Le « Fils » de M., dont la lentille convergente n'est pas encore taillée à la perfection, expose l'affaire d'une façon quelque peu déformée. M. ne voulait pas lui faire dire qu'il y avait là, en quelque sorte, une possibilité d'échec, mais tout juste la possibilité normale d'un délai que comporte toute transaction d'affaire traitée avec nos seuls compatriotes : ajoutez-y l'intervention malveillante (ou si vous préférez excentrique) du Swedenborg de Rothney et autres artistes de malheur. D'après tout ce que je sais de la situation et je prétends la surveiller d'aussi près que cela m'est permis il y a des chances pour que l'argent soit trouvé pour la fin de mars ; mais la chance étant, à ce qu'on dit, un vieux cheval borgne, le moment de l'encaissement n'est pas encore écrit dans le livre du Destin. Beaucoup dépend des contingences, mais encore plus de ce que le yogi de Simla nous laisserait tranquille pendant quelque temps. Trois lakhs de roupies ont été à peu près perdus à cause d'une lettre écrite par lui à un éditeur de Calcutta contenant une description de notre vrai caractère (Jésuites, sorciers, groupe de menteurs, d'égoïstes, etc...) et montré par cet éditeur à un rajah jusqu'alors bien disposé et prêt à faire ce que demandaient les « Frères Mahatmas » de patriotisme, en cette affaire-là, il n'y en aura guère ou pas. Je vous enverrai, dans un jour ou deux des faits qui vous montreront les gens sous leur vrai jour.
En attendant, si je vous conseille d'agir entièrement selon votre jugement quant à votre départ, c'est parce que les Européens qui sont en rapport, même indirect, avec nous, considèrent toutes nos actions, sous un jour faux. Je ne tiens pas à ce que vous me jugiez mal, même un moment. Quelque étranges et tortueuses que nos façons d'agir apparaissent à première vue, j'espère que vous ne laisserez pas votre ami de Rothney influencer votre esprit européen. Mais la suite à plus tard.