux jeunes enfants que sa mort laissait sans moyens d'existence. Cet homme, un ouvrier, n'avait rien pu mettre de côté pour eux ; sa femme était morte deux ans plus tôt, et sa propriétaire, une très brave personne, prête à faire son possible pour eux, était elle-même beaucoup trop pauvre pour pouvoir les adopter ; très à contrecœur, elle vit arriver le moment où il faudrait les remettre entre les mains des autorités paroissiales. Pour le père décédé, c'était là un grand chagrin ; il ne pouvait pourtant ni blâmer la propriétaire, ni lui suggérer une autre manière d'agir.

      Notre ami lui demanda s'il n'avait aucun parent auquel il pût confier les enfants ; mais le père n'en connaissait pas. « J'ai bien, dit-il, un frère qui aurait certainement fait quelque chose pour moi, dans ma détresse, mais je l'ai perdu de vue depuis quinze ans et ne sais s'il est vivant ou mort. La dernière fois que j'en ai entendu parler il était dans le Nord, apprenti charpentier, et l'on disait de lui que c'était un garçon sérieux qui, s'il vivait, ferait certainement son chemin. »

      Les indices étaient assurément des plus vagues, mais il ne semblait pas que le secours pût venir d'ailleurs aux enfants, et notre ami jugea qu'il valait la peine de faire un effort spécial pour suivre cette piste. Accompagné par le défunt, il se mit patiemment à chercher le frère dans la ville désignée et parvint, non sans peine, à le découvrir. Cet homme était maintenant maître charpentier et faisait bien ses affaires ; marié mais sans enfants, il désirait ardemment en avoir et, pour cette raison, semblait remplir exactement les conditions voulues.

      Il s'agit alors de savoir comment on lui ferait parvenir le message du défunt. Par bonheur, le charpentier se montra suffisamment impressionnable pour qu'il fût possible de lui présenter clairement, en rêve, la mort de son frère et la détresse de ses enfants. Ceci se répéta trois fois, le nom même de la propriétaire lui étant nettement désigné. Profondément impressionné par cette vision persistante, il en causa sérieusement avec sa femme, qui lui conseilla d'écrire à l'adresse donnée. L'idée ne lui plut pas ; par contre, il eut grande envie, de se rendre dans l'Ouest, de s'assurer s'il existait une maison semblable à celle qu'il avait vue et, dans ce cas, de s'y présenter sous un prétexte quelconque. Cependant étant très occupé, il finit par décider qu'il n'avait pas les moyens de perdre une journée de travail, pour des idées pouvant n'être, après tout, que le résultat d'un songe et rien de plus.

      Les efforts ayant apparemment échoué sur ce point, on résolut d'essayer d'un autre moyen. L'un des aides écrivit au charpentier, lui racontant en détail la mort de son frère et la situation des enfants, exactement comme les circonstances lui avaient été présentées en rêve. En recevant cette confirmation, l'homme n'hésita plus, mais, dès le lendemain, partit pour la ville en question où la charitable propriétaire le reçut à bras ouverts. Les aides n'avaient pas eu de peine à persuader à la brave femme de garder les enfants pendant quelques jours, dans le cas où un secours se présenterait pour eux et, depuis lors, elle n'a cessé de se féliciter de sa décision. Le charpentier, bien entendu, emmena les enfants, leur donna un home où ils furent heureux, et le père décédé, délivré de son anxiété, reprit joyeux la voie ascendante.

      Certains auteurs théosophes ayant cru devoir insister avec énergie sur les inconvénients des séances de spiritisme, il n'est que juste de reconnaître que, plusieurs fois, de bons résultats comme ceux obtenus dans le cas précédent ont été obtenus par l'intermédiaire d'un médium ou d'un des assistants. Si donc la pratique du spiritisme a trop souvent retardé des âmes qui sans lui eussent été rapidement libérées, il faut lui rendre cette justice qu'il a donné à d'autres la possibilité de se dégager, leur ouvrant par là le chemin du progrès. Dans certains cas, le défunt a pu apparaître de lui-même à ses parents ou à ses amis et leur exprimer ses désirs, mais ces cas sont rares, et la plupart des âmes retenues sur la terre par des préoccupations dont nous avons parlé, ne voient leurs vœux réalisés que par l'intervention d'un médium ou d'un aide agissant consciemment.

      Un autre cas se présente très souvent sur le plan astral : celui de l'homme se refusant à croire à son propre décès. Généralement le défunt considère le fait qu'il est encore conscient comme une preuve absolue qu'il n'a pas franchi les portes de la mort. Voilà qui déprécie singulièrement, quand on y pense, la valeur pratique de notre fameuse croyance en l'immortalité de l'âme ! Quelle que soit l'étiquette qu'ils aient portée de leur vivant, la grande majorité des hommes qui meurent – dans ce pays tout au moins – montrent, par leur attitude subséquente, qu'à tous les points de vue possibles, ils étaient au fond matérialistes, et ceux qui sur la terre ont honnêtement pris ce nom ne sont souvent pas plus difficiles à convaincre que d'autres, que le mot seul eût scandalisés.

      En voici un exemple tout récent. Un savant, se voyant pleinement conscient et en même temps soumis à des conditions différant radicalement de ses expériences passées, s'était persuadé qu'il était encore vivant et simplement victime d'un rêve prolongé et désagréable. Heureusement pour lui il se trouva, dans le groupe des aides capables d'agir sur le plan astral, le fils d'un de ses vieux amis. Ce jeune homme avait été chargé par son père de retrouver le savant décédé et de chercher à lui être utile. Etant parvenu, non sans peine, à découvrir et à aborder le défunt, celui-ci lui avoua franchement qu'il se trouvait singulièrement dépaysé et troublé, mais se cramponna désespérément à l'hypothèse d'un songe, comme à l'explication la plus plausible de tout ce qu'il voyait. Il alla jusqu'à suggérer que son visiteur n'était lui-même qu'un personnage de rêve !

      Finalement le savant céda jusqu'à proposer une sorte d'expérience et dit au jeune homme : « Si vous êtes, comme vous me l'affirmez, un homme vivant ou le fils de mon vieil ami, communiquez-moi de sa part un message me prouvant votre réalité objective. » Dans les conditions ordinaires du plan physique, il est sévèrement interdit aux élèves des Maîtres de jamais donner aucune preuve d'un caractère phénoménal, mais un cas semblable paraissait échapper à la règle ordinaire. Aussi, les autorités supérieures consultées n'ayant pas fait d'objection, soumit-on le désir du savant au père qui répondit immédiatement par un message, mentionnant un certain nombre d'événements antérieurs à la naissance de son fils. Ceci convainquit le défunt de l'existence réelle de son jeune ami et, par suite, de celle du plan où ils se trouvaient ensemble. Ce point bien établi, les habitudes scientifiques reprirent le dessus, et le savant se montra extrêmement impatient d'obtenir sur cette région nouvelle tous les renseignements possibles.

      Bien entendu, ce message si facilement accepté comme une preuve n'en était pas une, au fond, car les faits cités auraient pu être trouvés dans sa propre pensée ou dans les « registres » akasiques par tout être doué des sens astrals. Mais ces possibilités, le savant les ignorait ; il fut donc possible de faire naître en lui cette impression décisive. L'instruction théosophique que lui donne chaque nuit son jeune ami influera sans doute prodigieusement sur son avenir, car elle modifiera forcément, et l'existence céleste qui l'attend, et sa prochaine incarnation terrestre.

      La principale tâche de nos aides, parmi les personnes récemment décédées, est donc de les calmer et de leur rendre courage ; de les délivrer, quand ils le peuvent, de la frayeur à la fois terrible et irraisonnée qui s'empare trop souvent d'elles et qui, non seulement leur cause des souffrances inutiles, mais encore retarde leur passage à des mondes supérieurs ; enfin de les mettre à même de comprendre, dans la mesure du possible, l'avenir qui s'ouvre devant elles.

      D'autres personnes, séjournant depuis longtemps sur le plan astral, peuvent également, si elles consentent à les recevoir, trouver dans les explications et les conseils un secours efficace. Elles peuvent par exemple être prévenues que les tentatives de communication avec les vivants, faites au moyen d'un médium, soit une source de dangers et de retards. Une âme déjà attirée vers un cercle spirite pourra (mais rarement) être ramenée ainsi à une vie plus élevée et plus saine. L'enseignement donné sur ce plan n'est pas perdu ; loin de là ; car, si le souvenir n'en est pas, naturellement, transmis à l'incarnation suivante, la véritable connaissance interne persiste toujours et avec elle une forte prédisposition à accepter l'enseignement d'emblée, quand il se présentera de nouveau à l'âme dans une vie nouvelle.

      Comme exemple assez remarquable d'assistance donnée aux morts, je citerai les débuts d'une recrue – des plus jeunes – tout récemment incorporée dans la troupe des aides. Ce jeune aspirant avait, peu de temps auparavant, perdu une parente âgée qu'il affectionnait tout particulièrement, et sa première demande fut d'aller la trouver, sous la conduite d'un ami plus expérimenté, dans l'espoir de lui être utile. Le projet fut mis à exécution. La rencontre entre l'enfant vivant et la défunte fut très belle et très touchante. La personne âgée approchait déjà du terme de sa vie astrale, mais un certain état d'apathie, d'engourdissement et d'incertitude l'empêchait de faire des progrès rapides.

      Or – quand le jeune garçon, qui avait occupé une si grande place dans ses affections, pendant sa vie, se trouva de nouveau devant elle, dissipant par les rayons de son amour le brouillard d'accablement qui s'était amassé autour de sa personne – elle sortit de sa stupeur. Bientôt elle comprit que l'enfant était venu pour lui expliquer sa situation et lui parler de la splendeur de la vie supérieure, vers laquelle devaient désormais tendre ses pensées et ses aspirations. Mais, dès qu'elle eut bien saisi tout cela, il y eut en elle un tel réveil de sentiments endormis, un tel débordement d'affection profonde envers son jeune ami, que les derniers liens qui la retenaient encore à la vie astrale se brisèrent et qu'à elle seule cette explosion d'amour et de reconnaissance l'entraîna du même coup jusqu'à la conscience supérieure du monde céleste. En vérité l'amour pur et sans mélange d'éléments égoïstes est, de toutes les puissances de l'univers, la plus grande et la plus efficace.

      Le fait suivant est encore un bon exemple d'assistance posthume ayant eu pour conséquence, comme dans le cas précédent, de hâter le passage à travers le plan astral vers le plan mental.

    Un homme, frappé de toutes sortes de malheurs, était tombé dans un état de démoralisation tel, qu'il risquait un accès de fièvre chaude. En bonne santé et dans son état normal, c'était un excellent garçon, mais il en était arrivé à un degré d'ébranlement nerveux pitoyable. Dans ces dispositions, il traversa un champ où soixante ans auparavant un mauvais sujet s'était suicidé. L'élémental, attiré par son état de dépression morbide, s'attacha, à lui et se mit à lui inspirer des idées de suicide. Ce mauvais sujet avait dissipé une fortune au jeu et dans la débauche et, rendant les hommes responsables de ses fautes, il avait mis fin à ses jours, en jurant de venger sur autrui ses griefs imaginaires. Depuis lors, il avait tenu parole et poussé au suicide d'autres personnes dont l'état moral les rendait accessibles à son influence. Notre pauvre ami devint sa victime. Après quelques jours passés à lutter contre les suggestions diaboliques, ses nerfs exaspérés cédèrent et il se tua d'un coup de pistolet dans le même champ où avait eu lieu le premier suicide. De l'autre côté il se trouva, bien entendu, dans la région la plus basse du Kamaloka, dans ce milieu pénible dont la littérature théosophique nous donne des descriptions si détaillées ; il s'y attarda, très triste et très malheureux, accablé de remords, en butte aux sarcasmes et aux provocations de son tentateur, jusqu'au jour où il put enfin commencer à se dégager de cette déplorable situation. Cette lutte durait depuis huit ans, quand le plus jeune des deux compagnons de travail dont nous avons déjà parlé plusieurs fois dans ce petit livre découvrit le malheureux et, étant encore peu habitué à de pareils spectacles, se laissa bouleverser par la compassion et la sympathie au point d'être rejeté précipitamment dans son corps physique et de se réveiller en sanglotant amèrement. Le plus âgé des deux aides se trouvait à ses côtés et voyait sa douleur ; il le consola d'abord, puis lui démontra qu'une sympathie comme la sienne ne pouvait rendre aucun service ; enfin tous deux repartirent et se rendirent auprès de leur malheureux ami ; ils lui expliquèrent sa situation et lui rendirent courage en lui affirmant que s'il était captif et ne pouvait sortir de là, sa propre imagination en était seule responsable. Peu de jours après ils eurent le bonheur de le voir quitter cette région abjecte ; ses progrès furent immédiats et rapides, et bientôt il passa sur le plan mental.




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