Lettres des Mahatmas M. et K. H. à A. P. Sinnett

SECTION III – CONDITION DU PROBATIONNAIRE ET DU CHELA

Lettre N° LVIII – Reçue à Madras en mars 1883

Nous ne traiterons pas, s'il vous plaît, à présent, la situation concernant les » étoiles » et les obscurations, pour les raisons que vous a données clairement H. P. B. ce matin. Ma tâche devient, avec chaque lettre, plus dangereuse. Il devient excessivement difficile de vous enseigner et de s'en tenir, en même temps, strictement au programme du début : « nous irons jusque-là, mais pas plus loin ». Cependant, nous devons nous y tenir et nous nous y tiendrons.

      Vous n'avez pas du tout compris mon télégramme. Les mots « davantage à Adyar » se rapportaient à la véritable explication de votre vision et nullement à une promesse que je ferais plus tard d'autres expériences psychologiques du même genre. La vision était due à une tentative de D. K. qui s'intéresse énormément à votre progrès. Tandis qu'il réussissait à vous sortir de votre corps, il échoua entièrement dans ses efforts d'ouvrir votre vision intérieure, pour les raisons correctement supposées par vous à l'époque. Je n'ai pas pris personnellement une part active à la tentative. De là, ma réponse « suppositions correctes – davantage à Adyar ». Je suis à présent dans une très fausse position et je dois être doublement prudent – afin de ne pas compromettre les possibilités de l'avenir.

      La date probable de votre départ ? Eh bien, vers le 07 avril. Si votre impatience ne s'accorde pas avec mon désir, vous êtes libre de faire ce que vous voulez. Cependant, je regarderais cela comme une faveur personnelle. Je suis profondément indigné de l'apathie de mes compatriotes en général. Plus que jamais, je n'ai confiance que dans les quelques travailleurs dévoués de la malheureuse et infortunée S. T. La lettre du Vice-Roi serait une très grande aide si elle était employée judicieusement. Mais en de telles matières, je vois que je ne suis pas juge, si j'en augure maintenant par l'impression laissée dans votre esprit par R. Srinavasa Rao et autres.

      L'incident du 07 février étant expliqué, il a été déjà répondu à votre question relative à « de plus anciennes restrictions ».

      Puis-je vous demander encore deux faveurs importantes plus personnelles ? Premièrement – de toujours vous rappeler que tout ce qui est possible sera fait pour vous sans que vous le demandiez, et quand ce sera possible, et, par conséquent, de ne jamais soit le demander, soit le suggérer vous-même, et donc tout simplement m'éviter la tâche suprêmement désagréable d'avoir à refuser la requête d'un ami sans même être en position de lui en expliquer la raison ; et deuxièmement – de vous rappeler que, quoique personnellement je puisse être prêt à faire beaucoup dans votre propre intérêt, je ne me suis nullement engagé à faire quoi que ce soit de la sorte pour les membres de la S. T. Britannique. Je vous ai donné ma parole que je leur enseignerai par votre aimable intermédiaire notre philosophie, qu'ils l'acceptent ou non. Mais je n'ai jamais entrepris de convaincre aucun d'eux de l'étendue de nos pouvoirs, ni même de notre existence personnelle. Leur croyance ou leur incroyance à ce sujet n'est qu'une bagatelle, en vérité. S'ils doivent jamais profiter de notre promesse, ce doit être par vous seul et par vos efforts personnels. Je ne peux pas non plus me montrer à vous (en chair et en os) – pas même dans une vision clairement définie – à moins que vous soyez prêt à vous engager sur l'honneur à ne jamais révéler le fait à qui que ce soit, tant que vous vivrez (sauf si vous en recevez la permission). Que la conséquence d'un tel engagement soit d'élever dans l'esprit de vos membres britanniques un doute qui reviendra sans cesse et ne sera jamais satisfait, c'est justement ce que nous voulons pour le moment. On a dit et prouvé trop ou trop peu à notre sujet, comme M. A. Oxon l'a fait remarquer très justement. Nous avons reçu l'ordre de travailler à balayer les derniers vestiges, et vous êtes redevable de cette nouvelle politique aux incessantes intrigues souterraines de notre ex-ami M. Hume – (aujourd'hui entièrement aux mains des Frères de l'Ombre) – et plus on doutera de notre existence réelle, mieux cela vaudra. Quant aux tests et aux preuves, convaincantes pour les Sadducéens d'Europe en général, et ceux d'Angleterre en particulier – c'est quelque chose qu'il faut laisser tout à fait en dehors de notre programme futur. A moins qu'on ne nous permette d'employer notre propre jugement et nos propres moyens – le cours des événements futurs ne sera nullement facile. Aussi vous ne devrez jamais employer des expressions telles que : « en vue d'affermir les amis d'Angleterre », car, elles ne feraient sûrement aucun bien et ne feraient qu'irriter davantage les autres « puissances » – pour employer cette expression ridicule. Ce n'est pas toujours flatteur, bon ami, d'être placé, même par ceux qui vous aiment le mieux, sur le même niveau que les coques et les médiums – pour faire des tests. Je pensais que vous aviez heureusement dépassé ce stade. Tenons-nous en à présent au seul aspect intellectuel de nos relations et occupons-nous seulement de philosophie et de votre article futur – et laissons le reste au temps et à ses développements imprévus.

      C'est précisément parce que je puis suivre et percevoir le double travail de votre esprit en me présentant de telles requêtes que je signe invariablement.

      Votre ami affectionné.

K. H.

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