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Baudouin Ier

(1171, à Valenciennes - 1206)
Comte de Flandre et de Hainaut de 1194 à 1206
Empereur de Constantinople de 1204 à 1206
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      Baudouin Ier, empereur de Constantinople, naquit à Valenciennes, en 1171, de Baudouin, comte du Hainaut, et de Marguerite, sœur de Philippe, comte de Flandre. Il épousa Marie de Champagne, nièce de Philippe, roi de France. Ayant fait briller son courage dans une guerre qui s'alluma entre son père et le comte de Namur, il fut, dès l'âge de 18 ans, armé chevalier par Henri, roi des Romains. Le comte de Hainaut, allié du roi d'Angleterre, ravageait souvent les frontières de la France, et le jeune Baudouin se fit craindre de Philippe-Auguste. Le comte Philippe, mort dans la terre sainte, avait laissé le comté de Flandre à sa sœur Marguerite. La mort de cette princesse rendit Baudouin maître du comté de Flandre ; et, par le décès de son père, il hérita encore du Hainaut.

      L'acquisition de ces riches Etats ne put empêcher Baudouin de prendre la croix, en 1200, avec son frère Henri, Thierry, son neveu, et Marie de Champagne, sa femme. Selon le louable usage de la plupart des princes croisés, il consacra au soulagement de ses sujets les moments qui précédèrent son départ. Quelques privilèges accordés à plusieurs villes par ses prédécesseurs furent confirmés ; d'autres, incommodes au peuple, furent annulés ; il fit recueillir en un corps de lois les coutumes de Flandre et de Hainaut, et il déclara roturier tout noble qui, fils de chevalier, aurait négligé, jusqu'à l'âge de 25 ans, de recevoir l'ordre de chevalerie. L'assemblée des ordres du Hainaut et de la Flandre fit inutilement observer à Baudouin que son absence et celle de l'élite de la noblesse laisseraient ses Etats exposés à l'ambition du roi de France. Il partit après avoir confié le gouvernement à son frère Philippe, marquis de Namur, à Guillaume, son oncle, et à Bouchard d'Avesnes, chevalier qui jouissait d'une grande considération. Baudouin se dirigea vers la Bourgogne, et arriva à Venise, en 1202. Peu de temps après son départ, sa femme était accouchée d'une fille, à Valenciennes. Dès que la comtesse fut rétablie, elle s'embarqua pour rejoindre son mari. Tous les croisés admirèrent la générosité avec laquelle Baudouin s'efforça de compléter la somme qui était due aux Vénitiens pour le frêt de leurs vaisseaux. Non seulement le comte de Flandre se dépouilla d'une forte somme d'argent monnayé, de sa vaisselle d'or et d'argent, il eut encore recours à des emprunts.

      Lorsqu'Alexis vint, au nom de son père Isaac II l'Ange, solliciter l'assistance des croisés, Baudouin se déclara hautement en faveur de ce prince malheureux. Il entra dans Constantinople (1204), à la tête de l'avant-garde, « parce que, dit Villehardouin, le comte de Flandre avait un grand nombre de braves gens, et plus d'archers et d'arbalétriers qu'aucun autre seigneur de l'armée. » Dans le second siège de Constantinople, ce prince donna l'assaut avec ses Flamands, et se logea dans la tente de l'usurpateur Murtzuphle. Alexis et son père étant morts, les croisés, maîtres de la ville, songèrent à placer un de leurs chefs sur le trône de Constantinople. Parmi ceux qui pouvaient aspirer à l'empire, Baudouin et le marquis de Montferrat réunissaient presque tous les suffrages de l'armée. Des qualités éminentes et des richesses considérables répandaient un grand éclat sur ces deux princes. Baudouin fut élu, et couronné dans l'église de Ste-Sophie avec toute la pompe du cérémonial des Grecs. Ce fut le 09 mai 1204 que le comte de Flandre et de Hainaut fut proclamé empereur de Constantinople, par la grâce de Dieu, très fidèle à Jésus-Christ, couronné de Dieu, modérateur de la Romanie, toujours auguste.
      Baudouin ne séjourna pas longtemps dans sa capitale : il se mit en campagne pour suivre Murtzuphle, qui occupait encore la Thrace. La mésintelligence qui éclata entre l'empereur et le marquis de Montferrat, seigneur du royaume de Thessalonique et de l'île de Candie, aurait pu devenir fatale au nouvel empire, si elle n'eût été promptement assoupie. Secondé par son frère Henri, Baudouin se saisit de Murtzuphle et d'un grand nombre de villes. Ces avantages devinrent bientôt inutiles aux Latins, qui ne tardèrent pas à ressentir les suites funestes de leur mauvaise politique. Ils avaient refusé l'alliance du plus redoutable ennemi des Grecs, de Joannice, roi de Bulgarie. Leur réponse à ce roi annonçait des conquérants enivrés de leur prospérité ; ils exigeaient qu'avant de conclure aucun traité, Joannice restituât toutes les terres qu'il avait usurpées sur l'empire. Le roi des Bulgares répondit que son royaume lui appartenait plus légitimement que Constantinople aux Français. Joannice, trop fier et trop puissant pour supporter patiemment l'arrogance des Latins, résolut de les exterminer, en s'unissant avec les Grecs. « Ceux-ci se plaignaient surtout, dit Nicétas, de ce que Baudouin laissait percer son mépris pour leur nation. » Didymotique, ville qui appartenait au comte de St-Pol, fut la première qui se révolta. Andrinople chassa ensuite les Vénitiens qui l'occupaient. Cet exemple fut contagieux. Baudouin rassembla ses troupes à la hâte, assiégea Andrinople. Le roi de Bulgarie vint au secours de la place. La témérité du comte de Blois engagea les Latins dans un combat général. Les Français, imprudemment emportés à la poursuite des ennemis, furent défaits, le 14 avril 1205, virent périr leurs plus braves chevaliers, et l'empereur Baudouin resta prisonnier. Les Bulgares l'enchaînèrent dans un cachot, où il demeura pendant une année. Quelques auteurs, parmi lesquels se trouve Villehardouin, dont le témoignage doit être de grand poids, disent qu'il mourut en prison ; d'autres racontent que la femme du roi des Bulgares devint amoureuse de l'empereur, et lui proposa de tuer Joannice. Les refus de Baudouin rendirent la reine furieuse, et elle l'accusa, devant son mari, du crime dont elle était coupable. Joannice fit couper les bras et les jambes à son captif, qui fut ensuite abandonné dans un champ, où, trois jours après, il expira (1206). Baudouin avait vécu 35 ans. (1) Plus longtemps captif qu'empereur, il n'avait régné que onze mois, depuis son couronnement jusqu'à la bataille d'Andrinople. Son crâne fut entouré de cercles d'or, et servit de coupe au roi barbare. L'incertitude des circonstances de la mort de Baudouin jeta du doute sur sa mort même ; et un imposteur qui prit son nom abusa quelque temps la Flandre et le Hainaut. « Aucun des princes croisés, dit un auteur (Lebeau, Histoire du Bas-Empire), ne surpassait Baudouin en valeur guerrière, aucun ne l'égalait en vertus civiles. Doux, affable, plein d'humanité, il ne pouvait voir un malheureux sans le secourir ; il souffrait sans humeur les contradictions, et renonçait sans résistance à son propre avis pour en embrasser un meilleur. Il ne manquait ni de lumières pour apercevoir la route qu'il fallait tenir dans les conjonctures les plus embarrassantes, ni de constance à le suivre. Sa piété trouvait dans les plus grandes occupations le temps de la prière, et la pureté de ses mœurs lui interdisait même les regards qui auraient pu la ternir. Son aversion pour la débauche allait jusqu'à la singularité. Deux fois par semaine, il faisait crier le soir dans son palais : Défense à tout impudique de coucher sous le même toit que le prince. Il aimait les lettres, et, avant son départ de Flandre, il chargea plusieurs personnes instruites de rechercher et de rédiger l'histoire du pays.


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(1)  Une Chronique de la conquête de Constantinople et de l'établissement des Francs en Morée, écrite en vers politiques (gréco-barbares), par un auteur anonyme dans les premières années du XIVème siècle, et traduite pour la première fois par M. J.-A. Buchon, en 1825, donne une nouvelle version de la mort de Baudouin. Selon cette chronique, ce prince fut tué dans la mêlée, le 14 avril 1203, en combattant contre les Cumans.  (Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 2 - Pages 282-283)


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