SECTION IV L'AVENTURE DU « PHÉNIX » ET LA CONDITION DE L'INDE
Lettre N° LXXIX
Puisque vous « n'avez pas épuisé le cas » dans votre précédente note, je me suis aussi limité, car je ne suis pas un homme d'affaires. Quelqu'un habitué aux affaires mercantiles aurait sans doute déduit le plan entier de fragments encore plus petits que ceux que vous possédez. Mais maintenant que vous avez repris la question, je puis dire (tenant malgré cela mon opinion d'amateur en très mince estime) que votre plan apparaît assez juste et raisonnable. M. Dare, non moins que vous-même, devrait être amplement récompensé pour ses services inestimables et dévoués. Votre proposition que les 4/12 des actions aliénées ne participeront pas aux bénéfices jusqu'à ce que leurs propriétaires respectifs aient fait produire aux 8/12 restants une rémunération légitime du capital est équitable pour les deux parties.
Que vous fassiez ou ne fassiez pas éventuellement un double ou quadruple journal, je crois encore que, si c'est possible, il faut essayer d'avoir la plus grande partie du capital, car quand vous serez pleinement armé pour toute éventualité, vous pourrez délibérément adopter le plan que la froide raison et le calcul de toutes les chances pourront indiquer comme étant le meilleur.
A présent, avant de quitter mon nouveau rôle de conseiller d'affaires, je dois répéter que tandis que nous aiderons l'entreprise du commencement à la fin, aussi complètement que c'est possible sans enfreindre nos règlements, l'initiative
doit être prise par vos amis et devrait être guidée avec sympathie par vous-même ; et je vais vous dire pourquoi. Alors que le plus grand bien doit résulter de la réussite du lancement d'un tel journal, la stricte loi de justice nous interdit de faire quoi que ce soit pour diminuer, le moins du monde, le mérite qui reviendra
à celui qui fera du rêve une réalité. Peu nombreux sont ceux qui connaissent leur avenir ou ce qui vaut le mieux pour eux. Sans doute la vie sur le Continent
européen et en Angleterre a des charmes qui manquent à la pauvre Inde, si morne. Mais celle-ci peut, d'autre part, offrir des avantages et des attractions dont ne rêve même pas le
mystique moyen. Je n'ose pas en dire plus, mais vous avez tort,
grand tort de consentir à rester ici
seulement par égard pour
moi. Moi, du moins, je ne me sens pas assez égoïste pour accepter le sacrifice, si je ne savais ce que je sais.
Pour avoir aimablement consenti, comme nous vous le demandions, de vous rendre à la célébration d'anniversaire, acceptez nos
meilleurs remerciements. Les effets de votre présence et de votre discours seront plus grands et meilleurs que vous ne pouvez le concevoir maintenant. Et, comme toutes les bonnes actions, cela produira d'abondantes récompenses ici et plus tard. Que ce vous soit une consolation de savoir que vous avez aidé positivement à neutraliser les mauvaises
influences que les
ennemis de la Vérité avaient concentrées sur la Société. Le point mort du cycle tournant est passé : un nouveau cycle commence pour la Société Théosophique le 17 décembre. Veillez et voyez.
Toujours votre ami.
K. H.