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Les Chakras

Centres de force dans l'homme
Charles Webster Leadbeater
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Chapitre IV
Développement des chakras



Fonctions des centres éveillés

      Les centres de force maintiennent en vie le véhicule physique mais ils ont encore une autre fonction, et celle-ci n'entre en jeu que lorsqu'ils sont éveillés et en pleine activité. Chacun des centres éthériques correspond à un centre astral, bien que le centre astral étant un vortex à quatre dimensions, il s'étende dans une direction tout autre que celle du centre éthérique et que, par suite, s'il y a coïncidence entre telle ou telle partie, les limites soient loin de concorder toujours. Le vortex éthérique est toujours à la surface du corps éthérique ; au contraire le centre astral se trouve souvent complètement à l'intérieur de ce véhicule.

Chacun des centres       éthériques pleinement éveillés a pour fonction d'amener dans la conscience physique la qualité inhérente au centre astral correspondant. Avant d'énumérer les résultats à obtenir en rendant actifs les centres éthériques, il peut donc être utile de considérer le rôle de chacun des centres astraux, bien que ces derniers soient déjà pleinement actifs chez toute personne cultivée appartenant aux races les moins anciennes. Quel est donc l'effet produit dans le corps astral par l'éveil de chacun de ces centres astraux ?


Les centres astraux

      C'est le premier de ces centres – comme nous l'avons déjà expliqué – qui est le siège du feu-serpent, force existant sur tous les plans et dont l'activité éveille tous les autres centres. Représentons-nous le corps astral à son origine comme une masse presque inerte, ne possédant qu'une conscience des plus vagues, incapable de rien faire et ne sachant rien de précis concernant le monde ambiant. Tout d'abord donc, se produisit l'éveil de cette force dans l'homme, sur le niveau astral ; ainsi éveillée elle gagna le deuxième centre, correspondant à la rate physique et par lui vitalisa tout le corps astral ; l'homme put, dès lors, se déplacer consciemment, sans pourtant se rendre compte nettement de ce qu'il rencontrait en chemin.

      Puis, la force passa au troisième centre, correspondant à l'ombilic, et le vivifia, éveillant ainsi dans le corps astral la faculté de sentir, de subir toutes sortes d'influences, mais sans rien qui ressemblât aux impressions précises obtenues par la vue ou par l'ouïe.

      Le quatrième centre, une fois éveillé, dota l'homme de la faculté de comprendre et d'accueillir avec sympathie les vibrations d'autres entités astrales et ainsi de se rendre légèrement compte, par instinct, de leurs sentiments.

      L'éveil du cinquième, correspondant à la gorge, lui conféra le pouvoir d'entendre sur le plan astral ; en d'autres termes, il amena le développement de ce sens qui, dans le monde astral, produit sur notre conscience l'effet nommé l'ouïe sur le plan physique.

      Le développement du sixième, correspondant au centre situé entre les sourcils, fit naître de même la vue astrale – faculté de percevoir nettement la forme et la nature des objets astrals, au lieu d'être vaguement conscient de leur présence.

'Les chakras', de Charles Webster Leadbeater - Figure 19 - Le corps pituitaire et la glande pinéale

      L'éveil du septième, correspondant au sommet de la tête, représenta pour l'homme l'achèvement, le couronnement de sa vie astrale et lui en conféra les facultés dans leur plénitude. Relativement à ce centre, il semble exister une certaine différence suivant le type dont les hommes font partie. Chez beaucoup d'entre nous, les tourbillons astraux correspondant aux sixième et septième de ces centres convergent l'un et l'autre sur le corps pituitaire ; celui-ci (figure 19) forme alors à peu près le seul lien direct entre le plan physique et les plans supérieurs. Chez d'autres personnes, le sixième centre est encore attaché au corps pituitaire, mais le septième s'infléchit jusqu'à ce que son vortex coïncide avec l'organe atrophié nommé la glande pinéale (figure 19), que les personnes de ce type vivifient et emploient comme ligne de communication directe avec le mental inférieur, sans apparemment passer, comme d'ordinaire, par le plan astral. C'est à ces personnes que s'adressait Mme Blavatsky lorsque, dans son livre, elle appuyait avec tant d'insistance sur l'éveil de cet organe. Le Dr Besant mentionne aussi le fait que, suivant les personnes, le développement a son point de départ sur des niveaux différents : voici ce passage dans Etude sur la Conscience :

      « La construction des centres et leur organisation graduelle en roues peut avoir pour point de départ un véhicule quelconque, et pour chaque individu elle partira du véhicule qui représente le type spécial de tempérament de cet individu. C'est le type de tempérament de l'individu qui détermine la place où se déploiera la plus grande activité dans la construction des véhicules et leur transformation graduelle en instruments parfaits de la conscience qui va se manifester sur le plan physique. Ce centre d'activité peut être localisé dans le corps physique, le corps astral ou le corps mental inférieur ou supérieur. Dans tous ces corps, et même dans d'autres plus élevés encore – selon le tempérament de l'individu – nous trouverons ce centre dans le principe qui caractérise le tempérament, et c'est de ce principe que le centre agira "vers le haut" et "vers le bas", façonnant les véhicules de façon à les rendre aptes à manifester les caractéristiques de ce tempérament (1). »


Les sens astraux

      Jusqu'à un certain point ces centres tiennent ainsi lieu, pour le corps astral, d'organes sensoriels, mais sans explication, ce terme risquerait fort d'induire en erreur ; il ne faut jamais oublier que si, pour nous faire comprendre, nous sommes constamment obligés de parler de vue astrale ou d'ouïe astrale, nous voulons seulement parler, en somme, de la faculté de répondre aux vibrations qui apportent à la conscience de l'homme, quand il fonctionne dans son corps astral, le même genre d'impressions qui lui sont fournies par ses yeux et par ses oreilles quand il est dans son corps physique.

      Mais, les conditions astrales étant tout autres, ce résultat n'exige pas d'organes spécialisés. La matière capable de répondre ainsi se trouve partout dans le corps astral ; par conséquent, l'homme fonctionnant dans ce véhicule voit également bien les objets placés derrière lui, au-dessus de lui, au-dessous de lui, sans avoir à bouger la tête. On ne peut donc pas appeler ces centres des organes, dans le sens ordinaire du terme, puisque ce n'est point par eux que l'homme voit ou entend, comme il le fait ici par les yeux et par les oreilles. C'est pourtant de leur vivification que dépend la faculté de mettre en jeu ces sens astraux dont chacun, une fois développé, donne au corps astral tout entier le pouvoir de répondre à une catégorie nouvelle de vibrations.

      Toutes les particules du corps astral étant soumises, comme l'eau sur le feu, à une agitation et à un bouillonnement continuels, toutes, successivement, traversent chacun des centres ou tourbillons ; chaque centre à son tour évoque dans toutes les particules du corps la faculté de répondre à un certain ordre de vibrations ; de sorte que les sens astrals sont tous également actifs dans toutes les régions du corps. Pourtant, même après l'éveil complet de ces sens astrals, il ne s'ensuit pas du tout que l'homme soit capable de faire passer dans son corps physique la moindre conscience de leur action.


Eveil de Koundalini

      Ainsi, pendant que se produisait tout cet éveil astral, l'homme dans sa conscience physique ne s'en doutait pas. La seule manière de faire profiter le corps dense de tous ces avantages est de recommencer pour les centres éthériques le même processus d'éveil. Il est possible d'y arriver de diverses manières, suivant l'école de yoga dont l'étudiant adopte les pratiques.

      On reconnaît, dans l'Inde, sept écoles de yoga : 1. Râja Yoga ; 2. Karma Yoga ; 3. Jnâna Yoga ; 4. Hatha Yoga ; 5. Laya Yoga ; 6. Bhakti Yoga ; 7. Mantra Yoga. Je leur ai consacré quelques pages dans la deuxième édition de Les Maîtres et le Sentier ; de son côté, le Professeur Wood les a pleinement décrites dans son ouvrage Râja Yoga the Occult Training of the Hindus. Toutes admettent l'existence et l'importance des chakras et chacune possède pour les développer une méthode spéciale. Le Râja yogi s'applique à méditer successivement sur tous les chakras et à les rendre actifs par un effort de sa volonté – méthode qui a beaucoup de bon. L'école qui s'en occupe le plus est celle de Laya Yoga, dont le système consiste à éveiller les potentialités supérieures du feu-serpent qu'elle oblige à traverser les centres, l'un après l'autre. Son éveil obtenu, c'est par la puissance formidable de Koundalini que sont vivifiés les autres centres ; son effet sur les autres roues éthériques est tel qu'il communique à la conscience physique les facultés éveillées par le développement des chakras astraux correspondants.


Eveil des chakras éthériques

      Quand se trouve éveillé le second des centres éthériques, celui de la rate, l'homme devient capable de se rappeler ses vagues déplacements dans l'astral, mais souvent très imparfaitement. Une légère et accidentelle stimulation de ce centre produit quelquefois le souvenir incomplet d'une sensation délicieuse, celle de voler à travers l'espace.

      Quand devient actif le troisième centre, celui de l'ombilic, l'homme commence à éprouver dans son corps physique toutes sortes d'influences astrales et sent vaguement que certaines d'entre elles sont amicales et d'autres hostiles, ou bien que certains lieux sont agréables et d'autres point, sans absolument savoir pourquoi.

      La stimulation du quatrième, celui du cœur, fait connaître à l'homme, instinctivement, les joies et les peines de ses semblables et même détermine quelquefois chez lui la reproduction en soi-même, par sympathie, de leurs douleurs et de leurs souffrances physiques.

      L'éveil du cinquième, celui de la gorge, lui permet d'entendre des voix qui lui suggèrent quelquefois toutes sortes de choses. Parfois encore il entend de la musique ou d'autres sons moins agréables. Entièrement développé, il confère la clairaudience tout au moins sur les plans éthérique et astral.

      Quand est vivifié le sixième, entre les sourcils, l'homme commence à voir ; tout éveillé, tantôt des lieux, tantôt des personnes lui apparaissent. Au début de son développement, au premier symptôme d'éveil, cela se borne souvent à entrevoir des paysages et des nuages colorés. L'éveil complet de ce chakra produit la clairvoyance.

      Le centre placé entre les sourcils est encore d'une autre façon en rapport avec la vue : c'est par lui que s'exerce la faculté de grandir les très petits objets physiques ; il s'en détache un minuscule tube flexible de matière éthérique, semblable à un serpent microscopique se terminant par une sorte d'œil. C'est l'organe spécial servant à ce genre de clairvoyance. L'œil placé à l'extrémité peut se dilater ou se resserrer, ce qui modifie la faculté grossissante suivant la grandeur de l'objet examiné. C'est de cela qu'il s'agit dans les ouvrages anciens lorsqu'ils mentionnent la faculté de se faire à volonté grand ou petit. Pour examiner, un atome, on développe un organe visuel proportionné aux dimensions de l'atome. Le petit serpent qui se dresse au centre du front était représenté symboliquement sur la coiffure du Pharaon d'Egypte qui, grand-prêtre en son pays, était supposé doué, entre beaucoup de pouvoirs occultes, de cette faculté.

      Quand le septième centre est activé, l'homme, en le traversant, devient capable de quitter son corps en pleine conscience, comme d'y revenir sans qu'elle subisse d'interruption, si bien que sa conscience devient continue, nuit et jour. Lorsque le feu a passé par tous ces centres dans un certain ordre (variable suivant les différents types humains) la conscience reste ininterrompue jusqu'au passage dans le monde céleste à la fin de la vie sur le plan astral, sans qu'elle se trouve modifiée en rien soit par la séparation temporaire du corps physique pendant le sommeil, soit par la division définitive au moment de la mort.


Clairvoyance accidentelle

      Mais avant d'en arriver là, l'homme peut entrevoir souvent le monde astral, car des vibrations particulièrement fortes peuvent en tout temps galvaniser tel ou tel chakra et le rendre momentanément actif, sans le moindre éveil du feu-serpent. Il peut arriver que le feu, se trouvant éveillé en partie, amène également une clairvoyance spasmodique mais sans durée. Car ce feu – nous l'avons dit – existe en sept couches ou sept degrés de puissance et il arrive souvent qu'en faisant, pour l'éveiller, un effort de volonté, un homme parvient à impressionner une seule de ces couches ; alors, au moment où il croit être arrivé à ses fins, il peut s'apercevoir que l'œuvre est incomplète et se trouver obligé de tout recommencer à maintes reprises, creusant toujours plus avant jusqu'au jour où ce n'est plus seulement la surface mais le cœur même du feu qui entre en pleine activité.


Danger d'un éveil prématuré

      Cette puissance ignée, comme elle est appelée dans La Voix du Silence, est véritablement semblable à un feu liquide lorsqu'elle se précipite en torrent à travers le corps, après avoir été réveillée par la volonté. Le parcours qu'elle doit suivre est en spirale, comme les replis d'un serpent. Après son éveil définitif elle peut, dans un autre sens que celui mentionné plus haut, être appelée la Mère du Monde, parce que, grâce à elle, nos véhicules divers peuvent être vivifiés et le monde supérieur s'ouvrir successivement devant nous.

      Chez la personne ordinaire, elle repose endormie à la base de l'épine dorsale où sa présence même reste insoupçonnée pendant la vie entière. Il est d'ailleurs infiniment préférable de la laisser ainsi en sommeil tant que l'homme ne s'est pas moralement développé, tant que sa volonté n'est pas assez forte pour la maîtriser et ses pensées assez pures pour lui permettre de l'éveiller sans avoir à en souffrir. Nul ne devrait tenter l'expérience sans les leçons précises d'un instructeur au courant de la question, car les dangers qui l'accompagnent sont très réels et terriblement sérieux ; quelques-uns sont simplement physiques. En se mouvant sans être guidée Koundalini détermine souvent de vives souffrances physiques ; elle peut même déchirer les tissus et détruire la vie physique. Ceci n'est pourtant que le moindre des maux dont elle est capable, car elle peut causer des lésions permanentes à des véhicules supérieurs au corps physique.

      Son éveil prématuré a très souvent pour conséquence qu'au lieu de s'élever dans le corps, elle se précipite de haut en bas ; elle excite ainsi les passions les plus déplorables, les exaspère et intensifie leurs effets à un degré tel que l'homme se trouve dans l'impossibilité de leur résister : une puissance est devenue active en présence de laquelle il est aussi désarmé qu'un nageur devant les mâchoires d'un requin. Ces hommes-là deviennent des satyres, des monstres de dépravation, car ils sont maîtrisés par une force absolument disproportionnée à notre faculté de résistance ordinaire. Ils pourront sans doute acquérir certains pouvoirs supérieurs à la normale, mais ces pouvoirs particuliers les mettront en rapport avec un ordre d'évolution inférieur avec lequel notre humanité est destinée à n'avoir aucune relation ; pour échapper à cet épouvantable asservissement, une seule incarnation ne suffira peut-être pas.

      Je n'exagère en rien l'horreur de cette situation, comme pourrait le faire involontairement une personne qui en parlerait par ouï dire. J'ai personnellement été consulté par des personnes qui déjà, s'étaient attiré cette effroyable destinée, et j'ai vu de mes yeux ce qui leur advint. Il existe une école de magie noire qui utilise spécialement cette force pour des fins semblables, afin de pouvoir vivifier par son moyen un certain centre de force inférieur qui jamais n'est employé ainsi par les observateurs de la Bonne Loi. Certains écrivains nient l'existence d'un centre pareil, mais m'assurent des Brahmanes de l'Inde méridionale, il y a des yogis dravidiens qui en enseignent l'emploi à leurs élèves a#150; sans, bien entendu, que leur intention soit nécessairement mauvaise. Néanmoins, le risque est trop grand pour s'y exposer, étant donné que l'on peut arriver avec beaucoup moins de danger au même résultat.

      Sans même parler de ce danger, de tous le plus sérieux, le développement prématuré des aspects supérieurs de Koundalini offre d'autres possibilités désagréables : il intensifie tout dans la nature humaine et il agit plus facilement sur les qualités inférieures et mauvaises que sur les bonnes. Dans le corps mental, par exemple, l'ambition est très vite éveillée et prend bientôt des proportions incroyablement exagérées. L'éveil intensifierait sans doute beaucoup la force intellectuelle mais produirait en même temps un orgueil anormal, et satanique dont l'homme ordinaire ne peut se faire aucune idée. Se croire capable de maîtriser toutes les forces qui naissent dans le corps humain dénote un manque de sagesse ; il ne s'agit pas d'une énergie ordinaire, mais de quelque chose d'irrésistible. Assurément aucun homme ignorant ne doit jamais essayer de l'éveiller, et s'il s'aperçoit que l'éveil s'est accidentellement produit, il doit consulter sans tarder une personne bien au courant de ces questions.

      J'évite avec soin toute explication concernant la manière d'amener l'éveil ; je ne mentionne pas non plus l'ordre dans lequel cette force (une fois éveillée) doit passer de centre en centre, car ceci ne doit jamais être tenté que sur les indications expresses d'un Maître, qui surveillera Son élève pendant les différentes phases de l'expérience.

      Je mets très solennellement en garde tous les étudiants contre un effort quelconque tendant à éveiller ces énergies formidables, sauf sous une direction expérimentée, car j'ai eu personnellement l'occasion fréquente de constater les effets terribles auxquels s'exposa une personne ignorante et mal avisée en voulant jouer avec ces très graves questions. La force est une réalité formidable, l'un des grands principes fondamentaux de la nature. Je l'affirme avec toute l'insistance possible, ce n'est pas un jouet ; ce n'est pas une question dont on puisse s'occuper à la légère ; se lancer dans ces expériences sans y rien comprendre est beaucoup plus dangereux que, pour un enfant, de s'amuser avec de la nitroglycérine. Comme on le dit avec beaucoup de vérité le Hathayoga Pradipika : « Il apporte aux yogis la libération et aux sots l'esclavage » (III, 107).

      Dans des questions semblables, les étudiants semblent croire très souvent qu'il y aura pour eux une exception toute spéciale aux lois naturelles, qu'une intervention particulière de la providence leur évitera les conséquences de leur folie. Assurément il n'arrivera rien de semblable, et l'homme qui par son insouciance provoque une explosion, risque fort d'en être la première victime. Que de peine et de désappointements évités, si l'on pouvait faire comprendre aux étudiants que, dans tout ce qui a trait à l'occultisme, nous voulons dire exactement et littéralement ce que nous disons ; et ceci s'applique à tous les cas, sans exception ; car dans le fonctionnement des grandes lois de l'univers, le favoritisme n'existe pas.

      Chacun veut essayer toutes les expériences possibles ; chacun est persuadé qu'il est prêt à recevoir les enseignements les plus élevés, à subir toute espèce de développement ; mais aucun ne consent à s'appliquer patiemment à perfectionner son caractère, à consacrer son temps et ses efforts à telle activité utile à l'œuvre de la Société, enfin à attendre toutes ces autres choses jusqu'au jour où un Maître lui annoncera qu'il est prêt à les aborder. Comme je l'ai déjà dit dans le chapitre précédent à propos d'une autre question, le vieil aphorisme demeure vrai : « Cherchez d'abord le royaume de Dieu et Sa justice, et tout le reste vous sera donné par surcroît. »


Eveil spontané de Koundalini

      Dans certains cas, les couches ignées intérieures s'éveillent spontanément et l'on éprouve un vague sentiment de chaleur. Le feu peut même se mettre en marche de lui-même, mais cela est rare ; quand il le fait, de vives souffrances peuvent en résulter car les canaux n'ayant pas été préparés, il est obligé de se frayer un passage en brûlant littéralement une grande quantité de résidus éthériques, ce qui ne peut se faire sans provoquer la douleur. Eveillé spontanément ou excité par accident, le feu essaie en général de s'élever à l'intérieur de l'épine dorsale par la voie qu'a déjà prise sa manifestation la plus basse et la plus bénigne. Si possible, la volonté doit être mise en jeu pour arrêter le mouvement ascensionnel ; si elle n'y parvient pas (et c'est fort probable) il ne faut pas s'alarmer : Koundalini s'élancera sans doute par la tête et s'échappera dans l'atmosphère ambiante ; conséquence – rien de plus grave qu'un léger affaiblissement. Il ne faut rien craindre de plus sérieux qu'une perte momentanée de conscience. Les dangers vraiment épouvantables ne résultent pas du flux ascendant mais de la possibilité qu'il se trouve dirigé de haut en bas et de l'extérieur vers l'intérieur.

      Relativement au développement occulte, Koundalini joue un rôle principal : dirigé, comme nous l'avons expliqué, sur les centres de force du corps éthérique, il vivifie ces chakras et en fait des portes de communication plus efficaces entre les corps physique et astral. Il est dit dans la Voix du Silence, qu'après avoir atteint le centre situé entre les sourcils et l'avoir entièrement vivifié, le feu-serpent confère la faculté d'entendre la voix du Maître – ce qui, dans ce cas, veut dire la voix de l'ego ou moi supérieur. La raison en est que le corps pituitaire, après son entrée en activité, forme avec le véhicule astral un lien parfait par lequel il est possible de recevoir du dedans toutes les communications.

      Ce chakra n'est pas seul éveillé ; tous les centres de force supérieurs devront l'être aussi ; chacun doit devenir capable de répondre aux influences de tout genre venant des divers sous-plans astraux. Ce développement se produira en son temps chez tous les hommes, mais pour la plupart, ils ne peuvent y parvenir dans la présente incarnation, si c'est la première où ils se soient sérieusement occupés de la question. Quelques Indiens pourraient y arriver, l'hérédité ayant doué leurs corps de plus d'adaptabilité que ne possèdent ceux de la majorité des hommes, mais pour ces derniers ce sera la tâche qui les attendra dans une Ronde à venir. La conquête du feu-serpent doit se renouveler dans chaque incarnation, puisque dans chacune les véhicules sont nouveaux, mais si elle a été complète, les répétitions ultérieures seront aisées. Rappelons-nous que son action varie suivant les divers types humains : certains hommes par exemple voient le moi supérieur plutôt qu'ils n'entendent sa voix. Et puis cette union avec le moi supérieur comporte de nombreux degrés ; pour la personnalité, elle signifie l'influence de l'ego, mais pour l'ego lui-même elle signifie la puissance de la Monade ; pour la Monade enfin l'union consiste à devenir du Logos une expression consciente.


Expérience personnelle

      Il peut être utile de mentionner à cet égard ma propre expérience. Au début de mon séjour dans l'Inde – il y a de cela quarante-deux ans – je ne fis aucun effort pour éveiller le feu, n'y entendant d'ailleurs pas grand-chose et supposant qu'il fallait pour cela posséder de naissance un corps spécialement psychique, ce qui n'était pas mon cas. Mais un jour, l'un des Maîtres me suggéra d'essayer un certain genre de méditation destinée à évoquer cette force. Naturellement, je mis ce conseil en pratique et, avec le temps, je réussis. Je ne doute pas cependant que le Maître n'ait surveillé l'expérience et qu'il l'eût interrompue si elle était devenue périlleuse. Certains ascètes indiens, me dit-on, enseignent cela à leurs élèves en les soumettant pendant leurs exercices à une surveillance attentive, mais je ne connais aucun de ces ascètes et je ne leur accorderais ma confiance que s'ils étaient spécialement recommandés par une personne possédant, à ma connaissance, le savoir véritable.

      On me demande souvent ce que je conseille au sujet de l'éveil de cette force ; je conseille de faire exactement ce que j'ai fait moi-même. Je recommande à mes questionneurs de se consacrer au travail théosophique, d'attendre le moment où ils recevront les ordres catégoriques d'un Maître consentant à diriger leur développement psychique et, jusque-là, de poursuivre tous les exercices de méditation qui leur sont connus. Que le développement se produise dans l'incarnation actuelle ou dans la prochaine ne doit en rien les préoccuper ; ils doivent considérer la question au point de vue de l'ego et non de la personnalité, absolument persuadés que les Maîtres cherchent toujours des personnes à aider, qu'il est tout à fait impossible d'être oublié, enfin qu'Ils donneront sans aucun doute Leurs instructions quand Ils jugeront le moment favorable.

      Je n'ai jamais entendu dire qu'il y eût au sujet de ce développement, aucune limite d'âge et d'ailleurs je ne vois pas pourquoi l'âge ferait une différence, du moment que la santé est parfaite ; mais la santé est nécessaire car, seul un corps vigoureux peut supporter la tension ; celle-ci est beaucoup plus sérieuse que ne pourrait l'imaginer une personne n'ayant pas essayé de se soumettre à ce genre d'entraînement.

      La force, dès son éveil, doit être sévèrement gouvernée et dirigée de centre en centre dans un ordre qui diffère suivant le type de chaque élève ; de plus, pour être efficace, le mouvement doit être imprimé d'une certaine manière que le Maître expliquera lorsque le temps en sera venu.


Le réseau éthérique

      J'ai dit que les centres astrals et éthériques se correspondent étroitement, mais entre eux et les interpénétrant d'une façon difficile à décrire, existe une gaine ou réseau formé d'un tissu serré, étui composé d'une seule couche d'atomes physiques fortement comprimés et saturés par un genre particulier de force vitale. La vie divine qui, normalement, descend du corps astral au corps physique est accordée de telle sorte qu'elle traverse ces atomes sans la moindre difficulté, mais ils constituent une barrière absolue pour toutes les autres forces – toutes celles qui ne peuvent sur les deux plans en question employer la matière atomique. Ce réseau est la protection prévue par la nature pour empêcher l'ouverture prématurée d'une communication entre les plans – développement qui ne présenterait que des inconvénients.

      C'est encore ce réseau qui, dans les conditions normales, empêche de garder un souvenir précis de ce qui s'est passé pendant le sommeil ; c'est lui qui cause l'inconscience momentanée inséparable de la mort. Sans cette disposition miséricordieuse, l'homme ordinaire qui, absolument ignorant de ces faits n'y est en rien préparé, pourrait à tout instant être placé par une entité astrale sous l'influence d'énergies très supérieures à la force dont il dispose lui-même ; il serait exposé à subir l'obsession continuelle de tout être, habitant le plan astral, qui voudrait s'emparer de ses véhicules.

      Le lecteur comprendra donc sans peine que toute lésion de ce réseau est une sérieuse calamité. La lésion peut se produire de plusieurs façons et il faut apporter tous nos soins à nous en réserver ; elle peut être causée par un accident ou par des pratiques illicites et persévérantes. Tout choc violent subi par le corps astral, comme par exemple une soudaine et terrible frayeur, peut déchirer cet organisme délicat et, pour employer une locution courante, rendre fou. (La frayeur peut naturellement causer d'autres façons l'aliénation mentale mais c'en est une). Un formidable accès de colère peut aussi produire le même effet. A vrai dire la folie peut résulter de toute émotion excessivement violente et d'un caractère pernicieux, déterminant une sorte d'explosion dans le corps astral.


Effets de l'alcool et des stupéfiants

      Les abus qui peuvent plus graduellement léser ce réseau protecteur sont de deux genres – l'usage de l'alcool ou de stupéfiants, et les pratiques méthodiquement poursuivies, destinées à ouvrir des portes maintenues fermées par la nature, comme les séances de spiritisme dites "de développement". Certaines drogues et boissons – notamment l'alcool et tous les narcotiques y compris le tabac – contiennent des éléments qui, en se dissociant, se volatilisent et passent en partie du plan physique au plan astral. (Le thé et le café eux-mêmes en contiennent, mais en quantités si infinitésimales que l'effet se manifeste seulement après un abus prolongé.)

      Quand cela se produit dans le corps humain, ces éléments se précipitent par les chakras, dans une direction opposée à celle qui leur est destinée ; le font-ils souvent, ils attaquent sérieusement et finalement détruisent le délicat réseau. Cette détérioration ou destruction peut être amenée de deux façons différentes : suivant le type des personnes et la proposition des éléments malsains contenus dans les corps éthérique et astral. Tout d'abord le flux de matière volatilisée brûle littéralement le réseau et ainsi ouvre une porte à toutes sortes de forces irrégulières et d'influences mauvaises.

      Deuxième résultat : ces éléments volatils en traversant l'atome, le durcissent en quelque sorte, si bien que sa pulsation est sérieusement affaiblie et paralysée et que l'atome ne peut plus emprunter de vitalité au type spécial d'énergie qui a constitué le réseau. D'où une sorte d'ossification subie par ce dernier : ce qui passe d'un plan à l'autre n'est plus en excès, c'est un flux extrêmement réduit.

      Nous remarquons chez les ivrognes les effets produits par les deux genres de détérioration. Ceux qui souffrent du premier deviennent victimes du delirium tremens, de l'obsession ou de l'aliénation mentale ; mais ceux-là sont en somme comparativement rares. Le second genre de détérioration est infiniment plus commun ; dans ce cas-là, il se produit un certain amortissement des qualités ayant pour résultat un grossier matérialisme, la brutalité et l'animalité, enfin la perte de tous les sentiments plus relevés et de l'empire sur soi-même. L'homme perd la notion de sa responsabilité ; à jeun il peut aimer sa femme et ses enfants ; mais quand il est ivre, il dépense pour satisfaire ses propres appétits ignobles l'argent destiné à nourrir sa famille ; affection et responsabilité semblent avoir entièrement disparu.


Effets du tabac

      Le deuxième genre d'effet se manifeste très communément chez les personnes esclaves du tabac. Nous les voyons sans cesse persister dans cette habitude ; elles savent pourtant fort bien qu'elle écœre et importune leurs voisins. Un fait suffit pour souligner la détérioration produite : fumer est la seule habitude obstinément conservée par un homme bien élevé, sachant qu'elle cause à autrui le plus pénible effet. Dans ce cas les sentiments délicats sont évidemment déjà sérieusement affaiblis ; mais la pernicieuse manie semble avoir sur ses esclaves une telle prise qu'ils sont tout à fait incapables de résister ; tous leurs instincts de gentlemen sont oubliés et cèdent le pas à ce fol et affreux égoïsme ; les mauvais effets en sont indéniables dans les corps physique, astral et mental.

      Physiquement, l'homme est saturé de particules excessivement impures dont les émanations sont si grossièrement matérielles qu'elles sont fréquemment perceptibles à l'odorat. Astralement, l'usage du tabac est une cause d'impureté ; en outre il tend à amortir beaucoup des vibrations et c'est pour cela qu'il "calme les nerfs", comme on dit ; or il va sans dire que pour progresser dans l'occulte nous ne voulons ni vibrations amorties, ni corps astral surchargé de particules impures et toxiques. Il nous faut la faculté de répondre instantanément à toutes les longueurs d'onde possibles ; en même temps, il nous faut le contrôle absolu, afin que nos désirs, pareils à des chevaux conduits par le mental intelligent, nous transportent où nous voulons et ne s'emportent pas follement comme ils le font sous l'influence de cette répugnante manie, et ne nous mettent pas dans des situations où notre nature supérieure sait qu'elle ne devrait jamais se trouver. Après la mort, les résultats sont également des plus pénibles : c'est une sorte d'ossification et de paralysie du corps astral, de sorte que pendant longtemps (plusieurs semaines ou plusieurs mois) l'homme demeure dans un état d'impuissance, de prostration, de conscience partielle, enfermé comme dans une prison, incapable de communiquer avec ses amis, momentanément mort à toute influence d'en haut. Vaut-il la peine, pour s'accorder un bien petit plaisir, de s'exposer à tant de maux ?

      Pour toute personne vraiment décidée à développer ses véhicules, à éveiller ses chakras, à progresser sur le Sentier de la Sainteté, le tabac est sans aucun doute une chose mauvaise qu'il faut éviter avec le plus grand soin.

      Toutes les impressions passant d'un plan à l'autre ne doivent le faire normalement que par la voie des sous-plans atomiques, comme je l'ai déjà dit ; mais lorsque s'exerce l'action amortissante, elle intoxique non seulement la matière atomique mais encore celle des deuxième et troisième sous-plans. Dès lors, l'astral et l'éthérique ne peuvent plus entrer en communication que si une force, agissant sur les sous-plans inférieurs (les seuls où règnent des influences désagréables et pernicieuses) se trouve être assez puissante pour obtenir une réponse par la seule violence de sa vibration.


Ouverture des portes

      Cependant, si la nature prend de telles précautions pour mettre ces centres à l'abri, son intention n'est pas du tout de les maintenir toujours hermétiquement fermés. Pour les ouvrir une méthode légitime existe. Peut-être serait-il plus correct de dire ceci : La nature entend, non pas que les portes s'ouvrent plus largement qu'elles ne l'ont fait jusqu'ici, mais que l'homme se développe de manière à pouvoir recevoir beaucoup plus par le canal dont il dispose.

      La conscience de l'homme ordinaire ne peut encore employer la matière atomique pure, ni dans le corps physique, ni dans le corps astral ; normalement il lui est donc impossible de communiquer consciemment et à volonté entre les deux plans. La vraie manière d'y parvenir est de purifier les deux véhicules jusqu'à ce que la matière atomique étant complètement vitalisée dans chacun, toutes les communications puissent emprunter cette route. Dans ce cas le réseau conserve au plus haut point sa position et son activité sans faire désormais obstacle à une communication parfaite ; en même temps il continue à jouer son rôle particulier, celui d'empêcher tout contact étroit entre des sous-plans inférieurs qui ouvriraient le passage à toutes sortes d'influences indésirables.

      Voilà pourquoi l'on nous adjure toujours d'attendre, pour développer les facultés psychiques, le moment où elles se manifesteront naturellement, en conséquence du développement de notre caractère ; l'étude de ces centres de force nous en donne l'assurance. Telle est l'évolution naturelle ; c'est la seule méthode sûre, car elle permet à l'étudiant de recueillir tous les avantages et d'éviter tous les dangers. Ce Sentier, nos Maîtres l'ont suivi jadis ; c'est donc aujourd'hui celui que nous devons suivre.


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(1)  Op. cit., p. 255




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