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Les Aides invisibles

Charles Webster Leadbeater
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CHAPITRE XIV
Les conditions requises

      Mais, demandera-t-on, comment se rendre capable de participer à cette grande tâche ? – Les conditions à remplir par un homme aspirant à devenir un aide ne sont pas un mystère ; la difficulté ne consiste pas à apprendre ce qu'elles sont, mais bien à les développer en soi-même. Jusqu'à un certain point, elles ont été déjà incidemment décrites ; il est bon cependant qu'elles soient exposées d'une manière détaillée et catégorique :


1° La fixité de l'objectif

      La première condition est de se rendre compte de la grande tâche que les Maîtres veulent nous voir entreprendre et de trouver dans cette tâche l'unique, l'absorbant intérêt de notre vie. Il faut apprendre à distinguer, non seulement entre le travail utile et le travail inutile, mais encore entre les différents genres de travail utile. Par là chacun de nous pourra se vouer à la tâche la plus haute dont il est capable, au lieu de gaspiller son temps et ses efforts à poursuivre un objectif excellent, peut-être, pour un homme encore incapable de faire mieux, mais indigne des connaissances et des facultés que nous devrions posséder comme Théosophes. Pour être jugé susceptible d'emploi sur les plans supérieurs, il faut commencer par consacrer tous les efforts dont on est capable à travailler effectivement ici-bas pour la cause théosophique.

      Bien entendu, je ne veux dire en aucune façon qu'il faille négliger les devoirs ordinaires de l'existence. Nous ferions bien, évidemment, de n'assumer en ce monde aucun devoir nouveau, mais ceux que portent déjà nos épaules sont devenus une obligation karmique ; nous n'avons pas le droit de les négliger. A moins de nous être acquittés intégralement des devoirs que nous a imposés le Karma, nous ne sommes pas libres pour des fonctions plus hautes. Pourtant, ces fonctions plus hautes doivent nous apparaître comme le seul objectif donnant quelque valeur : à l'existence, comme l'accompagnement inséparable d'une vie consacrée aux Maîtres de compassion.


2° Une entière possession de soi-même

      Avant que les facultés, plus développées, de la vie astrale puissent nous être confiées sans danger, il faut que nous nous maîtrisions parfaitement. Notre caractère, par exemple, doit être complètement dominé, afin que rien de ce que nous pouvons voir ou entendre ne soit capable d'éveiller en nous une réelle irritation, dont les conséquences seraient beaucoup plus graves sur le plan astral que sur celui-ci. La force de la pensée a toujours une action énorme, mais ici-bas elle se trouve entravée, ralentie par les grossières cellules cérébrales qu'elle doit mettre en mouvement. Dans le monde astral elle est bien plus libre et plus puissante, si bien que la colère ressentie sur ce plan par un homme aux facultés entièrement éveillées, envers une autre personne, entraînerait pour celle-ci des conséquences dangereuses, peut-être même fatales.

      Il faut non seulement savoir dominer, mais encore posséder le sang-froid, afin qu'aucun des spectacles fantastiques ou terribles qui pourront s'offrir à nos yeux ne soit capable d'ébranler notre indomptable courage. N'oublions pas qu'en réveillant un homme sur le plan astral, l'élève devient, dans une certaine mesure, responsable de ses actes et de sa sécurité. Si donc le néophyte n'avait pas le courage de rester seul, l'aide plus avancé devrait perdre son temps à lui servir de gardien et de protecteur, ce qu'il ne serait évidemment pas raisonnable de lui demander.

      Pour s'assurer du sang-froid des candidats et les préparer à la tâche qui les attend, ils ont toujours à subir, comme dans le passé, ce qu'on appelle les épreuves de la terre, de l'eau, de l'air et du feu.

      En d'autres termes, ils doivent apprendre, avec cette certitude absolue qui ne repose pas sur la théorie mais bien sur la pratique et l'expérience, que dans le corps astral aucun de ces éléments ne peut leur faire le moindre mal, qu'aucun ne peut présenter le moindre obstacle pour eux dans l'accomplissement de leur travail.

      Dans notre corps physique nous sommes pleinement convaincus que le feu brûle, que l'eau asphyxie, que le roc solide présente un obstacle infranchissable, que nous ne pouvons avec confiance nous lancer sans soutien dans le vide. Cette conviction, nous en sommes si profondément pénétrés, qu'il faut en général un effort assez considérable pour surmonter les mouvements instinctifs qui en résultent et pour se rendre compte que dans le corps astral, le rocher le plus dense n'est pas un obstacle pour la locomotion ; qu'il est possible de se jeter impunément du haut de la falaise la plus escarpée et de plonger, avec la confiance la plus entière, dans le cratère du volcan en pleine éruption ou dans les abîmes les plus profonds de l'insondable océan.

      Or, à moins de savoir qu'il en est ainsi, de le savoir suffisamment pour pouvoir agir instinctivement et avec confiance, l'homme est relativement impropre au travail astral ; car dans des circonstances qui se présentent sans cesse, il serait constamment paralysé par des dangers imaginaires. Il doit donc subir ses épreuves et faire bien d'autres expériences étranges, rencontrer, face à face, avec calme et courage, les apparitions les plus terrifiantes dans les milieux les plus répugnants, prouver enfin que son sang-froid est digne de toute confiance, quelles que soient les situations où il peut d'un moment à l'autre se trouver.

      La soumission de notre mental et de nos désirs nous est également nécessaire : du mental, parce que, sans la faculté de la concentration, il serait impossible de faire un travail efficace dans le tourbillon de tous les courants astrals ; des désirs, parce que, dans ce monde étrange, désirer est souvent posséder et qu'à moins d'avoir bien maîtrisé ce côté de notre nature nous pourrions nous trouver face à face avec certaines de nos créations dont nous serions profondément honteux.


3° Le calme

      L'absence de toute agitation et de tout découragement est encore un point fort important. Le travail consiste souvent à calmer les personnes troublées et à réconforter celles qui pleurent ; or, comment en serait capable un aide dont la propre aura vibre constamment sous l'influence de l'agitation et des soucis, ou présente la teinte mortellement livide, indice d'une dépression morale continuelle. Rien n'est plus fatalement pernicieux, pour nos progrès ou pour notre tâche occultes, que l'habitude, spéciale à notre époque, de nous faire sans cesse des soucis à propos de rien, d'éternellement transformer les taupinières en montagnes. Beaucoup d'entre nous passent littéralement leur vie à s'exagérer les riens les plus absurdes et à consacrer gravement tous leurs efforts à se rendre malheureux sans motifs.

      Etant théosophes, nous devrions avoir dépassé cette période d'agitation déraisonnable et d'abattement sans cause. Nous efforçant d'acquérir des notions précises sur l'ordre cosmique, nous devrions être arrivés à comprendre que l'optimisme est, partout et toujours, l'attitude la plus en rapport avec les vues divines et par suite avec la vérité. Dans une personne quelconque, ce qu'elle présente de bon peut seul être permanent ; le mal, par sa nature même, doit être temporaire. De fait, comme l'a dit Browning : « Le mal n'a ni existence, ni réalité – c'est le silence rendant le son possible » ; – tandis que, plus haut et plus loin, « l'âme des choses est douce, le cœur de l'existence est un céleste repos ». Aussi Ceux qui savent conservent-ils un calme que rien ne trouble et joignent-Ils à Leur compassion parfaite la sérénité joyeuse donnée par la certitude que tout finira bien. L'homme qui aspire au service doit apprendre à suivre Leur exemple.


4° Le savoir

      Pour être utile, l'homme doit au moins avoir quelques notions sur le plan où il devra travailler, et son utilité sera en raison directe de son degré d'instruction sur tous les points possibles. Il doit se rendre apte à cette tâche en étudiant avec soin tout ce qui a été écrit sur le sujet dans la littérature théosophique, car il ne saurait demander à ceux dont le temps est déjà si occupé d'en gaspiller une partie à lui expliquer ce qu'il aurait pu apprendre ici-bas, en prenant la peine de consulter les livres. Il est inutile, avant d'avoir apporté à l'étude tout le sérieux compatible avec les facultés et les facilités dont on dispose, de songer à se mettre sur les rangs comme travailleurs dans l'astral.


5° L'amour

      C'est la dernière et la principale des conditions demandées ; c'est aussi la moins comprise. Je l'affirme avec énergie : cet amour n'est pas le sentimentalisme à bon marché, débile et sans ressort qui s'épanche sans cesse en vagues platitudes et faciles généralités, mais n'a pas le courage de ses opinions, dans la crainte d'être accusé par les ignorants de ne pas être « fraternel ». Ce qui est nécessaire, c'est l'amour assez fort pour se passer de réclame et travailler en silence, c'est le désir passionné de servir, toujours à l'affût d'une occasion mais préférant garder l'anonymat, c'est le sentiment qui s'éveille dans le cœur de l'homme le jour où, ayant compris le rôle immense du Logos, il sait du même coup qu'il ne peut, dans les trois mondes, exister pour lui-même, d'autre solution que de s'identifier avec ce rôle jusqu'à la dernière limite de ses forces ; que de devenir, même dans la plus humble mesure et à une distance immense, un canal intime de ce merveilleux amour divin qui surpasse, comme la paix divine, toute intelligence.

      Telles sont les qualités que l'aide doit sans relâche s'efforcer d'acquérir et qu'il doit avoir développées en grande partie, du moins avant de pouvoir espérer que les Grands Etres invisibles qui surveillent l'évolution le jugeront digne d'être complètement éveillé. C'est un idéal très haut – je le reconnais – mais il n'y a pas de raisons pour y renoncer et perdre son courage, ni pour supposer que, la poursuite de cet idéal étant encore ardue, il faille nécessairement rester tout à fait inutile sur le plan astral. Sans aller jusqu'aux responsabilités et aux périls du réveil complet, il est possible de se rendre très utile sans danger.

      Presque tous, nous sommes à même de faire un acte, au moins, de compassion et de bonne volonté, chaque nuit après avoir quitté nos corps. Pendant le sommeil – ne l'oublions pas – nous sommes généralement absorbés dans nos réflexions, nous poursuivons les pensées qui, nous ont le plus occupés dans la journée, particulièrement celle qui a surgi la dernière dans notre esprit au moment de nous endormir. Or, si nous parvenons à ce que cette dernière pensée soit une ferme intention d'aller secourir une personne que nous savons en avoir besoin, l'âme délivrée des entraves corporelles saura, sans aucun doute, mettre ce désir à exécution. L'aide sera donnée. On cite plusieurs cas où, la tentative ayant été faite, la personne qui en était l'objet a eu pleinement conscience de l'effort de l'ami bien intentionné et a même vu son corps astral mettant à exécution les ordres qui l'avaient impressionné.

      Non – que personne ne se dise, avec tristesse : « Ce glorieux travail n'est pas pour moi ! » – Une idée semblable serait absolument fausse, car pour chacun penser c'est pouvoir aider. Cette action efficace peut même ne pas s'exercer exclusivement pendant les heures de sommeil. Si vous connaissez (qui n'en connaît !) une personne plongée dans la tristesse ou dans la souffrance, il est possible que vous ne puissiez vous tenir consciemment à son chevet dans votre corps astral, mais vous pourrez néanmoins lui adresser des pensées affectueuses et des vœux sincères. Soyez assuré que ces pensées et ces vœux sont réels, vivants et forts ; quand vous les envoyez ainsi au loin, ils accomplissent certainement leur mission et exécutent vos volontés, en raison directe de la force que vous avez mise en jeu. Les pensées sont des choses, des choses réelles dans la force du terme, très visibles pour ceux dont les yeux ont été ouverts et, par le moyen des pensées, l'homme le plus pauvre peut prendre part, tout aussi bien que le riche à l'œuvre bienfaisante qui se fait dans le monde. Dans cette mesure du moins, que nous soyons ou non conscients sur le plan astral, nous pouvons et devons nous joindre à l'armée des aides invisibles.

      Mais si le candidat est décidé à entrer dans la troupe des aides astrals qui travaillent sous la direction des grands Maîtres de la Sagesse, sa préparation ne sera pour lui qu'une des étapes d'un développement infiniment plus vaste. Il ne se bornera pas à acquérir les aptitudes nécessaires à cette branche spéciale de Leur service ; mais, visant haut et loin, il entreprendra une tâche bien plus grande : celle de s'entraîner à suivre Leurs pas, de poursuivre avec toutes les énergies de son âme le but qu'Ils ont Eux-mêmes atteint, afin que les moyens dont il disposera pour aider le monde ne soient pas limités au plan astral mais puissent s'étendre aux niveaux plus élevés qui sont la vraie patrie de notre individualité divine.

      Le sentier à prendre lui a été montré il y a bien longtemps, par les sages qui l'ont suivi jadis ; c'est celui du développement personnel que tous doivent suivre, tôt ou tard, qu'ils s'y décident volontairement aujourd'hui ou qu'ils attendent l'heure où après des existences nombreuses et des souffrances infinies, la lente et irrésistible force de l'évolution les poussera en avant, parmi les retardataires de la famille humaine. Quant au sage, il s'engage dans le sentier immédiatement et avec ardeur, le visage résolument tourné vers le but, qui est de devenir adepte, afin que, délivré pour toujours et complètement du doute, de la crainte et de la douleur elle-même, il puisse mener d'autres hommes à la sécurité et au bonheur. Nous verrons dans le prochain chapitre ce que sont les étapes du Sentier de la Sainteté, comme l'appellent les Bouddhistes, et l'ordre dans lequel elles se succèdent.




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