C'est à mon tour, bienveillant ami, de solliciter un traitement indulgent, et surtout très prudent en faveur de M. Hume, et je vous demande de m'entendre. Vous ne devez pas négliger un élément qui a beaucoup à faire avec sa turpitude morale, élément qui certainement n'excuse pas, mais atténue jusqu'à un certain point son offense. Il est poussé et à demi affolé par les puissances mauvaises qu'il s'est lui-même attirées et auxquelles l'a assujetti sa turbulence morale innée. Près de lui habite un fakir qui a une aura animalisante autour de lui ; les malédictions de M. Fern en s'en allant je n'ose pas dire qu'elles furent injustes ou non provoquées ont produit leurs effets ; et tandis que la qualité d'adepte qu'il s'est donnée est entièrement imaginaire, il a néanmoins, par la pratique imprudente de prayanam, développé en lui une certaine médiumnité et il en est souillé pour la vie. Il a ouvert la porte toute grande aux influences venant du mauvais côté, et il est désormais à peu près imperméable à celles qui viennent du bon côté. Il ne doit donc pas être jugé en bloc, comme ayant péché de façon pleinement et entièrement délibérée. Evitez-le, mais ne l'excitez pas davantage, car il est maintenant plus que dangereux pour quelqu'un qui, comme vous, est incapable de lutter contre lui avec ses propres armes. Il suffit que vous le connaissiez tel qu'il est, et qu'ainsi averti vous soyez à l'avenir sur vos gardes, puisque pour le présent il a réussi à gâter nos plans là où ils semblaient les plus prometteurs. Il est maintenant dans ses jours qui seront des semaines et peut être des mois où dominé par la vanité et la combativité les plus égoïstes, il est capable de faire les choses les plus désespérées. Aussi, regardez-y à deux fois, mon bon ami, avant de précipiter une crise dont le résultat pourrait être, par conséquent, très grave.
En ce qui regarde ses rapports avec les affaires théosophiques, il est en grande partie votre chéla, le captif de votre lance et de votre arc ; mais puisque vous avez agi en cela d'après mes propres instructions je prends le blâme sur moi tout le blâme, comprenez-moi bien ; et je n'admettrai pas que la plus petite parcelle des résultats désastreux actuels entache en rien votre Karma. Mais cela est l'affaire de l'avenir, et en attendant il peut vous jouer des tours à vous et à la Société. Cela ne vous a pas coûté peu de peine de l'y faire entrer, et maintenant vous devez chercher à ne pas le jeter dehors prématurément. Car vous avez vu par sa correspondance de quelle malice il est capable, et comme il peut travailler avec persévérance à faire naître le mécontentement et le soupçon de façon à centrer sur lui-même l'intérêt et la fidélité. La S. T. vient juste de sortir victorieuse d'une tempête déchaînée par un autre mécontent ambitieux et vain Dayanand S. et si l'issue a été favorable c'est parce que D.S. a la mémoire courte et qu'on lui a fait oublier tout ce qui concernait les documents qu'il avait publiés. Il est donc prudent d'attendre, de veiller et de mettre de côté les matériaux pour la défense, pour le moment où ce nouvel iconoclaste « chargera contre vos retranchements » s'il le fait jamais, ce qui, jusqu'à présent, n'est pas encore décidé, mais ce qui serait à peu près inévitable s'il était soudain dénoncé par vous. Je ne vous demande pas de lui témoigner de l'amitié (au contraire, je vous conseille fortement de ne pas lui écrire vous-même pendant quelque temps, et quand il vous mettra en demeure de vous expliquer, de demander à votre excellente femme, qu'il craint, et qu'il est forcé de respecter, de lui dire la vérité honnêtement et sans détours de la manière dont les femmes seules savent le faire) mais simplement de différer la rupture ouverte jusqu'à l'heure où il serait impardonnable de différer plus longtemps. Nous ne devons ni l'un ni l'autre mettre en danger une cause que nous avons pour devoir de faire triompher, et qui doit l'emporter sur toute considération personnelle.